Stepanakert — Wikipédia

Khankendi

Khankendi
((az) Xankəndi)
Stepanakert ((hy) Ստեփանակերտ)
Blason de Khankendi
Héraldique
Stepanakert
La place de la Liberté sous la république séparatiste du Haut-Karabagh
Administration
Pays Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Démographie
Population 55 151 hab.
Densité 2 146 hab./km2
Géographie
Coordonnées 39° 48′ 55″ nord, 46° 45′ 07″ est
Altitude 813 m
Superficie 2 570 ha = 25,7 km2
Fuseau horaire UTC+04:00
Localisation
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Khankendi
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Khankendi

Stepanakert (Ստեփանակերտ) est le nom arménien, introduit en 1923, de la ville azerbaïdjanaise de Khankendi (en azéri : Xankəndi), qui s'appelait plus anciennement Vararakn avant 1847. Entre 1991 et 2023, elle a servi de capitale à la république séparatiste du Haut-Karabagh (non reconnue internationalement), dont elle était aussi la plus grande ville[1]. Pendant la trentaine d'années d'existence de cet État, la très grande majorité des habitants (au nombre de 55 151 en 2015)[2] étaient des Arméniens, les Azéris ayant fui ou été expulsés par les Arméniens lors de la première guerre du Haut-Karabagh en 1991. Lors de la seconde guerre en 2020, une grande partie des habitants arméniens fuient à leur tour la ville, sévèrement bombardée par les forces azerbaïdjanaises[3]. Après l'offensive éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre 2023, la quasi-totalité de la population abandonne la ville pour se réfugier en Arménie. La ville, devenue quasiment vide, est de nouveau azerbaïdjanaise. En décembre 2023, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev prévoit le retour dans la ville des Azéris, expulsés lors de la première guerre, pour 2024[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Siège, datant de la période soviétique, de l'ancien oblast autonome du Haut-Karabagh, abritant de 1994 à 2023 la présidence de la république du Haut-Karabagh.

Selon les sources médiévales arméniennes, le lieu est pour la première fois mentionné sous le nom Vararakn (Վարարակն, « torrent rapide »)[5] ; il remonterait au moins au XIIIe siècle, comme l'attestent des khatchkars récemment retrouvés sur place[6]. Ce village est renommé Khankendi (Xankəndi) en 1847[5]. Les sources azerbaïdjanaises font quant à elles remonter l'histoire de la ville à la fondation du village Khankendi (« village du khan ») par le khan du Karabagh à la fin du XVIIe siècle.

La ville moderne reçoit le nom de Stepanakert en 1923 en mémoire de Stepan Chahoumian, chef bolchevik arménien de Bakou (Azerbaïdjan). Sous l'ère soviétique, la ville devient un important centre économique ; vers 1985, elle compte 19 centres de production[5].

Lorsque l'Azerbaïdjan déclare son indépendance en 1991, la cité est renommée Khankendi dans le cadre d'une campagne de « désoviétisation » et d'« azérification »[7] de l'ancien oblast autonome du Haut-Karabagh, peuplé majoritairement d'Arméniens. Des combats s'ensuivent, qui dégénèrent en guerre. Au cessez-le-feu de 1994, l'ancien oblast autonome et ses alentours sont sous contrôle arménien, territorialement accolés à l'Arménie, mais Stepanakert, qui comptait avant le conflit environ 70 000 habitants, n'en comptait plus que 50 000 en 1992 à la suite des bombardements azerbaïdjanais, en particulier au début de cette année lors des tirs d'artillerie depuis la ville de Chouchi. Peu nombreuses sont les constructions à ne pas avoir été endommagées. Stepanakert a également subi diverses attaques terrestres azerbaïdjanaises, toutes infructueuses. La prise de Chouchi par les forces arméniennes, le , met fin aux tirs d'artillerie, mais les bombardements aériens continuent jusqu'à la fin de la guerre[8].

Le , au début de la guerre arméno-azerbaïdjane de 2020, la ville subit un intense bombardement azerbaïdjanais. Les forces azéries lancent des bombes à sous-munitions ainsi que des bombes au phosphore blanc, interdites depuis 2010, sur des quartiers civils[9], et une grande partie de la population quitte la ville[10].

Le , la ville est une nouvelle fois bombardée lors de l'attaque des forces azéries[11], rompant ainsi l'accord de cessez-le-feu signé à la fin du conflit de 2020. À la suite du blocus du corridor de Latchine pendant dix mois, les troupes azerbaïdjanaises profitent de l'affaiblissement des forces du Haut-Karabagh pour ainsi bombarder la population civile[12].

Stepanakert est encerclée le [13]. La capitulation des forces du Haut-Karabagh entraîne dans les jours qui suivent l'exode de la quasi-totalité de ses habitants qui se réfugient en Arménie. Le 15 octobre, l'armée azérie entre à Stepanakert, rebaptisée Khankendi, alors que le président Aliyev hisse le drapeau du pays devant l'ancien palais présidentiel[14]. Le 8 novembre, l'armée azerbaïdjanaise défile dans la ville pour célébrer le « jour de la Victoire »[15].

Économie[modifier | modifier le code]

Avant la guerre de 1991, l'économie de Stepanakert reposait sur l'agro-alimentaire, le commerce de la soie ainsi que sur la production de vins[5]. Durement touchée, cette économie s'est redressée peu à peu entre 1992 et 2020, principalement grâce aux investissements en provenance de la diaspora arménienne, mais a été à nouveau grandement affectée par la guerre de 2020.

Jumelage[modifier | modifier le code]

Personnalités nées à Stepanakert[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pour le statut international du Haut-Karabagh, cf. l'article « Haut-Karabagh ».
  2. (fr) « Indicateurs démographiques et sociaux », Représentation du Haut-Karabagh en France. Consulté le 30 octobre 2015.
  3. « Haut-Karabakh: la population de la capitale Stepanakert évacuée », sur RFI,
  4. https://azertag.az/en/xeber/azerbaijani_president_residents_of_khojaly_and_khankendi_will_return_to_their_homes_in_2024-2872414
  5. a b c et d (hy) S. Mkrtchyan, « Ստեփանակերտ », Soviet Armenian Encyclopedia, vol. XI, RSS d'Arménie, Erevan, 1985, p. 124.
  6. (fr) « Découverte des ruines d’une église à Stepanakert », Nouvelles d'Arménie Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Svante E. Cornell, Small Nations and Great Powers: A Study of Ethnopolitical Conflict in the Caucasus, Routledge, Londres, 2001, p. 74.
  8. (en) « Former Soviet Union: Carnage in Karabakh », TIME Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Karabakh: quand la tornade "Smertch" s'abat », sur Courrier international, (consulté le ).
  10. Veronika Dorman, « Au Haut-Karabakh, Stepanakert dans l'angoisse des frappes qui s'intensifient », sur Libération.fr, (consulté le ).
  11. La rédaction, « Crise entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en direct: plusieurs villes du Karabakh ciblées par des "tirs intensifs", une "opération terrestre a démarré" », sur Var-Matin, (consulté le )
  12. « Haut-Karabagh : les soldats azerbaïdjanais encerclent Stepanakert », sur TV5 Monde,
  13. « Haut-Karabakh : les soldats azerbaïdjanais encerclent Stepanakert », sur TV5MONDE - Informations, (consulté le ).
  14. FRANCE24, « Haut-Karabakh : le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a hissé le drapeau national à Stepanakert », sur France 24, France 24, (consulté le ).
  15. « Haut-Karabakh : l’armée azerbaïdjanaise parade dans Stepanakert récemment reprise aux séparatistes arméniens », Le Figaro,
  16. (en) « Stepanakert, Donostia sign cooperation agreement », Panorama.am,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]