Siège de Breslau — Wikipédia

Siège de Breslau
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Troupes allemandes à Breslau, 2 février 1945
Informations générales
Date 15 février 1945 - 6 mai 1945
Lieu Breslau, Allemagne
Issue Victoire soviétique
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Ivan Koniev Hans von Ahlfen
Hermann Niehoff
Forces en présence
70 000 hommes 50 000 hommes
Pertes
60 000 soldats tués et blessés 6 000 soldats tués, 23 000 blessés, 44 000 prisonniers

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Coordonnées 51° 07′ nord, 17° 02′ est
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Siège de Breslau
Géolocalisation sur la carte : Pologne
(Voir situation sur carte : Pologne)
Siège de Breslau
Géolocalisation sur la carte : Voïvodie de Basse-Silésie
(Voir situation sur carte : Voïvodie de Basse-Silésie)
Siège de Breslau

Le siège de Breslau est un siège qui opposa l'Armée rouge à la Wehrmacht en 1945 à Breslau (aujourd'hui Wrocław) et ses alentours. Il débute le 15 février 1945 et se termine le 6 mai 1945 par la reddition de la garnison allemande.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Depuis 1941, Karl Hanke est Gauleiter de Silésie et tient la ville de Breslau d'une main de fer (plus de mille pendaisons). Le 25 août 1944, Hitler le nomme chef de la défense de la forteresse (Kampfkommandant) de Breslau. Plusieurs autres villes de l'Est sont élevées au rang de forteresse le même jour car la poussée soviétique de l'été les amènent à seulement 500 km de Berlin. Au total, six lignes sont créées. Breslau fait partie de la ligne B3 qui suit le cours du fleuve Oder.

Le Kampfkommandant donne alors des consignes pour la mise en place d'une défense en conformité avec les principes de la guerre totale, proclamée par Goebbels, mais sans rapport avec les forces militaires disponibles. Durant le siège, il n'hésite pas à faire pendre des membres du conseil municipal pour défaitisme[1].

À partir du 19 janvier 1945, une grande partie des habitants est évacuée vers le cœur du Reich, majoritairement vers Dresde ; ces évacuations se font à pied, à la suite des injonctions lancées le par des haut-parleurs. Les habitants traversent l'Oder gelée[2] à pied.

Commandants de la garnison allemande[modifier | modifier le code]

Hans von Ahlfen (1897-1966) qui commanda la garnison avant d'être relevé par Hermann Niehoff.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Côté allemand : 50 000 hommes

  • 599 Landesschützen-Bataillon
  • Un bataillon de forteresse
  • Les 6 batteries de forteresse no 3048, 3049, 3075, 3076, 3081 et 3082
  • 26 bataillons de Volkssturm (15 000 hommes), 2 bataillons de Hitlerjugend, 10 bataillons de travail
  • 269. Volks-Grenadiere-Division
  • 17. Infanterie-Division
  • SS.Festung-Grenadier-Regiment Besslein
  • Le "Panzerzug"Pörsel, train blindé, composé de quatre canons antiaériens de 88 mm, un quadruple 20 mm, 2 mitrailleuses lourdes

Côté soviétique : 70 000 hommes


5e et 6e armée de la garde avec les

  • 184e, 219e, 273e, 294e, 309e et 359e divisions de fusiliers

Mise en défense de la ville[modifier | modifier le code]

Déclarée forteresse par Hitler en , la ville de Breslau est alors transformée par la Heer, les Volkssturm et des travailleurs forcés en un camp retranché par des travaux qui rasent une partie de la ville et ajoutent un camp d'aviation en son centre sur la Kaiserstasse ; dans ce camp retranché, Schörner et Hanke livrent une chasse aux déserteurs et aux soldats débandés[2]. Dans un deuxième temps, un régiment des Jeunesses hitlériennes et le régiment SS de forteresse 1 Besslein[N 1] renforcent les troupes présentes.

Des postes de tirs et des réseaux de barbelés, correctement pensés, sont érigés à la hâte[2]. Lorsque la menace soviétique se fait plus pressante, le système ferroviaire participe à la défense : la gare de triage est transformé en un gigantesque labyrinthe avec les wagons stationnés que les défenseurs couchent sur les voies, tandis qu'un train blindé est assemblé, composé de canons de 88 mm, de tubes de 20 mm et de 37 mm, et est utilisé tout le long du front[3].

Le début du siège[modifier | modifier le code]

Le siège est dirigé du côté soviétique par le maréchal Ivan Koniev qui commande la 6e armée soviétique et le 1er front ukrainien. Les combats sont acharnés : la ville a été bombardée constamment par l'aviation et l'artillerie soviétiques, les troupes allemandes étant décidées à se battre jusqu'au bout. Le , l'encerclement est complet.

Plusieurs offensives de dégagement sont lancées, dont une le , qui échoue après l'ouverture d'un corridor pendant quelques heures. Désormais les troupes encerclées doivent se battre seules. La ville est coupée du reste du Reich mais une liaison radio est assurée et un pont aérien de Junkers Ju 52 assure l'approvisionnement. Le 25 février, à la faveur de l'arrêt des opérations soviétiques en Silésie, l'OKH ordonne à Schörner, commandant le groupe d'armées Centre opérant en Silésie, de briser l'encerclement de la ville[4]. Il organise alors la reconquête de la petite ville stratégique de Lauban, située sur la ligne de chemin de fer moderne Dresde-Breslau, indispensable à l'approvisionnement des unités chargées de dégager la ville encerclée[4]. L'offensive, baptisée Opération Gemse, menée sur un front de 40 km aboutit à un succès local, un « coup d'épingle tactique », illustrant les capacités tactiques de la Wehrmacht à ce stade du conflit, mais montrant surtout les limites de l'Ostheer en voie de dissolution[5].

Dans la ville, un semblant de vie est maintenu, avec des représentations théâtrales et la poursuite de l'activité de la manufacture de tabac[1]. Les troupes allemandes utilisent ingénieusement leurs maigres forces avec l'emploi d'un train blindé et d'un stock de torpilles. Propulsées sur des châssis de tramway, elles font forte impression chez les Soviétiques qui décident de produire leur propre variante de torpille.

Du au , le III./Fallschirmjäger-Regiment 26 du Hauptmann Herbert Trotz et le II./Fallschirmjäger-Regiment "Schacht" du Hauptmann Skau sautent sur le terrain de Gandau. Ces précieux renforts arrivent à point nommé car les Soviétiques lancent un violent assaut sur le sud de la ville le . Une école faite en béton devient le point névralgique de la défense. Elle ne cède qu'après de furieux assauts avec des lance-flammes. Les combats se déplacent jusqu'à l'église du Christ Roi où les 218e et 309e divisions de fusiliers russes piétinent face à la résolution des défenseurs composés de 40 hommes armés de 2 mitrailleuses lourdes, 4 mitrailleuses légères et de Panzerfaust. L'église n'est prise que dans la nuit du 12 au après que des sapeurs aient déposé 450 kg d'explosifs.

La lente progression[modifier | modifier le code]

Le , les Soviétiques se lancent à l'assaut de l'aérodrome de Gandau. La résistance s'effondre le après 30 minutes de bombardement aérien et l'assaut de la 259e division de fusiliers et de la 294e appuyées par des blindés. Le train blindé qui assure une partie de la défense perd un tiers de son équipage au cours de l'affrontement et doit décrocher pour être réparé. La chute de l’aérodrome signifie que les Allemands ne seront plus ravitaillés que par des parachutages de nuit pour éviter d'être pris à partie par la chasse et la DCA soviétiques. Après avoir nettoyé plusieurs poches de résistance, comme l'usine Linke Hoffmann, qui tombe au bout de trois jours, les Soviétiques repartent à l'assaut avec l'intention de percer à l'ouest de Breslau. Le 18 avril, une attaque de blindés manque de réussir dans le secteur de Gnesener Strasse tenue par des Volkssturmmänner. L'intervention de 3 Sturmgeschütze et d'un Panzer IV à canon long rétablit la situation en détruisant 13 chars ennemis. Le chef de cette action, Hartmann, est récompensé par la croix de chevalier de la croix de fer le . À la fin de la bataille, la ville n'est plus qu'un amas de ruines. Fin avril, les assauts d'infanterie se font beaucoup moins nombreux car les Soviétiques savent la fin de la guerre proche. Des barrages d'artillerie et des largages de tracts sommant les soldats allemands de rendre les armes ponctuent cette fin du siège.

Fin du siège et conséquences[modifier | modifier le code]

Reddition de la garnison allemande, le

Entre-temps, l'OKW concède au commandant de la place Niehoff de tenter une percée vers l'ouest pour échapper à la capture. Il ne reçut jamais le message radio. Apprenant la reddition de Berlin le , le général Niehoff demande au Generalfeldmarschall Schörner s'il peut se rendre. Celui-ci lui répond qu'il doit tenir jusqu'à la dernière cartouche comme le souhaitait le Führer. Apprenant cela, des membres de la communauté religieuse protestante supplient Niehoff de cesser ce combat sans espoir. Il accepte car sans ravitaillement, une garnison réduite de moitié et sans munition, il ne souhaite pas condamner le reste de ses hommes. Le , il fait savoir aux Soviétiques son désir d'en finir avec les combats qui durent depuis presque 3 mois. Pendant la nuit, les Soviétiques tentent d'infiltrer des membres du comité du Frei Deutschland mais se font refouler au prix de dix des leurs. Les négociations se prolongent jusque dans la nuit du . Le à 14h, après 79 jours de siège, la garnison allemande se rend aux Soviétiques. Le Gauleiter Karl Hanke s'échappe à bord d'un Fieseler Storch sur une piste qu'il a fait bâtir à cet effet. Des sources indiquent qu'il se serait fait tuer par des partisans tchécoslovaques en à Nová Ves (district de Louny)/(Neudorf).

Les pertes allemandes s'élèvent à 6 000 tués, 23 000 blessés (plus 20 000 civils tués) tandis que les pertes soviétiques s'élèvent à 60 000 tués et blessés.

Au total, 44 000 soldats allemands ont été faits prisonniers par l'Armée rouge, peu rentreront.

Impact sur le déroulement du conflit[modifier | modifier le code]

Certes, le maintien du contrôle allemand sur la ville rend plus compliqué l'approvisionnement des unités soviétiques engagées plus au nord, face à Berlin, mais le rôle de la ville comme nœud ferroviaire est à relativiser puisqu'il ne bloque pas le ravitaillement des unités soviétiques engagées plus à l'Ouest[6].

Cependant, la propagande allemande assigne à la ville encerclée une importance stratégique, la ville se couvrant de slogans nazis appelant au combat pour la victoire[2], et à partir de la seconde moitié du mois de février, le général allemand Ferdinand Schörner reçoit pour ordre de lancer une offensive de dégagement de la ville encerclée, à partir de Lauban[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Georg Robert Besslein était un Obersturmbannführer qui commandait ici des volontaires de l'Europe du Nord.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Masson 1994, p. 456.
  2. a b c et d Lopez 2010, p. 332.
  3. Lopez 2010, p. 333.
  4. a b et c Lopez 2010, p. 363.
  5. Lopez 2010, p. 367.
  6. Lopez 2010, p. 334.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages en anglais :

Ouvrages en allemand :

  • (de) Horst G. W. Gleiss: Breslauer Apokalypse 1945 - Dokumentarchronik vom Todeskampf und Untergang einer Deutschen Stadt und Festung am Ende des Zweiten Weltkrieges. Natura Et Patria, Rosenheim.
  • (de) Friedrich Grieger: Wie Breslau fiel. Die Zukunft, Metzingen 1948.
  • (de) Ernst Hornig: Breslau 1945. Korn, München 1975.
  • (de) Iwan Stepanowitsch Konew: Das Jahr fünfundvierzig. Deutscher Militärverlag, Berlin 1969, (ISBN 3327008264).
  • (de) Ryszard Majewsky: Die Schlacht um Breslau. Union Verlag, Berlin 1979.
  • (de) Paul Peikert: Festung Breslau. Union-Verlag, Berlin 1966.
  • (de) Paul Peikert, Karol Jonca, Alfred Konieczny (Hrsg.): Festung Breslau – in den Berichten eines Pfarrers. Wroclaw 1996.
  • (de) Jürgen Thorwald: Es begann an der Weichsel. Steingräben-Verlag, Stuttgart 1959.
  • (de) Gregor Thum: Die fremde Stadt – Breslau nach 1945. Pantheon, München 2006, (ISBN 3570550176).
  • (de) Hans von Ahlfen: Der Kampf um Schlesien. Motorbuch Verlag, Stuttgart 1998, (ISBN 3879434808).
  • (de) Hans von Ahlfen, Hermann Niehoff: So kämpfte Breslau – Verteidigung und Untergang von Schlesiens Hauptstadt. Gräfe und Unzer, München 1963.

Ouvrages en Français :

  • Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande 1939-1945, Paris, Perrin, (ISBN 2-262-01355-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Ligne de front no 47: Breslau, la dernière forteresse du Reich