Rokia Traoré (chanteuse) — Wikipédia

Rokia Traoré
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Rokia Traoré en 2009.
Informations générales
Naissance (50 ans)
Kati, Drapeau du Mali Mali
Genre musical Musiques du monde
Instruments Guitare, voix
Années actives Depuis 1998
Labels Label Bleu
Site officiel www.rokiatraore.net

Rokia Traoré, née le à Kati dans la banlieue de Bamako au Mali, est une chanteuse, auteure-compositrice-interprète et guitariste malienne. Sa discographie se compose de six albums, sortis entre 1998 et 2016.

Biographie[modifier | modifier le code]

Rokia Traoré est une Bambara originaire de la région de Bélédougou. Elle est née le à Kati, dans la banlieue de Bamako, au Mali[1]. Fille de diplomate, elle a beaucoup voyagé durant sa jeunesse : Algérie, Arabie saoudite, France et Belgique, où elle a étudié. Elle se distingue par son style artistique mêlant tradition malienne (musique mandingue) et modernisme occidental. Elle enregistre ses premiers morceaux en 1995 à Bamako, sous la direction artistique d'Ali Farka Touré[réf. nécessaire]. Ses débuts sur la scène européenne datent de 1997 lors d'un concert au festival « Musiques métisses » d'Angoulême. Elle remporte la même année le prix « Découverte Afrique » de Radio France internationale (RFI).

Son premier album Mouneïssa sort en 1998, suivi d'une tournée européenne. Deux ans plus tard, elle sort son deuxième album Wanita, puis ce sera Bowmboï (2003), qui comprend deux morceaux en collaboration avec le groupe américain Kronos Quartet et pour lequel elle part en tournée mondiale.

En 2001, elle est l'une des nombreuses interprètes du titre Que serai-je demain ? en tant que membre du collectif féminin Les Voix de l'espoir créé par Princess Erika[2].

Elle remporte un prix aux World Music Awards de la BBC Radio 3 en Grande-Bretagne en 2003.

Très influencée par Billie Holiday, Rokia Traoré participe en 2005, aux États-Unis, au spectacle « Billie & Me », consacré à la vie de la chanteuse légendaire. En 2006, elle écrit et interprète Wati, spectacle créé à Vienne en Autriche par le metteur en scène américain Peter Sellars à l’occasion de la célébration du 250e anniversaire de la naissance de Mozart où ce dernier apparaît comme un griot, musicien de père en fils, vivant au XIIIe siècle à l'époque de l’Empire Mandingue. Le spectacle fut par la suite donné au Barbican Centre de Londres, en Angleterre, puis à la salle Pleyel à Paris.

Son quatrième album Tchamantché sort en 2008, il comprend une reprise de The Man I Love de Billie Holiday. Pour cet album, elle remporte une Victoire de la musique en 2009 dans la catégorie « musiques du monde »[3] ainsi que le prix de la meilleure artiste aux Songlines Music Awards à Londres en Grande-Bretagne.

Elle retourne au théâtre en 2010, avec le spectacle Desdemona, fruit d'une collaboration avec l’écrivaine Toni Morrison et le metteur en scène Peter Sellars. En 2012, Rokia Traoré participe à la tournée « Africa Express » en Grande-Bretagne, et chante en duo avec Damon Albarn (Blur, Gorillaz).

En 2015, elle fait partie du jury du 68e festival de Cannes. En , elle chante à la cérémonie de clôture de la Coupe d’Afrique des nations de football à Libreville au Gabon en compagnie de quatre autres artistes féminines[4] et en soutien à la lutte contre le cancer du sein.

Installée en France, à Amiens, dans les années 1990, elle est revenue vivre à Bamako en 2009 déclarant : « Depuis dix ou quinze ans, il y a pas mal d’artistes qui ont fait le choix de revenir vivre en Afrique, ou d’y ouvrir des lieux. Ils proposent des récits à partir de travaux menés dans leur pays. C’est une première depuis la fin de l’ère coloniale. Petit à petit, cela crée un public », affirme-t-elle[5].

En , au Festival d'Avignon, Rokia Traoré interprète le spectacle Dream Mande Djata créé à Bamako, où elle présente l'épopée de l'empereur Soundiata Keïta, mais aussi l'histoire du Soundiata réel, en mettant en avant l'importance de la charte du Manden dans l'histoire culturelle de l'Afrique avant la colonisation[6],[7]. Pour ce projet, la musicienne confronte à l'aspect mythologique du récit, les travaux d'historiens mandingues encore peu exploités[8]. Ayant travaillé notamment avec la griotte Bako Dagnon sur l'épopée, elle est assistée dans le spectacle du joueur de cora Mamadyba Camara et du joueur de ngoni Mamah Diabaté, et elle chante tantôt en français, tantôt en mandingue[9].

Vie personnelle et poursuites judiciaires[modifier | modifier le code]

De 2013 à 2018, Rokia Traoré a été en couple avec Jan Goossens, un dramaturge et directeur artistique belge[10] avec lequel elle a eu une fille, née en Belgique en 2015. Après la séparation en 2018, le couple est en conflit pour la garde de leur fille.

Rokia Traoré accuse en , son ex-compagnon d'attouchements sexuels sur leur fille et le prive de tout contact avec l'enfant en dehors du Mali. Le père de l'enfant fait appel à la justice belge et rapporte les accusations dont il fait l'objet. Dans un jugement provisoire, la juge décide que l'enfant devra passer une partie des vacances d'été avec son père. Puis, le tribunal de première instance de Bruxelles accorde au père la résidence principale de l'enfant tout en décidant que l'autorité parentale restera conjointe et que la garde sera partagée. De son côté, la chanteuse a déposé trois plaintes contre son ancien compagnon qu'elle accuse d'attouchements sexuels envers leur fille. Une première plainte en Belgique, en , a été classée sans suite. Quelques mois plus tard, elle a déposé une deuxième plainte au Mali, puis une autre plainte en France. La justice malienne, saisie bien après le premier jugement de la justice belge et le mandat d'arrêt international, a décidé de son côté d'accorder à Rokia Traoré la garde exclusive de sa fille dans une ordonnance provisoire.

En , un mandat d'arrêt international est émis à l'encontre de Rokia Traoré par la justice belge pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage ». Les justices française et belge lui accordent cependant un délai de quelques mois pour présenter l'enfant.

N'ayant pas respecté l'ultime délai du accordé par la justice belge, Rokia Traoré est arrêtée le à Paris. Elle y faisait escale alors qu'elle se rendait en Belgique pour assister à l'audience de l'appel qu'elle a fait. Incarcérée à la prison de Fleury-Mérogis, elle a immédiatement entamé une grève de la faim[10]. Remise en liberté sous contrôle judiciaire, Rokia Traoré s'enfuit au Mali[11]

Son avocat, Kenneth Feliho, estime que l'arrestation était abusive, mettant notamment en avant le passeport diplomatique de Rokia Traoré qui rend l'arrestation « en principe […] illégal[e] » et la Convention de la Haye concernant « la résidence habituelle de l'enfant »[12]. Un hashtag « #FreeRokia » (« Libérez Rokia ») est apparu sur Twitter[13]. Plusieurs personnalités manifestent alors leur soutien envers Rokia Traoré, comme le réalisateur et dramaturge malien Alioune Ifra Ndiaye[12] ou un collectif d'artistes et de personnalités[14]. L'économiste et musicien sénégalais Felwine Sarr considère que cette affaire « reflète l'état des rapports politiques, juridiques et symboliques entre l'Afrique et le reste du monde »[12]. La militante Fatma Karali initie une pétition et déclare que cette situation relève à la fois du racisme et du sexisme[12].

De leur côté, les avocats de Jan Goossens répondent dans une tribune du journal Libération que l'enfant a été domiciliée à Bruxelles (elle a d'ailleurs la double nationalité belge et malienne) et que, jusqu'à ses quatre ans, elle a régulièrement été en contact avec sa famille du côté belge[15].

Discographie[modifier | modifier le code]

Fondation Passerelle et engagements caritatifs[modifier | modifier le code]

Rokia Traoré crée en 2009 la Fondation Passerelle destinée à aider la jeune création musicale et artistique au Mali[5],[16]. En 2011, le premier projet Dream Mandé voit le jour avec « Roots », série de concerts acoustiques avec les musiciens de sa fondation. En , elle lance la première édition du Festival de Jazz de l'Espace culturel Passerelle à Bamako.

Nommée ambassadrice de bonne volonté pour la région de l'Afrique de l’Ouest et Centrale par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), elle effectue des visites dans les camps de réfugiés du Burkina Faso.

En , elle signe une chanson et un clip, Be Aware, pour la campagne d'information « Migrants conscients » initiée par l'Office des migrations internationales et le Ministère de l'Intérieur italien[17],[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François-Xavier Gomez, « Rokia Traoré, le rock à Sahel ouvert », Libération,‎ (lire en ligne)
  2. Bertrand Lavaine, « Les Voix de l'espoir », Radio France international,‎ (lire en ligne)
  3. Bastien Hugues, « 24e Victoires de la musique : le palmarès complet », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  4. Il s'agit de Coumba Gawlo, Charlotte Dipanda, Pamela Badjogo et Josey.
  5. a et b Clarisse Fabre et Séverine Kodjo-Grandvaux, « Festival d’Avignon : la scène africaine veut « décoloniser » les regards », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. « Rokia Traoré, porte parole d’une Afrique flamboyante », www.sceneweb.fr, 21 juillet 2017.
  7. Valérie Marin la Meslée, « Rokia Traoré : "Ouvrir l'histoire de l'Afrique au reste du monde" », Le Point Afrique, 20 juillet 2017.
  8. Anne Diatkine, « Rokia Traoré, une histoire vraiment mandingue », Libération,‎ , p. 22
  9. J. Denis « Dream Mandé, Rokia Traoré », La Terrasse, no 256, 25 juin 2017.
  10. a et b Valérie Schippers, « La tragédie de Rokia Traoré et de son ex-compagnon », Libération,‎ (lire en ligne).
  11. Par Louise Colcombet et Jean-Michel Décugis Le 17 mai 2020 à 09h45, « Affaire Rokia Traoré : la chanteuse en fuite au Mali », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. a b c et d Oumy Diallo, « Rokia Traoré incarcércée : du drame privé à l'affaire publique », sur tv5monde.com, .
  13. « Mali : Rokia Traoré arrêtée en France à la demande de la justice belge », sur lepoint.fr, .
  14. collectif, « Pour la libération de Rokia Traoré », sur liberation.fe, Libération,
  15. Valérie Schippers, Sven Mary et Frank Berton, « La tragédie de Rokia Traoré et de son ex-compagnon », sur liberation.fr, Libération, .
  16. « La fondation Passerelle », sur fondationpasserelle.com
  17. « Rokia Traoré alerte sur le sort des migrants », Arte,‎ (lire en ligne)
  18. (it) « Rokia Traoré e la campagna per i migranti : il brano è 'Be aware brother, be aware sister' », La Repubblica,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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