Roustam Raza — Wikipédia

Roustam Raza (arménien : Ռուստամ Ռազա, géorgien : როსტომ რაზა Roustam Raza) ou Roustan, né vers 1781 à Tiflis, en Kartl-Kakhétie (actuelle Tbilissi, en Géorgie) et mort le à Dourdan, en France[1], est le mamelouk de Napoléon Ier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Roustam Raza est issu d'une famille arménienne[2]. Selon ses Mémoires, son père Hovnan était un négociant originaire d'Aperkan en Arménie (probablement Askeran, localité du Karabagh) et sa mère Boudji Vari était une arménienne de Tiflis.

Enfant, dans le contexte de guerre que connurent les khanats de Gandja et du Karabagh dans les années 1780, il est enlevé, vendu et revendu plusieurs fois comme esclave, notamment par des Lezghiens. À l'âge de quinze ans, il est acheté à Constantinople par Salah Bey, bey de Constantine. Celui-ci le ramène en Égypte, l'affranchit et l'intègre dans son corps de cavalerie de mamelouks, constitué d'esclaves militaires affranchis. À sa mort, en 1798, il passe au service du cheikh Khalil El Bekri au Caire, dignitaire local qui a pris le parti du général Napoléon Bonaparte lors de la campagne d'Égypte. Peu avant le retour en France de ce dernier, en , Roustam postule pour passer à son service et est accepté.

Dès lors, sa vie bascule : il va suivre comme son ombre le premier Consul, puis l'Empereur, à travers toute l'Europe, pendant quinze années. Il participe à sa toilette et à son repas, entretient ses armes. Il fait aussi fonction de garde du corps, dormant toujours dans la chambre voisine de son maître, voire en travers de sa porte à certaines périodes. Caracolant en tête des cortèges de parade en costume oriental (notamment lors du Sacre en 1804), il rappelle par sa seule présence que Bonaparte fut le conquérant de l'Égypte.

Le , au retour de la campagne d'Austerlitz, Roustam épouse à Paris Alexandrine Douville, de Dourdan, fille du premier valet de chambre de l'impératrice Joséphine. L'Empereur a donné son accord et payé la noce.

Il est en Pologne, l'année suivante, lorsqu'il apprend la naissance de son fils Achille. Celui-ci décèdera au cours de sa jeunesse. Il eut également une fille, qui épousa un huissier parisien, Armand Bonnard[3].

Roustam est l'un des rares personnages du Premier Empire à avoir participé à toutes les campagnes, d'Espagne en Russie. Il est présent sur d'innombrables peintures du XIXe siècle, le plus souvent aux côtés de son illustre maître.

Le Mamelouk, dit Roustam Raza
(v. 1781–1845)

Horace Vernet, 1810
Metropolitan Museum, New York[4].

En 1814, après l'abdication de l'Empereur et la tentative de suicide au poison de ce dernier, Roustam refuse de le suivre à l’île d’Elbe, effrayé à l'idée de pouvoir être accusé de tentative d'assassinat pour le compte de l'Angleterre. Accusé d’ingratitude par les journaux, il répondit que des raisons particulières l’avaient empêché d’accompagner son bienfaiteur dans sa retraite, et il assura qu’il n’avait jamais reçu d’argent pour cela, comme le bruit en avait couru. Sa répugnance à quitter sa femme et ses enfants, et à renoncer à une existence heureuse et tranquille pour se lancer dans une carrière aventureuse, se joignait à la crainte de retomber dans l’esclavage. Lors des Cent-Jours, l'année suivante, il se propose de nouveau pour le service de l'Empereur, mais celui-ci, qui n'a pas compris son départ l'année précédente, le fait enfermer à Vincennes, le remplaçant par le mamelouk Ali. Il ne recouvra la liberté que pour être exilé à vingt lieues de Paris.

Louis Nicolas Lemasle, Rustan, Mameluck de Napoléon empereur, d'après Jacques-Nicolas Paillot de Montabert, Paris, musée de l'Armée.

Il se retira à Dreux, où sa sœur vivait, mais il ne résida que peu de mois, s’efforçant vainement d’y garder l’incognito. Il obtint sous la Seconde Restauration, un bureau de loterie qu’il revendit quelque temps après. Il parvint à se créer cinq à six mille francs de rentes, et mena alors avec son épouse une vie paisible de petits rentiers à Paris.

Dans un voyage qu’il fit à Londres, Roustam se prêta complaisamment à satisfaire la curiosité de la haute noblesse, et se donna souvent en spectacle, vêtu d’habillements somptueux.

Ses beaux-parents, d'abord retirés dans le village de Saint-Martin-de-Bréthencourt, emménagent en 1827 à Dourdan, rue d'Étampes. Alexandrine, désirant se rapprocher d'eux, obtiendra à l'avènement de Louis-Philippe Ier un emploi à la poste de cette ville. Le couple loue alors, à partir de 1834, un des appartements de la maison du docteur Hippolyte Diard (adjoint au maire). Cette maison existe toujours. C'est là que Roustam Raza s'éteint le « âgé de soixante-quatre ans » selon l'acte de décès. Sa tombe est encore visible au cimetière de la ville.

Roustam Raza a laissé des Souvenirs écrits, retrouvés et publiés un demi-siècle plus tard par Paul Cottin. De peu d'intérêt sur le plan diplomatique ou militaire, ils sont toutefois riches d'anecdotes sur les comportements de l'entourage de Napoléon.

Il a un fils, Achille, né pendant la campagne de Prusse, et une fille[3].

Sa veuve meurt à Versailles le . Elle repose avec son époux au cimetière de Dourdan[3].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Roustam apparaît souvent en arrière-plan sur des tableaux napoléoniens, mais reconnaissable à son turban :

  • Jean-Baptiste Debret : Première distribution des étoiles de la Légion d'honneur en l'église des Invalides le 26 messidor an XII (), Roustam[5] est près d'une cloison, presque sous un écusson.
  • Charles Meynier, Napoléon sur l'île de la Lobau.

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Registre d'état civil de Dourdan (1845), Archives départementales de l'Essonne
  2. Michel Marian, « L'épée et la plume », Le Figaro Histoire, Paris, Le Figaro, vol. 65 « Arménie, une nation à l'épreuve de l'histoire. La tragédie et l'espérance »,‎ , p. 86-93.
  3. a b et c Pierre Paccou, « article », L'Écho républicain de la Beauce et du Perche,‎ .
  4. Portrait par Vernet
  5. Le peintre n'a pas rendu une image fidèle du mamelouck de Napoléon.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hector Fleischmann, Roustam mameluck de Napoléon, Éd. Albert Méricant, 1911.
  • Souvenirs de Roustam, mamelouck de Napoléon Ier (préf. Frédéric Masson), Paris, Éd. P. Ollendorff, , XXXVII-302 p., in-18 (lire sur Wikisource, lire en ligne). — Introd. et annot. par Paul Cottin. Rééd. dans le Bulletin de la Société historique de Dourdan en Hurepoix, 1998-2004.
  • Charles Otto Zieseniss, « Considérations sur l'iconographie du mamelouk Roustam », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1988.
  • Bruno Durand et Philippe Legendre Kvater, Roustam et son empereur, de l'Égypte à Dourdan, Éd. Société historique de Dourdan, 2005.
  • Le mamelouk de Napoléon, Roustam, Éditions Jourdan, 2014.

Liens externes[modifier | modifier le code]