Siège de Rhodes (1480) — Wikipédia

Siège de Rhodes en 1480
Description de cette image, également commentée ci-après
Deux navires envoyés par le roi Ferdinand Ier de Naples et la tour Saint-Nicolas au premier plan, le camp ottoman au second plan. Enluminure du Gestorum Rhodiae obsidionis commentarii par le Maître du Cardinal de Bourbon, vers 1483.
Informations générales
Date 1480
Lieu Rhodes
Issue Victoire des Hospitaliers
Belligérants
Drapeau des chevaliers hospitaliers Hospitaliers Empire ottoman
Commandants
Pierre d'Aubusson Mesih Pacha
Forces en présence
Voir Forces en présence Voir Forces en présence

Coordonnées 36° 10′ 00″ nord, 28° 00′ 00″ est

Le siège de Rhodes de 1480 voit la garnison des Hospitaliers résister à des troupes supérieures en nombre de l'Empire ottoman.

Préparation[modifier | modifier le code]

Début , Mesih Pacha lança deux premières attaques de faible envergure, qui furent des échecs : l'une contre le château de Fanes au nord-ouest de l'île de Rhodes, l'autre contre l'île de Tilos située entre Rhodes et l'île de Kos[1].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Le , entre 100[2] et 160 vaisseaux ottomans[3] arrivaient en vue de Rhodes, au niveau du golfe de Trianda. L'importance de l'armée turque, menée par Mesih Pacha[4],[5], n'est pas connue avec exactitude : entre 10 000 et 15 000 pour Housley[4], pas plus de 20 000 pour Nossov[6] ; d'Aubusson parle dans une lettre écrite en mai de 70 000 hommes[3] ; une source turque parle de 3 000 janissaires entre autres troupes[2].

La garnison hospitalière, menée par le grand maître Pierre d'Aubusson était forte d'environ 3 500 hommes pour Housley[4], de 3 600 à 4 600 pour Rossi[2] ; de Vaivre et Vissière, après avoir cité diverses sources contemporaines indiquant de 4 500 à 5 500 hommes, concluent que ces chiffres correspondent à ce qu'on sait de la population de l'île à l'époque[7]. Pour assurer la défense, Pierre d'Aubusson nomme son frère Antoine d'Aubusson capitaine de Rhodes[8],[9].

Siège[modifier | modifier le code]

Le fort Saint Nicolas

Le premier objectif des Ottomans fut la tour Saint-Nicolas, élément clé du dispositif défensif situé entre le port de Mandraki et le port principal, et dont la prise aurait permis aux Turcs d'interdire aux navires chrétiens l'accès à la ville[1]. L'artillerie turque commença par un long bombardement avant que l'infanterie ne mène deux attaques amphibies en juin (nuit du 8 au et journée du 18), qui furent repoussées par une âpre défense.

Plan des fortifications (état actuel)
Le secteur de la tour d'Italie après l'attaque

Une autre attaque contre la ville menaça cette fois la muraille d'Italie, à l'est, bordant le quartier juif de la ville, du côté de la baie d'Akandia, qui était gardée par la « langue d'Italie ». Durant le bombardement préliminaire, les chevaliers ainsi que la population creusèrent un fossé à l'intérieur du mur et installèrent de nouvelles défenses. De nouveau, les Hospitaliers se battirent âprement pour repousser l'assaut et à écarter le danger, avec des pertes importantes côté turc : à l'aube du , les Turcs lancèrent une offensive vigoureuse qui offrit l'occasion à leur avant-garde, quelque 2 500 janissaires, de prendre la tour d'Italie et le rempart adjacent. Une lutte frénétique s'ensuivit. D'Aubusson dirigea la bataille et fut blessé à cinq reprises. Après trois heures de combats, les chevaliers avaient décimé l'ennemi et les survivants commençaient à se retirer. Les Hospitaliers lancèrent une contre-attaque qui désordonna la retraite turque, repoussant le vizir qui commandait les troupes ottomanes, atteignant sa tente et prenant notamment l'étendard de l'islam. Ce seul jour périrent entre trois et quatre mille Turcs, selon Kollias[10].

Épilogue[modifier | modifier le code]

Le , la flotte ottomane quitta l'île. Furieux, le sultan Mehmed II voulait attaquer l'île derechef, mais sa mort en 1481 mit un terme à ce projet. Ce ne fut finalement qu'en 1521-1522 que les Ottomans prirent Rhodes lors d'un nouveau siège.

Selon des transfuges passés dans le camp chrétien, l'armée ottomane aurait eu depuis le début du siège 9 000 tués et 15 000 blessés[11].

Historiographie[modifier | modifier le code]

Page 1 du livre : Obsidionis Rhodiae Urbis Descriptio

Le vice-chancelier de l'Ordre et secrétaire du grand maître, Guillaume Caoursin, rédigea au lendemain du siège deux textes : une lettre en latin, signée du grand maître, qui constitue en fait un résumé des événements[12] ; et une longue relation, parfois intitulée Obsidionis Rhodiae Urbis Descriptio (conservée entre autres dans le manuscrit BNF, manuscrit « Latin 6067 », richement enluminé par le Maître du Cardinal de Bourbon) et destiné à magnifier la résistance des Hospitaliers[13]. Le texte a été traduit dans toutes les langues européennes et a connu un immense retentissement. Le texte le plus important demeure cependant « l'Histoire journalière » du siège, un journal tenu par un défenseur anonyme pendant les trois mois du siège. L'ensemble de ces textes a été publié (et traduit) par Jean-Bernard de Vaivre et Laurent Vissière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Siege of Rhodes (1480) » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b Setton 1978, p. 348-349.
  2. a b et c Rossi 1975, p. 324.
  3. a et b Setton 1978, p. 351
  4. a b et c Housley 1992, p. 228.
  5. Setton 1978, p. 348.
  6. Nossov 2010, p. 46.
  7. de Vaivre et Vissière 2014, p. 74.
  8. Étienne Hamon, « Un présent royal indésirable : l’ex-voto de la victoire de Rhodes en 1480 à Notre-Dame de Paris », Bulletin monumental, vol. 167, no 4,‎ , p. 331–336 (DOI 10.3406/bulmo.2009.7323, lire en ligne, consulté le ).
  9. Laurent Vissière, « Guillaume Caoursin, une conscience européenne en Méditerranée », dans Martin Nejedlý et Jaroslav Svátek(dir.), La noblesse et la croisade à la fin du Moyen Âge : France, Bourgogne, Bohême, Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », , 289 p. (ISBN 978-2-8107-0966-3, DOI 10.4000/books.pumi.16468, lire en ligne), p. 255–275.
  10. Kollias 1994, p. 46-48.
  11. Setton 1978, p. 359.
  12. traduite en anglais dans Taaffe 1852, p. 53–67
  13. « Présentation du Siège de Rhodes de Guillaume Caoursin », sur Médiathèque de l'INP (consulté le )

Sources[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nicolas Vatin, L'Ordre de Saint-Jean-de Jérusalem, l'Empire ottoman et la Méditerranée orientale entre les deux sièges de Rhodes (1480–1522), Paris, Peeters, coll. « Turcica », , 571 p. (ISBN 2-87723-161-5), chap. 7
  • (en) Eric Brockman, The two sieges of Rhodes, 1480-1522, J. Murray,
  • (en) Robert Doulgas Smith et Kelly DeVries, Rhodes Besieged. A new history, Stroud: The History Press, , 206 p. (ISBN 978-0-7524-6178-6)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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