Songhaï — Wikipédia

Songhaï
soŋay, sonxay
Pays Mali, Niger, Bénin, Burkina Faso, Nigeria, Algérie
Classification par famille
Codes de langue
IETF son
ISO 639-2 son
ISO 639-3 ddn – dendi
hmb – hombori senni
kcy – korandjé
khq – koyra chiini
ses – koyraboro senni
tda – tagdal
dsq – tadaksahak
twq – tasawaq
tst – tondi songway kiini
dje – zarma
ISO 639-5 son
Glottolog song1307
Carte
Image illustrative de l’article Songhaï
Localisation des langues songhaï

Le songhaï (soŋay en songhaï) ou sonrhaï[1] est une langue nilo-saharienne parlée par 9 millions de locuteurs dans plusieurs pays d’Afrique de l'ouest.

Répartition géographique[modifier | modifier le code]

Le songhaï est caractérisé par un faisceau de dialectes, parlés en grande partie le long du fleuve Niger[2]. On le parle aussi à l'ouest dans le delta intérieur au Mali, au Nord du Burkina Faso (Falagountou), dans la partie occidentale du Niger, au nord-ouest du Nigeria et dans le nord du Bénin, plus à l'est dans la région d'Agadez à l'ouest du massif de l'Aïr et dans les oasis d'Ingall[2]. Vers la fin du XIXe siècle un dialecte songhaï appelé Emgadesi a été parlé dans la ville d'Agadez. Enfin, plus au Nord dans les oasis de Tabelbala (en Algérie), on parle une langue qui est songhaï en structure, mais en grande partie arabe et berbère dans son lexique[2].

Classification[modifier | modifier le code]

Le songhaï est classé dans la famille nilo-saharienne[2]. Le rapport du songhaï avec les autres langues de cette famille est cependant contesté certains le rapprochent des langues mandé (appartenant à la famille des langues nigéro-congolaises) avec lesquelles il partage de fortes similarités[2] par la structure alors que d'autres le relie au chamito-sémitique surtout les langues berbères et les langues sémitiques avec qui elle à de fortes ressemblances lexicales, cela ne concernant pas uniquement les empreints classiques aux langues sémitique dont principalement l'arabe mais des champs lexicaux entiers du vocabulaire centrale de la langue, les ressemblances concernent aussi bien le sémitique ancien et récent et le berbère que les langues éthiosémitiques, le couchitique, l'égyptien ancien. Plus de 1400 entrée chamito-sémitique dont 600 empreints classiques ont été recensés dans les différents dialectes du songhaï, l'hypothèse selon que la langue songhaï est né de la simplification d'une ancienne langue chamito-sémitique signalant surtout berbère et sémitique dans une structure propre au langues nilo saharien est avancée parce que très vraisemblable [réf. souhaitée] .

Variétés[modifier | modifier le code]

La base de données linguistique Glottolog possède une famille nommée « Songhay » et classe ses les variétés comme suit (les dialectes sont indiqués entre parenthèses)[3] :

  • Songhaï de l'Est :
    • hombori senni (en) (djenne chiini, marensé), parlé aux alentours de Hombori au Mali ;
    • tondi songway kiini, parlé dans plusieurs villages près de Kikara (en) au Mali, à 120 km à l'ouest de Hombori ;
    • koyraboro senni, parlé le long du fleuve Niger des environs de Rharous jusqu'à la frontière nigérienne ;
    • zarma-songhoyboro ciine-dendi :
      • dendi, parlé au nord du Bénin et dans quelques zones frontalières avec ce dernier au Niger et Nigéria ;
      • zarma, parlé dans le sud-ouest du Niger,, ainsi que dans l'ouest du Nigeria ;
        • songhoyboro ciine, variété nord-ouest du zarma, parlée à l'ouest du Nigeria et dans le nord-est du Burkina Faso près de la frontière des deux pays ;
  • Songhaï du Nord-Ouest :
    • koyra chiini (djenné chiini, koyra chiini), parlé le long du fleuve Niger à l'ouest de la zone du koyraboro senni ;
    • Songhaï du Nord :

La base de données linguistique Ethnologue, Languages of the World ne reconnait pas le tagdal comme une langue songhaï à proprement parler, mais comme un mélange de songhaï et de touareg[4] et propose quant à elle un classement légèrement différent (les codes ISO 639-3 des variétés sont indiqués entre crochets)[5] :

songhaï :

  • [kcy]: korandjé
  • songhaï du Nord :
    • [dsq]: tadaksahak
    • [twq]: tasawaq
  • songhaï du Sud :
    • [ddn]: dendi
    • [hmb]: hombori senni
    • [khq]: koyra chiini
    • [ses]: koyraboro senni
    • [tst]: tondi songway kiini
    • [dje]: zarma

Notes[modifier | modifier le code]

  • Songhaï/zarma est un nom régional se rapportant à une langue nationale du Mali et du Niger. Si, pour diffuser des émissions en cette langue, la radio Diffusion du Mali utilise le nom songhaï, la radio Voix du Sahel du Niger utilise toujours le nom zarma, alors qu'ils font référence l'un et l'autre à la même langue;
  • Langue de commerce, et langue d'instruction au niveau primaire dans quelques écoles expérimentales à Gao (Mali);
  • Le songhaï est parlé par un quart de la population du Niger, 17 % de la population du Mali, et 4 % de la population du Bénin:
  • Le songhaï a connu son apogée au Moyen Âge, plus particulièrement au moment de l'expansion de l'empire songhaï; il est devenu alors langue d'administration et langue véhiculaire des commerçants;
  • Le songhaï est considéré grammaticalement comme l'une des langues africaines les plus simples[6].

Écriture[modifier | modifier le code]

Au Mali, l’alphabet et l’orthographe du songhaï koyraboro senni est régi par la Direction nationale de l'alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée.

Alphabet songhaï (Mali)
a b c d e f g h i j k l m n ɲ ŋ o p r š t u w y z ž

Exemples[modifier | modifier le code]

Le Songhaï se prononce comme il s'écrit, ou plutôt s'écrit comme il se prononce. Ceci inclut les longueurs vocaliques marquées par des lettres doublées. On notera tout de même une exception pour les pluriels qui peuvent se terminer par ey ou ay mais se prononcent toujours ey. Aussi, on ne double pas les lettres en fin de mots monosyllabiques.

Français Songhaï
terre laabu
le sol/le sable laabo
ciel beena
en haut beene
eau hari
fleuve issa
feu nuuna / danji
village kwaar / koyra / kawye
homme aru ou aruboro
femme woy ou woyboro
mère ɲaa
père baaba
grand-père kaayi ou kaaga
manger ŋaa / ŋwa
boire haŋ
grand beeri ou beero
petit kacca (Gao) ou kayna (être petit) ou katcha
nuit ciini (Niger) / cijin (Mali - Gao )
viens kaa
pars koy
jour han ou zaari
marché et semaine habu / hebu(Gao)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. On écrit souvent songhaï mais on devrait, en accord avec la règle actuelle pour l'Afrique de l'ouest, écrire sonxay[réf. nécessaire]
  2. a b c d et e Roger Blench (en), François-Xavier Fauvelle (dir.) et al., « Linguistique et archéologie, comment reconstruire l'histoire depuis 12000 ans ? », dans L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1).
  3. Glottolog [song1307].
  4. (en) Fiche langue du tagdal[tda]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  5. (en) « Songhai », sur ethnologue.com.
  6. Alain Froment, LE PEUPLEMENT HUMAIN DE LA BOUCLE DU NIGER, Paris, Éditions de I’ORSTOM, coll. « Collection TRAVAUX et DOCUMENTS », , 194 p. (ISBN 2-7099-0902-2, lire en ligne), p. 28.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Dupuis-Yacouba, Essai pratique de méthode pour l'étude de la langue songoï, Paris, 1917.
  • André Prost, La langue soney et ses dialectes, Dakar, 1956.
  • M. C. Charles & J. M. Ducroz, Lexique songay-français, parler kaado du Gorouol, Paris, 1976.
  • Robert Nicolaï, Les dialectes du songhay, Paris, 1981.
  • Robert Nicolaï & Petr Zima, Songhay, Munich - Newcastle, Lincom Europa, 1997.
  • Jeffrey Heath, Grammar of Koyraboro (Koroboro) Senni, the Songhay of Gao, Cologne, Rüdiger Köppe Verlag, 1999.

Classification[modifier | modifier le code]

  • Lionel Bender, The Nilo-Saharan Languages: A Comparative Essay, München, 1997.
  • D. Creissels, « De la possibilité de rapprochements entre le songhay et les langues Niger-Congo (en particulier Mandé) », in Th. Schadeberg, Nilo-Saharan, M. L. Bender eds., 1981, pp. 185–199.
  • Christopher Ehret, A Historical-Comparative Reconstruction of Nilo-Saharan, Cologne, 2001.
  • Joseph Greenberg, The Languages of Africa (International Journal of American Linguistics 29.1)., Bloomington, Indiana, Indiana University Press, 1963.
  • P. F. Lacroix, « L'ensemble songhay-jerma : problèmes et thèmes de travail », 1969, Actes du 8e Congrès SLAO, Abidjan, 1969, pp. 87–99.
  • H. G. Mukarovsky, « Zur Stellung der Mandesprachen », Anthropos, vol. 61, 1966, fasc. 3-6, pp. 679-88.
  • Robert Nicolaï, « Sur l'appartenance du songhay », Annales de la faculté des lettres de Nice, 1977, 28, pp. 129–145.
  • Robert Nicolaï, Préliminaires su l'origine du songhay (matériaux, problématique et hypothèses), Berlin, 1984.
  • Robert Nicolaï, Parentés linguistiques (à propos du songhay), Paris, CNRS, 1990 (ISBN 2-222-04425-1).
  • Robert Nicolaï, La force des choses ou l'épreuve “nilo-saharienne” : questions sur les reconstructions archéologique et l'évolution des langues, SUGIA 13, Köln, Rüdiger Köppe Verlag, 2003 (ISBN 3-89645-099-9).
  • (en) Lameen Souag, « The subclassification of Songhay and its historical implications », Journal of African Languages and Linguistics, vol. 33, no 2,‎ , p. 181–213 (DOI 10.1515/jall-2012-0008, lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]