Thomas Reid — Wikipédia

Thomas Reid
Naissance
Décès
(à 86 ans)
Glasgow, Écosse
Nationalité
Formation
École/tradition
Philosophie du sens commun, Lumières écossaises
Principaux intérêts
Idées remarquables
réalisme du sens commun
Œuvres principales
Recherche sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun
Influencé par
A influencé
Père
Lewis Reid (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction

Thomas Reid, né le à Strachan et mort le à Glasgow, est un philosophe britannique contemporain de David Hume, fondateur de l'école écossaise du sens commun.

Biographie et doctrine[modifier | modifier le code]

Thomas Reid passe sa jeunesse à Aberdeen, où il enseigne de 1752 à 1764. Il y crée une association littéraire et philosophique appelée le Club des Sages et y conçoit la première partie de son œuvre. En 1764, il remplace Adam Smith à l'université de Glasgow et publie sa Recherche sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun.

Selon lui, le sens commun, au sens philosophique du terme, est, ou du moins devrait être, à la base de toute recherche philosophique. Thomas Reid prône le réalisme direct, qui consiste à dire que les objets de la perception sont, de manière immédiate, les objets extérieurs ; cela s'oppose à la "théorie des idées", ou réalisme indirect de Locke et de Descartes pour lesquels l'esprit n'est au contact des choses extérieures qu'à travers la médiation des idées, qui sont des représentations des choses extérieures dans notre esprit. Ses théories sont très bien reçues et Hume corrige le premier manuscrit de sa Recherche.

Sa théorie de la connaissance a fortement influencé sa théorie de la morale. Selon lui, toute épistémologie doit conduire à une éthique pratique : lorsque la philosophie confirme nos croyances, il ne reste plus qu'à agir en conséquence, car nous savons ce qui est juste. Sa philosophie morale rappelle le stoïcisme des Anciens (il cite souvent Cicéron à qui il emprunte le terme sensus communis via la Scolastique et Thomas d'Aquin) ainsi que l'éthique chrétienne.

Thomas Reid eut une très grande influence sur le développement de la philosophie en France au début du XIXe siècle : Royer-Collard, Victor Cousin, Théodore Jouffroy ou encore Charles de Rémusat s’inspirèrent ou se réclamèrent de sa méthode d’investigation philosophique[1].

Sa renommée est entachée par les attaques de Kant[2] et de Mill[réf. nécessaire], mais on continue néanmoins à enseigner sa philosophie dans les universités d'Amérique du Nord au XIXe siècle[réf. nécessaire]. George Edward Moore lui a redonné une certaine notoriété en recommandant le sens commun comme méthode ou critère philosophique[3] et, plus récemment, certains philosophes tels que William Alston[4], Alvin Plantinga[5] ou Keith Lehrer[6] se sont intéressés à lui.

Thomas Reid est également associé à la position anti-réductionniste autour de la question du témoignage comme source de connaissance. Contrairement à Hume, il soutient en effet que le témoignage n'est pas réductible à d'autres formes de connaissance : l'« Être suprême » aurait placé en l'homme deux principes, un principe de véracité l'incitant à dire la vérité, et un principe de crédulité l'incitant à croire ce qui nous est dit. La position anti-réductionniste a été reprise par des philosophes contemporains en épistémologie du témoignage, notamment Anthony Coady et Tyler Burge.

Références[modifier | modifier le code]

  • P. Chézaud, La philosophie de Thomas Reid, des Lumières au XIXème siècle, Grenoble, ELLUG, 2002.
  • T. Cuneo et R. V. Woudenberg (éd.), The Cambridge companion to Thomas Reid, Cambridge, Cambridge University Press, 2004.
  • M. Dalgarno et E. Matthews (éd.), The Philosophy of Thomas Reid, Londres, Kluwer Academic Publisher, 1989.
  • C. Etchegaray, « Assentiment et éthique de la croyance chez Thomas Reid. », in Laurent Jaffro (dir.), Croit-on comme on veut ? : histoire d’une controverse, Paris, Vrin, 2013, pp. 205–221.
  • B. Gide, « La critique naturaliste du scepticisme humien chez Thomas Reid », Archives de Philosophie 2015/4 (Tome 78), p. 597-613.
  • G. Origgi, « Le Sens des autres, l'ontogénèse de la confiance épistémique », in A. Bouvier et B. Conein, L'Épistémologie sociale, Paris, EHESS, 2007.
  • N. Wolterstorff, Thomas Reid and the story of epistemology, New-York, Cambridge University Press, 2001.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Recherche sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun (1764).
  • Essais sur les facultés intellectuelles de l'homme (1785).
  • Essais sur les pouvoirs actifs de l'homme (1788).

En français, une traduction a été donnée des Œuvres complètes de Thomas Reid par Théodore Jouffroy (Paris, 2e édition en 1828).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. De l’influence de la philosophie écossaise sur la philosophie française, Émile Boutroux.
  2. Cf. Prolégomènes à toute métaphysique future, Préface, 1783, éd. Vrin, 1993, p. 17-18. Kant défend Hume contre les attaques qui lui ont été adressées par les « philosophes du sens commun », parmi lesquels T. Reid.
  3. Cf. "A Defence of Common Sense", in Muirehead, J.H. ed. Contemporary British Philosophy, 2nd Series, London : Allen & Unwin 1925.
  4. Cf. "Thomas Reid On Epistemic Principles," History of Philosophy Quarterly, 2: 435–452., 1985
  5. Cf. Warrant and Proper Function, Oxford University Press, 1993.
  6. Thomas Reid, London: Routledge, 1989.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]