Saint-Esprit (Pyrénées-Atlantiques) — Wikipédia

Saint-Esprit
Saint-Esprit (Pyrénées-Atlantiques)
Le quartier Saint-Esprit
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Pyrénées-Atlantiques
Commune Bayonne
Géographie
Coordonnées 43° 29′ 37″ nord, 1° 27′ 50″ ouest
Site(s) touristique(s) Église Saint-Esprit
Place de la République et de l'église Saint-Esprit
Gare de Bayonne
Citadelle de Bayonne
Synagogue de Bayonne
Localisation
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Saint-Esprit
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Atlantiques
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Saint-Esprit

Saint-Esprit est un quartier de Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques. En 1792, le quartier de Saint-Esprit est séparé de la ville et, sous le nom de Jean-Jacques Rousseau, constitue une commune du département des Landes. En 1857, la commune change de département pour être intégrée à Bayonne.

Géographie[modifier | modifier le code]

Saint-Esprit est actuellement une partie de Bayonne située sur la rive droite de l'Adour.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Attestations anciennes[modifier | modifier le code]

Le village s'est appelé Saint-Esprit-lès-Bayonne[réf. nécessaire]. Il a porté le nom révolutionnaire de Jean-Jacques Rousseau puis celui de Saint-Esprit, mentionné en 1793 et 1801 (le Bulletin des lois mentionne Saint-Esprit et faubourg)[1].

Son nom original en gascon est Sant Esperit, attesté sous sa forme longue L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont depuis le XIIe siècle et la construction d'un prieuré puis d'un hôpital[2]. En gascon cela s'écrit : Sant Esperit deu cap deu pont (autrement dit "Saint-Esprit du bout du pont")[réf. nécessaire].

Saint-Esprit ne dispose pas de forme normalisée en basque par l'Académie de la langue basque[3]. Toutefois, le dictionnaire Nola Erran de l'Office public de la langue basque propose la forme Santizpirita[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Ce village, créé au XIIe siècle, constituait autrefois une commune autonome, appelée Saint-Esprit-lès-Bayonne, rattachée à l'arrondissement de Dax, dans les Landes[n 1].

Les premiers occupants du village furent les moines de l'ordre hospitalier du Saint-Esprit qui ouvrirent un hospice sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle d'où le nom du quartier. Cet hospice était une étape importante avant l'ascension des Pyrénées. En , Louis XI confirma sa protection royale par ses lettres patentes[5].

C'est aussi le quartier où s'installèrent les juifs séfarades espagnols ou portugais qui fuyaient l'Inquisition à la fin du XVe siècle et au XVIe siècle (voir histoire des Juifs dits portugais en France). La population juive à Saint-Esprit est estimée à 2 500 individus environ en 1787[6].

Ces immigrés juifs espagnols et portugais apportèrent avec eux, entre autres, l'art de faire le chocolat. En 1615, la France découvrit le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage de l'infante espagnole Anne d'Autriche avec Louis XIII. Bayonne est ainsi une ville connue aujourd'hui encore pour ses chocolats de qualité. Ces familles juives d'origines espagnole ou portugaise seront considérées comme citoyennes après la Révolution. Beaucoup de leurs membres étaient des apothicaires, des médecins, des armateurs ou des négociants qui s'intégrèrent à la population bayonnaise.

En 1792, le quartier de Saint-Esprit est séparé de la ville et renommé Jean-Jacques Rousseau. Il ne revient dans le giron de Bayonne que le [7]. Pendant 65 ans, la commune autonome dépendait du département des Landes.

En 1793 ou an II, Saint-Esprit est chef-lieu du canton éponyme, et le restera jusqu'à son intégration dans Bayonne en 1857 (canton de Baïonne Nord-Est).

En 1852, la corrida acquiert droit de cité en France lorsque Eugénie de Montijo assiste à « Saint-Esprit-lès-Bayonne », alors commune autonome des Landes, à une course de taureaux « corsée à l'espagnole » par la mise à mort de l'animal. Les 21, 22 et [8], des corridas s'y déroulent à nouveau, cette fois-ci en présence du couple impérial[9]. Ces évènements valent aujourd'hui à Bayonne le titre de « Plus vieille place taurine de France »[10].


Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la population
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
4 5094 7634 9465 2835 8955 9977 3247 7586 819
1856 - - - - - - - -
7 039--------
(Sources : projet Cassini de l'EHESS[1].)

Culture et patrimoine[modifier | modifier le code]

Lieux et monuments[modifier | modifier le code]

On trouve dans ce quartier de Bayonne :

  • l'église Saint-Esprit[11], édifiée sur les bases d'un prieuré roman dont quelques éléments subsistent dans l'édifice actuel. Cette église est élevée au rang de collégiale par Louis XI à la fin du XVe siècle. Les très belles voutes gothiques du chœur ornées d'entrelacs et de médaillons propres au style flamboyant datent de cette époque[12]. L'église contient des reliques de Sainte-Irène. Elle recèle également un groupe sculpté dit l'âne de saint Bernard[13] classé par les Monuments historiques ;
  • la place de la République et de l'église Saint-Esprit ;
  • la gare de Bayonne ;
  • la citadelle[14] édifiée par Vauban datant du XVIIe siècle ;
  • la synagogue de Bayonne[15], datant de 1837, due à l'architecte Laurent Capdeville et à Edmond Faulat ;
  • le pont Saint-Esprit, datant de 1849 (cité dans la chanson populaire Les fêtes de Bayonne) ;
  • le DIDAM - espace d'expositions d'art contemporain, dont la photographie, sur la rive nord de l'Adour, quai de Lesseps[16] ;
  • le cinéma L'Atalante (ex-cinéma Saint-Esprit créé en 1913, puis Vox, puis Utopia, et enfin L'Atalante).

Personnalités liées[modifier | modifier le code]

  • Auguste Andrade (1793-1843), chanteur et compositeur français, né à Saint-Esprit.
  • Augustin Chaho (1811-1858), écrivain, périodiste, indianiste, philologue et homme politique basque français de langue basque et française, considéré comme un précurseur du nationalisme basque, un pionnier du laïcisme et du républicanisme au Pays basque et auteur d'un énorme travail, presque en solitaire, en faveur de la langue basque et de la culture basque. Il s'installe en 1844 à Bayonne, où il devient conseiller municipal, puis est élu conseiller général du canton de Tardets. En 1846 il est membre de la loge maçonnique La Parfaite Union de Saint-Esprit. Il s'impose à la tête de la Révolution de 1848 à Bayonne. Après la prise du pouvoir par les bonapartistes, il s'exile momentanément à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, avant de revenir à Bayonne, où il meurt.
  • Le cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage, fondateur des « Pères blancs » et des « Sœurs blanches », naît en 1825 à Huire, en Saint-Esprit, qui est encore une commune des Landes. Il vit à Huire ses huit ou dix premières années, avant d'aller habiter à Saint-Étienne-d'Arribe-Labourd, paroisse du nord de la commune[17].
  • Esther Brandeau, la première personne juive connue à poser le pied, en 1738, sur le sol du Canada, appelé à l'époque Nouvelle-France, est née à Saint-Esprit en 1718[18],
  • Paulus (1845-1908), chanteur français né à Saint-Esprit.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Voir le cadastre napoléonien de la commune de Saint-Esprit : M Lobgeois, « Tableau d'assemblage de la commune de Saint-Esprit », sur Archives départementales des Landes, (consulté le )

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Saint-Esprit », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  2. Le faubourg Saint-Esprit, dit aussi Saint-Esprit-du-Cap-de-Pont, naquit de la construction du pont sur l'Adour. Dès 1120 probablement, un prieuré y fut fondé qui s'adjoignit un hôpital, ‘L'espitau de Sant-esperit-dou-cap-dou-Pont’, affec té aux pèlerins de Saint-Jacques, qui fut l'objet de nombreuses donations de Louis XI . Goyheneche, 1990, Bayonne et la région bayonnaise... ., p. 83
  3. « Toponymie de Bayonne », sur www.euskaltzaindia.eus (consulté le )
  4. « "Saint-Esprit" - Nola Erran », sur www.nolaerran.org (consulté le )
  5. Lettres patentes de Louis XI, la Chartreuse près de Loches, juillet 1473 (lire en ligne).
  6. Hector Iglesias, « Noms de famille, de baptême et surnoms recensés à Bayonne parmi les ressortissants de la «nation juive du Bourg Saint-Esprit» au XVIIIe siècle », Nouvelle Revue d'onomastique, vol. 39, no 1,‎ , p. 193–219 (ISSN 0755-7752, DOI 10.3406/onoma.2002.1426, lire en ligne, consulté le )
  7. Loi du 1er juin 1857 (Bulletin annoté des lois et décrets).
  8. Dimitri Mieussens 2005, p. 63.
  9. Élisabeth Hardouin-Fugier 2005, p. 132-133.
  10. Jean-Jacques Taillentou, Bulletin de la Société de Borda, n°494, p 193, juillet 2009
  11. « L'église Saint-Esprit », notice no PA00084334, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, Notice no IA64000719
  12. Plaque sur le mur extérieur de l'église Saint-Esprit
  13. « Le groupe sculpté de l'église Saint-Esprit », notice no PM64000073, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  14. « La citadelle », notice no PA00084333, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  15. « La synagogue », notice no PA00135192, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. « DIDAM, espace d'art contemporain », sur www.bayonne.fr
  17. Louis Baunard, Le Cardinal Lavigerie, sur archive.org, Paris, Poussielgue, 1896, t. I, p. 2, 6.
  18. (en) « Esther Brandeau », sur jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Élisabeth Hardouin-Fugier, Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle, Connaissances et Savoirs, , 382 p. (ISBN 978-2-7539-0049-3), préface de Maurice Agulhon. On trouvera dans cet ouvrage une bibliographie, pages 329 à 356.
  • Dimitri Mieussens, L'exception corrida : de l'importance majeure d'une entorse mineure : la tauromachie et l'animal en France, Editions L'Harmattan, , 262 p. (ISBN 978-2-7475-9756-2, lire en ligne), p. 55-70