Shoegazing — Wikipédia

Shoegazing
Origines stylistiques Dream pop, noise pop, post-punk, rock psychédélique, noise rock, ethereal wave, ambient, mur de son
Origines culturelles Milieu et fin des années 1980 ; Royaume-Uni
Instruments typiques Guitare électrique, basse, batterie, MAO
Popularité Limitée avant années 1990. Moyenne depuis, avec quelques rares artistes de renommée internationale et de nombreux artistes restant underground
Voir aussi Contreculture, lo-fi

Genres associés

Chillwave, post-metal, post-rock

Le shoegazing (prononcé en anglais : [ˈʃuːɡeɪzɪŋ]), ou shoegaze (prononcé : [ˈʃuːɡeɪz]), est un sous-genre musical du rock alternatif ayant émergé à la fin des années 1980 au Royaume-Uni, lancé par des groupes tels que My Bloody Valentine, Lush, Slowdive, Chapterhouse, et Ride. Il connaît le succès jusqu'au milieu des années 1990, en particulier en 1990 et 1991, ainsi qu'un regain de popularité au début des années 2010. La presse britannique, en particulier NME et Melody Maker, nomment ce style « shoegazing », car les membres de ces groupes jouent sur scène d'une manière introspective et laissent penser qu'ils fixent (gazing at) leurs chaussures (shoe)[1],[2]. L'usage significatif de pédales d'effet contribue à l'image de musiciens qui regardent leurs pieds pendant les performances[3].

La musique shoegazing est caractérisée par l'usage significatif d'effets de guitare, et de mélodies vocales indiscernables se mêlant à un son créatif de guitare[1]. Au début des années 1990, des groupes de shoegazing se font voler la vedette par le mouvement grunge et les premiers groupes de britpop comme Suede, forçant des groupes relativement inconnus à se séparer et à revoir leur style[1].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Les éléments musicaux communs du shoegazing se composent de riffs distordus, et d'un « mur de son » produit par des guitares saturées. Deux guitares rythmiques distordues sont jouées en même temps pour attribuer une qualité amorphe au son. Bien que souvent présents, les riffs de guitare ne sont pas les éléments principaux d'une chanson de shoegazing. Le nom est attribué pour la première fois par le magazine Sounds à un concert du groupe fraîchement formé Moose avec lequel le chanteur Russell Yates lit les paroles indiquées sur le sol[4]. Le terme est choisi par NME, qui l'utilise pour décrire la tendance des guitaristes de groupes à regarder leurs pieds lorsqu'ils jouent de la pédale d'effet. Melody Maker préfère utiliser le terme de The Scene That Celebrates Itself[1]. Le terme est considéré comme péjoratif, en particulier par la presse spécialisée anglaise qui considère le mouvement comme inefficace, et dont le terme est refusé par de nombreux groupes[5].

Les précurseurs du genre les plus fréquemment cités sont Cocteau Twins[1],[6], The Jesus and Mary Chain, My Bloody Valentine, Spacemen 3 et Loop. Les différents groupes du genre s'inspirent de plusieurs autres genres comme le garage rock, le rock psychédélique des années 1960, et de groupes indépendants américains comme Sonic Youth et Dinosaur Jr.[5]. Les premiers groupes et musiciens étiquetés shoegazing (Catherine Wheel, Slowdive, Swervedriver, Chapterhouse, Ride, Moose, Lush et Pale Saints) sont largement inspirés par My Bloody Valentine, et se développent à la veille du succès avec leur chanson You Made Me Realise et leur album Isn't Anything[1],[7]. La catégorie de shoegazing est plus récemment attribuée à My Bloody Valentine, même si Kevin Shields explique que le groupe n'a jamais fait usage de pédales d'effet de type chorus, flanger ou delay[8]. D'autres artistes catégorisés comme influences du shoegazing incluent The Velvet Underground, Siouxsie and the Banshees[9], Sonic Youth, Hüsker Dü, The Chameleons, The Cure[10], Galaxie 500[11], et The Smiths[5].

L'ouvrage de Michael Azerrad, Our Band Could Be Your Life, cite la tournée de Dinosaur Jr. au Royaume-Uni, en , comme significative à l'histoire du genre[12].

Terminologie[modifier | modifier le code]

NME définit le genre sous le terme de The Scene That Celebrates Itself, attribué au shoegazing et à d'autres groupes londoniens au début des années 1990[13]. Le terme The Scene that Celebrates Itself est quelque part attribué à la première vague de shoegazers. La presse spécialisée les considère comme égocentriques, privilégiés et de classe moyenne[5].

Déclinaisons[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 2010, une vague de nouveaux groupes plus jeunes s'inspire de l'esthétique shoegaze, en tête desquels The Radio Dept, The Pains of Being Pure at Heart, A Place to Bury Strangers, No Age, The Big Pink, Vivian Girls, Bipolar Explorer, Spotlight Kid, Tamaryn, Amusement Parks on Fire, The Joy Formidable, The Away Days, Hitsujibungakuetc. Certains nomment ce renouveau nu gaze[2].

Au début des années 2000 naît également le blackgaze, genre alliant black metal et shoegazing, sous l'impulsion de groupes comme Alcest, Amesoeurs et Deafheaven[14].

En France[modifier | modifier le code]

Vers le milieu des années 2010, une scène underground se crée en France et mêle les ambiances du shoegaze avec d'autres genres plus ou moins éloignés (cold wave, musique électronique, pop, post-punk, black métal…)[15]. On compte parmi ses représentants le collectif Nothing (Venera 4, Dead Horse One, Future[16]…), The Dead Mantra, Jessica93, Waterwalls ou encore Marble Arch.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) Genre: Shoegaze, AllMusic, consulté le 24 mai 2014.
  2. a et b (en) Jude Rogers, « Diamond gazers », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Le shoegaze : quand faire du bruit rime avec mélodie », Le Melting Potes,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Colin Larkin, The Guinness Who's Who of Indie and New Wave Music, Square One, , 320 p. (ISBN 0-85112-579-4), p. 188.
  5. a b c et d (en) Patrick Sisson, « Vapour Trails: Revisiting Shoegaze », XLR8R, no 123,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Matthew Solarski, « MBV, JAMC, Corgan, Coyne, Reznor in Shoegaze Doc », Pitchfork Media, (version du sur Internet Archive).
  7. (en) Martin C. Strong, The Great Alternative & Indie Discography, Canongate, (ISBN 0-86241-913-1), p. 427 :

    « The full extent of their pioneering guitar manipulation - responsible for a whole scene of "shoegazing" musical admirers, stand up Ride, Moose, Lush etc., etc., ... »

  8. (en) Tom Murphy, « My Bloody Valentine's Kevin Shields talks Loveless and the influence of bands like Sonic Youth and Dinosaur Jr. », sur westword.com, Denver Westword Music, (consulté le ) : « Three pedals I refused to use in that era were chorus, flanger and delay. Everything we did was everything but that. ».
  9. (en) Kieron Tyler, « Reissue CDs Weekly: Still in a Dream - A Story of Shoegaze », sur theartsdesk.com, (consulté le ).
  10. (en) Cam Lindsay, « Sound of Confusion — How Shoegaze Defied Critics and Influenced A Generation », sur exclaim.ca, (consulté le ).
  11. (en) [https://www.allmusic.com/album/r377673# All Music: Portable Galaxie 500], consulté le 5 janvier 2008.
  12. (en) Michael Azerrad, Our Band Could Be Your Life, Back Bay, (ISBN 978-0-316-78753-6), p. 366.
  13. (en) Lester, Paul (12 septembre 1992). Whatever Happened to Shoegazing?, Melody Maker, page 6, consulté en 12 avril 2007.
  14. (en) Tom Howells, « Blackgaze: meet the bands taking black metal out of the shadows », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Adrien Durand, « Le shoegaze est devenu une histoire de gros bras et on ne sait pas trop comment. », sur le-drone.com (consulté le )
  16. (en) Kerill Mc Closkey, « Psyché, cold-wave et Shoegaze français : pleins phares sur le collectif Nøthing », sur greenroom.fr, (consulté le ).