Rue Thubaneau — Wikipédia

Rue Thubaneau
Situation
Coordonnées 43° 17′ 53″ nord, 5° 22′ 46″ est
Arrondissement 1er
Tenant Cours Belsunce
Aboutissant Boulevard Dugommier
Morphologie
Type Rue
Longueur 294 m
Largeur m
Histoire
Anciens noms Rue de la Fraternité
Géolocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rue Thubaneau

La rue Thubaneau se trouve dans le 1er arrondissement de Marseille.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Elle va du boulevard Dugommier au cours Belsunce.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Dans cette rue se trouvait une salle où l’on se réunissait pour fumer. Cette salle donne son nom à la rue, un tubanèu étant un lieu où l'on fume le tabac, en provençal[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Cette rue a été pendant des décennies un haut lieu de la prostitution à Marseille. En parler marseillais, faire la rue Thubaneau ou (aller à Thubaneau) signifie faire le trottoir, aller aux putes.

La rue acquiert sa réputation de rue artistique en 1693 lorsque, l'Opéra de Marseille ne pouvant accueillir la Troupe Royale, celle-ci s'installe rue Thubaneau[2].

La rue Thubaneau fait partie des rues marseillaises à ne pas changer de nom à la Révolution française[3].

En 1792, à l'occasion d'un banquet organisé par un club républicain marseillais au no 11, le patriote monpelliérain François Mireur chante, pour la première fois à Marseille, le chant de l'Armée du Rhin, qui deviendra La Marseillaise[4].

Durant la Révolution, le no 25, qui était une salle de jeu de paume construite en 1696[5], accueille la Société patriotique des amis de la Constitution, appelée plus simplement le Club des amis de la Constitution ou même le "Club"[6]. Il y crée son siège le . Le Club lié aux Jacobins parisiens va regrouper les éléments révolutionnaires les plus résolus de Marseille[7].

C'est d'ailleurs à cet endroit que furent enrôlés les volontaires marseillais, surnommés les Cinq-Cents, qui vont s'illustrer le lors de la prise des Tuileries. Ils prendront la route pour Paris le et vont populariser la Marseillaise en la chantant tout au long des vingt-sept jours de marche vers Paris. Le club qui, comme la commune, est entré en conflit avec les sections marseillaises, sera fermé le par le comité général des sections. Il entraîne dans sa chute celle de toutes les sociétés populaires du midi, laissant ainsi le champ libre aux insurrections fédéralistes de l'été.

Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers et Jacques-André Jacquelin font construire au début du XIXème siècle une salle de théâtre et de chansons. La première pierre est posée en [8]. La rue perpétue sa tradition artistique. En 1806 est fondée l'Institution des Concerts Thubaneau, qui donne des spectacles toute l'année[2].

Edmond Rostand, qui passait rue Thubaneau pour se rendre au lycée Thiers dans les années 1870 et 1880, la décrivait comme une rue "qui sent le café noir, le goudron et l'orange"[9].

Le , les pères jésuites qui tenaient l'École de Provence installent leur nouveau collège dans la rue, et l'appellent Externat Saint-Ignace. Ils déménagent le collège rue Saint-Sébastien en 1875.

Au XXe siècle, la rue est remarquée par la ségrégation socio-spatiale qui y règne. La partie haute, donnant sur la Canebière, est habité par une population aisée, qui occupe les immeubles aristocratiques[10]. Le bas de la rue est assez pauvre[11]. Des prostituées y restent jusque dans les années 1960[12].

Pierre Loutrel, fondateur du Gang des Tractions Avant, est arrêté par la police marseillaise dans la rue Thubaneau, avant de réussir à s'échapper[13].

Élu maire, Jean-Claude Gaudin veut faire de la rue un exemple de la réhabilitation qu'il compte impulser à la ville. En 1996, il lance un périmètre de rénovation immobilière, qui permet de racheter la quasi-totalité des immeubles de la rue. À l'aide de fonds de l'Union européenne, cet espace est rénové, ouvert sur les rues adjacentes. Les appartements sont également rénovés[14]. Des galeries d'art sont ouvertes afin de perpétuer la tradition artistique de la rue[15].

En , au no 25, a été créé le Mémorial de la Marseillaise.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • À un numéro inconnu s'est trouvé un théâtre, créé par Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers et Jacques-André Jacquelin.
  • À un numéro inconnu s'est trouvé entre 1873 et 1875 l'École de Provence.
  • Au no 15 se trouve une imposte en fer forgé.
  • Au no 11, La Marseillaise, alors qu'elle ne s'appelait encore que le chant de l'Armée du Rhin, fut chantée pour la première fois à Marseille par le patriote montpelliérain François Mireur lors d'un banquet organisé par le Club le chez le traiteur David[4]. Le succès fut immédiat parmi les patriotes marseillais.
  • Au no 25 se trouve la salle de jeu de paume construite en 1696, où la Société patriotique des amis de la Constitution, appelée plus simplement le Club des amis de la Constitution ou même le "Club", créa son siège le . Le Club lié aux Jacobins parisiens va regrouper les éléments révolutionnaires les plus résolus de Marseille[7]. À cette même adresse se trouve désormais le Mémorial de la Marseillaise, inauguré officiellement le .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les éditions de minuit, Paris, 1961.
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 2001, (ISBN 2-86276-195-8).
  • François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007, (ISBN 978-2-35179-002-1).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Xavier de Fourvières, Lou pichot tresor, Aubanel, 1973, p. 745
  2. a et b Claude Harris, Opéra à Marseille : 1685-1987, P. Tacussel, , 269 p. (ISBN 978-2-903963-28-6, lire en ligne)
  3. Raymond Mouchet, Provence de la Révolution, 1789-1799 : recueil de douze reproductions de documents, Service éducatif des Archives départementales des Bouches-du-Rhône, (lire en ligne)
  4. a et b Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 2001, p. 448 et François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007, p. 55
  5. Provence historique, Archives départementales., (lire en ligne)
  6. (en) Michael L. Kennedy, The Club of the Rue Thubaneau : A Study of the Popular Society of Marseilles, 1790-1794 ..., Tulane University of Louisiana, (lire en ligne)
  7. a et b Alessi Dell'Umbria, Histoire universelle de Marseille, Agone, 2006, p. 217 à 238
  8. Augustin Fabre, Histoire de Marseille, Olive, (lire en ligne)
  9. Émile Ripert, Edmond Rostand : Sa vie et son œuvre, (Hachette) réédition numérique FeniXX, , 232 p. (ISBN 978-2-7062-2495-9, lire en ligne)
  10. Paul Masson, Les Bouches-du-Rhône : encyclopédie départementales, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, (lire en ligne)
  11. Mediterraneans, Didsbury Press, (lire en ligne)
  12. Gilles Ascaride, La Malédiction de l'Estrasse dorée (et autres histoires), Le Fioupélan, , 128 p. (ISBN 978-2-916819-24-2, lire en ligne)
  13. Borniche, Roger., Le gang : [l'histoire de Pierrot le Fou], Paris, Fayard, , 339 p. (ISBN 2-213-00240-1 et 978-2-213-00240-8, OCLC 2348008, lire en ligne)
  14. Brigitte Bertoncello, Du Sénégal à Marseille : migration réussie d'un gentleman rasta, Paris, Harmattan, , 170 p. (ISBN 978-2-296-08113-0, lire en ligne)
  15. Michel PERALDI et Michel SAMSON, Gouverner Marseille : Enquête sur les mondes politiques marseillais, La Découverte, , 322 p. (ISBN 978-2-7071-6079-9, lire en ligne)