Sorbus torminalis — Wikipédia

L'Alisier torminal, Alisier des bois ou Sorbier torminal (Sorbus torminalis L. Crantz), est une espèce de plantes à fleurs du genre des sorbiers, de la sous-famille des Maloideae et de la famille des Rosacées. C'est un arbre originaire d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie Mineure.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de genre Sorbus vient du latin sorbere, « boire », fait référence à l'astringence des alises riches en tanins. L'épithète spécifique torminalis signifie « qui guérit les coliques » (du verbe torquere, « (se) tordre ») et est une allusion aux propriétés médicinales de l'arbre[1].

Description[modifier | modifier le code]

C'est un arbre de dimension assez moyenne, pouvant mesurer jusqu'à 33 m en forêt, mais plus souvent entre 20 et 25 m, et 15 à 17 m en situation champêtre.

Avec une croissance relativement lente, le diamètre du tronc peut atteindre 50 à 65 cm en forêt à l'âge de 90-130 ans.

Des spécimens poussant en isolé ayant des circonférences entre 3 et 3,5 m sont attestés, ils auraient une longévité proche des 300 ans.

Son écorce gris brunâtre est fissurée et s'exfolie. Elle présente des lenticelles horizontales. Les feuilles caduques, alternes, longuement pétiolées, sont vert foncé (leur rougissement à l'automne provient de la biosynthèse d'anthocyanes qui joueraient un rôle multiple : protection contre le froid, défense chimique contre les herbivores[2]). Elles sont tronquées à la base et comprennent 5 à 7 lobes inégaux dentés. On le distingue des autres membres du genre Sorbus par ses grandes feuilles raides évoquant celles d'un érable ou un platane[3].

Les fleurs hermaphrodite forment des corymbes blanchâtres avec de nombreuses étamines. Elles donnent des fruits marron de 15 mm de diamètre comestibles à pleine maturité (après les premiers gels)[1].

Écologie[modifier | modifier le code]

C'est un arbre entomophile (fleurs pollinisée par les insectes) et zoochore (dispersion des graines par des animaux). Ses fruits sont très appréciés des petits mammifères et des oiseaux, ainsi que du blaireau (Meles meles) qui joue un rôle important dans la dissémination des graines (excréments enterrés contenant les graines).

Il présente une bonne capacité de drageonnage[4] et peut coloniser de petites parcelles sans avoir à passer par le biais du semis.

Habitat et phytosociologie[modifier | modifier le code]

C'est une essence très plastique, qui apprécie des terrains argileux tant calcaires qu'acides, même pauvres (Sologne par exemple). Il préfère les lisières, les clairières et trouées causées par chute d'arbre ou éclaircie, mais on le retrouve aussi en forêt accolé à de gros chênes.

Il est peu abondant et vit de manière dispersée dans la forêt (généralement moins de 10 individus à l'hectare)[4]. On le trouve généralement associé à des chênes, des frênes ou des hêtres, dans le second étage de végétation du fait de sa moyenne aptitude à concurrencer les espèces qui évoluent plus rapidement.

Statuts de protection, menaces[modifier | modifier le code]

L'espèce n'est pas considérée comme étant menacée en France. Elle est classée Espèce de préoccupation mineure (LC) par l'UICN.

Toutefois localement ou en limite d'aire naturelle l'espèce peut se raréfier: elle est considérée Vulnérable (VU) en Nord-Pas-de-Calais.

Hybridations[modifier | modifier le code]

En forêt de Fontainebleau, Sorbus torminalis s'est hybridé naturellement avec Sorbus aria et a donné naissance à une nouvelle espèce par apomixie nommée Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia), espèce endémique connue depuis le XVIIIe siècle.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Organes reproducteurs[5] :

Graine :

Habitat et répartition :

  • Habitat type : bois caducifoliés médioeuropéens, basophiles, oligotrophiles, où il est présent à l'état dispersé.
  • Aire de répartition : européen méridional.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Fruits de l'Alisier torminal.

Comme de nombreuses rosacées, ce sorbier produit des polyphénols et des hétérosides de type glycosides cyanogènes, lesquels donnent par exemple leur goût amer aux amandes. Les feuilles dégagent ainsi une légère odeur d'amande amère quelques secondes après les avoir froissés. Elles sont néanmoins comestibles au printemps car ces composés sont faiblement concentrés, mais deviennent toxiques lorsqu'elles sont consommées en quantités importantes[6]. Un alcool, l'eau-de-vie d'alisier, est distillé à partir des baies d'alisier.

Les baies de l'alisier, les alises, sont réputées pour leur capacité à traiter les coliques en raison de leur richesse en tanins. Elles se consomment blettes (le gel endommage la vacuole et libère ces tanins qui se combinent aux protéines végétales, n'étant alors plus disponibles pour agresser les glycoprotéines de la salive)[7]. Le bois de cette essence forestière relativement peu abondante est recherché et est surtout utilisé en ébénisterie et en lutherie. C'est également l'un des premiers arbres à prendre de belles couleurs d'automne.

Qualités du bois et usage[modifier | modifier le code]

Le bois de l'alisier torminal est dense, lourd, à cœur rosâtre plus ou moins foncé avec un grain très fin lui conférant un beau poli. Malgré sa dureté c'est un bois qui se travaille bien, tout en restant stable.

Ces spécificités lui valent encore aujourd'hui des emplois en lutherie, marqueterie, pour la fabrication d'instruments de précision, de pièces mécaniques...

coupe de bois de couleur saumon
Bois de l'alisier torminal.

On l'affectionne pour la production de placages décoratifs, après tranchage, si le bois de cœur est peu coloré[8].

La bonne valorisation de son bois en fait une espèce intéressante pour l'Agroforesterie (au même titre que les noyers, les merisiers, les autres alisiers et les cormiers)[9].

Galerie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Johnson & Moore, Collins Tree Guide, (ISBN 0-00-713954-3)
  • (en) Oddou-Muratorio S., Aligon C., Decroocq S., Plomion C., Lamant T., Demesure B., Microsatellite primers for Sorbus torminalis and related species, Mol. Ecol. Notes 1 (2001) 297-299

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Michel Botineau, Guide des plantes à fruits charnus comestibles et toxiques, Lavoisier, , p. 30
  2. (en) David S. Ingram, Daphne Vince-Prue, Peter J. Gregory, Science and the Garden, John Wiley & Sons, , p. 170-171
  3. Tony Russel (trad. de l'anglais), Arbre du monde, Londres, Larousse, , 356 p. (ISBN 978-2-03-587199-2), page 255
  4. a et b Barengo N., Rudow A., Schwab P., Favoriser les essences rares au Nord des Alpes Suisses, Chaire de sylviculture, EPFZ, Direction Fédérale des Forêts OFEFP, Zurich, 2001
  5. Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
  6. (en) Monika Olszewska, Joanna Marta Roj, « Phenolic constituents of the inflorescences of Sorbus torminalis (L.) Crantz », Phytochemistry Letters, vol. 4, no 2,‎ , p. 151-157 (DOI 10.1016/j.phytol.2011.02.005)
  7. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud Nature, , p. 87
  8. L'Alisier torminal, (lire en ligne)
  9. Association française d'Agroforesterie, Fiche "AGROFORESTERIE ET MARAICHAGEproduire et protéger", 5 p. (lire en ligne), p.2
  10. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 20.