Sault (Vaucluse) — Wikipédia

Sault
Sault (Vaucluse)
Vue générale du village.
Blason de Sault
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Département Vaucluse
Arrondissement Carpentras
Intercommunalité Communauté de communes Ventoux Sud
(siège)
Maire
Mandat
Claude Labro
2020-2026
Code postal 84390
Code commune 84123
Démographie
Gentilé Saltésiens, Saltésiennes
Population
municipale
1 354 hab. (2021 en diminution de 0,66 % par rapport à 2015)
Densité 12 hab./km2
Géographie
Coordonnées 44° 05′ 31″ nord, 5° 24′ 32″ est
Altitude 760 m
Min. 650 m
Max. 1 591 m
Superficie 111,15 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Commune hors attraction des villes
Élections
Départementales Canton de Pernes-les-Fontaines
Législatives Cinquième circonscription
Localisation
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Sault
Liens
Site web http://www.mairie-sault-84.fr

Sault [so] est une commune française située dans le département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Ses habitants sont appelés les Saltésiens.

Géographie[modifier | modifier le code]

Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap
Carte topographique
Carte avec les communes environnantes
Vue générale de la commune de Sault.

Bâtie en hémicycle, à 765 m d'altitude, sur une avancée rocheuse qui termine le plateau de Vaucluse à l'ouest et domine la vallée de la Nesque, Sault offre une bonne base d'excursions entre le Ventoux, les Baronnies et la montagne de Lure.

Le village se trouve à l'est du mont Ventoux et au nord-est des monts de Vaucluse. Il est posé sur un plateau calcaire en limite du plateau d'Albion, entre pierres, forêts (dont forêt du Défens, bois des Roumigières et bois des Fayettes) et champs de lavande.

Accès[modifier | modifier le code]

Du village partent et arrivent de nombreuses routes : les routes départementales 942 et 164 au nord, la route départementale 943 au sud, la route départementale 1 à l'ouest et les routes départementales 30 et 950 à l'est.

Relief et géologie[modifier | modifier le code]

Sault, une des communes du piémont du mont Ventoux.

Plateaux calcaires d'une altitude moyenne de 1 000 mètres.

Le point le plus haut est le col de la Frache à 1 575 mètres, au nord-ouest de la commune, sur les contreforts du mont Ventoux.

Grande variété géologique du Crétacé avec formation d'argiles oxydées[1].

Sault est la commune la plus étendue du Vaucluse : un peu plus de 11 000 hectares.

Sismicité[modifier | modifier le code]

À l'exception des cantons de Bonnieux, Apt, Cadenet, Cavaillon, et Pertuis classés en zone Ib (risque faible), tous les cantons du département de Vaucluse sont classés en zone Ia (risque très faible). Ce zonage correspond à une sismicité ne se traduisant qu'exceptionnellement par la destruction de bâtiments[2].

Hydrographie[modifier | modifier le code]

Le pont sur le Croc.

Au pied du village passe le Croc, qui se jette dans la Nesque. Source minérale sulfureuse de Fontbelle.

Au cours des années 1856-1860, un dénommé Carbonnel demanda l'autorisation d'exploiter une source d'eau minérale à Sault. Sa demande resta sans suite[3].

Climat[modifier | modifier le code]

En 2010, le climat de la commune est de type climat méditerranéen altéré, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[4]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est dans une zone de transition entre le climat de montagne et le climat méditerranéen et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 h/an), un été chaud (21,5 °C), un air très sec en été, sec en toutes saisons, des vents forts (fréquence de 40 à 50 % de vents > 5 m/s) et peu de brouillards[5].

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,2 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 910 mm, avec 6,9 jours de précipitations en janvier et 4 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Saint-Christol », sur la commune de Saint-Christol à 10 km à vol d'oiseau[6], est de 10,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 015,3 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 39,3 °C, atteinte le ; la température minimale est de −20,1 °C, atteinte le [Note 1],[7],[8].

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020[9]. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[10].

Urbanisme[modifier | modifier le code]

Typologie[modifier | modifier le code]

Sault est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[11],[12],[13]. La commune est en outre hors attraction des villes[14],[15].

Occupation des sols[modifier | modifier le code]

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (62,4 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (63,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (55,6 %), terres arables (22,7 %), zones agricoles hétérogènes (9,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (6,8 %), prairies (3,5 %), cultures permanentes (1,2 %), zones urbanisées (0,5 %)[16]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].

Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

Toponymie[modifier | modifier le code]

Attestée sous la forme Saltus — formation latine signifiant « région montagneuse et boisée » — en 859, et in Salto entre 1040 et 1044[17].

Histoire[modifier | modifier le code]

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

La localité apparaît pour la première fois dans les textes en 859 (Saltus). Le terme latin saltus désigne une région boisée et montagneuse, sauvage et non-cultivée[18].

Blason des Agoult, comtes de Sault, au château de Lourmarin.

La seigneurie de Sault appartenait aux d'Agoult, une des quatre grandes familles de Provence (Villeneuve, d'Agoult, et Castellane). Aux XIIe et XIIIe siècles, l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon y possédait l’église paroissiale et deux églises rurales (à Anjou et à La Loge), établissements dont elle percevait les revenus[19].

Pendant toute la période de division du comté de Provence, Sault constitue une enclave neutre entre le comté de Forcalquier, en amont, et le marquisat de Provence, côté Rhône[20].

Renaissance, le comté de Sault[modifier | modifier le code]

Une ordonnance du baron de Sault, datée du , fixa un marché hebdomadaire à Sault, tous les mercredis. En même temps, elle octroyait sept foires par an à la capitale de sa seigneurie, les , , , , le mercredi qui suit la Sexagésime, le lundi de la semaine de la Passion et le mercredi qui suit le [21],[22].

François d'Agoult (1528-1567), Gouverneur du Lyonnais, fut récompensé par le roi Charles IX qui érigea sa seigneurie de Sault en comté (1561)[23]. Son fils François d'Agoult (1558-1586), 2ᵉ comte de Sault lui succéda. À sa mort, en 1586, son épouse, Chrétienne d'Aguerre, devint la plus puissante veuve de Provence, la 2ᵉ comtesse de Sault[24]. Elle fut inhumée dans l'église paroissiale Saint-Sauveur (Notre-Dame de la Tour) de Sault en 1611[25], dans le caveau aux côtés de son mari et de ses enfants[26]. Longtemps, les intendants furent de la famille Morard (apparentée aux d'Agoult et aux Villeneuve), famille venant de Pertuis, originaire du Dauphiné.

Pendant les guerres de religion, les habitants protestants de Forcalquier tentèrent un assaut sur la ville, qui échoua, en 1575[27].

Période moderne[modifier | modifier le code]

Durant la Révolution, c’est à Sault que se crée la troisième société patriotique des Basses-Alpes. La ville et son canton sont rattachés au département de Vaucluse lors de sa création et à la demande des habitants, par arrêté du [28].

Le fut créé le département de Vaucluse, constitué des districts d'Avignon et de Carpentras, mais aussi de ceux d'Apt et d'Orange, qui appartenaient aux Bouches-du-Rhône, ainsi que du canton de Sault, qui appartenait aux Basses-Alpes.

Sur la place du château une inscription mentionne qu'un descendant de l'illustre famille provençale des Agoult, à laquelle avait appartenu la seigneurie de Sault, fut guillotiné le 28 avril 1794.

Ancienne industrie de la verrerie aux XVIIIe et XIXe siècles[1].

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Mémorial du maquis Ventoux à Sault.
Gisant du mémorial du maquis Ventoux à Sault.

Des opérations de parachutage d’armes sont organisées dans la région de Sault où plusieurs terrains ont été aménagés appelés la « Seigneurie », le « Ventilateur », le « Spitfire » ou encore le « Champlong ». Cette organisation du plateau de Sault figure d’ailleurs au musée militaire de Mont-Faron à Toulon, comme un exemple d’aménagement de terrains d’atterrissage et de parachutage pendant cette période[29].

Le commandant français Gonzague Corbin de la Mangoux, alias Amict, qui atterrit à Sault, le , fut impressionné par le dispositif mis en place par d'Artagnan[30] :

« Dans cette région, environ 1 000 maquisards étaient placés sous la direction du lieutenant-colonel Philippe Beyne, un ancien percepteur et officier de la 152e Infanterie de Colmar, qui, avec son adjoint Max Fischer, avait organisé le Maquis Ventoux, en groupes qui pouvaient être comptés parmi les mieux équipés et mieux entraînés du département de Vaucluse[30]. »

Attaque du maquis contre une colonne allemande, en 1944, à Saint-Jean ; Sault a reçu le la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil[31].

Héraldique[modifier | modifier le code]

Blason de Sault

Les armes peuvent se blasonner ainsi :

D'argent au loup ravissant d'azur, lampassé et armé de gueules.

Armoiries tirées des armes des d'Agoult[32].

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Budget et fiscalité 2015[modifier | modifier le code]

En 2015, le budget de la commune était constitué ainsi[33] :

  • total des produits de fonctionnement : 1 488 000 , soit 1 083  par habitant ;
  • total des charges de fonctionnement : 1 320 000 , soit 961  par habitant ;
  • total des ressources d'investissement : 547 000 , soit 398  par habitant ;
  • total des emplois d'investissement : 631 000 , soit 386  par habitant ;
  • endettement : 1 657 000 , soit 1 206  par habitant.

Avec les taux de fiscalité suivants :

  • taxe d'habitation : 11,96 % ;
  • taxe foncière sur les propriétés bâties : 13,74 % ;
  • taxe foncière sur les propriétés non bâties : 61,49 % ;
  • taxe additionnelle à la taxe foncière sur les propriétés non bâties : 0,00 % ;
  • cotisation foncière des entreprises : 0,00 %.

Liste des maires[modifier | modifier le code]

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
mars 2001 2014 André Faraud PS Vice-Président du Conseil général
mars 2014 En cours Claude Labro PS Retraité

Démographie[modifier | modifier le code]

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[34]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[35].

En 2021, la commune comptait 1 354 habitants[Note 3], en diminution de 0,66 % par rapport à 2015 (Vaucluse : +1,26 %, France hors Mayotte : +1,84 %).

Évolution de la population  [ modifier ]
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
2 5812 5902 6142 7332 7702 8872 7302 7982 851
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
2 7602 6742 6362 5632 5332 4092 3532 0892 030
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
1 9611 8871 7821 4241 4201 3481 3061 2621 174
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2012
1 1601 3201 2301 2311 2061 1711 2851 3011 352
2017 2021 - - - - - - -
1 3811 354-------
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[36] puis Insee à partir de 2006[37].)
Histogramme de l'évolution démographique

Économie[modifier | modifier le code]

Il s'agit avant tout d'une activité agricole de montagne : production de lavande, de lavandin, de petit épeautre (ou engrain), de miel et de leurs produits dérivés. Coopérative des producteurs de lavande du pays de Sault avec expo-vente et distillerie, coopérative céréalière[38],[39],[40] et exploitation forestière[1].

L'élevage ovin ou porcin tient aussi une place importante. Les premières estimations précises ne datent pourtant que du XIXe siècle. Le nombre d'ovins est alors estimé à 30 000 têtes. Ce cheptel subdivisé en petits troupeaux, ou trenteniers, est placé sous la garde de jeunes bergers dont un bon nombre sont issus des hospices d'Avignon et de Carpentras[a 1]. Déjà les agneaux de la race locale « Préalpes du Sud » sont vendus aux foires annuelles de Sault[a 1]. Un net recul de cet élevage va résulter de la politique de reboisement qui va affecter la zone de pâturage à partir de 1 000 mètres d'altitude. Entre 1866 et 1929, ce sont la moitié des troupeaux qui disparaissent sur le versant Sud et le versant Nord n'a plus qu'un tiers à un quart de son cheptel initial[a 2]. En 1970, on comptabilise encore 6 000 ovins disséminés en 70 troupeaux. En l'an 2000, le chiffre est resté identique, mais avec seulement 28 troupeaux répartis sur les communes de Monieux, Sault, Aurel, Montbrun et Bédoin. À ce chiffre s'ajoute l'estive qui fait monter sur les pâturages du Ventoux entre 800 à 1 000 têtes en provenance de Sarrians et de Jonquières[a 2].

Le porc du Ventoux est un label de qualité, créé en 1998, regroupant les éleveurs porcins en plein air autour du Mont Ventoux. Les porcins de cette filière sont élevés en plein air, à une altitude de 800 à 1 000 m. La zone de production est située à l'est de Sault (zone de 50 km), dans les monts de Vaucluse, au sud du mont Ventoux[41]. Les animaux disposent d'un espace plein champ, d'environ 100 à 110 m2 par individu. Ils sont nourris par une alimentation variée, à plus de 70 % composée de céréales, complétée par des légumineuses. L'utilisation de produits facteurs de croissances, ou de produits d'origine animale est interdite par la charte de production de la filière.

La mise en valeur des produits du terroir et de l'environnement développe le tourisme, avec par exemple : la Fête de la Lavande qui se déroule tous les ans le .

La proximité du mont Ventoux, de la montagne de Lure, et des gorges de la Nesque a développé un tourisme vert qui prend de plus en plus d'importance dans l'économie locale et bénéficie d'aménagements récents avec entre autres un office de tourisme de la région de Sault et un camping.

Le développement du tourisme local doit aussi beaucoup au nougat André Boyer, dont la renommée a désormais dépassé les frontières du pays. Les macarons sont également réputés.

Une base militaire, à Saint-Christol sur le plateau d'Albion, est importante pour l'économie du village. Cette base était une composante de la force de dissuasion nucléaire française, elle abritait 18 missiles SSBS. Démantelée en 1998,ce site est "dénucléarisé". Le 2e REG y est installé depuis 1999.

Vie locale[modifier | modifier le code]

Le pittoresque marché de Sault, se tient le mercredi. Il a été créé en 1515 par ordonnance du baron de Sault.

Enseignement[modifier | modifier le code]

L'école située rue de la Résistance est une école primaire et maternelle. Le hameau de Saint-Jean de Sault avait autrefois sa propre école, fermée par manque d'effectif et regroupement.

Le collège du Pays-de-Sault dessert les communes du plateau et de ses environs. Environ 175 enfants sont scolarisés dans cet établissement.

Sports[modifier | modifier le code]

Stades, Hippodrome de Deffends[42], piscine, tennis.

Nombreux chemins de randonnées pédestres dont passage des GR4, GR9, GR92.

Parapente, stand de tir, VTT, chasse, spéléologie...

Environnement[modifier | modifier le code]

Cette commune fait partie de la réserve de biosphère du mont Ventoux, label attribué par l'UNESCO à 34 communes du massif depuis 1990. Plus récemment, elle est également concernée par le projet de parc naturel régional du Mont-Ventoux.

La protection et mise en valeur de l'environnement fait partie des compétences de la communauté de communes Ventoux Sud.

Lieux et monuments[modifier | modifier le code]

Habitat perché[modifier | modifier le code]

Vue de Sault sur son éperon rocheux.

Ce type d'habitat est considéré comme typiquement provençal, il est surtout typiquement méditerranéen. Ces villages sis sur leur « acropole rocheuse », qui ont gardé leur aspect médiéval, forment par l'orientation des façades de leurs maisons - vers la vallée ou la voie de communication - un véritable front de fortification[43].

Fernand Benoit souligne leur origine quelques fois préhistorique en signalant que Cicéron, à propos des Ligures qui peuplaient la région, les dénomme castellani, c'est-à-dire habitants des castellas (Brutus, LXXIII, 256)[43].

Le parcellaire agricole de Sault.

Ces villages perchés se trouvent dans essentiellement dans les zones collinaires dont le terroir est pauvre en alluvions et où l'eau est rare. Ce qui est le cas général en Provence[44].

De plus, ce groupement en communauté refermée sur elle-même correspond à des régions de petites propriétés, où les seules terres fertiles se situent au fond de quelques vallons, et ce regroupement a facilité l'existence d'un artisanat rural indispensable aux villageois (charron, forgeron, etc.). À contrario, l'habitat dispersé implique de grands domaines qui tendent à vivre en autarcie. D'où la loi émise par Fernand Benoit « La misère groupe l'habitat, l'aisance le disperse »[44].

Urbanisme intra-muros[modifier | modifier le code]

Maisons en hauteur
Maison en hauteur construite dans les vestiges de l'ancien château des Agoult.
Maison en hauteur du XVIe, près de l'église.

Fernand Benoit explique que « son originalité consiste à placer les bêtes en bas, les hommes au-dessus ». Effectivement, ce type d'habitation, qui se retrouve essentiellement dans un village, superpose sous un même toit, suivant une tradition méditerranéenne, le logement des humains à celui des bêtes. La maison en hauteur se subdivise en une étable-remise au rez-de-chaussée, un logement sur un ou deux étages, un grenier dans les combles. Elle était le type de maison réservée aux paysans villageois qui n'avaient que peu de bétail à loger, étant impossible dans un local aussi exigu de faire tenir des chevaux et un attelage[45].

Ces maisons datent pour la plupart du XVIe siècle, période où les guerres de religion imposèrent de se retrancher derrière les fortifications du village. Celles-ci finies, il y eut un mouvement de sortie pour établir dans la périphérie de l'agglomération des « maisons à terre », plus aptes à recevoir des bâtiments annexes[46].

Maison en hauteur avec balcon, l'entrée est sur l'autre façade.

En effet, ce type d'habitation, regroupant gens et bêtes dans un village, ne pouvait que rester figé, toute extension lui étant interdite sauf en hauteur. Leur architecture est donc caractéristique : une façade étroite à une ou deux fenêtres, et une élévation ne pouvant dépasser quatre à cinq étages, grenier compris avec sa poulie extérieure pour hisser le fourrage. Actuellement[Quand ?], les seules transformations possibles - ces maisons ayant perdu leur statut agricole - sont d'installer un garage au rez-de-chaussée et de créer de nouvelles chambres au grenier[47]. Pour celles qui ont été restaurées avec goût, on accède toujours à l'étage d'habitation par un escalier accolé à la façade[46].

La présence de terrasse ou balcon était une constante. La terrasse servait, en priorité, au séchage des fruits et légumes suspendus à un fil de fer. Elle était appelée trihard quand elle accueillait une treille qui recouvrait une pergola rustique. Quand elle formait loggia, des colonnettes soutenant un auvent recouvert de tuiles, elle était nommée galarié ou souleriè[48].

Maisons à tour
Maison à tour dans le bas de la ville.
Tour de l'ancien château des Agoult aménagée en maison en hauteur.

C'est le style des grandes maisons seigneuriales qui va traverser les siècles même après la Renaissance. Généralement, il s'agit de bâtisses isolées, avec ou sans cour intérieure, dont la façade est flanquée de deux tours ou qui est protégée par quatre tours d'angle[49].

Leur particularité, à Sault, c'est de se retrouver soit à l'intérieur, soit à la périphérie de l'agglomération. La fortification des maisons est une pratique fort ancienne. Elle se retrouve, dès le haut Moyen Âge, avec le castellum dont celles de Provence reprennent le plan avec ses tours d'angle. C'est un héritage romain puisque nombre de villæ rusticæ furent protégées par des tours[49].

Urbanisme extra-muros[modifier | modifier le code]

Maison à terre
Grande bastide du type maison à terre à proximité de Sault.

Compartimenté dans le sens de la longueur, ce type de maison représente un stade d'évolution plus avancé que la « maison en hauteur ». Il est caractéristique de l'habitat dispersé qui se retrouve dans des pays de « riche culture », la lavande en fut une[50].

Ce type de maison est divisé en deux parties très distinctes dans le sens de la longueur. Le rez-de-chaussée est occupé par une salle commune dans laquelle est intégrée la cuisine. Très souvent se trouve à l'arrière un cellier contenant la réserve de vin et une chambre. Un étroit couloir, qui permet d'accéder à l'étage, sépare cet ensemble de la seconde partie réservée aux bêtes. Celle-ci se compose, dans la plupart des cas, d'une remise qui peut servir d'écurie et d'une étable. L'étage est réservé aux chambres et au grenier à foin qui correspond par une trombe avec l'étable et l'écurie[50].

À cet ensemble, s'ajoutaient des annexes. Une des principales était la tour du pigeonnier, mais la maison se prolongeait aussi d'une soue à cochons, d'une lapinière, d'un poulailler et d'une bergerie[50].

Alors qu'aucune maison en hauteur ne disposait de lieu d'aisance, même en ville, la maison à terre permet d'installer ces « lieux » à l'extérieur de l'habitation. Jusqu'au milieu du XXe siècle, c'était un simple abri en planches recouvert de roseaux (canisse) dont l'évacuation se faisait directement sur la fosse à purin ou sur le fumier[50].

La construction d'un tel ensemble étant étalée dans le temps, il n'y avait aucune conception architecturale préétablie. Chaque propriétaire agissait selon ses nécessités et dans l'ordre de ses priorités. Ce qui permet de voir aujourd'hui l'hétérogénéité de chaque ensemble où les toitures de chaque bâtiment se chevauchent généralement en dégradé[51].

Chaque maison se personnalisait aussi par son aménagement extérieur. Il y avait pourtant deux constantes. La première était la nécessité d'une treille toujours installée pour protéger l'entrée. Son feuillage filtrait les rayons de soleil l'été, et dès l'automne la chute des feuilles permettait une plus grande luminosité dans la salle commune. La seconde était le puits toujours situé à proximité. Il était soit recouvert d'une construction de pierres sèches en encorbellement qui se fermait par une porte de bois, soit surmonté par deux piliers soutenant un linteau où était accrochée une poulie permettant de faire descendre un seau. L'approvisionnement en eau était très souvent complété par une citerne qui recueillait les eaux de pluie de la toiture[51].

Le pigeonnier devint, après la Révolution la partie emblématique de ce type d'habitat puisque sa construction signifiait la fin des droits seigneuriaux, celui-ci étant jusqu'alors réservé aux seules maisons nobles. Il était soit directement accolé à la maison, mais aussi indépendant d'elle. Toujours de dimension considérable, puisqu'il était censé ennoblir l'habitat, il s'élevait sur deux étages, le dernier étant seul réservé aux pigeons. Pour protéger ceux-ci d'une invasion de rongeurs, son accès était toujours protégé par un revêtement de carreaux vernissés qui les empêchait d'accéder à l'intérieur[50].

Cabanon
Cabanon en bordure de champ.
Champ de lavande et son cabanon.

L'existence de cette « maisonnette des champs » est toujours liée à une activité agricole qui contraint le paysan à rester éloigné de sa résidence habituelle[52].

Pour le paysan sédentaire, c'est l'éloignement de ses cultures qui impose un habitat aménagé à même son champ. Le cabanon sert à entreposer outillage, matériel à traiter et produits de traitement. C'est de plus un véritable habitat saisonnier qui est utilisé lors des travaux de longue durée[52].

Ces cabanons, qui se trouvent à l'orée ou au centre du champ, avaient aussi un rôle d'affirmation sociale pour le paysan. Ils étaient considérés comme « le signe de la propriété sur une terre qu'il entendait distinguer du communal »[52].

Sites[modifier | modifier le code]

Le secteur est apprécié des spéléologues pour ces nombreux avens : Trou de l'Ermite à l'est, au sud, avens de Bouffard, de la Meynière, des Cougnoux et de Jean Nouveau.

Église Notre-Dame-de-la-Tour.
Devanture d'une ancienne échoppe sur la place du Château.

Personnalités liées à la commune[modifier | modifier le code]

  • Pierre de Courtois, (1878-1946), Avocat, Conseiller Général des Basses-Alpes (1910- ?), Sénateur des Basses-Alpes (1930-1945), Maire de Banon (1919-1942). Avenue Pierre de Courtois en son honneur à Banon. Pierre de Courtois était Chevalier de la Légion d’honneur.
  • Pierre de Courtois, (1539), Notaire de Sault.
  • François de Bonne de Créqui, lieutenant général du Dauphiné, comte de Sault. En hommage à ce titre, la ville de Grenoble donnera le nom de Sault à une rue.
  • Les Agoult, famille de la noblesse provençale. La journaliste et écrivain Claire de Charnacé (1830-1912), fille de Marie d'Agoult, avait comme nom de plume C. de Sault.
  • Alain Goma, né à Sault en 1972, ancien joueur de football professionnel.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les records sont établis sur la période du au .
  2. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
  3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.

Cartes[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]

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  3. Inventaire des dossiers relatifs aux demandes de déclaration d'intérêt public, Répertoire numérique détaillé par Martine Illaire, Conservateur en chef, Section sources d'eaux minérales, Ministère des Travaux Publics, 2002.
  4. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501,‎ (DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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  38. « maison, puis coopérative agricole (coopérative d'approvisionnement) », notice no IA84000799, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  39. « coopérative agricole (coopérative céréalière) », notice no IA84000804, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  40. « coopérative agricole (coopérative céréalière) », notice no IA84000803, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  41. Zone d'élevage du prc du Ventoux
  42. hippodrome de Sault
  43. a et b Fernand Benoit, op. cit., p. 43.[réf. non conforme]
  44. a et b Fernand Benoit, op. cit., p. 44.
  45. Fernand Benoit, op. cit., p. 48.
  46. a et b Fernand Benoit, op. cit., p. 49.
  47. Fernand Benoit, op. cit., p. 50.
  48. Fernand Benoit, op. cit., p. 51.
  49. a et b Fernand Benoit, op. cit., p. 61.
  50. a b c d et e Fernand Benoit, op. cit., p. 55.
  51. a et b Fernand Benoit, op. cit., p. 56.
  52. a b et c Fernand Benoit, op. cit., p. 69.
  53. Fiche du torrent la Croc sur le site du Sandre
  54. « Église paroissiale Notre-Dame-de-la-Tour », notice no PA00082160, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  55. Monument aux morts de Sault
  56. Monument aux Morts, Monument aux Morts 1914-1918, Stèle commémorative

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]