Simone Signoret — Wikipédia

Simone Signoret
Description de cette image, également commentée ci-après
Simone Signoret en 1947, photographiée par le studio Harcourt.
Nom de naissance Henriette Charlotte Simonne Kaminker
Naissance
Wiesbaden (Allemagne)
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 64 ans)
Autheuil-Authouillet (France)
Profession Actrice, écrivaine
Films notables Dédée d'Anvers
Casque d'Or
Les Diaboliques
Les Chemins de la haute ville
L'Armée des ombres
Le Chat
La Vie devant soi

Simone Signoret est une actrice et écrivaine française, née le à Wiesbaden (Allemagne) et morte le à Autheuil-Authouillet (Eure).

En 1959, elle reçoit le prix d'interprétation féminine du festival de Cannes pour son rôle dans le film Les Chemins de la haute ville. Pour ce rôle, lors de la 32e cérémonie des Oscars l'année suivante, elle est la deuxième actrice française récompensée de l'Oscar de la meilleure actrice, après Claudette Colbert, en 1935. En 1978, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle dans le film La Vie devant soi, d'après le roman du même nom de Romain Gary.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Simone Signoret naît deux ans et demi après la fin de la Première Guerre mondiale, le à Wiesbaden en Allemagne sous le nom d'état civil de « Henriette Charlotte Simonne Kaminker »[1],[2] : elle est la fille aînée d'André Kaminker (1888-1961), Français d'origine juive polonaise, alors fonctionnaire civil (juriste) en poste avec les troupes d'occupation française en Rhénanie[3], agent de service de restitution industrielle[4], futur traducteur et interprète de conférence de renom, et de Georgette Signoret (1896-1984)[5],[6], une Française dont le père est un artiste peintre[4] d'origine marseillaise.

La jeune Simonne Kaminker a ensuite deux frères, Alain (1930-1959) et Jean-Pierre (né en 1932)[7].

Jeunesse et formation (1923-1940)[modifier | modifier le code]

La famille s'installe à Paris en 1923[3].

Dans l'entre-deux-guerres, André Kaminker est — avec Jacques-Paul Bonjean[8] — journaliste à la station de radio Le Poste parisien. En 1934, il effectue pour la radio française une traduction simultanée d’un discours d'Adolf Hitler prononcé à Nuremberg[9].

Simonne Kaminker fait des études secondaires classiques. Au lycée, elle est la condisciple et l'amie de Corinne Luchaire (1921-1950), qui arrête ses études dès la classe de troisième (vers 1936) et entame une carrière cinématographique.

Au début de la seconde guerre mondiale, Mme Kaminker et ses enfants se réfugient en Bretagne : en 1939-1940, Simone est élève au lycée de Vannes, où elle a pendant quelques mois[10] Lucie Aubrac pour professeur d’histoire, de janvier à .

L'occupation et l'après-guerre (1940-1950)[modifier | modifier le code]

En , André Kaminker rejoint la France libre à Londres ; il devient speaker, notamment sur Radio Brazzaville[11],[a].

De retour à Paris, Simonne Kaminker doit travailler pour aider sa mère. En , elle est engagée pour 1 400 F par mois, comme assistante de la secrétaire personnelle de Jean Luchaire — père de son amie Corinne Luchaire — un partisan sans réserve de la collaboration, directeur du journal Les Nouveaux Temps[3]. Au printemps 1941, elle quitte Les Nouveaux Temps, décidée à faire du cinéma[3]. Du fait de sa condition de demi-juive et sans la carte du COIC que délivrait la Propagandastaffel, elle commence, avec l'aide de Corinne Luchaire, par faire de la figuration au cinéma, notamment dans Prince charmant et Boléro de Jean Boyer, Les Visiteurs du soir de Marcel Carné, Adieu Léonard de Pierre Prévert[3]. Elle choisit alors un nom de scène, en substituant à son nom patronymique celui de sa mère, Signoret, et en supprimant une lettre « n » à son prénom.

En 1943, elle rencontre le réalisateur Yves Allégret. Le naît leur fille Catherine Allégret. Ils se marient à Paris 7e le [2], mais en , sur un coup de foudre, elle le quitte pour un jeune chanteur découvert par Édith Piaf : Yves Montand, rencontré à Saint-Paul-de-Vence, qu'elle épouse le .

La carrière de comédienne de Simone Signoret est lancée en 1946 par le film Macadam, pour lequel elle obtient le prix Suzanne-Bianchetti de la révélation en 1947. Allégret offre à Simone Signoret ses premiers rôles importants, notamment dans Dédée d'Anvers en 1948 et Manèges en 1950.

Les années 1950[modifier | modifier le code]

En 1950 à Rome, Signoret avec son époux Yves Montand et sa fille Catherine Allégret.

Mais c'est avec d'autres réalisateurs que Simone Signoret accède au rang de vedette, notamment dans Casque d'Or de Jacques Becker en 1952, Thérèse Raquin de Marcel Carné en 1953 et Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot en 1955.

Affiche japonaise du film Casque d'Or (1952).

En 1954 Signoret et Montand achètent une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie. Cette demeure va devenir un haut lieu pour des rencontres artistiques et intellectuelles amicales. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Luis Buñuel, Jorge Semprún y séjournent régulièrement. Le couple affirme des idées de gauche et est bientôt catalogué comme « compagnon de route » du Parti communiste.

Avec son époux Yves Montand, elle s'implique politiquement à gauche et voyage dans les pays de l'Est, à l'époque dans le bloc communiste.

En 1954 le couple crée la version française des Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller dans une mise en scène de Raymond Rouleau, qui sera portée à l'écran trois ans plus tard (Les Sorcières de Salem), une œuvre qui dénonce le phénomène du maccarthysme. En 1956 ils jouent dans un film de Yannick Bellon, Un matin comme les autres, court métrage sur le problème de l'insalubrité des logements en banlieue. En 1957 Simone Signoret accompagne Yves Montand dans la tournée (triomphale) qu'il effectue dans les pays du bloc de l'Est. Mais ils reviennent déçus par la réalité des pays du « socialisme réel » et prennent dès lors des distances avec le parti, sans renier toutefois leurs convictions politiques.

Simone Signoret et Yves Montand lors de la soirée de la remise des Oscars en 1960.

Après avoir tourné en Angleterre Les Chemins de la haute ville sous la direction de Jack Clayton, Simone Signoret part aux États-Unis avec Yves Montand en 1959. Le couple fréquente alors Arthur Miller, qui vient d'épouser Marilyn Monroe. Cette dernière impose Montand à ses côtés dans le film Le Milliardaire (1960) qu'elle s'apprête à tourner avec George Cukor.

Le Simone Signoret reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dans Les Chemins de la haute ville, devenant la première actrice française à recevoir ce prix[b], puis elle rentre en France tandis qu'une idylle naît entre Yves Montand et Marilyn Monroe. Cette relation prend fin lorsqu'elle est dévoilée par la presse américaine[12]. Il rejoint cependant son épouse après la promotion du film. Lorsque, des années plus tard, un journaliste évoquera avec Simone Signoret la liaison entre son mari et l'actrice américaine, elle répondra qu'elle regrettait simplement que Marilyn Monroe (morte en 1962) n'ait jamais su qu'elle ne lui en avait pas voulu[13].

En elle signe la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », dite Manifeste des 121.

Les années 1960 et 1970[modifier | modifier le code]

Dans les années 1970, Simone Signoret incarne de nombreux rôles, parfois politiques comme dans L'Aveu de Costa-Gavras en 1970, où Montand incarne le rôle principal, et toujours dramatiques : en 1969 L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville ; en 1971 Le Chat avec Jean Gabin et La Veuve Couderc avec Alain Delon, tous deux de Pierre Granier-Deferre ; en 1973 Les Granges brûlées de Jean Chapot et Alain Delon. Elle tourne également avec la nouvelle génération de réalisateurs, notamment Patrice Chéreau dans La Chair de l'orchidée en 1975 et dans Judith Therpauve en 1978, et Alain Corneau dans Police Python 357 en 1976 (où Montand incarne également le rôle principal).

En 1978, son interprétation de Mme Rosa dans le film La Vie devant soi lui vaut le César de la meilleure actrice alors que le film remporte l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La même année, elle tourne pour la télévision dans la série Madame le juge.

Dernières années[modifier | modifier le code]

Tombe de Simone Signoret et d'Yves Montand au cimetière du Père-Lachaise (division 44).

À partir de 1981, la santé de Simone Signoret, qui a coutume de fumer et boire de l'alcool, se détériore sérieusement : elle subit une première opération de la vésicule biliaire, puis devient progressivement aveugle, atteinte de la cataracte[14], ne distinguant plus à terme que la silhouette des objets. Ses apparitions à l'écran deviennent rares. Elle tourne, entre autres, L'Étoile du Nord avec Pierre Granier-Deferre en 1982, ainsi que deux téléfilms avec Marcel Bluwal : Thérèse Humbert en 1983 et Music-hall en 1985. Une de ses dernières apparitions marquantes a lieu, quelques mois avant sa mort, dans l'émission 7 sur 7 où elle demande à la journaliste Anne Sinclair de présenter le logo de SOS Racisme qui comporte le slogan « Touche pas à mon pote ».

Atteinte d'un cancer du pancréas, elle subit une dernière intervention chirurgicale en et meurt dans sa propriété d'Autheuil le suivant, âgée de 64 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 44) ; Yves Montand la rejoint six ans plus tard, en .

Activité littéraire[modifier | modifier le code]

Simone Signoret a publié :

Vie privée[modifier | modifier le code]

Simone Signoret a été mariée de 1948 à 1951 au réalisateur Yves Allégret[2] dont elle a eu une fille, Catherine Allégret, puis, de 1951 à sa mort, à l'acteur et chanteur Yves Montand.

Sa fille Catherine Allégret est devenue comédienne ; son petit-fils Benjamin Castaldi et son arrière petit-fils Julien Castaldi sont devenus animateurs de télévision.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Portrait au fusain de Simone Signoret exécuté en 1959, probablement après qu'elle a été nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice (cérémonie de 1960) pour Les Chemins de la haute ville, récompense qu'elle a remportée l'année suivante.

Nominations[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

La chanteuse Nina Simone a choisi son pseudonyme en hommage à Simone Signoret après l'avoir vue dans Casque d'Or[15].

En France en 2023, on dénombre au moins cent soixante-deux odonymes portant le nom de l’actrice[16], notamment à Paris depuis 1998, la promenade Signoret-Montand, le long du bassin de la Villette (bassin qui relie le canal de l'Ourcq au canal Saint-Martin) dans le 19e arrondissement de Paris.

Serge Reggiani a rendu hommage à Simone Signoret et à son rôle dans le film Casque d'Or avec la chanson Un menuisier dansait (1973). Reggiani y tient aussi le rôle principal masculin.

En 1986, dans son album Ça fait rire les oiseaux, la Compagnie créole publie une chanson intitulée Simone.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Après la Libération, il travaille comme interprète pour l'ONU en cours de création : cette nouvelle organisation internationale l'envoie en tant qu'observateur au procès de Nuremberg, car on y pratique pour la première fois de manière systématique l'interprétation simultanée ; plus tard, il devient chef interprète du Conseil de l'Europe et participe à la création de l'Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) dont il devient le président.
  2. Claudette Colbert, née en France en 1903, a remporté un Oscar de la meilleure actrice en 1935, mais elle était américaine depuis sa naturalisation en 1912, l'année de ses 9 ans. Sa famille avait émigré vers les États-Unis dès 1906,

Références[modifier | modifier le code]

  1. Les Gens du cinéma, « Fiche d'Henriette Charlotte Simonne Kaminker alias Simone Signoret », sur lesgensducinema.com (consulté le )
  2. a b et c Archives départementales des Hauts-de-Seine - Registre des naissances de la commune d'Asnières-sur-Seine, « Acte de naissance n° 485 du 13 octobre 1905 d'Yves Édouard Allégret », voir les mentions marginales, sur archives.hauts-de-seine.fr (consulté le ) : « 
    Marié à Paris 7e le avec Henriette, Charlotte, Simonne, Kaminker
    Divorcé de Henriette Charlotte Simonne Kaminker le  »
  3. a b c d et e Jacques Siclier, « Simone Signoret disparaît. Les grands rôles de la vie », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Archives de Paris 17e, « Acte de mariage no 1259 Kaminker et Signoret, vue 4/31 », il s'agit de l'acte de mariage des parents de Simone Signoret qui naîtra l'année suivante, sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Le 17 avril 1920 […] devant nous ont comparu publiquement […] André Kaminker, agent de service de restitution industrielle, né à Saint-Gratien […] le , 31 ans, domicilié 81 avenue [de] Malakoff, fils de Henry Kaminker décédé et de Ernestine Hirschler, sa veuve sans profession, domiciliée à Anvers (Belgique) d'une part. Et Georgette Signoret, sténo-dactylographe, née à Paris 17e le , 24 ans, domiciliée 49 avenue des Ternes, fille de Louis Eugène Charles Signoret, artiste peintre et de Célestine Dubois son épouse, sans profession, domiciliés 49 avenue des Ternes, présents et consentants d'autre part […] qu'ils sont unis par le mariage »
  5. Insee, « Georgette Signoret dans le fichier des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le )
  6. Archives de Paris 17e, « Acte de naissance de Georgette Signoret n° 123, vue 21/29 », voir aussi les mentions marginales, sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Mariée en cette mairie le avec André Kaminker […]
    Georgette Signoret […] née le 11 de ce mois [] […] fille de Charles Louis Eugène Signoret, 28 ans, artiste peintre, et de Léonie Célestine Dubois, 30 ans, sans profession, mariés […]
    Légitimée en cette mairie le
    Décédée à Paris 13e le  »
  7. André Balent, « KAMINKER Jean-Pierre, Henry », Le Maitron, Maitron / éditions de l'Atelier, (consulté le )
  8. Mémoires de guerre, « Fiche de Simone Signoret », sur memoiresdeguerre.com, (consulté le )
  9. Marie-France Skuncke et association internationale des interprètes de conférence, Tout a commencé à Nuremberg... : il aurait ainsi inauguré ce type de procédé car, auparavant, les interprétations étaient exclusivement consécutives.
  10. Simone Signoret, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, début du chapitre 2, p. 37.
  11. (en) Jesús Baigorri Jalón, Interpreters at the United Nations. A history, Universidad de Salamanca, 2004, p. 46-52.
  12. Marine Eluzia, « Récit : L'histoire d'amour entre Marilyn Monroe et Yves Montand, le premier scandale people de l'Histoire », sur vanityfair.fr, (consulté le ) : « Dans les années 1960, les couples Yves Montand/Simone Signoret, et Marilyn Monroe/Arthur Miller se lient d'amitié. Une entente qui tournera au scandale, lorsque l'actrice hollywoodienne et le chanteur français entretiennent une liaison. »
  13. Simone Signoret, La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, tout à la fin du chapitre 11, p. 295.
  14. Olivier Rajchman, Simone Signoret: les combats d'une vie, lexpress.fr, 22/08/2015
  15. David Brun-Lambert, Nina Simone : Une vie, éditions Flammarion, Paris, 2005 (ISBN 2-08-068693-3).
  16. Rues de France, « Recherche des noms de voies portant le nom de Simone Signoret », sur rues.openalfa.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joëlle Monserrat, Simone Signoret, Paris, éditions PAC, 1983.
  • Catherine David, Simone Signoret ou la Mémoire partagée, Paris, Robert Laffont, 1990.
  • Catherine Allégret, Les Souvenirs et les regrets aussi..., Paris, éditions Fixot, 1994, 325 p. (ISBN 2-72428-175-6)
  • Jean-François Josselin, Simone, Paris, Grasset, 1995.
  • Huguette Bouchardeau, Simone Signoret : Biographie, Paris, Flammarion, 2005, 291 p. (ISBN 2-08068-749-2)
  • Emmanuelle Guilcher, Signoret : Une vie, Paris, éditions Privé, 2005.
  • Benjamin Castaldi, Dans les yeux de Simone, Paris, Albin Michel, 2010.
  • Agnès Michaux, Les Sentiments, Paris, J'ai lu, 2011. (ISBN 9782290036143)
  • Susan Hayward, Simone Signoret, une star engagée, trad. Samuel Bréan, Paris, L'Harmattan, 2013, 300 p. (ISBN 978-2-343-02002-0) (Édition originale : Susan Hayward, Simone Signoret: The Star as Cultural Sign, Londres-New York, Continuum, 2004)

Documentaires[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]