Serge Toubiana — Wikipédia

Serge Toubiana
Description de cette image, également commentée ci-après
Serge Toubiana animant une table ronde[1]
à la Cinémathèque française.
Naissance (74 ans)
Sousse
Nationalité française
Profession critique de cinéma

Serge Albert Toubiana, né le à Sousse en Tunisie, est un journaliste et critique de cinéma français. Il a été, de 2003 à 2016, le directeur de la Cinémathèque française. Il est président d'Unifrance de juillet 2017[2],[3] à [4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Serge Toubiana naît en Tunisie de parents juifs sépharades ; son père est horloger, sa mère institutrice. Il a un frère et deux sœurs. Ses parents sont des militants du parti communiste tunisien. En , la famille déménage à Grenoble à cause de la crise de Bizerte.

Le premier film qu'il voit, du moins son premier souvenir, est La strada de Federico Fellini en 1956 ; il décrit un sentiment de peur, de claustrophobie et ne revoit le film qu'en 2009, lors d'une rétrospective à la cinémathèque[5].

D'abord scolarisé à Grenoble (au lycée Champollion — son professeur est Jean-Louis Leutrat), il monte à Paris en pour suivre les cours de cinéma à l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (centre Censier).

Serge Toubiana rejoint les Cahiers du cinéma fin 1972 à l'occasion du numéro double 242-243. C'est le moment de la période maoïste militante. La parution n'est que trimestrielle ; le critique Serge Daney témoigne d'une période commerciale catastrophique (2 000 abonnés dont 500 universités nord-américaines qui renouvellent automatiquement leur abonnement). Les Cahiers créent un journal de 16 pages à l'intérieur, Toubiana en est le rédacteur en chef. En 1978, il gère les Éditions de l'étoile. Il est à l'origine du rapprochement temporaire entre les Cahiers du cinéma et Gallimard[6].

L'apport de Toubiana est marqué par un retour au cinéma, l'invention du terme péjoratif de « fiction de gauche »[7] et la réhabilitation de François Truffaut. Il participe alors à sa seule collaboration scénaristique : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... de René Allio, d'après Michel Foucault[8].

Quand Serge Daney quitte les Cahiers du cinéma pour Libération en , Toubiana devient rédacteur en chef de la revue. Son travail sera marqué par les numéros en hommage à Truffaut, les numéros Made in USA puis Made in Hong-Kong et Made in URSS[9].

En 1992, il confie la rédaction à Thierry Jousse au no 459 mais reste directeur de la rédaction, un poste symbolique. Il reste gérant des Éditions de l'étoile. La même année, il est membre du jury du festival de Cannes présidé par Gérard Depardieu.

De 1991 à 1995, il se charge avec Michel Piccoli et Alain Crombecque de gérer l'opération Premier Siècle de cinéma.

Il revient aux Cahiers en 1996 comme directeur de la rédaction. Il quitte définitivement les Cahiers en 2000[10].

En 2000, il collabore avec Marin Karmitz à la conception de bonus des DVD de la collection vidéo mk2 (les films de François Truffaut, Claude Chabrol, Krzysztof Kieslowki)[11].

En 2001, il présente sur France Culture l'émission Bandes à part[12].

Serge Toubiana devient directeur de la Cinémathèque française en .

Le , il est nommé président du conseil d'administration de l'école nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais[13]. Son mandat est renouvelé le [14].

En 2015 et 2016, il est président de la commission d'avance sur recettes[15].

Il annonce son départ de la Cinémathèque française en  ; Frédéric Bonnaud lui succède en janvier de l'année suivante.

Il est élu président d'UniFrance, organisme de promotion du cinéma français à l'étranger, en , pour un mandat de deux ans. Réélu en 2019 pour un deuxième mandat, au cours duquel intervient une importante réforme de l'association : la fusion avec TV France International (association chargée de promouvoir l'audiovisuel à l'étranger). Il est réélu le 2 juillet 2021, en binôme avec Hervé Michel, pour un nouveau mandat de deux ans.

Depuis 2019, il préside la Fondation Henri-Cartier-Bresson à Paris.

Il publie en 2022 ses souvenirs d'enfance en Tunisie, Le Fils de la maîtresse, qui remportent le prix Marcel-Pagnol[16],[17]. À propos de sa mère institutrice, il dit : « Je me suis rendu compte, [...] que j’avais choisi le même métier qu’elle : en transmettant mon amour du cinéma, je me sens tel un instituteur du cinéma. Transmettre et partager, c’est aimer[16]. »

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il était le compagnon d'Emmanuèle Bernheim, romancière, morte le [18],[19]. Dans le film Tout s'est bien passé, adaptation du dernier livre d'Emmanuèle Bernheim par François Ozon, le rôle de Serge Toubiana est interprété par Eric Caravaca.

Décorations[modifier | modifier le code]

Mécénat[modifier | modifier le code]

En 2021, Serge Toubiana crée le Fonds de dotation Vendredi soir en hommage à Emmanuèle Bernheim, dans le but de soutenir la création artistique et littéraire par l'attribution de six bourses annuelles.

Un comité est constitué pour sélectionner les lauréats de ces bourses : Nathalie Azoulai (romancière), Delphine Pineau (productrice de films), Alice d'Andigné (éditrice aux éditions Stock), Pascale Bernheim (historienne, présidente de l’association Musique et Spoliations[21]), Stéphane Corréard (galeriste), François de Ricqlès (commissaire-priseur). En 2022, Jacques Fansten (scénariste et réalisateur) et Noémie Yanez-Arrieta (Fonds de dotation Claude de Soria) rejoignent le jury[22].

  • Le 19 novembre 2021, les six premiers lauréats[23] sont récompensés à la galerie Loeve&Co - Marais. Il s'agit de Marie de Quatrebarbes, Maud Ventura, Raphaël Meltz, Théo Mercier, Anton Hirschfeld[24] et Sylvie Sauvageon.
  • Le 18 novembre 2022, les écrivains Dune Delhomme, Victor Jestin, Polina Panassenko et les artistes Emilie Girault, Jérémie Lenoir et Vasantha Yogananthan reçoivent chacun une bourse Emmanuèle-Bernheim d'une valeur de 10 000 [25].
  • En novembre 2023, Téo Betin (sculpteur), Malik Jeannet (peintre), et Lionel Redon (arts décoratifs) sont lauréats de la bourse Emmanuèle-Bernheim[22].

Polémiques et prises de position[modifier | modifier le code]

Gestion de la Cinémathèque[modifier | modifier le code]

À la réouverture de la Cinémathèque française en 2005 dans le bâtiment de Frank Gehry à Bercy, Serge Toubiana externalise les services de l'accueil, confiés à une société d’intermittence. Le , soit le dernier jour de son activité en tant que directeur de l'institution, une lettre filmée d'une étudiante[26] et ex-employée dénonce les conditions de travail des personnels d'accueil de l'institution[27]. La vidéo, qui dénonce un management brutal et des emplois du temps ingérables, dépasse les 66 000 vues et déclenche des centaines de commentaires.

Défense de Polanski[modifier | modifier le code]

Serge Toubiana a pris la défense de Roman Polanski, inculpé, entre autres, pour viol, aux États-Unis en 1977 puis condamné pour abus sexuel sur mineur.

Le , il signe une pétition à la suite de l’arrestation par la police suisse de Polanski dans le cadre du mandat d’arrêt américain prononcé contre le cinéaste en 1978[28][source secondaire nécessaire]. Dans ce texte, il qualifie l’arrestation de Polanski de « traquenard », et l'agression sexuelle sur mineure « d’affaire de mœurs » et exige au nom de la liberté et de l’« amitié entre la France et les États-Unis » la remise en liberté immédiate du cinéaste.

Affaire Depardieu[modifier | modifier le code]

En , il est signataire de la tribune controversée N'effacez pas Gérard Depardieu visant notamment à défendre la présomption d'innocence de Gérard Depardieu, alors accusé de viol, agression sexuelle et harcèlement sexuel[29].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Les Fantômes du souvenir, Grasset, 2016
  • Le Temps de voir, Seuil, 2017
  • Les Bouées jaunes, Stock, 2018[19]
  • L'Amie américaine, Stock, 2020
  • Le Fils de la maîtresse, Arléa, 2022, lauréat du prix Marcel-Pagnol 2022[17]

En collaboration ou direction[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le sur la question « Mai 68 a-t-il été filmé ? ».
  2. « Serge Toubiana nommé à la tête d'Unifrance », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Serge Toubiana élu à la présidence d'UniFrance », Unifrance,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Cinéma : Gilles Pélisson, ex-patron de TF1, nommé à la tête d'Unifrance », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  5. Toubiana 2016, chap. 1 La Strada.
  6. Toubiana 2016, chap. 9 à 14.
  7. Selon Mythologie politique du cinéma français, il employa ce terme lors de la sortie d'Un condé, désignant les films réactionnaires critiquant les institutions en place pour que la gauche accède au pouvoir.
  8. Toubiana 2016, chap. 8 : Vitesse du cinéma.
  9. Toubiana 2016, chap. 15 : Partir Revenir.
  10. Toubiana 2016, chap. 20 : Retour critique.
  11. Toubiana 2016, chap. 23 : Vive le DVD.
  12. Toubiana 2016, chap. 24 : Bandes à part.
  13. Arrêté du 29 mai 2009 portant nomination du président du conseil d'administration de l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais.
  14. Arrêté du 24 juin 2011 portant nomination du président du conseil d'administration de l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais.
  15. Toubiana 2016.
  16. a et b « Serge Toubiana, lauréat du Prix Marcel Pagnol 2022 », sur ActuaLitté.com (consulté le )
  17. a et b « Les six romans de la sélection du prix Marcel Pagnol 2022 », sur ActuaLitté.com (consulté le ).
  18. « Serge Toubiana : "dès qu'il y a de la violence, ma vision rétrécit" », sur Libération, .
  19. a et b « Récit. Serge Toubiana dans la lumière d’Emmanuèle Bernheim », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Décret du 31 décembre 2015.
  21. (en) « Pascale Bernheim : historienne », sur Akadem (consulté le )
  22. a et b « Trois auteurs lauréats des bourses Emmanuèle Bernheim 2023 », sur ActuaLitté.com (consulté le )
  23. Alison Moss, « 6 premiers lauréats pour le Fonds de dotation Vendredi soir » Accès limité, sur Lequotidiendelart.com, (consulté le ).
  24. Voir sur christianberst.com.
  25. Antoine Oury, « Trois auteurs lauréats des Bourses-Emmanuèle Bernheim » Accès libre, sur Actualitté, (consulté le ).
  26. Clarisse Fabre, « Un remake du Mépris ébranle la Cinémathèque française », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  27. Frédérique Roussel et Julien Gester, « Derrière la cinéphilie, le drame des "petites gens" de la Cinémathèque », sur next.liberation.fr, (consulté le ).
  28. Serge Toubiana, « Pétition pour Roman Polanski », Le blog de Serge Toubiana,‎ (lire en ligne).
  29. « Accusé de  violences sexuelles: Une tribune de soutien  à Gérard Depardieu qui crée le malaise », sur L'indépendant, (consulté le )
  30. Voir sur film-documentaire.fr.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]