Star Film (Indes orientales néerlandaises) — Wikipédia

Star Film
logo de Star Film (Indes orientales néerlandaises)
Logotype de Star Film.

Création 1940
Disparition 1942
Fondateurs Jo Eng Sek
Cho' Chin Hsin
Forme juridique Société par actionsVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Batavia (Indes orientales néerlandaises)
Activité Production cinématographique
Produits Films

Star Film est une ancienne entreprise de production cinématographique établie aux Indes orientales néerlandaises. Créée en 1940 par l'homme d'affaires sino-indonésien Jo Eng Sek et le cadreur Cho' Chin Hsin, elle produit cinq films en noir et blanc entre 1940 et 1941 ; deux sont réalisés par Jo Eng Sek et les autres par Wu Tsun.

Un autre film est en production quand le studio ferme à la suite de l'occupation japonaise des Indes néerlandaises.

Star Film lance des carrières d'acteurs comme S Waldy et Elly Joenara et produit des scénarios écrits par Rd Ariffien et Saeroen. Sa production est de nos jours considérée comme perdue.

Histoire[modifier | modifier le code]

Star Film est créée par Jo Eng Sek, lequel a une expérience dans le cinéma comme coproducteur de Si Tjonat (1929), et par le cadreur Cho' Chin Hsin, originaire de Shanghai. Dès le début, la plupart du temps, Jo occupe le rôle de producteur et Cho' celui de chef opérateur. Le siège de l'entreprise est alors localisé à Prinsenlaan, Batavia (devenu Mangga Besar, Jakarta)[1]. L'entreprise sort son premier film, Pah Wongso Pendekar Boediman en . Pour ce film policier, Star Film a recruté L. V. Wijnhamer Jr. (alias Pah Wongso), un travailleur social métis néerlando-indonésien connu dans la communauté des Chinois d'Indonésie[2]. Ce premier film est un succès commercial, ce qui permet à l'entreprise de se développer[3]. L'actrice et future productrice Elly Joenara y fait ses débuts[4].

Plus tard, Jo engage Rd Ariffien comme scénariste[3]. Le studio met en avant ce recrutement car le réseau professionnel d'Ariffien comme journaliste est très étendu[5]. Il écrit Tjioeng Wanara pour Star Film, une histoire basée sur la légende soundanaise du même nom, telle que racontée par M. A. Salmoen dans un livre de 1938 (édité par Balai Pustaka). Le film est produit et réalisé par Jo[6],[7]. Plusieurs acteurs du film continuèrent à travailler avec Star Film jusqu'à sa disparition, notamment S Waldy et Elly Joenara. En revanche, Ariffien quitte Star Film, déçu par le résultat du projet[3]. Ce film a bénéficié d'une distribution de grande ampleur pour l'époque[8].

Affiche montrant des personnages dans un cadre, lequel est surplombé par la mention Star Film et le titre du métrage.
Affiche de Pah Wongso Pendekar Boediman, la première production de Star Film.

Star Film continue son développement et Jo recrute le réalisateur chinois Wu Tsun, dont le premier film pour l'entreprise est Lintah Darat[6]. La production de celui-ci commence avant celle de Tjioeng Wanara et son scénario raconte l'histoire d'une famille déchirée par ses arrangements avec un prêteur sur gages[9]. Star Film fait aussi appel à l'universitaire Poerbatjaraka (en) comme conseiller historique pour le scénario[8]. Le film reçoit des critiques positives[10],[11]. Une suite de Pah Wongso Pendekar Boediman est mise en production avec Wu à sa tête et le journaliste Saeroen au scénario[12],[13]. Dans ce film, intitulé Pah Wongso Tersangka, la comédie est à l'honneur et notamment les interactions entre les acteurs Waldy, Pah Wongso et Sarip[14].

Saeroen écrit un autre film pour Star Film en 1941, Ajah Berdosa, avant de quitter l'entreprise[15]. Ce film suit la vie d'un villageois nommé Mardiman sur plusieurs années, de la perte de toutes ses possessions à sa passion pour une femme « moderne »[16]. Le film est dépeint à sa sortie dans le journal Soerabaijasch Handelsblad (en) comme « une histoire extrêmement simple et touchante »[note 1],[17] et reçoit de manière plus générale des critiques positives[16]. Fin 1941, Star Film met en production une adaptation des Mille et Une Nuits intitulée 1001 Malam[6]. À cette époque, plusieurs films indonésiens s'étaient déjà inspirés de l'œuvre comme Aladin et Koeda Sembrani de Tan's Film, Moestika dari Djemar de Populair's Film ou encore Ratna Moetoe Manikam de Java Industrial Film[18].

Au début de l'année 1942, le gouvernement colonial des Indes orientales néerlandaises commence à s'inquiéter de la possibilité d'une invasion par le Japon[19]. La peur gagne la population et, en , le magazine cinématographique Pertjatoeran Doenia dan Film annonce que de nombreux studios s'apprêtent à quitter Batavia ou à mettre leur production en sommeil. Star Film, en pleine production de 1001 Malam, fait partie de ces studios sur le départ[20]. Quand l'occupation japonaise des Indes néerlandaises fut effective en [6], Star Film fut fermée et ne rouvrit pas[21].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Affiche de Tjioeng Wanara, deuxième production de Star Film.

Star Film a produit six films en deux ans[6]. Ces longs-métrages en noir et blanc ont été largement diffusés dans les Indes orientales néerlandaises. Certains, comme Pah Wongso Pendekar Boediman, ont été également diffusés en Malaisie britannique, en Chine et à Singapour[22]. Ces films ont été présentés à nouveau à la fin des années 1940[note 2] mais sont aujourd'hui considérés comme perdus[note 3].

Star Film a été pionnière pour plusieurs genres dans l'histoire du cinéma indonésien. Pah Wongso Pendekar Boediman est ainsi considéré comme le premier film policier indonésien[4] et Tjioeng Wanara comme le premier film épique de l'histoire du pays[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En version originale : « Een uiterst eenvoudig en ontroerend verhaal... »
  2. Une projection de Lintah Darat a eu lieu en novembre 1949 à Singapour (The Straits Times 1949, (sans titre))
  3. Les films des Indes étaient produits avec des pellicules en nitrocellulose. Après l'incendie qui détruisit la majeure partie des entrepôts de Produksi Film Negara en 1952, la plupart des films en nitrocellulose furent délibérément détruits (Biran 2012, p. 291). Karl G. Heider suggère ainsi que tous les films indonésiens antérieurs à 1950 ont été perdus (Heider 1991, p. 14). Dans Katalog Film Indonesia, J.B. Kristanto indique que plusieurs ont pu être préservés dans les archives de la Sinematek Indonesia. Misbach Yusa Biran affirme que plusieurs films de propagande japonaise sont conservés au Service d'information du gouvernement des Pays-Bas (Biran 2009, p. 351)

Références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (id) Misbach Yusa Biran, Sejarah Film 1900–1950 : Bikin Film di Jawa [« History of Film 1900–1950: Making Films in Java »], Jakarta, Komunitas Bamboo working with the Jakarta Art Council, , 443 p. (ISBN 978-979-3731-58-2)
  • (id) Misbach Yusa Biran, Indonesia dalam Arus Sejarah : Masa Pergerakan Kebangsaan [« Indonesia in the Flow of Time: The Nationalist Movement »], vol. V, Ministry of Education and Culture, (ISBN 978-979-9226-97-6), « Film di Masa Kolonial », p. 268–93
  • (en) Heider, Indonesian Cinema : National Culture on Screen, Honolulu, University of Hawaii Press, , 160 p. (ISBN 978-0-8248-1367-3, lire en ligne)
  • (id) « Lintah Darat » [archive du ], filmindonesia.or.id, Jakarta, Konfiden Foundation (consulté le )
  • (nl) « 'Lintah Darat': Nieuwe productie der Star Film Coy » [« 'Lintah Darat': New Production of the Star Film Company »], De Indische Courant, Surabaya,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  • (id) « Pah Wongso Tersangka » [archive du ], filmindonesia.or.id, Jakarta, Konfiden Foundation (consulté le )
  • (en) « Pah Wongso Tersangka » [archive du ], WorldCat (consulté le )
  • (id) « Saeroen » [archive du ], filmindonesia.or.id, Jakarta, Konfiden Foundation (consulté le )
  • (nl) « Sampoerna Theater 'Lintah Darat' », Soerabaijasch Handelsblad, Surabaya,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  • (nl) « Sampoerna-theatre: 'Ajah Berdosa' », Soerabaijasch Handelsblad, Surabaya,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  • (id) Sardiman, Guru Bangsa : Sebuah Biografi Jenderal Sudirman [« Teacher of the People: A Biography of General Sudirman »], Yogyakarta, Ombak, , 268 p. (ISBN 978-979-3472-92-8)
  • (id) « Studio Nieuws (Nouvelles du studio) », Pertjatoeran Doenia dan Film, Batavia, vol. 1, no 5,‎ , p. 26–28
  • (id) « Studio Nieuws (Nouvelles du studio) », Pertjatoeran Doenia dan Film, Batavia, vol. 1, no 9,‎ , p. 18–20
  • (id) « Tjioeng Wanara » [archive du ], filmindonesia.or.id, Jakarta, Konfiden Foundation (consulté le )
  • (nl) « (sans titre) », Soerabaijasch Handelsblad, Surabaya,‎ , p. 7 (lire en ligne)
  • (id) « (sans titre) », Pelita Rakjat, Surabaya,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  • (en) « (sans titre) », The Straits Times, Singapore,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  • (id) « Warta dari Studio (Nouvelles des studios) », Pertjatoeran Doenia dan Film, Batavia, vol. 1, no 1,‎ , p. 18–20

Article connexe[modifier | modifier le code]

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