Théologoumène — Wikipédia

La Marche sur les eaux est considérée par Bultmann comme un théologoumène. Tableau d'Ivan Aivazovsky.

Un théologoumène (du grec ancien θεολογούμενον, theologoúmenon, « objet de discussion théologique »[1]) est un énoncé ou un concept théologique dépourvu d'une autorité doctrinale absolue[2],[3]. Il est communément défini comme « une affirmation ou une déclaration théologique qui ne dérive pas de la révélation divine »[2], ou « une déclaration ou un concept théologique du domaine de l'opinion individuelle plutôt que d'une doctrine faisant autorité »[3].

En exégèse biblique, il désigne une affirmation d'ordre théologique qui ne repose pas directement sur les Écritures saintes, ou un épisode scripturaire à visée apologétique dont l'historicité peut être mise en question. Le théologoumène vise à faire d'une logique théologique une conviction, puis de la prêcher comme une affirmation de foi[4].

Christianisme[modifier | modifier le code]

Dans le catholicisme, plusieurs théologoumènes font partie du dépôt de la foi. Les Évangiles de l'enfance en sont un exemple[5],[6].

Le concept de « théologoumène » est souvent utilisé dans une approche « démythologisante » du Nouveau Testament, notamment par Rudolf Bultmann, qui l'applique au récit de la Résurrection du Christ et de ses apparitions aux apôtres[7]. Le théologoumène est alors envisagé comme une construction a posteriori qui procède d'une assertion doctrinale d'ordre christologique mais non pas d'une réalité historique : ainsi en va-t-il, pour Bultmann, d'épisodes tels que la descente de croix ou l'intervention de Joseph d'Arimathie, ou, pour d'autres auteurs, de la virginité perpétuelle de Marie[8],[9].

Le dogme catholique de l'Immaculée Conception, quant à lui, est perçu comme un théologoumène par les orthodoxes comme par les protestants[10]. Selon le philosophe André Malet (1970), la résurrection de Jésus et sa descente aux enfers seraient des théologoumènes qui se sont répandus dans les milieux chrétiens entre 50 et 60[4].

Autres acceptions[modifier | modifier le code]

Le terme est également employé par Nicomaque de Gérase et par le pseudo-Jamblique avec leurs Théologoumènes arithmétiques.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. De Θεός, Theos, Dieu, et λόγος, logos, doctrine ; θεολογούμενα, theologoúmena, recherches sur Dieu ou les dieux. Cf. Littré.
  2. a et b (en-US) « Theologoumenon definition and meaning | Collins English Dictionary », www.collinsdictionary.com (consulté le )
  3. a et b (en) « Definition of Theologoumenon », www.merriam-webster.com (consulté le )
  4. a et b Les Évangiles de Noël : mythe ou réalité?, L'âge d'homme, , 95 p. (ISBN 978-2-8251-3068-1, lire en ligne)
  5. (en) Timothy Wiarda, Interpreting Gospel Narratives : Scenes, People, and Theology, B&H Academic, , p. 75–78
  6. (en) Brennan R. Hill, Jesus, the Christ : Contemporary Perspectives, Twenty-Third Publications, , p. 89
  7. André Malet, Bultmann et la mort de Dieu : Présentation, choix de textes, biographie, bibliographie, Paris, Neuchâtel, Seghers/Delachaux et Niestlé, , p. 47
  8. Jacques Duquesne, Alain Houziaux, La Vierge Marie. Histoire et ambiguïté d'un culte, Éditions de l'Atelier, , p. 62
  9. Nicole Vray, Un autre regard sur Marie. Histoire et religion, Éditions Olivétan,
  10. Judith Marie Gentle, Robert L. Fastiggi, De Maria Numquam Satis : The Significance of the Catholic Doctrines on the Blessed Virgin Mary for All People, University Press of America, 2009 (ISBN 9780761848479), p. 1 sq.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]