Roger de Flor — Wikipédia

Roger de Flor
Roger de Flor
Fonctions
Commandant en chef
Compagnie catalane
Adalid (en)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Rutger von BlumVoir et modifier les données sur Wikidata
Allégeance
Activités
Période d'activité
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Conjoint
Maria Asanina (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Ruggero da Fiore, Rutger von Blum, Roger de Flor (chez les Catalans) ou Rontzerius (pour les Byzantins), né à Brindisi (Royaume de Sicile) vers 1267 et mort assassiné à Andrinople (Empire byzantin) le , est un condottiere mercenaire italien et un chef des Almogavres.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Brindisi vers 1267[1], Roger de Flor est le second fils de Richard von Blum, fauconnier de l'empereur germanique Frédéric II du Saint-Empire, qui meurt en combattant contre Charles d’Anjou à la bataille de Tagliacozzo en 1268 et à la suite de laquelle Charles d’Anjou fait confisquer les biens de tous ceux qui ont lutté contre lui. Bien qu'issue de la bonne société de Brindisi, sa mère se retrouve alors sans ressources pour élever ses enfants. Alors qu'il a huit ans, arrive dans le port de Brindisi un chevalier français de l'ordre du Temple et capitaine de la nef Le Faucon, du nom de Vassall. Celui-ci prend Roger sous sa protection et se charge de son éducation afin d'en faire un futur moine-templier et amiral.

Après avoir navigué durant plusieurs années, il est admis comme moine de l’Ordre du Temple au grade de sergent, inférieur à celui de chevalier, et participe à la dernière Croisade. Il se distingue en défendant Saint-Jean-d'Acre (Palestine) et en évacuant les chrétiens lors de la prise de la ville par les Musulmans (1291). Par la suite, les Templiers l'accusèrent d'avoir détourné une partie de leurs trésors et l'expulsèrent de l'Ordre. Tirant profit de son expérience militaire, il devient mercenaire et se met au service du roi Frédéric II de Sicile, fils de Pierre III le Grand d'Aragon[1].

Frédéric le nomme capitaine des compagnies d’Almogavres (almogàvers), mercenaires catalano-aragonais qui avaient participé à la conquête de Valence et de Majorque pour le compte de la Couronne d'Aragon et qui aidèrent à consolider la présence aragonaise en Sicile contre la Maison d’Anjou (défense de Messine, 1301). Il organise cette troupe de combattants, la Grande Compagnie, en rédigeant une charte servant de loi commune, puis en convoquant un conseil de douze sages pour arbitrer les litiges, détenteur d'un sceau pour officialiser les contrats de condotta et un règlement strict au sujet du partage des prises et des soldes mis au point par Ramon Muntaner. Ce modèle s'inspire du contrat de condotta fréquent en Italie à cette époque[2].

L'année suivant la paix de Caltabellotta (1302) entre Charles II d'Anjou et Frédéric II de Sicile, Roger de Flor propose ses services à l'empereur byzantin Andronic II Paléologue, pour l'aider à combattre les Turcs qui déferlent dans l'Empire grec et menacent d'assiéger Constantinople. L'Empereur accède à sa requête et le capitaine arrive à la tête d'une expédition de quatre mille Almogavres et de trente-neuf navires, constituant la grande compagnie catalane. Il entre tout de suite en action et anéantit les Génois de Constantinople pour la plus grande joie de l'Empereur, irrité de leur tutelle. Puis, en 1304, il passe en Anatolie et prend les villes de Philadelphie, Magnésie et Éphèse, repoussant les Turcs jusqu'en Cilicie, vers les monts du Taurus. Pour le récompenser de ses services, Andronic, malgré certains abus des soldats catalans contre les Grecs, le nomme mégaduc (grand amiral de la flotte impériale), et lui donne la main de sa nièce Marie, fille de sa sœur Irène et du tsar détrôné Jean Asen III de Bulgarie[Note 1]. Mais l'Empereur est effrayé par les ambitions de Roger de Flor qui veut s'ériger en souverain des territoires qu'il a conquis en Asie Mineure. Après négociations, Andronic lui concède le titre de César de l'Empire et la seigneurie des territoires byzantins d’Anatolie, à l'exception des villes. L'ambition croissante de Roger de Flor et son influence grandissante finissent par indisposer Michel IX, fils aîné d'Andronic II, associé au gouvernement de l'Empire. Celui-ci l’attire à Andrinople et le fait assassiner au cours d'un banquet, en même temps que cent trente chefs almogavres le [1], dans l'intention de s'attaquer ensuite au reste de ses troupes. Mais il ne peut mener à bien son stratagème, car les Almogavres se choisissent de nouveaux chefs et se lancent dans de violentes représailles. Sous le commandement de Berenguer d’Entença, ils se dirigent vers Constantinople et rasent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage en Thrace et en Macédoine; c'est ce que l'on appelle la vengeance catalane (es). Par la suite, ils se mêlèrent aux luttes intestines de l'Empire et en profitèrent pour s'emparer des duchés d'Athènes [3]et de Néopatrie au nom de la Couronne d’Aragon, duchés qui ne furent perdus qu'en 1390[4][5].

Littérature[modifier | modifier le code]

Roger de Flor est très populaire chez ses contemporains grâce à la Chronique de Ramon Muntaner[1], dans laquelle celui-ci rapporte cette extraordinaire expédition à laquelle il participa. Roger de Flor deviendra une figure mythique pour les Catalans et servit de modèle essentiel au héros de Joanot Martorell dans son Tirant le Blanc.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Irène avait épousé Jean Asen III, tsar des Bulgares, en 1278. Celui-ci mourut en 1303.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (it) Andreas Kiesewetter, « Flor, Ruggiero di in "Dizionario Biografico" », sur treccani.it, (consulté le ).
  2. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe – XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), Les héros en Orient (page 259)
  3. (it) Camillo Manfroni, « Da Flor, Ruggero in "Enciclopedia Italiana" », sur treccani.it, (consulté le ).
  4. Nicol 2010, p. 80, 101.
  5. Fine 1994, p. 243.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]