Rosalie Gicanda — Wikipédia

Rosalie Gicanda
Titre de noblesse
Reine consort
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Domicile
Appartenance ethno-culturelle
Conjoint
Blason

La reine douairière Rosalie Gicanda, née en 1928, morte le , est l'épouse du mwami (roi dans la langue kinyarwanda) Mutara III du Rwanda. Elle survit à son mari, mort en 1959, mais est assassinée durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Née en 1928[1], Rosalie Gicanda est la fille de Martin Gatsinzi de la famille des Banyiginya-Bahebera et de Christiane Makwindigiri de la famille des Bega. Elle est la sœur d'Asteria Bisinda, mère de Paul Kagame, futur président du Rwanda en [2],[3],[4]. Alors qu'elle est encore une adolescente, elle est choisie pour devenir la seconde épouse du mwami Mutara III du Rwanda en 1942. Après la mort de son mari dans des circonstances mystérieuses en 1959, la monarchie rwandaise ne dure plus que deux ans, sous la direction de son beau-frère, le nouveau mwami Kigeli V du Rwanda. La monarchie prend fin en 1961. Kigeli V du Rwanda, déposé, quitte le pays. Pour autant, la reine douairière décide de rester au Rwanda, devenant la dernière représentante de la monarchie dans ce pays, mais quittant sa résidence royale à Nyanza pour vivre à Butare, dans la Province de Butare, avec sa mère et plusieurs dames de compagnie. Elle se tient pour autant en dehors de la vie politique[5]. Cette position ne l'empêche pas de sauver la vie de son neveu Paul Kagame, âgé de 4 ans, et de sa famille, en 1961, en leur permettant de s'échapper lorsque des Hutus du voisinage, galvanisés par les autorités locales et coloniales, investissent la colline où ils vivent, massacrant les Tutsis[3].

Trente ans plus tard, en , un génocide éclate et s'étend à tout le pays. Le , il atteint la ville de Butare. Un détachement de soldats commandé par le lieutenant Pierre Bizimana, agissant sous les ordres du capitaine Idelphonse Nizeyimana, officier des renseignements, enlève l'ancienne reine avec d'autres membres de sa maison. Ils mènent les captifs derrière le Musée national et les abattent. Seule une jeune fille survit et se fait l'écho de ces meurtres. Deux jours plus tard, la reine-mère est elle aussi assassinée[Qui ?]. À la demande d'un prêtre, le maire de Butare, Kanyabashi récupère le corps de la reine Gicanda et l'enterre dans le jardin à côté de sa maison[6].

La reine était toujours vénérée par les Tutsis. Son meurtre a choqué. Il a effectivement marqué le début des assassinats en masse dans la région de Butare, qui a vu certaines des pires atrocités commises pendant le génocide.

Après le génocide, un tribunal militaire rwandais s'empare de Bizimana et du soldat de 1re classe Aloys Mazimpaka coupable de génocide et d'assassinat de la reine Gicanda et de sa famille. (Chambre Spécialisée du Conseil de Guerre de Butare, case. LMD 187, LP 0001-PS 97, jugement prononcé le ). Bizimana est condamné à mort, et Mazimpaka à la prison à vie.

Le , l'ancien chef des services de renseignements Idelphonse Nizeyimana est arrêté à Kampala, en Ouganda[7]. Nizeyimana est l'un des suspects recherchés dans le cadre de l'enquête du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sur le génocide[8]. Le , il est condamné par le Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour son rôle dans l'assassinat de l'ancienne reine tutsi, ainsi que d'autres meurtres, et est condamné à l'emprisonnement à vie[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Queen Rosalie Gicanda Grave Editorial Photo - Image: 20274161 », sur Dreamstime (consulté le )
  2. (en) Colin M. Waugh, Paul Kagame and Rwanda : Power, Genocide and the Rwandan Patriotic Front, McFarland, (lire en ligne), p. 12-13
  3. a et b Mehdi Ba, « Comment une reine a sauvé la vie de Paul Kagame », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Henry Louis Gates, Jr., Emmanuel Akyeampong et Mr. Steven J. Niven, Dictionary of African Biography, OUP USA, (lire en ligne), « Kagame, Paul », p. 263
  5. Jean Chatain, « L'assassinat de Mme Gicanda », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Rwanda genocide: Nizeyimana convicted of killing Queen Gicanda », BBC,‎ (lire en ligne)
  7. « Arrestation en Ouganda d'un des génocidaires présumés du Rwanda les plus recherchés », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « BBC: Rwanda queen-killing suspect held », BBC News,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Rwanda genocide: Nizeyimana convicted of killing Queen Gicanda », BBC News,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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