Théorie des organisations — Wikipédia

La théorie des organisations (Organizational theory) est une discipline qui étudie les organisations, aussi bien marchandes que non-marchandes, dans toutes leurs diversités (entreprise, hôpital, syndicat, association, administration, conventions, ...) pour en analyser le fonctionnement, la structure et le développement à des fins de meilleure compréhension, en vue le cas échéant d'être en mesure de proposer leur correction ou amélioration.

La discipline est située à la limite entre l'économie des organisations, la sociologie des organisations, la science politique, et les sciences de gestion.

Les grands thèmes de cette discipline sont le pouvoir, les relations et rapports sociaux, l'analyse des configurations et la communication dans les groupes. Son développement a suivi les évolutions politico-sociales du XXe siècle, s'articulant selon les auteurs autour d'études empiriques ou de travaux largement théoriques.

En économie, on étudie l'ensemble des arrangements institutionnels permettant la mise en œuvre de la production et l'échange de biens et de services. Dans un sens plus restreint, l'économie des organisations consiste dans l'étude de l'organisation comme entité économique spécifique, l'entreprise étant l'organisation analysée de manière privilégiée.

Les voies d'approche et d'analyse des organisations[modifier | modifier le code]

Selon Yves-Frédéric Livian[1], « plusieurs voies sont possibles pour approcher les organisations. »

Leur analyse a fait l'objet de nombreuses théories[2]. Livian utilise l'approche de Gareth Morgan[3] qui prend des images qui servent d’analogies.

Les sept images de l'organisation, d'après Gareth Morgan
Type Image essentielle : l'organisation est ... Métaphore Auteurs et dates-clés Vocabulaire Domaines de gestion influencés
Machine Un mécanisme dont les rouages doivent être huilés,
et où chacun doit être à sa place
Mécanique Frederick Taylor (1911), Henri Fayol (1916), Max Weber (1923)[4] Maîtrise, contrôle, rouage, pilotage Production, contrôle de gestion, comptabilité
Organisme vivant Un système qui s'adapte à son environnement Biologique L. von Bertalanffy (1951), J. Melese Cellule, système Informatique, Organisation, Marketing
Cerveau Un cerveau qui rassemble et traite de l'information et commande les organes Biologique et Cybernétique[5] Herbert Simon (1947), S. Beer (1972) Système nerveux, connexions, rétroaction Informatique, Système d'information
Culture Un groupe, un peuple qui secrète des valeurs communes
et qui crée des liens d'appartenance
Anthropologique E Schein (1982) Culture d'atelier, d'entreprise, tribus, mythes et héros Gestion des Hommes, communication
Système politique Un lieu de gouvernement où les individus s'allient
et s'opposent dans la défense de leurs intérêts
Pouvoir, gouvernement,
acteurs, intérêts,
influences, stratégies
James March et Herbert Simon (1958),
Michel Crozier et Friedberg (1977)
Direction générale, gestion des hommes, stratégie d'entreprise
Prison mentale Un lieu où le psychisme humain se manifeste,
où les passions s'expriment, créateur de plaisir et d'angoisse
Psychologique Elliott Jaques (1951), M Pages, E Enriquez (1974) Dépendance, stress, pulsion, inconscient, bouc émissaire Gestion des Hommes, Management
Instrument de domination Un outil au service d'une oligarchie, qui cherche à reproduire sa domination Politique R. Michels (1911), H Braverman Caste, domination, pouvoir Relations sociales
———————— ———————— ———————— ———————— ———————— ————————

Henri Mintzberg a cherché à synthétiser ce qui avait été produit dans le champ de l’étude des organisations. Il arrive pour sa part à une typologie en 7 familles : la structure simple, la bureaucratie mécaniste, la bureaucratie professionnelle, la structure divisionnalisée, l’adhocratie et l’organisation de pouvoir.

Paradigmes de la théorie des organisations[modifier | modifier le code]

Influence des courants de la théorie des organisations[modifier | modifier le code]

Différents paradigmes ont influencé cette discipline :

L'économie des organisations a pour objectif d'améliorer la prise de décision au sein de l'organisation.

La sociologie des organisations a pour objectif d'améliorer la connaissance du comportement d'un groupe d'individus formant l'organisation.

Pour atteindre ces objectifs différents, ces domaines peuvent utiliser les postulats suivants qui réalisent les simplifications nécessaires aux analyses :

Postulats des courants en économie des organisations[modifier | modifier le code]

  • Approche néoclassique : Individualisme méthodologique et microéconomique, étalon de mesure : valeur utilité ou profit, production réalisée à l'aide du facteur travail et capital, rationalité des agents : homo œconomicus (recherche intérêt personnel) et suivent une main invisible, autorégulation par le marché, concurrence pure et parfaite.
  • Approches évolutionnistes : Individualisme méthodologique et paradigme biologique, étalon de mesure : routines, rationalité limitée des agents, les routines sont considérées comme des gènes transmissibles, les motivations des individus n'impliquent pas le succès ou la survie de l'organisation. Du fait de l'incertitude, il n'est pas possible de maximiser les prises de décisions qui forment l'organisation de l'entreprise.
  • Économie des conventions : Individualisme méthodologique et paradigme institutionnaliste (microéconomique), étalon de mesure : conventions, rationalité limitée des agents...

Postulats des courants en sociologie des organisations[modifier | modifier le code]

Approches classiques :

Approches culturelles :

  • Approches macrosociologiques
  • Approche mixte

Approches psychosociologiques :

Approches récentes :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. , in : Introduction à l'analyse des organisations, Economica, Paris 2000, (ISBN 2-7178-4008-7)
  2. voir une présentation systématique dans l'ouvrage de Bruno Lussato in : Introduction critique aux théories d'organisation, Paris, Dunod 1988
  3. Images de l'Organisation, Paris, Université Laval, Eska 1989
  4. Selon Gareth Morgan, l'analyse de la bureaucratie par Weber est proche du modèle de la machine.
  5. Science qui a pour objet l'étude des mécanismes autorégulés
    chez les êtres vivants et dans les machines

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Années 1960

Années 1970

  • Harwood Merrill, Les Classiques du Management, Bibliothèque du management, Hommes et Techniques, 1970.
  • Peter Drucker, « Vers une nouvelle théorie des organisations », dans : La Grande mutation. Vers une nouvelle société, Les Éditions d'organisation, 1970, p. 211-236.
  • (en) Bruno Lussato, A critical introduction to the theory of Organizations, 1976.

Années 1980

  • (en) Jack Duncan, Great Ideas in Management, Jossey-Bass, 1989.

Années 1990

  • Jack Duncan, Les grandes idées du management. Des classiques au modernes, Afnor, 1990.

Années 2000

  • Stephen Robins, Timothy Judge et Véronique Tran (trad. de l'anglais), Comportements organisationnels, Paris, Pearson, coll. « Eco Gestion », , 736 p. (ISBN 978-2-326-00041-4).
  • Mary Jo Hatch et Ann L. Cunliff (trad. de l'anglais), Théories des organisations : de l'intérêt de perspectives multiples, Paris/Bruxelles, De Boeck Université, coll. « Manager RH », , 2e éd., 418 p. (ISBN 978-2-8041-0689-8, lire en ligne).

Années 2010

  • (en) Walter Natemeyer , Paul Hersey, Classics of Organizational Behavior (1995), Fourth edition, Waveland Press, 2011.
  • Gilles Bressy et Christian Konkuyt, Management et économie des entreprises, Sirey, (ISBN 978-2247136711), Chapitre 8. L'organisation de l'entreprise.
  • Roger Aïm, L'essentiel de la théorie des organisations, Paris, Gualino, coll. « Les Carrés », , 6e éd., 152 p. (ISBN 978-2-297-03178-3).
  • Pascale de Rozario et Yvon Pesqueux, Théorie des organisations, Pearson France, 2018.
  • Stéphane Cozzo, Théorie des organisations, Master M1 SIC, 2021.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Théorie des organisations.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]