Sucellos — Wikipédia

Sucellos
Dieu de la mythologie celtique gauloise
Statuette en bronze au Musée d'archéologie nationale.
Statuette en bronze au Musée d'archéologie nationale.
Caractéristiques
Nom latin Sucellus
Fonction principale Dieu de la vie, de la mort, des récoltes et des troupeaux
Lieu d'origine Gaule
Période d'origine Antiquité celte et gauloise
Parèdre Nantosuelte
Équivalent(s) par syncrétisme Dagda, Sylvain, Charun, Thor[1]
Symboles
Attribut(s) maillet (ou faucille), chaudron, tonnelet, amphore
Cette statue de Sucellus est la plus ancienne représentation connue du dieu (vers le Ier siècle). Elle a été trouvée dans une demeure romaine en France et se situait dans un sanctuaire privé (lararium). Walters Art Museum, Baltimore.
Statuette de Sucellus, musée gallo-romain de Fourvière, Lyon.

Sucellos, latinisé en Sucellus, est une divinité de la mythologie celtique gauloise.

Onomastique[modifier | modifier le code]

Le nom du dieu signifierait « bon frappeur » ou « tape dur[2] ». Le théonyme est composé du préfixe su- qui signifie « bon, bien » et de cellos qui désigne le marteau (ou frappeur)[3].

Iconographie[modifier | modifier le code]

À en juger par ses plus de 200 représentations, Sucellos était l'un des plus grands dieux celtiques gaulois[4].

Ce dieu est connu essentiellement en Gaule, mais tous les éléments le concernant (représentation sur une monnaie des Unelles, quelques inscriptions et des statuettes en bronze) sont d'époque gallo-romaine.

Il apparaît comme âgé et barbu, vêtu à la gauloise d'une longue blouse serrée à la taille et de braies collantes, parfois avec des bottes. Outre le maillet (ou le merlin), il est représenté avec des ustensiles alimentaires : chaudron, tonnelet, amphore vinaire. Il arrive que le maillet soit remplacé par une faucille et que le pied du dieu soit posé sur un tonnelet.

Il est parfois accompagné d'un chien.

Syncrétisme[modifier | modifier le code]

Au moins onze inscriptions à Sucellus sont connues[5], principalement en Gaule. Une inscription (RIB II, 3 / 2422.21) a été trouvée à Eboracum (York moderne) en Grande-Bretagne.

Sylvanus[modifier | modifier le code]

Dans une inscription trouvée à Augusta Rauricorum (Augst moderne), Sucellus est identifié avec Silvanus[6]:

In honor(em) / d(omus) d(ivinae) deo Su / cello Silv(ano) / Spart(us) l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum)

Le syncrétisme entre Sucellus et Silvanus peut également être vu dans l'œuvre de la Gaule narbonnaise[7].

Thor[modifier | modifier le code]

Sucellos présente de fortes similitudes avec le dieu nordique Thor.

L'archéologue Jean-Jacques Hatt met en avant deux possibilités:

  • Les ressemblances entre les deux dieux pourraient résulter d'une origine commune datant de l'Âge du Bronze, quand la partition entre cultures celtes ou préceltiques d'une part et prégermaniques d'autre part n'est pas encore nette entre l'Allemagne du Sud et celle de l'Ouest[1]. La séparation entre les deux groupes daterait alors du début de l'Age du Fer, plus exactement des pérégrinations des guerriers hallstattiens, porteurs de l'épée longue[1].
  • Autre possibilité, à une période beaucoup plus basse (IIIe – IIe siècle avant J.C.), le Sucellos gaulois aurait aussi pu contaminer le Thor germanique, comme le Teutatès celtique aurait déteint sur l'Odin germanique[1].

Hatt note par ailleurs que ces deux théories ne sont pas exclusives, « une origine ancienne celto-germanique de Sucellus et de Thor, comme entre Teutatès et Odhin, aurait pu faciliter les échanges et les syncrétismes entre les deux panthéons, le germanique et le celtique »[1]

Charun[modifier | modifier le code]

Quelques auteurs comparent Sucellos au dieu Charun de la mythologie étrusque qui lui aussi tient un marteau à la main et remplit la même fonction de psychopompe et dieu de la mort, un autre dieu (Dis Pater pour les celtes et Aita pour les étrusques) étant dans les deux cas le roi ou seigneur des enfers[8].

Fonction[modifier | modifier le code]

Sucellos a été honoré par les bûcherons, les brasseurs, les tonneliers, les carriers, les constructeurs de radeaux.

Un dieu de la vie et de la mort[modifier | modifier le code]

Il est le seul dieu gaulois qui ait un caractère tant soit peu infernal[4].

Comme le Dagda irlandais, Sucellos tue et ressuscite avec son maillet, dont il tient le long manche en appui sur le sol, et en tenant un petit récipient à boisson dans l'autre main. Il se tient droit, son pied reposé sur un tonneau, peut-être symbole de réserve de survie.

Un dieu des récoltes[modifier | modifier le code]

Sucellos est une divinité champêtre, un dieu agraire, protecteur des récoltes et des troupeaux[9]. Sucellos est un dieu « dispensateur d'aliments[10] ». Il est le détenteur de la prospérité, symbolisée par cet autre attribut qu’est le petit chaudron, dans sa main droite. C’est un dieu de la nature nourricière et des plantations[11].

Sucellos est aussi considéré comme le dieu de la bière[12].

Parèdre[modifier | modifier le code]

Sa parèdre est Nantosuelte, qui est une représentation de la fécondité. Sucellos et Nantosuelte sont associés sur un autel découvert à Sarrebourg et sur lequel on peut lire l'inscription suivante :

Deo Svcello /
Nantosvelte /
Bellavsvs Mas /
se Filivs V(otum).S(olvit).L(ibens).M(erito)

Ceci peut être traduit : « Pour le dieu Sucellos et Nantosuelte, Bellausus, fils de Massa, a volontairement et à juste titre accompli son vœu ».

Localisation[modifier | modifier le code]

Sucellos est un dieu gaulois. De fait, il semble avoir été particulièrement honoré en Rhénanie et dans la partie orientale de la Gaule, en Narbonnaise, à l'époque gallo-romaine. Une inscription a également été trouvée en Grande-Bretagne.

Équivalences[modifier | modifier le code]

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Jean-Jacques Hatt, Mythes et Dieux de la Gaule, vol 2
  2. Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, Paris, Payot, 1993, p. 62.
  3. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la Langue gauloise, Paris, Errance, 2003, p. 113, 282, 283 (ISBN 2-87772-237-6).
  4. a et b Paul-Marie Duval, Grands dieux de la Gaule, Publications de l'École Française de Rome, Année 1989, 116 , pp. 223-234
  5. Jufer et Luginbühl (2001), p. 63.
  6. AE 1926, 00040
  7. Duval (1993), p. 78.
  8. Franz De Ruyt, Charun, démon étrusque de la mort, Rome, Institut historique belge, 1934, p. 233.
  9. Félix Guirand, Mythologie générale, éd. Larousse, Paris, 1994, p. 207 (ISBN 2-03-513006-9).
  10. Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, p. 63.
  11. Jean-Paul Persigout, Dictionnaire de mythologie celte, éd. du Rocher, p. 280, Monaco, 1985, (ISBN 2-268-00968-8)
  12. Philippe Voluer, Le grand livre de la bière en Alsace, Editions Place Stanislas, 2008. p23
  13. Notice du Musée d'archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye.
  14. Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, p. 64.
  15. Aux origines de Carnaval, éd. Odile Jacob, Paris, 2005, p.196 (ISBN 2-7381-1637-X).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphanie Boucher, « L’image et les fonctions du dieu Sucellus », in Le monde des images en Gaule et dans les provinces voisines, Caesarodunum, 23, 1988, p. 77-85.
  • Paul-Marie Duval, Les Dieux de la Gaule, Paris, Payot, 1993, 169 p. (ISBN 2-228-88621-1)
  • Bernard Sergent, « Sucellus et le tonneau », in Marco V. García Quintela, Francisco J. González García et Felipe Criado Boado dir., Anthropology of the Indo-European World and material culture. Proceedings of the 5th international Colloquium of Anthropology of the Indo-European World and comparative Mythology, Budapest, Archaeolingua, 2006, p. 61-80.
  • Raymond Christinger et Willy Borgeaud, Mythologie de la Suisse ancienne, Genève, Georg-Musée d'Ethnographie de la Ville de Genève, , 318 p. (pages 147-214)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]