Terrorisme nucléaire — Wikipédia

Bombe nucléaire (Fat Man).

Le terrorisme nucléaire peut désigner l'une des attaques terroristes suivantes :

  1. utilisation d'une arme nucléaire contre une cible civile ;
  2. utilisation d'une bombe radiologique ou bombe sale contre une cible civile ;
  3. attaque d'une centrale nucléaire ou d'un site de stockage de déchets nucléaires.

Probabilité d'un usage terroriste[modifier | modifier le code]

Certains experts en sécurité comme Jacques Baud pensent qu'une telle action est extrêmement improbable.[réf. souhaitée] La fabrication d'une bombe atomique demande des budgets très élevés, de l'ordre du milliard de dollars[réf. nécessaire], des spécialistes hautement qualifiés, et des installations parfaitement sécurisées pendant plusieurs années. Aucune organisation terroriste, même Al-Qaïda, n'a jamais réuni ces trois conditions[1]. Cependant, Mohammed el-Baradei, ex-directeur de l'AIEA, déclare ne pas l'exclure[2].

En revanche, des organisations de la société civile, dont Greenpeace, alertent depuis plusieurs années[3] sur les risques liés à la sécurité nucléaire dans les centrales françaises.

Le , un nouveau rapport d'experts indépendants[4], mettant en cause la sécurité des installations nucléaires françaises et belges, a été remis aux autorités. Il pointe du doigt la vulnérabilité des centrales face aux risques d'attaques extérieure, en particulier de certaines installations telles que les piscines d'entreposage des combustibles nucléaires usés.

Le , plusieurs militants de l’association écologiste Greenpeace ont réussi à pénétrer à l'intérieur de l’enceinte de la centrale nucléaire de Cattenom, en Lorraine[5].

Historique[modifier | modifier le code]

Genèse du postulat[modifier | modifier le code]

La menace des organisations terroristes utilisant des armes nucléaires très mobiles (les mini-nukes) a été dénoncée dans les discours et la culture occidentale au moins depuis les années 1970[6].

Menace de dissémination dans l'ex-Union soviétique[modifier | modifier le code]

L'implosion du système soviétique, dans les années 1990, fait naître les premières craintes sérieuses de dissémination incontrôlée; la désorganisation des structures militaires et civiles, le non-paiement des salaires entraînent plusieurs cas de revente clandestine de matériaux nucléaires ; des dépôts comme celui de Rodon en Tchétchénie ne sont pratiquement plus gardés. En 1994, les autorités russes annoncent avoir mis en place un programme de stricte surveillance des stocks nucléaires avec l'aide des Nations unies[7]. En , pendant la première guerre de Tchétchénie, le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev annonce avoir fait déposer à Moscou des lots de matériaux radioactifs qu'il se dit prêt à faire exploser. Un conteneur retrouvé dans le parc Ismaïlovo à Moscou contenait 32 kg de produits radioactifs ; en fait, il ne s'agissait que de produits à usage médical, inoffensifs à moins de contact prolongé. En , la menace est renouvelée par un autre chef de guerre tchétchène, Aslambek Abdoulkhadjiev[8].

Lors des affrontements armés arméno-azerbaïdjanais 2020, l'Azerbaïdjan a menacé de lancer des attaques de missiles sur la Centrale nucléaire Arménienne[9],[10],[11].

Depuis les attentats du 11 septembre[modifier | modifier le code]

Selon le journal britannique Times, citant un écrit attribué à un cadre d'Al-Qaïda, l'Égyptien Abu Walid Al-Misri, Oussama ben Laden aurait tenté de se procurer des matériaux radioactifs en 2001. Ces produits auraient été commandés à des complices tchétchènes en Russie, mais détournés par des contrebandiers et finalement vendus au Pakistan, qui en offrait sans doute un meilleur prix[12].

En , le citoyen américain José Padilla a été arrêté pour menées terroristes. Il était accusé, entre autres, de planifier une attaque radiologique sur la ville de Washington, DC. Mais ce chef d'accusation n'a pas été retenu, n'ayant connu aucun début de réalisation[13]. Padilla a été condamné le à 17 ans et 4 mois de prison par la United States District Court for the Southern District of Florida.

En , les États-Unis ont lancé un programme pour suivre et sécuriser l'uranium enrichi de 24 réacteurs de conception soviétique dans 16 pays, dans le but de réduire les risques que des matières nucléaires tombent dans les mains de terroristes ou d'états voyous. La première opération du programme fut le Project Vinca, une opération en Serbie « pour retirer une quantité d'uranium hautement enrichi, suffisante pour produire 2-1/2 armes nucléaires, provenant d'un réacteur de recherche proche de Belgrade » [14].

Dans le but de réduire le danger d'une attaque utilisant des déchets nucléaires, la membre de la Commission de l'Union européenne Loyola de Palacio a proposé en la création de normes communes dans l'Union Européenne, en particulier dans les nouveaux pays membres qui exploitent des réacteurs de conception soviétiques, pour l'organisation du stockage en subsurface.

Le , l'ayatollah Ali Khamenei lança une fatwa interdisant la production, le stockage et l'utilisation d'armes nucléaires. Le texte complet de la fatwa a été reproduit dans un rapport officiel lors d'une rencontre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA) à Vienne[15].

En , Dhiren Barot, un Britannique d'origine hindoue converti à l'islam, a été condamné à la prison à vie (ramenée ensuite à 40 ans) pour avoir préparé une série d'attentats en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Six de ses complices ont été condamnés à la prison en 2007. Un de leurs plans prévoyait une "bombe sale" à faible radioactivité, et un membre du groupe avait été formé aux techniques radioactives au Pakistan. Mais la fabrication de la "bombe sale" aurait nécessité 10 000 détecteurs de fumée (à 15 £ pièce) et elle ne semble pas avoir dépassé le stade du projet[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Braud, "renseignement et lutte contre le terrorisme", Lavauzelle, 2005
  2. Mohammed el-Baradei, "La menace du terrorisme nucléaire s'est aggravée", L'Express, 12 novembre 2009
  3. « Greenpeace déjoue la sécurité des centrales nucléaires pendant 14 heures », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  4. « Risque terroriste : des failles dans la sécurité des centrales nucléaires », leparisien.fr,‎ 2017-10-10cest06:41:48+02:00 (lire en ligne, consulté le )
  5. « Greenpeace lance un feu d’artifice à l’intérieur d’une centrale nucléaire », Capital.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Le roman Le Cinquième Cavalier par exemple est paru en 1980.
  7. Camille Verleuw, Trafics et crimes en Asie centrale et au Caucase, PUF, 1999, p.61 à 66.
  8. Camille Verleuw, 1999, p.66-67.
  9. Azerbaijani MoD: Our army’s missile systems allows to hit Metsamor nuclear power plant with high accuracy
  10. Azerbaijani Defence Ministry: Azerbaijan able to deliver a precise strike on Metsamor Nuclear Power Plant
  11. "Modern missile systems of Azerbaijan enable us to blast Metsamor NPP"
  12. Bin Laden’s dirty bomb quest exposed, The Sunday Times, 19/12/2004 [1]
  13. Al-Qaeda cell guilty of terrorism but not of ‘dirty bomb’, Times, 17/08/2007]
  14. [2]
  15. [3]
  16. Al-Qaeda plotter jailed for life, BBC News, 7/11/2006 [4]; Al-Qaida plotting nuclear attack on UK, officials warn, Guardian, 14/11/2006 [5]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]