Siège de Jadotville — Wikipédia

Siège de Jadotville

Informations générales
Date -
Lieu Jadotville
Issue Victoire du Katanga
Belligérants
ONUC État du Katanga
Commandants
Pat Quinlan Roger Faulques
Forces en présence
191 hommes[1] 500 hommes[2]
Pertes
5 blessés[3]
191 prisonniers[1]
3 morts[1]
8 blessés[1]

Crise congolaise

Coordonnées 10° 59′ 00″ sud, 26° 44′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
(Voir situation sur carte : République démocratique du Congo)
Siège de Jadotville
Géolocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)
Siège de Jadotville

Le siège de Jadotville se déroule du au , lors de la crise congolaise.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le , l'ONU déclenchait au Katanga l'opération Morthor visant à mettre fin par la force à la sécession de l'État du Katanga.

Depuis le était basée à Jadotville la compagnie A du 35th Infantry Battalion irlandais, sous les ordres du commandant P. J. Quinlan. À cette compagnie était attaché le sous-lieutenant suédois L. Fröberg en qualité d'interprète[4]. Les 155 Irlandais occupaient quelques maisons de part et d'autre de la route Jadotville - Élisabethville à la sortie de la ville. Comme ses hommes ne disposaient que d'un armement léger[5] (fusils Lee Enfield n° 4, pistolets-mitrailleurs Carl Gustav M45, quelques FN-FAL, 2 mitrailleuses lourdes Vickers, 3 canons sans recul Carl Gustav M1, 3 mortiers de 60 mm et 2 automitrailleuses Thompson Ford MK VI), le commandant Quinlan s'abstint de toute initiative offensive.

Déroulement des évènements[modifier | modifier le code]

Samedi  : la 3e Compagnie de Police Militaire katangaise renforcée de mercenaires et de soldats katangais établit des barrages sur toutes les approches de la ville. Les Irlandais commencent à creuser des tranchées autour des maisons qu'ils occupent (ce que n'avaient pas fait les unités irlandaise et suédoise qui les avait précédés). Cette précaution est une des causes principales du peu de victimes qu'ils connaitront à l'issue des combats.

 : rencontre du commandant Quinlan avec le bourgmestre Amisi et des officiers katangais en vue de les convaincre que son unique mission est le maintien de la paix.

 : à 7h40 du matin, des obus de mortier s'abattent sur les Irlandais et les combats commencent. L'alimentation en eau de ville et en électricité est coupée par les Katangais. Par téléphone, ceux-ci entament une guerre psychologique, menaçant les Irlandais d'être taillés en pièces et dévorés s'ils ne se rendent pas. Les soldats de l'ONU espèrent que des renforts en provenance d'Élisabethville pourront les délivrer. Une première colonne de secours onusienne est bien partie mais elle ne parvient pas à franchir les 2 ponts de la Lufira fortement défendus par l'Armée katangaise.

Un hélicoptère H-19

14 et  : poursuite des attaques par les soldats katangais encadrés par des mercenaires européens, principalement français et belges. L'unique Fouga Magister de l'aviation katangaise effectue des mitraillages et des lancers de bombes de 50 kg.

 : au matin un hélicoptère Sikorsky H-19 de l'ONU piloté par un Suédois et un Norvégien parvient à se poser à l'intérieur des positions irlandaises, amenant de l'eau en jerrican et des obus de mortier de 81 mm (alors que les Irlandais n'ont que des mortiers de 60 mm). Touché par des tirs du sol, il ne peut repartir (réparé, il sera intégré à l'aviation katangaise). Il s'avère que les jerricans ayant contenu précédemment du mazout, l'eau apportée est imbuvable[6]. Pour empêcher l'arrivée de renforts onusiens à Jadotville, les Katangais font sauter le pont ferroviaire sur la Lufira, gardant le contrôle du pont routier (celui-ci sautera le lors de l'offensive onusienne finale contre l'armée katangaise). Ne disposant plus que de très peu d'eau et de nourriture, le commandant Quinlan se résout en début de soirée à accepter des négociations en vue d'un cessez-le-feu. Un accord oral est obtenu et les combats stoppent.

 : les Irlandais apprennent que la deuxième tentative d'envoi d'une colonne de secours a de nouveau échoué la veille devant le pont de la Lufira. Dès lors, à 17h00, un acte de reddition est signé par le commandant et le ministre de l'Intérieur Godefroid Munongo. Malgré l'intensité des tirs, la troupe onusienne ne déplore aucun mort et seulement cinq blessés. Dans la nuit du 17 au 18, l'avion du secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld, qui se rendait à Ndola pour rencontrer Tshombé afin de négocier un arrêt des combats, s'écrase dans des circonstances troublantes.

 : les 158 combattants[7] sous mandat de l'ONU (155 Irlandais - 2 Suédois (un interprète et un pilote d'hélicoptère) - 1 pilote d'hélicoptère norvégien)[8] sont internés comme prisonniers de guerre à l'hôtel de l'Europe à Jadotville.

 : 32 autres combattants (26 Irlandais et 6 Italiens), capturés dans les combats à Elisabethville, sont amenés à l'hôtel de l'Europe.

 : tous les prisonniers sont transférés à Kolwezi.

Pertes[modifier | modifier le code]

Le bilan des pertes n'est pas clairement établi. Le 16 septembre 1961, avant la fin des combats, le journal Le Monde évoque un bilan de 150 morts ou blessés pour les Katangais et d'une trentaine de tués ou blessés pour les casques bleus, d'après une « source non officielle »[9].

Le 18 septembre, le gouvernement irlandais annonce que les pertes de ses troupes sont de cinq blessés[3].

En 1963, le journaliste Mugur Valahu, de nationalité américaine et roumaine, donne les bilans de quatre blessés et de 191 prisonniers pour les Irlandais, plus une dizaine d'Italiens[1]. Du côté des Katangais, les pertes sont selon lui de deux soldats africains et d'un mercenaire français tués et de huit blessés[1].

En 2014, le journal irlandais The Irish Times évoque un bilan de pas moins de 300 morts et 1 000 blessés pour les Katangais[10].

Épilogue[modifier | modifier le code]

Le , les militaires onusiens sont libérés à Élisabethville en échange de militaires katangais prisonniers de l'ONU.

En 2005, après des années de silence, le gouvernement irlandais a récompensé la compagnie A d'une Presidential Unit Citation, la première de l'histoire de l'État irlandais[11].

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Le siège est relaté dans le film Jadotville sorti en 2016 ; le film prend quelques libertés par rapport aux faits historiques.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • David O'Donoghue, The Irish army in the Congo, Irish Academic Press, 2006
  • Michael Whelan, The Battle of Jadotville, South Dublin Libraries, 2006
  • Rose Doyle, Heroes of Jadotville, New Island, 2006

Liens externes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Armée katangaise

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Mugur Valahu, Ci-gît le Katanga, 1961, 1962, 1963, Nouvelles Editions Latines, , 418 p., p. 259-260
  2. Claude de Kémoularia, Une vie à tire-d'aile : mémoires, Fayard, , 403 p., p. 142
  3. a et b • Les forces de M. Tschombe contrôlent encore une partie d'Élisabethville • Les troupes irlandaises sont toujours assiégées à Jadotville Mystère au sujet du sort de M. Tschombe, Le Monde, 18 septembre 1961.
  4. (en) David O'Donoghue, The Irish Army in the Congo 1960-1964, Dublin, Irish Academic Press, , 228 p. (ISBN 0-7165-3319-7), p. 113
  5. (en) https://www.historyanswers.co.uk/history-of-war/the-real-siege-of-jadotville-part-i-teenage-peacekeeper-john-gorman-remembers/
  6. (en)Dan Harvey, Into action - Irish peacekeepers under fire, Merrion Press, 2017
  7. 12 officiers, 45 sous-officiers et 101 soldats.
  8. Nominal Roll signé le à h entre Monsieur G. Munongo et le commandant P.J. Quinlan.
  9. Un chasseur à réaction katangais bombarde les " casques bleus " à Jadotville, Le Monde, 16 septembre 1961.
  10. « Film ‘Siege of Jadotville’ to reveal heroism of Irish troops », sur irishtimes.com, Irish Times, (consulté le )
  11. (en) « Jadotville ceremony rights a 'grievous wrong' - Boxer Moran », Westmeath Examiner,‎ (lire en ligne)