Siège de Laval (1428) — Wikipédia

Le siège de Laval de 1428 est effectué par les troupes anglaises qui parviennent à entrer dans la ville.

Préambule[modifier | modifier le code]

Des lettres de Jean de Lancastre, comte anglais de l'Anjou et du Maine, venaient, le , de concéder les baronnie, terre, seigneurie, justice, cens, rentes et autres possessions de Laval-Guyon (détenues par Anne de Laval) à John Talbot, comte de Shrewsbury et de Waterford.

Circonstances[modifier | modifier le code]

John Talbot parvient, le d'eschèles, par faute de guet et de garde, à s'emparer de la ville.

André de Lohéac s'enferme dans le château de Laval, où il croit pouvoir tenir assez longtemps pour permettre aux Français de venir reprendre la ville ; mais il ne peut s'y maintenir plus de trois jours. La capitulation est signée le par Jean II de La Chapelle-Rainsouin[1] et Jean II des Vaux, moyennant une rançon de seize mille écus d'or. Ils se rendirent enfin aux Anglais et n'emportèrent que leurs épées et leurs habits[N 1]. Les deux capitaines traitèrent avec Talbot en qualité de procureurs de Jeanne de Laval et d'Anne de Laval.

Au dire de la Chronique de Guillaume Cousinot de Montreuil[2], il y avoit moult de richesses dedans Laval, que les Anglais pillèrent et firent tout ce qu'ennemis pouvoient faire.

La ville a été prise de force et mise à sac. Le sort du château et de sa garnison est fixé par la capitulation[N 2].

Selon la tradition[N 3], la rançon aurait été de 25 000 écus pour la personne d'André de Lohéac et de 16 000 écus pour le reste de la garnison.

La rançon[modifier | modifier le code]

Cette rançon est payée par Anne de Laval, sa mère, Guy XIV de Laval, son frère, Jeanne de Laval, sa grand-mère[N 4] et plusieurs de ses compagnons [N 5]. Au printemps 1428, Gilles de Rais participe à hauteur de mille écus d'or au paiement de l'énorme rançon de son cousin[3],[4] André de Lohéac. En la personne de Guy XIV, Anne et Jeanne, respectivement frère, mère et grand-mère du jeune captif, la famille de Laval s'engage à rembourser les « très chiers et amés cousins et grands amis » qui ont contribué à délivrer le seigneur de Lohéac[5],[6].

Un acte du indique l'aide qui fut apportée pour le paiement de la rançon :

  • On y constate que Jean de Craon, seigneur de la Suze, venait de délivrer à Talbot un engagement cautionnant pour deux mille écus le paiement du solde de la rançon d'André de Lohéac.
  • Cinq seigneurs s'engagèrent pour mille écus chacun :
  • Quatre autres, pour cinq cents écus chacun :

En trois mois, la famille de Laval étant parvenue à payer à John Talbot une grosse partie de la somme due. Dans la première quinzaine de juin, ce dernier, accepte pour les 8000 écus du solde des scellés[7]. André de Lohéac se trouve alors libre de reprendre les armes vers le milieu de juin.

Reprise[modifier | modifier le code]

Laval est repris par les Français l'année suivante lors d'un nouveau siège.

L'an mil quatre cent vingt-sept[8]
Faute d'avoir fait bon guet,
Les Anglois, de nuit subtile,
Prirent cette noble ville.
Le vingt-cinquième de septembre
L'an mil quatre cent vingt et neuf
Fut pris Laval comme remembre,
Sur l'Anglois entre huit et neuf.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La capitulation portait que Jean II de la Chapelle-Rainsouin et Jean des Vaux, capitaines du château, remettraient à Talbot la place avec son artillerie et ses munitions; que tous ses défenseurs auraient la vie sauve, mais qu'ils n'emporteraient que leurs habits et leurs épées; enfin que les dames de Laval paieraient vingt-cinq mille écus d'or pour la rançon du sire André de Lohéac et seize mille pour celle de la garnison.
  2. Pendant toute la Guerre de Cent Ans, le corollaire obligé d'une capitulation, quel que fût le lieu où elle se produisait, sur champ clos, pendant une bataille, à la suite d'un siège, c'était la mise à rançon ; le vaincu devait racheter son corps de la captivité à laquelle sa reddition l'avait condamné et il était à la merci de son vainqueur, lequel ne mettait à ses convoitises aucune limite, sauf celles que lui imposait la nécessité de faire prendre au prisonnier les seuls engagements qu'il serait plus tard en mesure de remplir.
  3. Le chiffre est donné par Jacques Le Blanc de La Vignolle, qui semble avoir eu sous les yeux une capitulation fixant une unique rançon de seize mille écus d'or. Cette version diffère de celle donnée par Coussinot.
  4. Pour acquitter cette somme, Jeanne de Laval engagea une couronne d'or enrichie de pierreries et vendit à un Angevin sa terre de Savennières.
  5. On retrouve dans une Charte du 19 juin 1428 : Le premier souscripteur est Gilles de Rais pour mille écus; le sire de la Suze pour deux mille écus; le sire de Beaumanoir pour mille écus; le sire de Bueil pour cinq cents écus; le sire de la Tour pour cinq cents écus; le sire de Tucé pour cinq cents écus ; messire Pierre Danjou pour mille écus; le sire de Beauvau pour cinq cents écus, et Jean Fournier, juge d'Anjou et du Maine, pour mille écus. Une copie de cette charte est présente dans le Fonds Couanier.

Référence[modifier | modifier le code]

  1. Jean II de la Chapelle-Rainsouin, fils de Jean Ier et de Jeanne de Rieux. Il épousa Jeanne de la Porte de Venins. On le trouve en 1411 l'un des bacheliers qui servaient sous Guy XIII de Laval en faveur du parti du Dauphin (futur Charles VII de France) dans la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Il est fait prisonnier à la bataille de Verneuil en 1424, il n'obtint sa liberté qu'au prix d'une forte rançon. En 1429, il suivit Guy XIV de Laval au secours de Charles VII de France, sous les ordres de Jeanne d'Arc. (Monographie de La Chapelle-Rainsouin, par P. Moulard)
  2. Chronique de la Pucelle ou Chronique de Coussinot, publiée par Vallet de Viriville, Paris, Delahaye, 1859
  3. Bertrand de Broussillon 1900, p. 77, no 1215, [lire en ligne].
  4. Walsby 2007, p. 18.
  5. Cazacu 2005, p. 80-81.
  6. Bertrand de Broussillon 1900, p. 7-9 ; 73-74, no 1208, [lire en ligne], [lire en ligne]
  7. i.e. des engagements émanés de riches personnages
  8. L'an mil quatre cent vingt-sept Faute d'avoir fait bon guet Les Anglois de nuit subtile Prirent cette noble ville.. Couanier de Launay dans Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval (818-1855), Imp. Godbert, , 608 p. [détail des éditions] (lire en ligne) indique que selon l'ancien style, en faisant commencer l'année à Pâques, c'est effectivement 1427; mais dans le nouveau style, l'année partant du 1er janvier, c'est 1428.

Bibliographie[modifier | modifier le code]