Temple protestant d'Orthez — Wikipédia

Temple protestant d'Orthez
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Le temple protestant d'Orthez est un édifice religieux protestant réformé situé 20 rue du Général Foy à Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques. Construit en 1790 et classé monument historique, c'est le plus vieux temple protestant de France parmi ceux reconstruits après l’Édit de tolérance de 1787, dans les territoires qui étaient jusque-là sous le régime de la Révocation de l’Édit de Nantes[1],[2]. La paroisse est membre de l'Église protestante unie de France.

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant la Révolution[modifier | modifier le code]

Au XVe siècle, les églises catholiques Saint-Pierre d'Orthez, des Jacobins et des Capucins sont confiés aux protestants. En 1566, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, installe à Orthez une faculté de théologie protestante, qui devient ensuite l'Académie protestante du Béarn[3]. En 1571, après les troubles de 1569 et l'invasion française catholique repoussée lors de la bataille d'Orthez, le protestantisme est établie la religion officielle du Béarn[4]. En 1583, le pasteur Arnaud de Salette publie à Orthez une traduction béarnaise du psautier huguenot, ainsi que du catéchisme et des prières ecclésiastiques de Genève.

En 1620, après l’annexion du Béarn, le roi de France Louis XIII restitue ces églises aux catholiques. Un temple est construit hors les murs en 1624. Il est détruit en 1685, à la révocation de l'édit de Nantes.

Après la Révolution[modifier | modifier le code]

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 accord la liberté de culte aux fidèles du protestantisme en France. Le est inauguré le temple d'Orthez[5]. C'est alors une longue salle de 28 mètres de long sur 10 mètres de large et 9 mètres de haut, dessiné par les architectes Haurie et d’Aubagana[6],[7].

Pendant la Terreur, à partir de 1793, le temple est désaffecté et transformé en écurie pour la garnison des Hussards. En 1802, par les articles organiques du Concordat, Napoléon Ier organise le protestantisme en consistoires départementaux. L'Église consistoriale d’Orthez est constituée. Elle a autorité sur les paroisses des Pyrénées-Atlantiques, avec près de 5 000 fidèles[8]. En 1815, sous la Restauration, la façade est ornée d’un péristyle néoclassique à trois arcades, et Louis XVIII offre la grille du portail avec son monogramme.

Le XIXe siècle est marqué par le Réveil protestant francophone, à la fois retour à la stricte tradition calviniste et fort élan spirituel et humain[9] conduit par le pasteur Jacques Reclus (1796-1882), qui arrive en 1830 à Orthez.

Un premier orgue est construit en 1846, réparé en 1871.

En 1852 est fondée l'« asile protestant » d'Orthez, qui recueille jusqu'en 1905 de jeunes orphelines, des vieillards et des malades[10]. L'établissement est géré par des diaconesses. Il devient ensuite la maison de retraite Jeanne d'Albret, situé 2 avenue Francis Jammes, qui est membre de la Fédération de l'entraide protestante[11]. Une école confessionnelle de filles est créée dans l’asile, en 1856, par Marthe Deville[12].

En 1899, dans l'esprit du mouvement du christianisme social, le pasteur Jean Roth fonde à Orthez le journal L’Avant-Garde[13]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la paroisse s'investit aux côtés de la Cimade, qui a des bureaux dans la maison presbytérale du temple d'Orthez pour porter secours aux Juifs et Espagnols internés au camp de Gurs.

En 1995 est fondé le musée Jeanne d'Albret à Orthez, qui retrace l'histoire du protestantisme béarnais autour d'une ancienne demeure de Jeanne d'Albret, reine de Navarre calviniste et mère du roi de France Henri IV.

En 1996, la maison Pesce de Pau construit un nouvel orgue neuf, de style baroque allemand de vingt-cinq jeux sur deux claviers et pédalier[14]. En 2012, le temple est classé monument historique[15],[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Florent Heib, « Patrimoine : le temple protestant d’Orthez, symbole de la résilience des huguenots français », Sud-Ouest,‎ (lire en ligne)
  2. Le territoire français actuel inclut des territoires qui n'étaient pas sous le régime de l’Édit de Fontainebleau de 1685, comme Montbéliard, dont le temple Saint-Martin date de 1607. De même l'Alsace, conquise par Louis XIV, compte nombre de temples anciens, comme le temple réformé de Sainte-Marie-aux-Mines qui date de 1634.
  3. « Orthez, « cité européenne de la Réforme » », sur Regards protestants, (consulté le ).
  4. Musée Jeanne d'Albret, « Histoire du protestantisme en Béarn », sur museejeannedalbret.com (consulté le ).
  5. Bernard Reymond, « Les temples protestants réformés aux xixe et xxe siècles », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIe siècles, no Numéro spécial I,‎ , p. 201–221 (ISSN 1257-127X, DOI 10.4000/chretienssocietes.2737, lire en ligne, consulté le ).
  6. « Temple d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques) », sur Musée protestant (consulté le ).
  7. Eric Normand, « Orthez : le temple de l’avenue Foy a échappé à la catastrophe », sur larepubliquedespyrenees.fr, (consulté le ).
  8. Suzanne Tucoo-Chala et Philippe Chareyre, « Le protestantisme en Béarn », sur Musée protestant (consulté le ).
  9. Les revivalistes cherchaient, d’une part, à remettre à l'honneur les principales affirmations doctrinales des Réformateurs, mais ils étaient aussi, d’autre part, fortement influencés par le piétisme du siècle précédent et par la sentimentalité romantique. Les revivalistes affirmaient notamment que le christianisme est un choix de vie avant d’être une doctrine et leur approche était ainsi marquée par une tendance individualiste. Voir Jean-Marc Daumas, « Les origines du réveil au XIXe siècle », La Revue réformée, Éditions Kerygma, vol. XLVIII, no 194,‎ (ISSN 1777-5698, lire en ligne).
  10. Hélène Lanusse-Cazalé, « L’asile protestant d’Orthez : des femmes à l’œuvre (1852-1905) », dans Les œuvres protestantes en Europe, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6964-5, lire en ligne), p. 257–272.
  11. « Asile protestant d’Orthez – EHPAD Jeanne-d’Albret », sur FEP - Fédération de l'entraide protestante, (consulté le ).
  12. Gabrielle Cadier-Rey, « Les Protestants, Orthez et l'enseignement : de la loi Guizot aux lois Ferry », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français (1903-2015), vol. 142,‎ , p. 737–753 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le ).
  13. Jean Baubérot, « Jean Roth et le périodique chrétien-social "L'Avant-Garde" in: Actes du Colloque : « Le Protestantisme dans les Pays de l'Adour (1787-1905) » (Octobre-Novembre-Décembre 1996) », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français (1903-2015), Librairie Droz, vol. 142,‎ , p. 775–786 (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Temple protestant - Orthez », sur orguesfrance.com (consulté le ).
  15. « Le temple protestant d’Orthez », notice no PA64000057, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  16. « Orthez (64) : Le temple de la rue Foy monument historique », sur SudOuest.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]