Speakerine — Wikipédia

Speakerine
Gabriela Hellweg, au studio NWDR de Cologne en 1953.
Présentation
Forme masculine
Speaker
Secteur
Sociétés de l'audiovisuel et de télévision

Speakerine (speaker au masculin et plus rarement speakerin) construit sur le verbe anglais to speak (parler) désigne une personne dont la tâche est de présenter les programmes de télévision aux téléspectateurs par sa présence directe à l'image. Les speakerines ont été des figures emblématiques des débuts de la télé mais sont désormais presque systématiquement remplacées par des voix hors champ.

En France, elles ont disparu définitivement en 1992 sur TF1 () et en 1993 sur France 2[1] et France 3[2], tandis que de nouvelles chaînes télévisées apparaissent directement sans speakerines, sinon avec leurs simples « voix off ».

En Belgique les speakerines ont également disparu de l'antenne à l'exception de RTL-TVI qui en compte encore deux constituant ainsi la dernière utilisation de speakerines dans les pays d'Europe.

En Suisse sur la chaîne nationale francophone RTS les speakerines ont été maintenues jusqu'en septembre 2012 avec comme dernières représentantes Fatima Montandon, Patricia Mollet-Mercier, Kim Grootscholten, Nev'eda Tegin et Christophe Nançoz.

Dans les pays anglo-saxons plusieurs des principales chaînes britanniques par exemple continuent d'employer des speakerines qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes. Mais elles n'y sont pas appelées speaker(ine)s sinon continuity announcers. Elles peuvent être juste audibles sans être visibles à l'écran et sont généralement diffusées pendant les « bumpers » ou éventuellement dès les génériques de fins de programmes.

En France[modifier | modifier le code]

Historique[modifier | modifier le code]

Les historiens de la télévision considèrent que les premières speakerines apparaissent dans les années 1930 lors d'expériences et de démonstrations de la télévision française. La secrétaire du président de la Compagnie des compteurs Suzanne Bridoux fait des essais devant une caméra le dans le grand amphithéâtre de l'École supérieure d'électricité à Malakoff. La compagne du ministre des PTT Georges Mandel Béatrice Bretty (Béatrix Anne-Marie Bolchesi) raconte « à l'antenne » le une tournée de la Comédie-Française à laquelle elle a participé en Italie comme membre dudit « Français »[3]. Suzy Wincker (Suzanne Pauline van Kerckhoven) lance la première émission de télévision en « haute définition » (à 180 lignes) présentée depuis le ministère des Postes et Télégraphes rue de Grenelle à Paris le et diffusée dans un rayon de 100 kilomètres depuis la tour Eiffel qui sert d’antenne émettrice avec une puissance de 10 kW[4].

Un concours diffusé le en direct dans la « petite lucarne » de la RTF fait de Jacqueline Joubert (Jacqueline Pierre) la première speakerine officielle et d'Arlette Accart sa « dauphine »[5]. Mais la première « grande vedette » speakerine devient bientôt Catherine Langeais (Marie-Louise Terrasse), suivie plus tard des « téléspeakerines » Jacqueline Caurat, Jacqueline Huet ou Anne-Marie Peysson qui va coprésenter aussi Le Palmarès des chansons avec Guy Lux.

Les premières speakerines sont systématiquement assises sur une chaise lorsqu'elles interviennent à la télévision (« speakerines en bustes » autrement surnommées « femmes-troncs »). Outre l'annonce des programmes, les speakerines doivent aussi présenter les excuses de leur chaîne de télévision lorsqu'il se produit un problème technique qui empêche la (bonne) diffusion du programme prévu ou « fermer l'antenne » de ladite chaîne en soirée ou nuit en présentant le programme du lendemain et, dans certains pays, en relisant les dernières actualités de la journée en ces époques passées où les programmes s'interrompent systématiquement ou fréquemment la nuit, souvent remplacés par une mire silencieuse voire à fond sonore musical comme lors de pannes ou grèves. Elles sont de permanence dans les locaux de la chaîne (ou de l'office), et plus particulièrement dans une pièce où elles passent le temps (elles y mangent, lisent ou même tricotent). Elles interviennent au pied levé pour « prendre l'antenne » de manière policée à la demande de la chaîne, après un message du type : « Dans quelques instants, la suite de nos programmes »[6].

Il s'agit presque exclusivement de personnes de sexe féminin. La chaîne française de télévision à codage et péage Canal+ accentue d'ailleurs leur côté sexy voire pin-up[7], dans la foulée par exemple des coco-girls en petites tenues et autres playmates strip-teaseuses plus ou moins dénudées des émissions de Collaro & co sur TF1, avec des Miss Météo comédiennes aux physiques plus ou moins avantageux et de plus en plus souvent billettistes voire « humoristes ».

Mais plus anciennement, la chaîne publique française Antenne 2 a utilisé les services de trois speakers masculins (appelés parfois aussi « speakerins ») qui se sont mués progressivement en présentateurs animateurs « d'antenne »[8] : successivement Patrick Simpson-Jones, Lionel Cassan et Olivier Minne, engagés respectivement en 1981, 1982 et 1990. La chaîne M6 teste aussi vers mars 1987 des présentateurs de programmes femmes et hommes comme Charlotte Sciandra[9] ou Jean-Marc Laurent ci-après qui anime(nt) par ailleurs deux jeux successifs sur la nouvelle chaîne.

Liste de speakerines[modifier | modifier le code]

RTF et ORTF[modifier | modifier le code]

Programme national de la première chaîne[modifier | modifier le code]
Programme national de la deuxième chaîne[modifier | modifier le code]
Programmes des stations régionales[modifier | modifier le code]

TF1[modifier | modifier le code]

Les speakerines ont donc disparu de l'antenne, de TF1 privatisée en 1987 mais aussi d'autres chaînes infra / supra, en 1992. Des comédiens en voix off leur succèdent, telles que, pour celles de la Une, présentement :

  • Jean-Luc Reichmann (1989-fin 1994, après de l'animation de radio sur de la bande FM toulousaine puis francilienne dès 1981... et avant sa première apparition à la télévision, d'abord régionale, dans les Actualités du 12-30 de France 3 Île-de-France, le , et sa première apparition sur une chaîne nationale / parisienne dans l'émission Ligne de mire, encore sur France 3, le )
  • Julie Bataille (1984-1993), Smicky (alias Eric Calixte) (1992-1995),
  • Isabelle Benhadj (1989-2008), Solange du Part (1989-2003),
  • Didier Gircourt (1984-1992),
  • Benoît Allemane (1984-1994), Jean-François Devaux (1984-1995) et Yvan Le Moellic.

Antenne 2[modifier | modifier le code]

[14]

France 2[modifier | modifier le code]

La dernière intervention sur France 2 a lieu en mars 1993[1].

Les comédiens voix suivants succèdent en tant que speakers / présentateurs des bandes annonces :

  • Nicolas Rey
  • Bianca Holst
  • Danièle Douet
  • Sylvie Bariol
  • Emmanuelle Pailly
  • Catherine Nullans
  • Botum Dupuis
  • Frédérique Courtadon
  • Nikie Lescot
  • Marc Chapiteau
  • Pierre Alain de Garrigues
  • Alain Dorval
  • Pierre Hatet
  • Carine Bokobza
  • Arlène Tempier faisant le lien entre les émissions ou rubriques propres à chacune des différentes religions représentées dans Les Chemins de la foi chaque dimanche matin (2003-2019),
  • après Martine Chardon ou Virginia Crespeau voire Agnès Vahramian jadis, sur Antenne 2 puis France 2, plus comme animatrices de « pieux débats » (sociétaux voire sociologiques sinon directement théologiques, souvent œcuméniques chrétiens voire orientaux, protestants ou/et catholiques) quant à elles trois.

FR3[modifier | modifier le code]

Programme national

Les speakerines (ou speakerins) font leur apparition sur FR3 en 1986 et disparaîtront sur France 3 en 1993.

Autres chaînes françaises[modifier | modifier le code]

Canal +[modifier | modifier le code]

Davantage connue pour ses pin'up vintage d'éphémérides interludes ou ses plus prolixes miss météo très en verves référencées supra/infra, mais notons-y tout de même :

La Cinq[modifier | modifier le code]

La version italienne de la chaîne privée de Silvio Berlusconi, « Canale Cinque », est plutôt « réputée » en tout cas pour ses hôtesses plus ou moins déshabillées voire potiches et à paillettes (ayant pu inspirer les coco-girls voire play mates de Collaro sur TF1), à la différence des speakerines italiennes de la "RAI" listées plus loin.

France 5[modifier | modifier le code]

Bertrand Chameroy « réhabilite » et incarne quelque temps vers 2020 à son tour, non sans nostalgie ni ironie ou humour : Le Speakerin (sic) d'une rubrique humoristique hebdomadaire du vendredi ainsi intitulée dans le talk show C à vous chapeauté par Anne-Élisabeth Lemoine et son équipe (2020-2021).

M6[modifier | modifier le code]
C8[modifier | modifier le code]

Sans speakerines sinon des lectrices et lecteurs dans l'émission nocturne Voyage au bout de la nuit.

W9[modifier | modifier le code]
Paris Première[modifier | modifier le code]

Dans le monde, francophone voire au-delà[modifier | modifier le code]

Chaînes belges[modifier | modifier le code]

RTBF[modifier | modifier le code]

Le rôle de speakerine a été à l'écran de la RTBF jusqu'en 1993[15].

RTL-TVI[modifier | modifier le code]

Actuelles
Précédentes

Chaîne luxembourgeoise (RTL Télévision)[modifier | modifier le code]

  • Danièle Leconte en 1954 : dès l'inauguration de Télé Luxembourg, elle est la première image de Télé-Luxembourg...
  • Mireille Delanoy en 1955 : elle a passé son casting au milieu du Grand Orchestre de RTL
  • Marianne Thoma : du 8 janvier 1959 à fin 1963.
  • Nicole Favard dès 1961 : elle également doublé au cinéma des voix comme celles de Mia Farrow.
  • Sophie Hardy dès 1961 : elle sera licenciée après avoir prononcé à l'antenne le célèbre mot de Cambronne.
  • Josiane Chêne dès 1963 : elle a également présenté le Grand Prix Eurovision en 1966
  • Odette Paris dès 1965 : elle a ensuite travaillé pour Bel RTL en Belgique
  • Martine Chad dès 1965 : elle a aussi joué au cinéma dans un rôle dans Hibernatus
  • Françoise Triollet dès 1965 : elle a été également actrice et mannequin
  • Mireille Sonnin dès 1965
  • Valérie Périn dès 1965
  • René Guitton dès 1966 : il a présenté des émissions sur RTL Radio puis a travaillé chez Carrère Productions
  • Monita Derrieux dès 1967.
  • Claudine Pelletier dès 1970 : elle a été animatrice d'émissions de télévision puis actrice de théâtre.
  • Anna-Vera Ceccacci dès 1971 : elle présente les programmes de RTL Télévision jusqu'en 1982.
  • Nadine Korzec dès 1971.
  • Michèle Etzel dès 1972 : elle a présenté l'École Buissionnière sur RTL Télévision, puis a travaillé en Belgique sur RTL TVI.
  • Marylène Bergmann dès 1979 : engagée à la suite d'un concours, elle a ensuite présenté le 40 minutes.
  • Sophie Hecquet dès 1980 : elle a représenté Monaco au concours Eurovision de la chanson.
  • Anoushka Sikorsky dès 1980 : elle a aussi présenté le Coffre-Fort sur RTL Télévision.
  • Frédérique Ries dès 1980 : elle a également présenté le journal de RTL-TVI en Belgique
  • Brigitte Mahaux dès 1983 : juriste. Elle a également produit l'émission Sur le pouce sur RTL Télévision.
  • Kathia Smith dès 1987 : elle a ensuite travaillé au sein de l'équipe de RTL TV à Metz.
  • Thierry Guillaume
  • Jérôme Anthony
  • Lara Julien dès 1990.
  • Vanessa Dolmen
  • Virginie Efira
  • Sandrine Corman
  • Valentine Arnaud
  • Karine Ferri
  • Sandra Lou
  • Agathe Lecaron
  • Claude Rappé

Chaîne monégasque (Télé Monte-Carlo)[modifier | modifier le code]

Chaîne suisse (entre la TSR et la RTS)[modifier | modifier le code]

Télévision tunisienne (RTT)[modifier | modifier le code]

Télévision italienne (RAI)[modifier | modifier le code]

Télévision allemande[modifier | modifier le code]

  • Gabriela Hellweg, dans les années 1950 à Cologne.

Télévision canadienne[modifier | modifier le code]

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

  • Outre tous les films où sont apparues plus ou moins fugacement des speakerines, souvent dans leur propre « rôle »,
  • France 2 joue sur une fibre nostalgique en diffusant une mini-série télévisée française intitulée Speakerine, composée de six épisodes de 52 minutes, d'abord entre le 16 et le 30 avril 2018, réalisée par Laurent Tuel avec l'actrice belge Marie Gillain dans le « rôle-titre » ou encore le comédien Guillaume de Tonquédec, sur un scénario de Nicole Jamet, Véronique Lecharpy, Sylvain Saada, Valentine Milville et José Caltagirone (fiction rediffusée en février 2021 sur France 5).
  • La veille de la journée des femmes du 8 mars 2021, Arte diffuse le court-métrage féministe allemand de et avec Christiane Gehner La speakerine (/ Programmhinweise, 1970, 10') qui est censé se situer avant la retransmission d’un championnat de patinage artistique à Grenoble et rappelle au passage aux jeunes filles ce qu’est l’émancipation de la femme (film court précédé de l'interview « contemporaine » d'un homme y ayant participé à l'époque)[20],[21].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Minne 2018, p. 397.
  2. Danielle Sommer, Nos années télé, Filipacchi, , p. 92.
  3. Jérôme Bourdon, Haute fidélité : pouvoir et télévision, 1935-1994, Seuil, , p. 24-26.
  4. Jacques Riquier, La Vie quotidienne des Français au XXe siècle, Booster-LPM, , p. 212.
  5. Philippe Gumplowicz, Jean-Claude Klein, Paris, 1944-1954 : artistes, intellectuels, publics, la culture comme enjeu, éditions Autrement, , p. 38.
  6. Comme le sur « Antenne 2 ».
  7. « Pin-up de Canal + - Coup de vieux », sur Coup de vieux, (consulté le ).
  8. Philippe Balland et Danielle Messager, L'envers du décor, Balland, , p. 92.
  9. [vidéo] « 30 ans de M6 : les premières images de la naissance de la chaîne », www.rtl.fr, .
  10. « Mouloudji " Un jour, je m'en irai" " salué par les Frères ennemis » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  11. « La nuit se démarque… », sur Blogspot.com (consulté le ).
  12. a et b « L'Ouest en mémoire - Concours de speakerines - Ina.fr » [vidéo], sur l'Ouest en mémoire (consulté le ).
  13. https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/la-disparition-de-mari-kermareg-realisatrice-et-comedienne-6600839.
  14. a et b Minne 2018.
  15. « 60 ans de la télé : les speakerines (JT du 30 octobre 2013) », sur rtbf.be
  16. a b et c Holde Lhoest, TV 25, Crédit Communal,
  17. « Dominique Hendeles », sur EUscreenXL (consulté le ).
  18. Jean-François Sacré, « Quand l'INR lançait la "télévision expérimentale" », sur lecho.be, (consulté le ).
  19. a b et c « Saloua Ayachi une des premières téléspeakerines tunisiennes n’est plus », espacemanager.com, 23 octobre 2016.
  20. « Court-circuit - Liberté, égalité, féminité - Regarder l’émission complète », sur arte.tv via Internet Archive (consulté le ).
  21. https://www.telerama.fr/cinema/films/la-speakerine,558450373.php.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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