Soitec — Wikipédia

Soitec
logo de Soitec

Création 1992
Fondateurs André-Jacques Auberton-Hervé & Jean-Michel Lamure
Forme juridique Société Anonyme (S.A.)
Action Euronext : SOI
Siège social Bernin (Isère)
Drapeau de la France France
Direction Pierre Barnabé, Directeur Général
Actionnaires Flottant 61,03%


BPI France 10,35%
NSIG Sunrise SARL 10,35%
Blackrock 8,91%
CEA Investissement 7,31%
Salariés 1,41%
Shin-Etsu Handotaï Co Ltd 0,63%
Auto détention 0,01%

Activité Semi-conducteur et fabrication de composants électroniques (d)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Produits Matériaux semi-conducteurs innovants dédiés à trois marchés clés: communications mobile, automobile et objets intelligents
Effectif 2000
SIREN 384711909[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
TVA européenne FR57384711909[2]Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web Site officiel

Chiffre d'affaires 863 millions d'€ (2021-2022)

Soitec est une entreprise industrielle française qui conçoit et produit des matériaux semi-conducteurs.

Ces matériaux sont utilisés pour la fabrication des puces qui équipent les smartphones, les tablettes, les ordinateurs, les serveurs informatiques ou les centres de données. On les retrouve aussi dans les composants électroniques présents dans les automobiles, les objets connectés (internet des objets), les équipements industriels et médicaux.

Le produit phare de Soitec est le silicium sur isolant (SOI). Les matériaux produits par Soitec se présentent sous la forme de substrats (aussi appelés "wafers") : il s'agit de plaques (disques ultrafins) de 200 et 300 mm de diamètre et d'une épaisseur de moins d'1 mm, sur lesquels sont gravés puis découpés les circuits de composants électroniques.

L'entreprise emploie environ 2 000 personnes dans le monde et possède des sites industriels à Bernin près de Grenoble en France et à Singapour, ainsi que des centres de R&D et des bureaux commerciaux en France, Arizona, Californie, Chine, Corée, au Japon et à Taïwan.

Historique[modifier | modifier le code]

Soitec a été fondée en France près de Grenoble en 1992 par André-Jacques Auberton-Hervé et Jean-Michel Lamure, deux chercheurs issus du CEA-Leti du Commissariat à l’Énergie Atomique. En 1997, ils développent la technologie Smart Cut (en) pour produire à l’échelle industrielle des plaques de silicium sur isolant (SOI), puis font construire ultérieurement en 1999 leur première unité de production à Bernin (Isère). La même année, l'entreprise entre en bourse. En 2002, une deuxième unité de production à Bernin entre en production destinée à la fabrication des plaques de diamètre 300 mm.

En 2003, Soitec acquiert Picogiga International, spécialiste des technologies pour les matériaux semi-conducteurs composés III-V. L'entreprise débute l’ouverture à des matériaux autres que le silicium sur isolant (SOI). En 2006, Soitec acquiert Tracit Technologies, spécialiste de l’adhésion moléculaire et de l’amincissement mécano-chimique, qui permet la diversification des applications de la technologie Smart Cut. En 2008, Soitec ouvre un site de production en Asie à Singapour. En 2012, ce site accueille l’activité de recyclage de plaques SOI. En 2013, la production est arrêtée et le site est préparé à la production des nouveaux produits, FD-SOI. En 2009, Soitec acquiert la société allemande Concentrix Solar, fournisseur de systèmes photovoltaïques à concentration (CPV) : Soitec entre sur le marché de l’énergie solaire.

En 2011, Soitec acquiert Altatech Semiconductor, entreprise commercialisant des équipements pour la production de semi-conducteurs. En 2012, Soitec ouvre une usine de production de modules CPV à San Diego, en Californie, dotée d’une capacité de 140 MWc pouvant atteindre 280 MWc.

En 2013, Soitec et Sumitomo Electric signent un accord de licence portant sur la technologie Smart Cut pour développer le marché des plaques en nitrure de gallium destinées à des applications d’éclairage par LED. Un autre accord est signé par Soitec avec GT Advanced Technologies pour développer et commercialiser un équipement de production de plaques dévolues à la fabrication de LED et d’autres applications industrielles. En 2014, Samsung Electronics et STMicroelectronics signent un accord de fonderie et de licence. Il autorise Samsung à utiliser la technologie FD-SOI pour réaliser des circuits intégrés en 28 nm[3]. Cette technologie FD-SOI résulte de la coopération nouée entre Soitec, ST et le CEA-Leti[4]. Par ailleurs, la division Énergie solaire de Soitec met en service les premiers 50 % de la centrale de Touwsrivier en Afrique du Sud, dont la puissance finale doit être de 44 MWc[5]

En 2015, après l'arrêt d'importants projets solaires aux États-Unis, Soitec est proche du dépôt de bilan[6]. Après la nomination de Paul Boudre comme nouveau directeur général, elle effectue un recentrage stratégique sur son activité électronique et un plan de sortie des activités énergie solaire[7]. En 2015, la fonderie GlobalFoundries met en place une plate-forme technologique destinée à la fabrication des puces FD-SOI en 22 nm[8].

Le 28 mars 2019, Eric Meurice, ancien PDG d'ASML, est élu président du conseil d'administration[9]. Selon Paul Boudre, le nouveau président du conseil d'administration essaie de prendre le contrôle de l'entreprise[10].

Au mois d'octobre 2019, Un scandale et des grèves éclatent après la révélation qu'une trentaine de dirigeants de la société se sont partagés la somme ahurissante de près de 100 millions d'euros après la revente de leurs actions[11].

Fin 2021, pour renforcer sa technologie de substrats en carbure de silicium, Soitec rachète NovaSiC et signe un partenariat stratégique avec Mersen[12].

En janvier 2022, le départ du directeur général Paul Boudre est acté par le conseil d'administration, malgré les contestations du comité exécutif qui salue le travail de celui qui sera remplacé par Pierre Barnabé[13]. Le limogeage de Paul Boudre, considéré comme l'artisan du recentrage de SOITEC vers la croissance et les bénéfices, et qui aurait encore pu rester 18 mois avant la limite d'âge, crée un conflit rarissime entre le comité de direction et le conseil d'administration présidé par Eric Meurice. L'action SOITEC chute en bourse de 18% en une journée[10].

Historique judiciaire[modifier | modifier le code]

Dans sa décision du 9 juillet 2021, L'Autorité des marchés financiers (AMF) a sanctionné à hauteur de 500.000 euros Rémy Pierre, ancien directeur financier de Soitec, et d'un million d'euros Stéphane Solere, ex-dirigeant de Lafarge, accusés d'avoir respectivement divulgué et utilisé des «informations privilégiées»[14].

La société SOITEC est régulièrement condamnée à réparer le préjudice subit par ses salariés du fait de sa politique RH.

Le 13 avril 2023, la société SOITEC est définitivement condamnée à payer à Mme [D] la somme de 61 091 euros de dommages-intérêts pour perte injustifié de l'emploi. [3]

Le 24 novembre 2022, La société SOITEC est définitivement condamnée à payer à M. [E] [Y] la somme de 31 370 euros bruts à titre de dommages et intérêts au titre du manquement à l'obligation de reclassement [4]

Le 17 novembre 2022, La société SOITEC est définitivement condamnée à payer à Mme [YT] [B] la somme de 38 000 euros pour harcèlement moral et perte injustifié de l'emploi.[5]

Activités[modifier | modifier le code]

Historiquement, Soitec a promu le SOI (silicon on insulator ou silicium sur isolant) pour la fabrication de puces électroniques destinées aux ordinateurs, consoles de jeux, serveurs informatiques, mais aussi à l’industrie automobile.

Sur le marché de l’électronique grand public, Soitec fabrique des matériaux destinés aux composants de radiofréquence, aux processeurs multimédia ou encore à l'électronique de puissance.

Sur le marché des wearable , Soitec commercialise des matériaux permettant de réduire la consommation d'énergie des puces, d'augmenter leur vitesse de traitement des informations et de répondre au besoin de haut débit.

Dans le domaine de l'énergie solaire, Soitec a fabriqué et fourni des systèmes photovoltaïques à concentration (CPV) de 2009 à 2015. Soitec a annoncé l'arrêt de cette activité en à la suite de l'arrêt d'importants projets de centrales. Les travaux de R&D conduits par l'entreprise pour mettre au point une nouvelle génération de cellules solaires à quatre jonctions lui avaient permis d'atteindre en un record mondial avec une cellule capable de convertir 46 % du rayonnement solaire en électricité[15].

Dans le secteur de l'éclairage, Soitec développe des substrats à base de nitrure de gallium, le matériau de base des LED. L'entreprise commercialise également de solutions d’éclairage LED destinées à des utilisations professionnelles (éclairages urbains, de bureaux et d’infrastructures de transports).

En 2022, elle annonce la construction d'une usine de semi-conducteurs "destinée principalement à la fabrication de nouveaux substrats en carbure de silicium" en France sur son site de Bernin[16].

Technologies[modifier | modifier le code]

Soitec développe plusieurs technologies :

La technologie Smart Cut[modifier | modifier le code]

Développée par le CEA-Leti, en collaboration avec Soitec[17], cette technologie a été brevetée[18] par le chercheur Michel Bruel. Elle permet de reporter une fine couche de matériau monocristallin sur un substrat massif[19]. Cette technique de fabrication est basée sur l’implantation d’ions légers, qui crée une zone fragilisée au sein d’un matériau à une distance contrôlée de sa surface, et le collage par adhésion moléculaire[20]. Elle permet ensuite, par une activation (par exemple thermique), de provoquer la rupture du matériau implanté à une distance déterminée de la surface et le transfert d’une couche mince ainsi obtenue sur un substrat épais préalablement collé au substrat implanté[21].

Soitec utilise la technologie Smart Cut pour la production en fort volume de plaques de SOI. Par rapport au silicium brut classique, le SOI permet de diminuer significativement les pertes d’énergie dans le substrat et améliore les performances du composant dans lequel il est utilisé.

La technologie Smart Stacking[modifier | modifier le code]

Cette technologie consiste à transférer des plaques gravées ou partiellement gravées sur d’autres matériaux. Elle est adaptable aux plaques de 150 mm à 300 mm de diamètre, et est compatible avec une grande diversité de substrats comme le silicium, le verre ou le saphir [22].

La technologie Smart Stacking est utilisée pour les capteurs d’image rétro-éclairés, dont elle accroît la sensibilité et permet de diminuer la taille des pixels, ainsi que dans les circuits radiofréquence des smartphones. Elle ouvre aussi de nouvelles perspectives à l’intégration 3D.

L’épitaxie[modifier | modifier le code]

Soitec dispose d’une expertise en épitaxie des matériaux III-V dans les domaines suivants : épitaxie par jets moléculaires, épitaxie en phase vapeur aux organométalliques et épitaxie en phase vapeur par la méthode aux hydrures. L’entreprise fabrique des plaques d’arséniure de gallium (GaAs) et de nitrure de gallium (GaN) destinées au développement et à la fabrication de dispositifs semi-conducteurs composés.

Ces matériaux sont utilisés dans les appareils électroniques de radiofréquence (wifi) et haute fréquence (télécommunications mobiles, réseaux d’infrastructure, communications par satellite, réseaux de fibres optiques et détection radar), mais aussi dans la gestion de l’énergie et dans les systèmes optoélectroniques, comme les LED.

Données financières[modifier | modifier le code]

Augmentations de capital[modifier | modifier le code]

Soitec a procédé à plusieurs augmentations de capital :

  • La première en juillet 2011 dans le but de financer des investissements, notamment pour le développement de ses activités dans l'énergie solaire et les LED.
  • La seconde en pour contribuer au refinancement des actions OCEANE arrivant à échéance en 2014 et consolider la structure financière de l’entreprise. Par ailleurs, Soitec a procédé à une nouvelle émission d’obligations en .
  • La troisième en pour renforcer la situation financière et la position de trésorerie de Soitec, et accompagner la montée en puissance de la production industrielle des substrats FD-SOI[23],[24].
  • En 2016, une augmentation de capital de 75 millions d'euros vise à recapitaiser la société[25],[26].
  • En 2017, une augmentation de capital de 83 millions d'euros vise à financer le développement de la production industrielle des produits FD-SOI[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Système national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)Voir et modifier les données sur Wikidata
  2. « https://amadeus.bvdinfo.com/version-2019829/ », sous le nom SOITEC (consulté le )
  3. Site officiel STMicroelectronics
  4. Annonce du partenariat sur Capital.fr
  5. Source BFM Business
  6. Sevim SONMEZ, « Comment Soitec a remonté la pente », L'Essor,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Histoire de SOITEC (site de Soitec)
  8. L'Essor : "L'américain GlobalFoundries opte pour la technologie de Soitec", 1er août 2015
  9. « Soitec: l'ancien PDG d'ASML Eric Meurice est élu président du conseil d'administration », sur Les Échos Investir,
  10. a et b Marina Alcaraz, « Crise de gouvernance chez Soitec, qui chute en Bourse », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  11. [1]
  12. Ridha Loukil, « Soitec accélère son développement dans les substrats de carbure de silicium », L'Usine nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Soitec (semi-conducteurs): conflit sur le sort du directeur général », sur LEFIGARO, (consulté le )
  14. [2]
  15. Sciences et Avenir : 46 % de la lumière convertie en électricité, record mondial pour une cellule solaire, 5 décembre 2014
  16. « Semi-conducteurs: Soitec construira sa nouvelle usine en France, sur son site de Bernin », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  17. "Des ions et des hommes" Site de Leti 29 mars 2013
  18. Brevet n° US5374564
  19. (en) M. Bruel, « Silicon on insulator material technology », Electronics Letters, vol. 31, no 14,‎ , p. 1201 (DOI 10.1049/el:19950805, lire en ligne, consulté le )
  20. H Moriceau, F Rieutord, F Fournel et Y Le Tiec, « Overview of recent direct wafer bonding advances and applications », Advances in Natural Sciences: Nanoscience and Nanotechnology, vol. 1, no 4,‎ , p. 043004 (ISSN 2043-6262, DOI 10.1088/2043-6262/1/4/043004, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Raphaël Meyer, « The advanced developments of the Smart Cut™ technology : fabrication of silicon thin wafers & silicon-on-something hetero-structures », Université de Lyon (thèse),‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. « - Soitec », sur www.soitec.com (consulté le )
  23. "Soitec : Succès de l'augmentation de capital, sursouscrite à 239%" TradingSat.com le 18 juillet 2014
  24. "Succès de l'augmentation de capital pour Soitec" Capital.fr le 18 juillet 2014
  25. SOITEC LANCE UNE AUGMENTATION DE CAPITAL D'ENVIRON 75 MILLIONS D'EUROS
  26. SOITEC : SUCCÈS DE L'AUGMENTATION DE CAPITAL, RECAPITALISATION ACHEVÉE
  27. Soitec lance une augmentation de capital de 83 millions d'euros

Lien externe[modifier | modifier le code]