Tentative de coup d'État de 2022 en Guinée-Bissau — Wikipédia

Tentative de coup d'État de 2022 en Guinée-Bissau

Informations générales
Date
Lieu Bissau, Drapeau de la Guinée-Bissau Guinée-Bissau
Issue Échec du coup d'État
Belligérants
Drapeau de la Guinée-Bissau Gouvernement de la Guinée-Bissau
Commandants
Drapeau de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló
Pertes
Au moins 2 gardes tués Au moins 4 attaquants tués

11 morts au total dont 6 militaires

La tentative de coup d'État de 2022 en Guinée-Bissau est une tentative de coup d'État survenue le [1],[2],[3] en Guinée-Bissau. 11 personnes auraient été tuées[4],[5].

Contexte[modifier | modifier le code]

Le président Umaro Sissoco Embaló.

Umaro Sissoco Embaló revendique sa victoire à l'élection présidentielle bissau-guinéenne de 2019 dès le lendemain du scrutin[6], ce que confirment les résultats officiels[7]. Son rival Domingos Simões Pereira conteste cependant les résultats auprès de la Cour suprême, sans avoir toutefois déposé de réclamation auprès de la Commission nationale électorale (CNE), ce qu'impose la loi électorale[8].

Sans attendre la décision de la Cour suprême — qui tarde à dénouer la crise politique depuis deux mois —, l’investiture d’Embalo a lieu le , dans un hôtel en présence d'une partie des députés[9], alors que la Constitution prévoit une investiture lors d’une session plénière de l’Assemblée nationale. Le Premier ministre sortant Aristides Gomes, dénonce une « tentative de coup d'État »[10]. Celui-ci est limogé le lendemain de l'investiture et Embaló, — qui a pris possession du palais présidentiel —[11], nomme immédiatement comme Premier ministre Nuno Gomes Nabiam, qui l'avait rallié lors du second tour après avoir été éliminé au premier tour du scrutin[10].

En réaction, la majorité des députés investissent[12] le président de l'Assemblée nationale, Cipriano Cassamá, comme président de la République par intérim[11]. L'armée prend ensuite le contrôle du siège de la télévision et de la radio[13], ainsi que du siège du Gouvernement, de l'Assemblée nationale et du Palais de justice qui abrite la Cour suprême[14]. Le 1er mars, Cassamá annonce renoncer à la présidence par intérim, évoquant des menaces de mort[15]. Le , Embaló est reconnu par la CEDEAO[16].

Après de nombreux rebondissements et recours intermédiaires depuis décembre 2019, la décision définitive de la Cour suprême sur le contentieux électoral intervient le 4 septembre 2020. Comme pressenti, le recours du candidat du PAIGC y est écarté car, selon l’arrêt, les irrégularités alléguées n’ont pas fait l’objet, en temps et en lieu, de réclamations selon la procédure légale[17].

À l'aube de la tentative de putsch, président et Premier ministre sont en désaccord sur le limogeage le 24 janvier du secrétaire d’Etat à l’Ordre public, Albert Malu, sur fond de trafic de cocaïne, dont le pays est une plaque tournante avec l'Amérique latine et l'Europe. Le président envisage ainsi un limogeage du Premier ministre et une dissolution du Parlement[18],[19].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Des hommes armés ont encerclé le palais du gouvernement le , où le président Umaro Sissoco Embaló et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam se seraient rendus pour assister à une réunion du cabinet. Le radiodiffuseur d'État a rapporté que la fusillade avait endommagé le palais du gouvernement, situé à proximité de l'aéroport, et que des « envahisseurs » retenaient des représentants du gouvernement. Le journaliste d'Al Jazeera Nicolas Haque a déclaré qu'il n'était pas clair si les coups de feu provenaient des gardes présidentiels essayant de protéger le président, ou s'il y avait eu une attaque contre le palais du gouvernement.

Le président a déclaré à l'agence de presse AFP lors d'un appel téléphonique : « Tout va bien » et a ajouté que la situation « était sous contrôle ». Le cabinet a annoncé qu'Embaló parlerait à la nation depuis le palais du gouvernement dans la soirée du et a invité les journalistes à assister au discours. Plus tôt, le ministre portugais des Affaires étrangères a déclaré qu'Embaló se trouvait à sa résidence officielle, mais il n'était pas clair si l'attaque contre le gouvernement était terminée. « Les dernières informations dont je dispose sont positives étant donné que le président est déjà dans son palais, dans sa résidence officielle… mais nous ne savons toujours pas si l'attaque est terminée », a déclaré Augusto Santos Silva dans une interview accordée à la chaîne de télévision portugaise RTP.

Réactions[modifier | modifier le code]

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a appelé à la paix en Guinée-Bissau, alors que des coups de feu ont été entendus autour du palais du gouvernement dans la capitale Bissau. « La CEDEAO condamne la tentative de coup d'État et tient l'armée pour responsable de l'intégrité physique du président Umaro Sissoco Embaló et des membres de son gouvernement », a déclaré la CEDEAO dans un communiqué. « La CEDEAO demande aux militaires de retourner dans leurs casernes et de maintenir une posture républicaine », conclut le communiqué[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Guinea-Bissau under control, president says, after feared coup attempt », sur The Guardian, .
  2. (en) « Heavy gunfire heard near presidential palace in Guinea-Bissau », sur Al Jazeera, .
  3. (en) « Gunfire near government house in Guinea-Bissau », sur France 24, .
  4. (en) « Guinea-Bissau: Coup fears as gunfire erupts in capital », sur BBC News, .
  5. FRANCE 24 avec AFP, « Guinée-Bissau : le gouvernement compte les morts et recherche les protagonistes du putsch manqué », sur france24.com, (consulté le ).
  6. « Guinée-Bissau-Embalo revendique la victoire à la présidentielle », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  7. « Guinée-Bissau : l'opposant Umaro Sissoco Embaló élu président », TV5 Monde,‎ (lire en ligne).
  8. « Guinée-Bissau : le PAIGC conteste les résultats du 2nd tour de la présidentielle », Radio France internationale,‎ (lire en ligne).
  9. « Guinée-Bissau : investiture à haut risque pour Umaro Sissoco Embaló – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  10. a et b « Umaro Embalo nomme un nouveau Premier ministre en Guinée-Bissau », VOA , .
  11. a et b « Deux présidents investis en Guinée-Bissau », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  12. http://www.slateafrique.com/auteur/104480, « Bissau: démission d'un des deux présidents rivaux après des "menaces de mort" », sur Slate Afrique (consulté le ).
  13. « La Guinée-Bissau, abonnée aux coups de force politiques, a deux présidents », .
  14. « Guinée-Bissau : le président de l'Assemblée nationale populaire investi comme président par intérim », sur french.xinhuanet.com (consulté le ).
  15. « Guinée-Bissau: Cipriano Cassama, président par intérim, renonce à son poste », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  16. « Communiqué de la Commission de la CEDEAO du 22 avril 2020 », sur www.ecowas.int, CEDEAO, (consulté le ).
  17. « Guiné-Bissau: Queixa eleitoral de Domingos Simões Pereira é "improcedente", determina o Supremo Tribunal de Justiça », sur voaportugues.com, Voice of America, (consulté le ).
  18. « Tentative de coup d’État en Guinée-Bissau : la situation est « sous contrôle », assure le président ».
  19. https://www.lopinion.fr/auteur/pascal-airault, « Carrefour de la drogue, la Guinée-Bissau est habituée aux coups d'Etat », sur l'Opinion, (consulté le ).
  20. (en) « West African bloc ECOWAS says coup attempt underway in Guinea-Bissau », sur CNN, .