Siège de Maâmora (1647) — Wikipédia

Siège de Maâmora

Informations générales
Date -
Lieu Maâmora
Issue Victoire espagnole
Belligérants
Royaume de Dila Empire espagnol
Commandants
Ahmed ben Muhammad al-Hajj • Francisco Baños de Herrera
• Juan de Duero y Ayala
Forces en présence
Initialement :
8 000 hommes[L 1]

Renforts dilaïtes :
Inconnues
Inconnues
Pertes
Inconnues Inconnues

Le siège de Maâmora de 1647 est une tentative marocaine de s'emparer de Maâmora, occupée par les Espagnols depuis 1614.

Contexte et préparation[modifier | modifier le code]

Occupée depuis 1614 par les Espagnols[L 2], Maâmora baptisée « San Miguel de Ultramara », a subi de nombreuses attaques principalement menées par Sidi M'hamed el-Ayachi en 1614, 1621, 1628 et 1629 notamment[L 3].

Au début du XVIIe siècle, plusieurs régions du Maroc échappent au contrôle du pouvoir central saadien, à la suite de la période d'anarchie ayant succédé au décès du sultan Ahmad al-Mansur[1]. Après avoir commandité l'assassinat d'El-Ayachi en 1641[2], les Dilaïtes s'emparent de Salé, et y laisse une importante armée, sous le commandement du nouveau prince de Salé Ahmed ben Muhammad al-Hajj, fils du chef dilaïte Muhammad al-Hajj ad-Dila'i. L'objectif étant de contenir les Andalous, puis de surveiller et harceler les Espagnols à Maâmora[L 4].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Premières attaques[modifier | modifier le code]

En 1647, 8 000 Berbères des montagnes de l'Anti-Atlas errant dans le pays, visitant toutes les zaouïas et mosquées sur leur chemin, pénètrent les plaines atlantiques et atteignent Salé[L 1]. Les montagnards berbères, dans un esprit de djihad, décident de s'attaquer à Maâmora. Les et , les Berbères marocains font un repérage de la zone. Ils s'attaquent à la place forte à partir du , et s'élancent dans le fossé de la Porte de Salé, pour rompre le pont-levis sans être vus ni entendus. Le capitaine espagnol Antonio de Padilla, réveillée par les coups, donne l'alerte, mais se fait immédiatement abattre par une balle d'escopette[L 5].

Les Berbères qui viennent de s'emparer du pont, s'avancent alors rapidement vers le port, et escaladent la tour de Saint Joseph, dont ils s'en emparent, tuant six soldats espagnols. Ils décident ensuite de s'attaquer à la plate-forme des magasins du port, dans le but de menacer les sources d'eaux des Espagnols de la place. Ils sont repoussés après deux nuits de combats[L 5].

Voulant rentrer chez eux, les Berbères informent le prince dilaïte de Salé, Ahmed ben Muhammad al-Hajj, de la prise du pont et de la tour[L 5], et l'appellent à venir continuer le siège. Celui-ci, rempli de joie, appelle à la mobilisation générale, et rassemblent en trois jours plus de 30 000 hommes et 10 000 cavaliers[N 1]. L'armée dilaïte se met en marche depuis Salé, et emmène avec elle trois pièces d'artillerie de la Kasbah, deux de fer fondu et un demi-canon de bronze de 25 livres. Les Marocains se retranchent depuis les lagunes jusqu'au gros mur de la ville. Après avoir remis les positions notamment la tour, la plupart des montagnards de l'Anti-Atlas quittent la région et rentrent chez eux. Seuls quelques-uns décident de rester et continuer le siège avec les marabouts dilaïtes[L 6].

Les Dilaïtes réussissent rapidement à forcer le gros mur, s'emparant de la source d'eau, puis à huit pas de là, font sauter la plate-forme de Santiago, à l'aide de mines[L 6]. Francisco Baños de Herrera qui commande la place en l'absence du Duc Antonio de Medina, envoie une lettre daté du , au roi d'Espagne Philippe IV et à Antonio de Medina, dans laquelle il demande des vaisseaux en renfort pour repousser les Maures qui occupent le port, et menacent le ravitaillement en eau de la garnison[L 7].

Arrivée de la flotte de secours[modifier | modifier le code]

En apprenant la situation que vivait la garnison de Maâmora, Antonio de Medina, alors en convalescence, commence les préparatifs d'une escadre de secours. Le , la flotte espagnole, composée d'une frégate San Pedro, d'une hourque anglaise, et de dix barques longues, sous le commandement de Juan de Duero y Ayala, met les voiles depuis Sanlúcar. Ils atteignent Cadix, où ils sont rejoints par des renforts, notamment un navire du type zabra[L 8], puis partent pour Larache, préside occupée depuis 1610 par les Espagnols, qu'ils n'atteignent que le matin , en raison du mauvais temps[L 9].

La nuit même, Juan de Duero envoie des barques qui n'osent pas traverser l'Oued Sebou, en raison des tirs d'artillerie et d'escopettes des Marocains. Plusieurs autres tentatives pour traverser le Sebou finissent par des échecs, en raison de la présence marocaine et de la difficulté à traverser la barre. La , une chaloupe de Maâmora réussit à atteindre Larache, informant Juan de Duero que la place était de plus en plus menacée, et que la défense manquait de monde en raison du nombre élevé de malades et blessés[L 10].

Juan de Duero ordonne alors à la frégate, la zabra et les barques longues de traverser coûte que coûte le fleuve. Les Marocains qui ont placé deux batteries dans le port, et creusé de nombreux tranchées des deux côtés de l'Oued Sebou, d'où ils sont retranchés, ripostent et tirent sur la flotte espagnole. La frégate San Pedro fait feu de son artillerie avec succès sur les positions marocaines, permettant le débarquement des troupes et le rétablissement des communications avec la garnison de Maâmora[L 11].

Les renforts arrivés, les Espagnols investissent le port et le fossé de la Porte de Salé, tandis que les Marocains se retranchent dans la tour et le gros mur, tout en tirant sur les Espagnols. Ceux-ci finissent par s'emparer de la tour, puis à repousser les Maures hors de la tranchée. Les contre-attaques dilaïtes sont toutes repoussés[L 12]. Les Marocains finissent par lever le siège le [L 13].

Sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les chiffres semblent exagérés.

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]

  1. a et b Castries 1911, p. 618
  2. Raoui, p. 113
  3. Comité des foires du Maroc 1921, p. 156
  4. Castries 1911, p. 580
  5. a b et c Castries 1911, p. 619
  6. a et b Castries 1911, p. 620
  7. Castries 1911, p. 621
  8. Castries 1911, p. 622
  9. Castries 1911, p. 623
  10. Castries 1911, p. 624
  11. Castries 1911, p. 625
  12. Castries 1911, p. 626
  13. Castries 1911, p. 627

Références[modifier | modifier le code]

  1. Brahim Harakat, « Le Makhzen sa'adien », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, nos 15-16,‎ , p. 43-60 (lire en ligne)
  2. (es) Mikel de Epalza, Los Moriscos antes y después de la expulsión, Madrid, Mapfre, , 312 p. (ISBN 84-7100-249-3), p. 106

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Francophone[modifier | modifier le code]

  • Henry de Castries, Les sources inédites de l'histoire du Maroc. Archives et bibliothèques de France. Tome III., E. Leroux, , 771 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Samir Raoui, « Casbah de Mahdiya : une fortification espagnole au cœur de l'Atlantique » (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Comité des foires du Maroc, France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc, E. Leroux, , 176 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article