Temple d'Hathor (Dendérah) — Wikipédia

Temple d'Hathor de Dendérah
Le temple d'Hathor à Dendérah
Temple de l’Égypte antique
Divinité
Époque
Ville
Coordonnées
Carte

Le temple d'Hathor, situé à Dendérah, est un temple égyptien dédié principalement au culte de la déesse Hathor.

Historique[modifier | modifier le code]

À l'origine, avant même l'Histoire, on prétend que les mythiques « Serviteurs d'Horus », sortes de demi-dieux qui précédèrent les pharaons humains, furent à l'origine des plans et des rites de Dendérah. Ils auraient inspiré le pharaon Khéops (IVe dynastie) qui aurait laissé d'anciens documents, puis Pépi Ier (VIe dynastie). Sous la XVIIIe dynastie, Thoutmôsis III développe les rituels[réf. nécessaire].

Selon Sylvie Cauville (L'Œil de Ré), la charte de fondation du temple de Dendérah faisait partie des écrits anciens de l'hypothétique bibliothèque de Khéops[1],[réf. à confirmer].

Auguste Mariette mentionne les anciennes constructions qui ont précédé le temple ptolémaïque et romain[2] (page 21) :

Sous la VIe dynastie, Pépi Ier construit Dendérah[3], et son temple[4],[5].

Sous la XXXe dynastie, Nectanébo Ier (règne de -380 à -362) construit un mammisi (c'est le monument le plus ancien du site).

Les premiers Ptolémée[6] construisent quelques chapelles[7].

Le temple d'Hathor actuel est fondé le 16 juillet 54 avant notre ère, jour du lever héliaque annuel de Sirius[8].

Les travaux commencent donc sous le règne de Ptolémée XII Aulète (règne de -80 à -58 puis de -55 à -51, père de Cléopâtre qui lui succède en 51 avant notre ère). La reconstruction est achevée trente-quatre ans plus tard, sous le règne d'Auguste. La décoration des parois se poursuit jusqu'à la fin de la période romaine[7].

À l'époque romaine, le culte de la déesse Isis (souvent associé au culte d'Hathor), est très présent même dans le panthéon et la culture populaire romaine (un temple d'Isis est construit à Rome). Les empereurs (comme souverains égyptiens), en embellissant et en faisant sculpter leur nom, souhaitent ainsi bénéficier de la protection de la déesse. Ils font donc rajouter leurs noms dans les cartouches vides et font construire des monuments à l'extérieur du temple[2].

À l'intérieur du temple, on peut lire les cartouches d'Auguste, de Tibère, de Caligula, de Claude et de Néron. Dans d'autres parties de l'intérieur, les cartouches et les noms de bannière sont restés vides.

Le temple d'Hathor[modifier | modifier le code]

Temple (avec le repère du nom de toutes les salles)

Mariette publie en 1875 une étude détaillée du temple d'Hathor : Dendérah, description générale du grand temple de cette ville[2].

Les années précédentes, il avait déjà publié cinq volumes de planches (tomes 1 et 2 publiés en 1870, tome 3 en 1871, tome 4 en 1873, un supplément en 1874)[note 1].

Orientation réelle et orientation symbolique[modifier | modifier le code]

L'entrée du temple est face au Nord ([9] autre plan avec orientation), ou, pour être exact, l'axe longitudinal du temple incline de 15° environ vers l'est du nord vrai (NV), c'est le nord-quart-nord-est du compas.

Mariette, dans le plan du site (tome 1, planche 1 / cf. Dendérah) fait une distinction entre le « Nord vrai » (NV) de la façade d'entrée du temple et le « Nord des textes hiéroglyphiques » (ce dernier correspondant à l'Ouest réel). Il précise, en tête de la table des quatre volumes de planches : « les indications des points cardinaux sont données d'après le nord des inscriptions hiéroglyphiques ». Il ne le précise pas sur les plans suivants. Il faut attendre les pages 39–41 de son étude pour avoir l'explication : « Nous devons cependant, faire remarquer que les Égyptiens ont envisagé cette question autrement que nous, et que pour eux, la façade est l'est, tandis que la partie postérieure est l'ouest et que les grands côtés deviennent le sud et le nord ». Il indique les textes et explique les raisons du choix symbolique des Égyptiens.

Mariette choisira de respecter la vision des Anciens et décrira le temple en utilisant l'orientation symbolique (et non l'orientation réelle) d'où certaines dénominations qui peuvent intriguer le lecteur, et surtout le visiteur muni d'une boussole : porte de l'est, du sud, groupe du sud, du nord, escalier du sud, du nord, etc.

Cet article utilise l'orientation réelle : entrée au nord (Est symbolique).

Orientation sur l'azimut de Sirius[modifier | modifier le code]

Éric Aubourg, en introduction à son étude sur le zodiaque, indique que le temple actuel a été fondé « le jour du lever héliaque annuel de Sirius. Comme pour tous les sanctuaires du complexe tentyrite, son axe fut aligné sur l’azimut du lever de Sirius ».

« Or, sous l’effet du phénomène de précession des équinoxes, l’azimut de ce lever s’était déplacé de quelque trois degrés depuis la fondation sur le site de monuments plus anciens, qui n’étaient donc plus dans l’alignement de Sirius à ce moment, alors qu’ils l’étaient à l’époque de Ramsès II. La fondation de ce nouveau temple était un événement suffisamment important pour qu’on ait décidé de l’aligner sur le lever réel de l’étoile, et non sur les axes des autres bâtiments – douze siècles s’étaient écoulés depuis la précédente fondation. Ce nouvel axe sera aussi utilisé pour les autres constructions du site, comme en témoigne le petit mammisi d’Isis, avec sa structure brisée »[8].

La façade[modifier | modifier le code]

La grande salle hypostyle (ou pronaos)[modifier | modifier le code]

(repère 1 sur le plan)

La grande salle hypostyle a été construite sous le règne de l'empereur Tibère.

La petite salle hypostyle ou salle d'apparition[modifier | modifier le code]

(repère 2 sur le plan)

À partir de cette salle, nous entrons dans la partie proprement ptolémaïque du temple.

À l'est, nous accédons à trois petites salles (3-4-5).

À l'ouest, à trois autres petites salles (6-7-8).

Les six annexes[modifier | modifier le code]

(repère 3-4-5 et 6-7-8 sur le plan)

La salle d'offrande[modifier | modifier le code]

(repère 9 sur le plan)

De cette salle, on peut accéder au toit du temple, à l'ouest par un escalier en colimaçon, à l'est par un escalier rectiligne.

Les deux escaliers[modifier | modifier le code]

Le pronaos[modifier | modifier le code]

(repère 10 sur le plan)

Le pronaos donne accès au naos (11) et à plusieurs petites salles (12 à 25, plus une non numérotée).

Le naos (saint des saints)[modifier | modifier le code]

(repère 11 sur le plan)

Le « wabet »[modifier | modifier le code]

(repères 23 et 24 sur le plan)

Un wabet est une petite salle de culte dans les anciens temples égyptiens de la période gréco-romaine. Le sanctuaire est séparé de l'atrium par un mur barrière à deux colonnes. Le groupe de chambres est situé à côté de l'escalier du temple. Ce type de chapelle s'est probablement développé à partir des sanctuaires solaires du Nouvel Empire. Le mot wˁb.t signifie « le pur [lieu] ».

Nous constatons que la figure courbée de Nout est orientée, ici, selon les points cardinaux réels (et non symboliques) : sa bouche (avalant le soleil couchant) est à l'ouest; sa matrice (d'où naît le soleil levant, et rayonnant) est à l'est. Nous retrouvons la même orientation réelle de Nout courbée au plafond de la chapelle du zodiaque de l'Osiréion (cf. infra).

Les douze cryptes[modifier | modifier le code]

Les cryptes sont des corridors secrets. Certaines, souterraines, sont aménagées dans les fondations ; les autres sont aménagées çà et là dans l'épaisseur des murailles.

Les cryptes de Dendérah sont au nombre de douze. Six sont souterraines; les six autres circulent à travers les murailles qui enveloppent la partie postérieure du temple. Mariette n'étudie que neuf d'entre elles (les deux cryptes de la salle A et la crypte de la chambre 0 étant dépourvues d'inscriptions).

Crypte no 2[modifier | modifier le code]

Crypte no 4[modifier | modifier le code]

Crypte no 5[modifier | modifier le code]

Les terrasses[modifier | modifier le code]

Les prêtres montaient en procession sur la terrasse du temple par l'escalier de l'ouest (en colimaçon carré). Leur progression est représentée par les bas-reliefs des murs. À mi-hauteur, ils s’arrêtaient dans une petite salle et pratiquaient le rituel qui allait permettre à la divinité de prendre possession de sa statue, puis la procession continuait jusqu'à la terrasse.

Sur les terrasses, il y avait le kiosque d'Hathor (un petit temple hypèthre, sans toit) et le temple d'Osiris.

Pour finir, la procession redescendait au rez-de-chaussée par l'escalier de l'est qui, lui, est rectiligne.

Le kiosque d'Hathor[modifier | modifier le code]

Dans l'angle sud-ouest des terrasses, se trouve le petit kiosque d'Hathor, où la déesse était exposée afin d’être « revivifiée » par le soleil.

Le temple d'Osiris (Osiréion)[modifier | modifier le code]

Sur le toit du temple se trouve l’Osiréion, un sanctuaire dédié au dieu Osiris. Il est composé de six espaces répartis en deux groupes de trois espaces en enfilade (groupe de l'est - au-dessus des salles 3-4-5 / groupe de l'ouest - au-dessus des salles 6-7-8). On pénètre d'abord (par le sud) dans une petite cour qui donne accès à une première salle; de cette dernière, on accède à la dernière salle.

Osiréion : groupe de l'est et le « zodiaque de Dendérah »[modifier | modifier le code]

Mariette étudie en détail la chapelle du zodiaque (il l'appelle « chambre no 2 du sud » mais il faut comprendre « de l'est »)[10]. Cette chapelle est au-dessus de la salle 4 du plan.

« La chambre est considérée comme la chambre sépulcrale d'Osiris et la momie du dieu y est censée déposée, attendant la résurrection. Mais le mal, dans la personne de Typhon et de ses compagnons, veille autour du tombeau, tout prêt à empêcher le mystère divin de s'accomplir »[11]. Mariette fait un parallèle argumenté entre Osiris et l'Adonis grec»[12].

Osiris est protégé par « des légions d'esprits bienfaisants, chargés à leur tour de faire la garde autour du lieu saint et d'en écarter les influences malignes » :

  • Les nomes d'Égypte. Ils sont symbolisés par des oiseaux qui planent au-dessus de la chambre. Mariette ne précise pas le nombre des nomes ni ne fait de liste.
  • Les vingt-quatre heures du jour et de la nuit. Elles sont suivies par des génies qui, pendant la durée de chacune d'elles, doivent se tenir auprès de la momie sacrée.
  • Des divinités armées de glaives, envoyées spécialement par les provinces du nord et du sud, pour veiller dans la chambre et la préserver de l'action des compagnons des ténèbres et de la mort.

Le plafond de cette salle se compose de trois motifs (pour comprendre la photo, il faut la faire pivoter sur elle-même, tête de Nout en avant, pieds en arrière, afin de l'imaginer au-dessus de soi; l'observateur étant sur le pas de la porte) :

  • À gauche (en entrant) se situe le panneau représentant le zodiaque.
  • Au centre (reliant la porte d'entrée à la porte menant à la seconde salle) se trouve la version longiligne de la déesse Nout; sa bouche (avalant le soleil couchant) se trouve vers l'ouest symbolique (en fait le sud réel).
  • À droite se situe le panneau représentant Nout courbée; ici, sa bouche se trouve vers l'ouest réel. Nous retrouvons cette même orientation au plafond du wabet du rez-de-chaussée.

Osiréion : groupe de l'ouest[modifier | modifier le code]

La face arrière (sud)[modifier | modifier le code]

Sur la face arrière du temple, on trouve une des rares représentations de la célèbre Cléopâtre VII accompagnée de son fils Ptolémée XV dit Césarion.

Champollion-Figeac, à propos de ce mur : « La partie la plus ancienne du temple de Dendérah, à son extrémité, appartient au règne de Cléopâtre et de Ptolémée Césarion : il y sont figurés de proportion colossale, et les noms de Cléopâtre et de Ptolémée César ou Ptolémée surnommé nouveau César, qui se lisent dans les inscriptions qui accompagnent ces tableaux historiques, ne laissent aucun doute à ce sujet »[13].

Représentations[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

Les scientifiques de la campagne d'Égypte devant le temple de Dendera (musée Champollion de Vif, Isère).

Le peintre François-Martin Testard en a fait une huile sur toile en 1819 intitulée Les scientifiques de la campagne d’Égypte devant le temple de Dendera. Le tableau a été acquis par le département de l'Isère en 2018, et depuis est exposé au musée Champollion de Vif[14].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Le temple est mis en scène dans Les Sables de Denderah, tome 3 de la bande dessinée d'aventures Les Fils de l'Aigle. On peut y voir de nombreuses vues de la façade et des chapiteaux hathoriques, une gargouille à tête de lion et le fameux zodiaque.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sylvie Cauville, Le temple de Denderah, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, (lire en ligne).
  • Sylvie Cauville, « Le temple d’Isis à Dendera », BSFE, no 123,‎ , p. 3 à 48.
  • Éric Aubourg, « La date de conception du zodiaque du temple d'Hathor à Dendera », BIFAO,‎ (lire en ligne)
    Avant l'étude du zodiaque, il donne des informations sur le temple.
  • Éric Aubourg et Pierre Zignani, « Espaces, lumières et composition architecturale au temple d’Hathor à Dendara. Résultats préliminaires », BIFAO, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, no 100,‎ , p. 47-77 (lire en ligne).
  • Pierre Zignani, Enseignement d'un temple égyptien : conception architectonique du temple d'Hathor à Dendara, Presses polytechniques et universitaires romandes, .
  • Pierre Zignani, « Le temple d'Hathor à Dendara. Relevés et étude architecturale (2 volumes, 39 pl.) », Bibliothèque d'étude, no 146,‎ .
  • Dorothée Elwart, Polysensorialité rituelle en Égypte ancienne, Analyse anthropologique du vocabulaire sensoriel dans le pronaos du temple d’Hathor de Dendara (Ier siècle), haStec, 2018-2019 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Documentaires scientifiques[modifier | modifier le code]

Vidéos amateurs[modifier | modifier le code]

Ces vidéos ne sont mises ici que pour permettre aux lecteurs de visualiser le temple. Elles précisent la visite et certaines images sont instructives. En revanche, les commentaires n'engagent que les auteurs.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. paris-sorbonne.fr.
  2. a b et c Auguste Mariette (1821-1881), Dendérah, description générale du grand temple de cette ville, Paris, 1870-1875 (lire en ligne), (un volume de texte, quatre de planches et un supplément de planches).
  3. Hervé Beaumont, Égypte : le guide des civilisations égyptiennes, des pharaons à l'islam, Éditions Marcus, , 716 p. (ISBN 978-2-7131-0168-7, lire en ligne).
  4. François Daumas, « Le trône d’une statuette de Pépi Ier trouvé à Dendara », Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale,‎ , p. 163-172 (lire en ligne).
  5. « Pépi », sur larousse.fr (consulté le ).
  6. « Lagides ou Ptolémée (les) », sur Encyclopaedia Universalis (France), (pour répondre à la question : les "Ptolémée" ou les "Ptolémées") (consulté le )
  7. a et b R. Moralès, L. Palmisano, J. Martin, L'Egypte, tome 3, Paris, Casterman, , 56 p. (ISBN 978-2-203-32928-7), pages 16 à 23.
  8. a et b Éric Aubourg, « La date de conception du zodiaque du temple d’Hathor à Dendera », BIFAO (Bulletin de l'institut français d'archéologie orientale) 95,‎ , pages 1-10 (lire en ligne)
  9. http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fa137.idata.over-blog.com%2F3%2F32%2F07%2F22%2Fmeretseger-plan-dendera.jpg
  10. Auguste Mariette, Dendérah, description générale du grand temple, Paris, (lire en ligne), p. 275-285.
  11. Auguste Mariette, Dendérah, description générale du grand temple, Paris, (lire en ligne), p. 276.
  12. Auguste Mariette, Dendérah, description générale du grand temple, Paris, (lire en ligne), p. 284.
  13. Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Egypte ancienne, Paris, Firmin-Didot, 1876 (éd. posthume / première en 1832) (lire en ligne), Zodiaque : p.106b-111a (et planche 11, p.530) / Dendérah : p.465a-467a.
  14. « Présentation des collections », sur Portail des Musées (consulté le )