Système généralisé de préférences — Wikipédia

Le Système généralisé de préférences (SGP) est un programme de préférences commerciales pour les biens provenant des pays en développement, notamment les pays les moins avancés, mis en place par plusieurs pays développés, en dérogation de la clause de la nation la plus favorisée, dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce[1]. Sans négociation ni réciprocité, il ne s'applique pas sur les droits de douane des pays pauvres, mais seulement sur leur exportation[2],[3]. C'est un système d'aide pour les pays en développement pour les soutenir dans leurs échanges commerciaux[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le concept de système généralisé de préférences a tout d'abord été pensé par Raúl Prebisch et Hans Singer à la fin des années 50 et du début des années 60[4]. Ce système de préférences commerciales pour les pays en développement est créé en 1968 dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement[3],[5]. En 1971, dans le cadre du Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), une clause d'exemption à la notion de nation la plus favorisée est votée, pour une durée de 10 ans[4],[6]. Cette clause permet de construire le cadre légal en droit international permettant la mise en place de système généralisé de préférences[7]. Ainsi l'Union européenne met en place dès la même année son premier système de SPG[7]. En 1979, cette clause devient permanente[4],[6],[8].

En 2009, 11 types de systèmes généralisés de préférences ont été mis en place par respectivement l'Australie, la Biélorussie, le Canada, les États-Unis, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Russie, la Suisse, la Turquie et l'Union européenne[9].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Les objectifs du Système généralisé de préférences, « sans réciprocité ni discrimination, en faveur des pays en voie de développement, y compris des mesures spéciales en faveur des pays en voie de développement les moins avancés, doivent être :

  1. d'augmenter leurs recettes d'exportation ;
  2. de favoriser leur industrialisation ; et
  3. d'accélérer le rythme de leur croissance économique. »

Applications[modifier | modifier le code]

Les préférences sont éventuellement limitées à certains secteurs et possèdent souvent des clauses qui permettent aux pays qui les accordent de les suspendre ou les annuler, selon le contexte économique ou politique[1].

Union européenne[modifier | modifier le code]

L'Union européenne met en place son premier système de SPG dès 1971. Le SPG de l'Union européenne fonctionne avec un système de certificat d'origine délivré par le pays exportateur. Dans certains cas, il peut exister des règles de cumul à l'échelle régionale ou continental pour les certificats d'origine[7].

L'Union européenne se réserve le droit de retirer le traitement préférentiel du SPG en cas d'esclavage, de travail forcé, de violation importante du droit du travail, de la liberté d'association ou de l’absence de coopération administrative. L'Union européenne peut également réintroduire des tarifs douaniers en cas d'augmentation importante des volumes d'importations. De la même manière, l'Union européenne peut évaluer tous les ans qu'un secteur d'activité d'un pays donné a atteint un seuil de compétitivité suffisant pour sortir du système de SPG. Et enfin l'Union européenne modifie chaque année la liste des pays qui bénéficient du système de SPG selon leur développement. Son système généralisé de préférences est modifié de manière décennale, un de ces cycles couvre la période 1995-2005, un autre la période 2006-2015[7].

En 2004, le SPG de l'Union européenne s'appliquait aux marchandises en provenance de 142 pays. Toujours en 2004, le SPG de l'Union européenne comportait plusieurs régimes dont un régime général, un régime d'encouragement à la protection des droits des travailleurs, un régime d'encouragement à la protection de l'environnement, un régime en faveur des pays les moins avancés (appliqué à tous les pays les moins avancés) et un régime de lutte contre la production et le trafic de drogues (appliqué à certains pays d'Amérique latine)[7].

En 2017, le système généralisé de préférences de l'Union européenne est appliqué en 3 niveau :

États-Unis[modifier | modifier le code]

Le Système généralisé de préférences des États-Unis débute en 1976 à la suite du Trade Act of 1974[9]. Le programme américain repose initialement sur deux types de critères : des critères obligatoires et des critères discrétionnaires. Par la suite, le SGP des États-Unis s'est régulièrement restreint par l'ajout de critères économiques notamment sur le droit du travail. Ces mesures de restrictions ont eu lieu notamment en 1980, 1983 et en 1984[17]. Ces mesures ont cependant amélioré à terme le droit du travail dans les pays ayant fait l'objet de restrictions[17]. Ainsi la place du système généralisé de préférences a peu à peu diminué, de par l'exclusion de certains pays à revenus intermédiaires, l'exclusion de certains types de produits et l'augmentation du commerce avec les pays non concernés par ce système[17]. Ainsi en 2005, seulement 1,6 % des importations des États-Unis étaient concernées par le système généralisé de préférences[17].

Critiques[modifier | modifier le code]

Certains pointent la faible efficacité du dispositif, par la relativement faible augmentation du commerce avec les pays en développement par rapport à l'augmentation générale du commerce dans le monde[4],[18]. De plus le système est complexe tant du fait des règles d'origines que des nombreuses clauses d'exception[4].

Enfin, l'effet d'un système généralisé de préférences envers les pays en développement se réduit en raison de la diminution généralisée des droits de douane dans le monde par rapport à leur niveau élevé du milieu du XXe siècle[19].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (VanGrasstek 2013, p. 500)
  2. « Système des préférences généralisées », sur Commission européenne.
  3. a et b « Système de préférences généralisées (SPG) », sur Le dico du commerce international.
  4. a b c d e f et g Svetlana Pogodinia et Aude Flageul, « Le système des préférences généralisées », sur Thomas Orliac.
  5. (Colard-Fabregoule 2002, p. 60)
  6. a et b (VanGrasstek 2013, p. 501)
  7. a b c d et e « Le système de préférences généralisées de l’Union européenne », sur Commission européenne,
  8. (Colard-Fabregoule 2002, p. 61)
  9. a et b « Le Système généralisé des préférences (SGP) », sur Caribbean Trade / Centre de référence
  10. a b c et d (en) « Standard GSP », sur Commission européenne (version du sur Internet Archive).
  11. (en) « List of countries benefiting from the standard GSP arrangement », sur Europa, .
  12. a et b (en) « List of GSP beneficiary countries » [PDF], sur Europa, .
  13. a b et c (en) « Report on the Generalised Scheme of Preferences covering the period 2018-2019 » [PDF], sur Europa, , p. 3.
  14. (en) « What is GSP+? », sur Commission européenne.
  15. (en) « Commission delegated regulation (EU) 2021/576 of 30 November 2020 amending Annex III to Regulation (EU) No 978/2012 to include the Republic of Uzbekistan among the countries benefiting from tariff preferences under the GSP+ », sur Europa.
  16. (en) « Consolidated text: Regulation (EU) No 978/2012 of the European Parliament and of the Council of 25 October 2012 applying a scheme of generalised tariff preferences and repealing Council Regulation (EC) No 732/2008 », sur Europa, , Article 17 (période de trois ans) et Annexe IV (liste des bénéficiaires).
  17. a b c et d « Système généralisé des préférences (SGP) », sur Gouvernance globale du travail.
  18. « Rapport sur le commerce mondial 2004 », sur OMC, , p. 42
  19. (Colard-Fabregoule 2002, p. 62)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jonathan Sorriaux, Le système de préférences généralisées de l’Union européenne : le droit douanier facteur de développement., Université Paris-Est, , 646 p. (lire en ligne)
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Craig VanGrasstek, Histoire et avenir de l’Organisation mondiale du commerce, Organisation mondiale du commerce, , 716 p. (lire en ligne)
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Catherine Colard-Fabregoule, L'essentiel de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Gualino, , 142 p. (ISBN 978-2-84200-468-2)

Lien externe[modifier | modifier le code]