Samoan — Wikipédia

Samoan
Gagana Sāmoa
Pays Samoa, Samoa américaines
Nombre de locuteurs env. 370 000
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau des Samoa Samoa
Drapeau des Samoa américaines Samoa américaines (États-Unis)
Codes de langue
IETF sm
ISO 639-1 sm
ISO 639-2 smo
ISO 639-3 smo
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 39-CAO-a
WALS sam
Glottolog samo1305
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

Mataupu 1

O tagata soifua uma ua saoloto lo latou fananau mai, ma e tutusa o latou tulaga aloaia faapea a latou aia tatau. Ua faaeeina atu i a latou le mafaufau lelei ma le loto fuatiaifo ma e tatau ona faatino le agaga faauso i le va o le tasi i le isi.

Le samoan (autonyme : Gagana faʻa Sāmoa ou Gagana Sāmoa, /ŋaˈŋana ˈsaːmoa/) est une langue polynésienne parlée aux Samoa occidentales et Samoa américaines. C'est une langue officielle dans les deux pays, avec l'anglais. Il est parlé dans d'autres territoires polynésiens, notamment les Tokelau (Nouvelle-Zélande). C'est la langue maternelle de 300 000 personnes.

Classification[modifier | modifier le code]

Séparation du proto-polynésien. Le samoan appartient au groupe polynésien nucléaire, et au sous-groupe éllicéen avec le tokelau et le tuvaluan.

Le samoan est une langue polynésienne, dans la famille des langues austronésiennes. Elle est proche des autres langues polynésiennes (futunien, tuvaluan, tokelau en particulier) et plus lointainement apparentée au fidjien, et encore plus éloignée du malais, de l'indonésien, du malgache.

Le samoan est issu du proto-polynésien, langue commune aux îles de Futuna, Wallis, Samoa, Tonga, NIue, Niuafo'ou et Niuatoputapu. Vers 900, ce proto-polynésien s'est séparé en deux groupes distincts : le groupe tongique d'un côté, et le groupe polynésien nucléaire, dont le samoan fait partie.

Une branche samoïque des langues polynésiennes a été proposée par Pawley[1] et Green[2] (1966), qui serait à l'origine du samoan, du wallisien, du futunien et des langues parlées dans les exclaves polynésiennes. Néanmoins, cette branche a été remise en question par Jeffrey Marck (1999)[3]. Pour lui, le samoan fait partie des langues élicéennes[Note 1], avec le tuvaluan et le tokelau. Ces langues ont ensuite donné naissances aux langues de Polynésie orientale (maori, tahitien, hawaïen, etc.)[4].

Écriture[modifier | modifier le code]

Texte en samoan dans le Parc national des Samoa américaines.

Le samoan s'écrit à l'aide d'une forme adaptée de l'alphabet latin. L'alphabet samoan se compose de quatorze lettres : cinq voyelles — a, e, i, o, u — et neuf consonnes — f, g, l, m, n, p, s, t, v. Elle possède en outre un signe dit okina qui ressemble à notre apostrophe et qui marque le coup de glotte. Les consonnes h, k, r sont utilisées dans les mots étrangers naturalisés.

Aa, Āā Ee, Ēē Ii, Īī Oo, Ōō Uu, Ūū Ff Gg Ll Mm Nn Pp Ss Tt Vv (Hh) (Kk) (Rr)
/a/, /aː/ /ɛ/, /eː/ /iː/ /o/, /ɔː/ /ʊ/, /uː/ /f/ /ŋ/ /l, ɾ/ /m/ /n, ŋ/ /p/ /s/ /t, k/ /v/ (/h/) (/k/) (/ɾ/) /ʔ/

L'ordre alphabétique est différent de celui de l'alphabet latin traditionnel : les voyelles sont avant les consonnes. La dernière lettre (à ne pas confondre avec une apostrophe), appelée koma liliu en samoan (ou okina en hawaïen) (« séparateur ») sert à marquer un coup de glotte.

L'écriture emploie également le macron (fa'amamafa) sur les voyelles (ā, ē, ī, ō, ū), qui sert à marquer les voyelles longues.

Prononciation[modifier | modifier le code]

Un locuteur du samoan.

Voyelles[modifier | modifier le code]

Chaque voyelle peut être courte ou allongée ; l’allongement vocalique est noté dans la graphie recommandée par un macron appelé fa'amamafa : ā, ē, ī, ō, ū. Il est cependant courant de les trouver aussi notées par doublement de la voyelle dans nombre de textes dont le codage ne supporte pas la transcription du macron.

La longueur vocalique et la présence ou non d'une glottale permet de distinguer les mots entre eux :

ʻava - l'ava, espèce de poivrier ; ava - passage par un récif ; avā - épouse

Consonnes[modifier | modifier le code]

Les consonnes sont prononcées comme en français, à part le g (/ŋ/), qui a toujours un son nasal et se prononce comme ng (nasale vélaire) — à peu près le son de l'ng français, quand il est précédé d'un a ou d'un o, comme dans 'gangrène' — ; 'loga', dans iloga, se prononce comme longa dans longanimité.

Grammaire[modifier | modifier le code]

Les pronoms[modifier | modifier le code]

Le samoan ne distingue pas le genre. Il distingue entre nous inclusif et nous exclusif. Les pronoms personnels définis sont :

Singulier Pluriel
1er ou, ita, ta, au - je ou moi māua - nous deux, exclusivement, c'est-à-dire non comprise la personne à qui l'on parle; tāua - nous deux, inclusivement

mātou - nous, exclusivement, c'est-à-dire non comprise la personne à qui l'on parle; tātou - nous, inclusivement

2e pers ʻo ʻoe, ʻoe - tu ou toi tou, ʻoutou - vous
3e pers ʻo ia, ia, ina, na (contracté de ina) - lui ou elle, le latou - eux, elles

Article[modifier | modifier le code]

Il y a deux articles : le défini et l'indéfini.

L'article défini[modifier | modifier le code]

L'article défini est le (prononcé ). Quand il est en début de phrase, il est précédé de o, mais on retranche cet o quand l'article se trouve au milieu ou à la fin de la phrase. Par exemple : O le ali'i ua alu i Apia. Le chef est allé à Apia.

  • La déclinaison de l'article défini.
samoan français
Nominatif ou Accusatif ʻO le, e le le, la
Génitif ʻO le, a le du, de la
Datif I le... au, à la

L'article indéfini[modifier | modifier le code]

L'article indéfini est se (un, une) ; sina (de, du, quelque), ni (des), nisi (quelques).

Par exemple;

  • Apportez-moi un couteau : Aumai se naifi ; Apportez-moi de la nourriture : Aumai sina ta mea e ʻai
  • Apportez-moi des couteaux : Aumai ni naifi ; Y en a-t-il quelques-uns qui soient partis? : Pe ua o nisi?

Les noms des royaumes, de provinces, de fleuves, de rivières qui prennent l'article défini en français sont mis en samoan dans la classe des noms propres de personnes et en suivent la règle, c'est-à-dire, ils ne prennent pas d'article.

Par exemple : la France : ʻO Falani ; L'Allemagne : ʻO Siamani

  • La déclinaison de l'article indéfini.
samoan français
Nominatif ou Accusatif ʻO se, e se un, une
Génitif ʻO se, a se d'un, d'une
Datif I se... à un, à une

Nombre grammatical[modifier | modifier le code]

On distingue en samoan, en plus du singulier et du pluriel, le duel. En samoan, un nom s'écrit au pluriel comme au singulier ;

  • O le tagata nei : cet homme.
  • O tagata nei : ces hommes.

On distingue le pluriel du singulier dans les noms par le retranchement de l'article le, qui précède toujours le singulier et qui ne se trouve jamais devant le pluriel.

  • Ua leaga ala : Les chemins sont mauvais.
  • Ua leaga le ala : Le chemin est mauvais.

Syntaxe[modifier | modifier le code]

Le samoan utilisent plusieurs ordres de mots selon le type de construction avec sujet-verbe-objet. Les ordres les plus communs utilisés sont SVO, VSO, VOS ou OVS.

  • Par exemple :
    • Le garçon est allé au magasin (SVO).
  • En samoan :
    • SVO : Le tama sa alu i le fale : Le tama (sujet) sa alu (verbe) fale (objet).
    • VSO : Sa alu le tama i le fale.
    • VOS : Sa alu i le fale le tama.
    • OVS : Le fale sa alu i ai le tama.

Vocabulaire[modifier | modifier le code]

Influence des langues européennes[modifier | modifier le code]

La présence allemande à Samoa a laissé peu de trace dans la langue samoane : seulement quelques mots allemands ont intégré la langue. À l'inverse, l'anglais a eu une influence extrêmement forte[5] : depuis l'arrivée des missionnaires dans l'archipel en 1830, des centaines de mots anglais ont été empruntés.

Phrases usuelles[modifier | modifier le code]

samoan français
Fa'afalani Français
Gagana Samoa ou Fa'asamoa Samoan
’Ioe Oui
Leai Non
Talofa Bonjour ! / Salut !
Tofā! Au revoir !
Manuia le aso! Bonne journée !
Fa'amolemole S’il vous plaît.
Fa'afetai Merci
’O ai? Qui ?
’O le ā? Quoi ?
Ā fea? Quand ?
’I fea? Où ?
’Ai se ā? Pourquoi ?
’O ai lou suafa? (formel) ou ’O ai lou igoa? (informel) Comment vous appelez-vous ? / Comment t’appelles-tu ?
E fia? Combien ?
’Ou te lē malamalama. Je ne comprends pas.
’Ioe, 'ou te malamalama. Oui, je comprends.
’Ia lelei! D’accord!
Fa'amolemole, e mafai na 'e fesoasoani mai 'ia te a'u? Pouvez-vous m’aider s’il vous plaît ?
’O fea o iai le faleuila? Où sont les toilettes ?
E te iloa gagu fa'apalagi? Parlez-vous anglais ?
’Ou te lē iloa tautala fa'asamoa. Je ne parle pas samoan.
’Ou te lē iloa. Je ne sais pas.
’Ou te iloa. Je sais.
Fia inu. J’ai soif.
Fia 'ai. J’ai faim.
’O a mai 'oe? Comment allez-vous? / Ça va?
Manuia, fa'afetai (littéralement - Je vais bien, merci.) Je vais (très) bien. / Ça va (très) bien.

Exemples[modifier | modifier le code]

Mot Traduction Prononciation standard
terre fanua
ciel lagi
eau vai
feu afi
homme tāne
femme fafine
manger ai
boire inu
grand telē
petit la'itiiti
nuit po
jour aso
maison fale
télévision tivī ou televise

Nombres cardinaux[modifier | modifier le code]

Valeur Traduction Nom
1 tasi un
2 lua deux
3 tolu trois
4 fa quatre
5 lima cinq
6 ono six
7 fitu sept
8 valu huit
9 iva neuf
10 sefulu dix
11 sefulu ma le tasi onze
12 sefulu ma le lua douze
20 luafulu ou lua sefulu vingt
30 tolugafulu ou tolu sefulu trente
40 fagafulu ou fa sefulu quarante
50 limagafulu ou lima sefulu cinquante
60 onogafulu ou ono sefulu soixante
70 fitugafulu ou fitu sefulu soixante-dix
80 valugafulu ou valu sefulu quatre-vingts
90 ivagafulu ou iva sefulu quatre-vingt-dix
100 selau cent
1000 afe mille
10,000 mano ou sefulu afe dix-mille
1.000.000 miliona un million

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les îles Ellice sont l'ancien nom des Tuvalu.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Andrew Pawley, « Polynesian Languages: A Subgrouping Based on Shared Innovations in Morphology », Journal of the Polynesian Society, vol. 75, no 1,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Roger Green, « Linguistic subgrouping within Polynesia: the implications for prehistoric settlement », Journal of the Polynesian Society, vol. 75, no 1,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Jeffrey Marck, « Revising Polynesian linguistic subgrouping and its culture history implications », in Roger Blench and Matthew Springs (eds), Archaeology and Language IV. Language change and cultural transformation, Routledge,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Jeffrey Marck, Topics in Polynesian language and culture history, Canberra, Pacific Linguistics, , 282 p. (lire en ligne), p. 129
  5. (en) Claire Moyse-Faurie, « Borrowings from Romance languages in Oceanic languages », dans Thomas Stolz, Dik Bakker, Rosa Salas Palomo, Aspects of Language Contact: New Theoretical, Methodological and Empirical Findings with Special Focus on Romancisation Processes, Walter de Gruyter, , 485 p. (ISBN 9783110195842, lire en ligne), p. 325

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • [1] Dictionnaire samoa-français-anglais et français-samoa-anglais (1879) Freelang
  • "A grammar and dictionary of the samoan language, with english and samoan vocabulary", Réverend George Pratt (1882), R.McMillan, Papakura, New Zealand, (serveur : New Zealand electronic text center). Description classique mais assez complète.