Sekhemkarê Amenemhat — Wikipédia

Sekhemkarê Amenemhat
Image illustrative de l’article Sekhemkarê Amenemhat
Buste de Sekhemkarê Amenemhat, d'Éléphantine
Période Deuxième Période intermédiaire
Dynastie XIIIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Sekhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep (selon Siesse)
Nerkarê (selon Ryholt)
Dates de fonction -1796 à -1793 (selon K. S. B. Ryholt)
-1746 à -1743 (selon D. Franke)
Successeur Nerkarê = Amény-Qémaou (selon Siesse)
Amény-Qémaou (selon Ryholt)
Famille
Père Amenemhat IV ? (selon Ryholt)
Enfant(s) Amény-Qémaou ? (selon Ryholt)
Antef ? (selon Ryholt)
Fratrie Sekhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep ? (selon Ryholt)

Sekhemkarê Amenemhat est un roi de la XIIIe dynastie dont le règne se situe vers -1796 environ à -1793 (selon Kim Steven Bardrum Ryholt) ou -1746 à -1743 (selon Detlef Franke). Selon plusieurs égyptologues[1],[2] Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et lui sont deux rois différents, tandis que pour d'autres[3],[4],[5], ils ne forment qu'une seule et même personne.

Attestations[modifier | modifier le code]

Une statue à son effigie a été également découverte à Éléphantine et porte l'inscription suivante :

« Le dieu bon, le seigneur du double pays, maître des cérémonies, le roi de la Haute et de la Basse Égypte Sekhemkarê, le fils de Rê Amenemhat, aimé de Satis, dame d'Éléphantine, puisse-t-il vivre éternellement. »

Cette statue fragmentaire a été retrouvée en deux temps. La tête avec une partie du buste a été découverte sur le site au XIXe siècle et depuis, est conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne, alors que la plupart de la partie inférieure, avec l'inscription sus-mentionnée permettant son identification, a été mise au jour au siècle suivant et est exposée au musée de la Nubie à Assouan.

Le Canon royal de Turin cite en deuxième position pour la XIIIe dynastie un roi nommé Sekhemkarê ...f et en troisième position un roi nommé Amenemhatrê (le -Rê étant probablement une erreur de copie) :

  • selon ceux qui considèrent Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat comme deux rois différents, le nom en deuxième position correspond à Amenemhat-Senbef, le nom en troisième position à Amenemhat ;
  • selon Julien Siesse, qui ne considère qu'un seul et même roi, le nom en deuxième position conrrespond à ce roi, le nom en troisième position se rapporte à Amény-Qémaou, Amény étant un diminutif du nom Amenemhat.

Identité[modifier | modifier le code]

Il y a un débat entre égyptologues sur la question de savoir si Sekhemkarê Amenemhat-Senbef est ou non le même roi que Sekhemkarê Amenemhat.

Point de vue de deux rois distincts[modifier | modifier le code]

Le nom de Sa-Rê complet du premier étant Amenemhat-Senbef, il a été interprété par Ryholt comme étant un nom filial : Senbef serait son nom et Amenemhat le nom de son père. Ainsi, il ne pourrait pas être identique au roi de la statue d'Éléphantine dont le nom de Sa-Rê est simplement Amenemhat[2],[6]. Ryholt, mais aussi Baker, voient donc Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat comme deux souverains différents, une opinion également partagée par Jürgen von Beckerath. Ryholt pense également que Sekhemkarê Amenemhat serait attesté sur le Canon royal de Turin en tant que roi distinct de Sekhemkarê Amenemhat-Senbef car le troisième roi de la dynastie selon le papyrus se nomme Amenemhatrê (le -Rê étant probablement une erreur de copie).

Ryholt et Baker affirment en outre que les règnes d'Amenemhat-Senbef et d'Amenemhat ont été séparés par le règne éphémère de Nerkarê[2],[6], tandis que von Beckerath pense que c'est Sekhemrê-Khoutaouy Paentjeny qui a régné entre les deux[1],[7].

Point de vue d'un seul et même roi[modifier | modifier le code]

À l'opposé, Detlef Franke, Stephen Quirke, Claude Vandersleyen et Julien Siesse pensent que Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat sont une seule et même personne[8],[4],[5]. Franke et d'autres considèrent Amenemhat-Senbef comme un double nom. En effet, la double dénomination était courante en Égypte et surtout à la fin de la XIIe et pendant la XIIIe dynastie[9],[10]. Julien Siesse ajoute que le troisième nom du Canon royal de Turin, Amenemhatrê, se réfère, non pas à l'hypothétique Sekhemkarê Amenemhat distinct, mais à Amény-Qémaou, Amény étant le diminutif du nom Amenemhat. En effet, Siesse argumente que le quatrième nom sur le papyrus, Sehotepibrê, se rapporte à Hotepibrê Qémaou-Sa-Hornedjhéritef, fils d'Amény-Qémaou. Il associe d'ailleurs Amény-Qémaou à Nerkarê, et rejoint donc Ryholt sur ce point en faisant de ce roi le successeur Sekhemkarê Amenemhat-Senbef.

Position chronologique[modifier | modifier le code]

Selon le point de vue pris sur l'identification de de Sekhemkarê Amenemhat avec Sekhemkarê Amenemhat-Senbef, la position chronologique du roi diffère. Il est important de noter que le Canon royal de Turin, les inscriptions sur le niveau du Nil à Semna en Nubie et le nom de Sa-Rê même des rois de ce début de XIIIe dynastie jouent tous un rôle important dans les différentes chronologies proposées par les égyptologues.

Le Canon royal de Turin, document datant de la XIXe dynastie, propose au début de la XIIIe dynastie la succession suivante :

  • Khoutaouyrê,
  • Sekhemkarê ...f,
  • Amenemhatrê,
  • Sehotepibrê.

Khoutaouyrê, nom de Nesout-bity du roi Khoutaouyrê Ougaf, est souvent considéré comme une inversion avec celui du roi Sekhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep, placé sur le papyrus à une position plus tardive. Quant à Sehotepibrê, il est deux fois présents dans le papyrus, le premier est souvent considéré comme se rapportant à Hotepibrê Qémaou-Sa-Hornedjhéritef et le second à Sehotepibrê Sousekhtaouy. De plus, le -rê du nom Amenemhatrê est considéré comme une erreur du scribe, le nom devant être plutôt lu Amenemhat.

Les inscriptions de Semna tendent à établir la succession suivante :

De plus, Hotepibrê Qémaou-Sa-Hornedjhéritef porte un nom de Sa-Rê, Qémaou-Sa-Hornedjhéritef, que les égyptologues considèrent comme prouvant qu'il est le fils du roi Amény-Qémaou. Enfin, Nerkarê est un nom de Nesout-bity, le nom de Sa-Rê de ce roi n'a pas été retrouvé, tandis qu'Amény-Qémaou est un nom de Sa-Rê et le nom de Nesout-bity de ce roi n'a pas non plus été retrouvé.

Ainsi, les différentes chronologies encadrent le début de la XIIIe dynastie par les règnes de Sekhemrê-Khoutaouy Amenemhat-Sobekhotep et de Hotepibrê Qémaou-Sa-Hornedjhéritef, les rois intermédiaires étant Sekhemkarê Amenemhat-Senbef, Sekhemkarê Amenemhat, Nerkarê et Amény-Qémaou.

Point de vue de deux rois distincts[modifier | modifier le code]

Kim Ryholt, qui considère les doubles noms comme étant des noms filiaux, considère six rois distincts en plaçant :

Point de vue d'un seul et même roi[modifier | modifier le code]

Julien Siesse, qui ne distingue pas Sekhemkarê Amenemhat-Senbef et Sekhemkarê Amenemhat, considère seulement quatre rois :

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jürgen von Beckerath, Chronologie des Pharaonischen Ägypten, Mayence, Éditions Philipp von Zabern, , 244 p. (ISBN 3-8053-2310-7)
  2. a b et c Kim Steven Bardrum Ryholt, The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period, c.1800-1550 BC, Carsten Niebuhr Institute Publications, vol. 20. Copenhagen, Museum Tusculanum Press, 1997.
  3. Julien Siesse, Throne Names Patterns as a Clue for the Internal Chronology of the 13th to 17th Dynasties (Late Middle Kingdom and Second Intermediate Period), GM 246, 2015, p. 75-98.
  4. a et b Detlef Franke, Zur Chronologie des Mittleren Reiches (12.-18. Dynastie) Teil 1 : Die 12. Dynastie, in Orientalia 57 (1988)
  5. a et b [1] New arrangement of the 13th dynasty, on digital Egypt.
  6. a et b Darrell D. Baker, The Encyclopedia of the Pharaohs : Volume I : Predynastic to the Twentieth Dynasty 3300–1069 BC, Stacey International, , 587 p. (ISBN 978-1-905299-37-9), p. 457–458
  7. Jürgen von Beckerath, Untersuchungen zur politischen Geschichte der Zweiten Zwischenzeit in Ägypten, Glückstadt, 1964.
  8. Siesse 2019, p. 59-60
  9. Stephen Quirke, « In the Name of the King: on Late Middle Kingdom Cylinders », dans : Timelines, Studies in Honour of Manfred Bietak, Leuven, Paris, Dudley, MA. (ISBN 90-429-1730-X), p. 263-264.
  10. Siesse 2019, p. 65-66

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Julien Siesse, La XIIIe dynastie : Histoire de la fin du Moyen Empire égyptien, Paris, Sorbonne Université Presses, coll. « Passé Présent », (ISBN 9791023105674)

Liens externes[modifier | modifier le code]