Robert Ier (roi d'Écosse) — Wikipédia

Robert Ier
Illustration.
Sceau de Robert Ier.
Titre
Roi d'Écosse

(23 ans, 2 mois et 13 jours)
Couronnement
Prédécesseur Jean Balliol
Successeur David II
Biographie
Dynastie Bruce
Date de naissance
Lieu de naissance Château de Turnberry (Ayrshire)
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Manoir de Cardross (Dunbartonshire)
Sépulture abbaye de Dunfermline
Père Robert Bruce
Mère Margaret de Carrick
Conjoint 1) Isabelle de Mar
2) Élisabeth de Burgh
Enfants Marjorie Bruce (1)
David II (2)
Marguerite (2)
Mathilde (2)
Jean (2)

Robert Ier (roi d'Écosse)
Monarques d'Écosse

Robert Ier, également appelé Robert Bruce (Robert de Brus en anglo-normand, Roibert a Briuis en gaélique écossais, Robert the Bruce en anglais), est roi d'Écosse de 1306 à 1329. Robert Bruce est né le , probablement (mais sans certitude) au château de Turnberry (en), et mort le  à Cardross. Il joue un rôle important dans la résistance écossaise à l'Angleterre durant les guerres d'indépendance de l'Écosse et reste considéré comme un héros national.

Membre de la maison de Bruce, il est le fils du comte de Carrick Robert de Bruce et le petit-fils du seigneur d'Annandale Robert de Bruce, candidat malheureux au trône écossais lors de la crise de succession écossaise de 1290-1292. En 1297, le jeune Robert Bruce participe à la révolte de William Wallace contre le roi anglais Édouard Ier. Il est nommé Gardien de l'Écosse en 1298 aux côtés de son rival, le seigneur de Badenoch, John III Comyn, mais démissionne deux ans plus tard et se soumet à Édouard Ier en 1302, sans pour autant renoncer aux droits sur le trône qu'il estime détenir.

Le , Robert Bruce assassine John Comyn dans l'église franciscaine de Dumfries, un geste qui lui vaut la haine de la famille Comyn et l'excommunication du pape. Il revendique la couronne et se fait couronner roi à Scone le . Il parvient à soumettre ses adversaires à l'intérieur du royaume et résiste avec succès aux armées anglaises, contre lesquelles il remporte une victoire décisive à la bataille de Bannockburn, en 1314. Les troupes écossaises passent ensuite à l'offensive dans le nord de l'Angleterre, ainsi qu'en Irlande. La Déclaration d'Arbroath de 1320, envoyée au pape par les principaux barons écossais, affirme l'indépendance du royaume. Le roi anglais Édouard III la reconnaît en 1328 par le traité d'Édimbourg-Northampton.

Robert meurt en 1329, dans sa vingt-quatrième année de règne. Son fils David II lui succède sur le trône. Le corps de Robert Bruce est inhumé en l'abbaye de Dunfermline, à l'exception de son cœur, enterré à l'abbaye de Melrose.

Origine familiale[modifier | modifier le code]

Robert (VII) Bruce est l'héritier d'une lignée issue du baronnage anglo-normand implantée en Écosse depuis le règne de David Ier. Son grand-père Robert (V) de Bruce est le fils et homonyme de Robert (IV) de Bruce, 4e lord d'Annandale, et d'Isabelle (morte en 1251), la seconde fille de David de Huntingdon, le frère des rois Malcolm IV et Guillaume Ier d'Écosse. C'est de sa mère qu'il tient ses prétentions au trône d'Écosse qui lui vaudront lors de la Crise de succession écossaise son surnom de « Compétiteur ». Robert (VII) est le fils aîné de Robert (VI) de Bruce (mort en 1304), comte de Carrick, et Margaret de Carrick (morte en 1292), comtesse de Carrick de jure. Il naît au château de Cardross sur le Firth of Clyde[1].

Gardien du royaume et prétendant[modifier | modifier le code]

La Mort de John Comyn dans l'église des franciscains de Dumfries, telle que représentée au XIXe siècle par Félix Philippoteaux.

De la famille des Bruce, il hérite du titre de comte de Carrick à la mort de sa mère. Il reconnaît pendant longtemps la suzeraineté du roi Édouard Ier d’Angleterre qui le fait baron Bruce d'Anandale dans la pairie d'Angleterre en 1295. Lors de l'insurrection de William Wallace, il mène la révolte dans le Carrick en mais, vaincu à Irvine avec Robert Wishart, l'évêque de Glasgow, et James Stuart, le grand sénéchal, par les troupes de Robert de Clifford, il fait sa soumission dès juillet.

Robert Bruce exerce la fonction de gardien de l'Écosse conjointement avec John III Comyn à partir du second semestre de 1298[2], malgré la présence de William de Lamberton (mort en 1328), évêque de St Andrews. La tension entre les deux hommes est telle que Robert Bruce renonce à sa charge, lors du « Parlement » de Rutherglen le et il est remplacé par Ingram de Umfraville[3]. En , Robert Bruce accepte « la Paix » proposée par le roi d'Angleterre et se soumet à lui. Peu après, avant le , il épouse en secondes noces Élisabeth de Burgh, une fille du comte d'Ulster. La paix conclue entre le royaume de France et l'Angleterre le ayant exclu l'Écosse, la plupart des nobles écossais acceptent l'année suivante de se soumettre à Édouard Ier[4].

Devenu le chef de sa maison après la mort de son père et après une rencontre secrète avec l'évêque William Lamberton, le [5], Robert Bruce décide de faire valoir ses droits au trône d'Écosse. Lors d'une entrevue à Dumfries le , il tue John Commyn, devenu son rival potentiel, qui protestait contre la spoliation des droits de son parent Jean d'Écosse et refusait de lui apporter son soutien[6].

Conquête du royaume[modifier | modifier le code]

Robert Bruce est couronné roi d'Écosse à Scone le par ses partisans dont Isabelle de Fife, John Strathbogie, comte d'Atholl, Malcolm II, comte de Lennox, et Alan Stuart, comte de Menteith, qui étaient sans doute accompagnés de Donald II de Mar, comte de Mar, un jeune enfant neveu du roi Robert Ier dont il était le tuteur. Henry, abbé de Scone, et trois évêques participent à la cérémonie ; William de Lamberton, Robert Wishart, évêque de Glasgow, et David Murray, évêque de Moray[7].

Après avoir été battu par Aymar de Valence, comte de Pembroke, à la bataille de Methven dès le suivant et vaincu lors du combat de Dail Righ (juillet ou ) par les forces d'Alexandre MacDougall, un parent de Commyn, le nouveau roi doit se cacher et se faire passer pour mort. Robert Bruce fuit Dunaverty (en) et se réfugie en septembre dans les Hébrides intérieures, le domaine d'Angus Og MacDonald, seigneur d'Islay, qui deviendra ensuite son fidèle allié.

En , il débarque dans son comté de Carrick. Début mai, il progresse à travers l'Ayrshire et, avec l'aide de ses partisans locaux, il repousse l'armée de chevaliers d'Aymar de Valence lors du combat de Loudon Hill le . Profitant de la mort d'Édouard Ier le suivant près de Carlisle, il se rend maître de presque tout le Sud de l’Écosse.

Entre l'automne 1307 et l'été 1308, Robert Bruce mène campagne contre ses ennemis des Highlands du Nord de l'Écosse. Il bat John Comyn, 7e comte de Buchan, à Inverurie le . William (II) Ross, comte de Ross, accepte alors de le reconnaître comme roi en . Robert Bruce mène ensuite campagne en Argyll et au Galloway entre août et . Le le clergé d'Écosse se prononce en faveur de sa légitimité comme roi[8].

Édouard II, le nouveau roi d'Angleterre, n'intervient en Écosse qu'à partir de . Après avoir signé à Inverness le un traité d'amitié avec Håkon V de Norvège, le frère et successeur d'Éric II de Norvège, en 1313, Robert Bruce s'empare de Perth (-) de Dumfries () et de l'île de Man (-). En , James Douglas prend la forteresse de Roxburgh, et le , Thomas Randolph le château d'Édimbourg. Robert Bruce remporte une victoire décisive contre les Anglais le lors de bataille de Bannockburn, près de Stirling.

Exercice du pouvoir[modifier | modifier le code]

Afin d'assurer la pérennité de sa dynastie, Robert Bruce, sans héritier mâle fait désigner à Ayr le , comme successeur son frère Édouard Bruce au détriment de sa fille Marjorie dont il préserve néanmoins les droits et ceux de ses éventuels descendants en cas de décès d'Édouard[9].

Entre janvier et , Robert Bruce mène en personne mais sans grand succès une campagne en Ulster afin d'appuyer son frère cadet Édouard Bruce, qui s'était fait reconnaître comme roi d'Irlande en 1315[10]. En , le pape excommunie Robert Bruce et place l'Écosse sous interdit. Le , après la mort au combat en Irlande de son frère Édouard, son successeur désigné depuis 1315, Robert Bruce qui est toujours sans héritier mâle fait reconnaître par les prélats, les comtes et les barons, les droits à la succession de son petit-fils Robert Stuart, le fils de sa défunte fille Marjorie « de bonne mémoire » et de Walter Stuart[11]. Une trêve de 2 ans est négociée le .

Le , par la déclaration d'Arbroath, la noblesse d'Écosse quasi unanime intervient auprès du pape Jean XXII dans le but de confirmer le statut de l'Écosse en tant que nation indépendante et souveraine et de justifier le recours aux forces armées si elle se trouvait injustement attaquée[12]. Des pourparlers de paix avec l'Angleterre à Bamburgh en restent sans suite et en , Édouard II d'Angleterre mène sans succès sa dernière campagne contre l'Écosse et Robert Ier répond en conduisant en octobre des raids de représailles dans le nord du Yorkshire. Une trêve de 13 ans est finalement conclue le .

En , la papauté reconnaît le titre royal à Robert Ier et ce dernier par le traité de Corbeil en 1326 renouvelle l'alliance avec la France. Le , la succession du trône est dévolue au fils du roi le jeune David et ensuite à son petit-fils Robert Stuart.

Après la déposition d’Édouard II () et le couronnement de son fils Édouard III d'Angleterre, ce dernier, pour répondre à un raid écossais contre Duhram (), mène une expédition jusqu'à Allendale (). En août, Édouard III se retire à York. Les Écossais envahissent alors de nouveau le Northumberland en . Le conflit avec l'Angleterre s'achève par des négociations en qui débouchent par la signature du traité d'Édimbourg-Northampton en qui reconnaît l’indépendance de l’Écosse et le titre royal de Robert Bruce[13].

Robert Ier Bruce meurt, l'année suivante, au château de Cadroos près de Dumbarton (Écosse). Il sera inhumé à l'abbaye de Dunfermline. Sa dynastie s'éteint en 1371. Il est le héros du poème épique The Brus composé vers 1380 par John Barbour d'Aberdeen.

Unions et descendance[modifier | modifier le code]

Robert Ier et Isabelle de Mar.

Robert Bruce eut deux épouses :

  1. vers 1295 : Isabelle de Mar, fille de Donald Ier, comte de Mar, avec laquelle il eut :
  2. vers 1302 : Élisabeth de Burgh, morte le , fille de Richard Og de Burgh, comte d'Ulster, avec laquelle il eut :

Robert Ier eut également plusieurs enfants illégitimes dont :

Ascendance[modifier | modifier le code]

Découverte de sa tombe[modifier | modifier le code]

Le , les ouvriers qui inaugurent la nouvelle église paroissiale construite sur le site du chœur oriental de l'abbaye de Dunfermline découvrent une chapelle sous l'emplacement de l'ancien maître-autel de l'abbaye. La voûte a été couverte par deux grandes dalles formant une pierre tombale, et une pierre plus grande de 182 cm de longueur, avec six anneaux ou poignées de fer fixés sur elle. Cette voûte mesurait 214 cm de longueur, 56 cm de largeur et 45 cm de profondeur. Dans la voûte, à l'intérieur des restes d'un cercueil de chêne pourri, il y avait un corps entièrement enfermé dans du plomb. Au-dessus du crâne, le plomb avait la forme d'une couronne. Des fragments de marbre et d'albâtre avaient été trouvés dans les débris autour du site de la voûte plusieurs années plus tôt, qui étaient liés à l'achat enregistré par Robert Bruce d'un tombeau de marbre et d'albâtre fait à Paris. La Cour de l'Échiquier (en) ordonne alors que la voûte soit préservée de toute inspection supplémentaire et surveillée par des agents, et qu'une fois les murs de la nouvelle église construits autour du site, une investigation de la voûte et les restes pourrait avoir lieu. Par conséquent, le , celle-ci débuta. La toile de linceul d'or et la couverture en plomb s'étaient rapidement dégradées depuis que la voûte avait été ouverte 21 mois plus tôt. Le corps a été placé sur un panneau en bois de cercueil sur le bord de la voûte. Il a été constaté qu'il était recouvert de deux fines couches de plomb d'environ 5 mm d'épaisseur chacune. Le plomb a été retiré et le squelette a été inspecté par James Gregory et Alexander Monro, professeurs d'anatomie à l' Université d 'Edimbourg. Le sternum était scié de haut en bas, ce qui avait permis de retirer le cœur du roi après sa mort. Un moulage en plâtre du crâne a été réalisé par l'artiste William Scoular. Les os ont été mesurés et dessinés, et la longueur du corps a été établie à 180 cm. Il a été estimé que Bruce pouvait avoir atteint environ 6 pieds 1 pouce (185 cm) de haut dans sa jeunesse, ce qui, selon les normes médiévales, était impressionnant.

Le squelette, posé sur la planche de bois, fut ensuite placé sur le sommet d'un cercueil en plomb et une grande foule de curieux qui s'étaient rassemblés devant l'église fut autorisée à défiler devant la voûte pour voir les restes du roi. C'est à ce stade de la procédure que certaines petites reliques - les dents et les os des doigts - auraient été enlevées du squelette. Les récits publiés de témoins oculaires tels que Henry Jardine et James Gregory confirment l'enlèvement de petits objets à ce moment. Les restes de Robert Bruce ont été déplacés pour être déposés dans l'abbaye de Dunfermline, dans un nouveau cercueil en plomb.

Un certain nombre de reconstitutions du visage de Robert Bruce ont été réalisées, y compris celles de Richard Neave de l'Université de Manchester, ou celles du projet réunissant Peter Vanezis et Martin McGregor (Université de Glasgow) et Caroline Wilkinson (Université John Moores de Liverpool)[14].

Blasons[modifier | modifier le code]

Robert Ier d'Ecosse appartenait à la branche écossaise de la Maison de Bruce, lords d'Annandale. Avant son couronnement, son blason personnel (D'or au sautoir de gueules, au chef du même chargé d'un léopard d'or) est donc dérivé de celui de ses ancêtres (d'or au sautoir de gueules, au chef du même).

Après son couronnement il reprend le blason des rois d'Ecosse : D'or au lion rampant de gueules, armé et lampassé d'azur, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du second.

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) G.W.S. Barrow, Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, E.U.P, 4e édition, Édimbourg, 2005 (ISBN 0-7486-2022-2), « I. The succession, 1290-2 », p. 494 et « II. Some of the family relationships of King Robert I », p. 495.
  2. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 137.
  3. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 144.
  4. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 175.
  5. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 185.
  6. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 188.
  7. (en) G.W.S. Barrow, op. cit., p. 196.
  8. (en) Gordon Donaldson, « 1310: Declaration of clergy in favour of King Robert I » dans Scottish Historical Documents, Scottish Academic Press, Edinburgh & London, 1974, p. 48-50.
  9. (en) Gordon Donaldson, Scottish Historical Documents, Scottish Academic Press, Edinburgh & London 1974 « 1315 Settlement of Succession », p. 51-53.
  10. Annales des quatre maîtres : AM 1317.4.
  11. (en) Gordon Donaldson, « 1318 Settlement of succession », op. cit., p. 53-54.
  12. (en) Gordon Donaldson, « 1320 Letter of Barons of Scotland to Pope John XXII », op. cit., p. 55-58.
  13. (en) Gordon Donaldson, « 1328 Treaty of Edinburgh- Northampton », op. cit., p. 61-62.
  14. (en-GB) Ken Macdonald, « Face of Robert the Bruce revealed », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Victor Bouemar, « Le saviez-vous ? Un parfum d’Ecosse dans les cérémonies militaires », sur defense.gouv.fr, Ministère des Armées,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Mike Ashley, The Mammoth Book of British Kings & Queens, Londres, Robinson, 1998 (ISBN 1841190969), « Robert (I) Bruce », p. 549-550.
  • (en) Michael Brown, The Wars of Scotland 1214~1371, Edinburgh, Edinburgh University Press, coll. « The New Edinburgh History of Scotland » (no 4), , 379 p. (ISBN 0748612386).
  • (en) G.W.S. Barrow, Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland, Edinburgh, E.U.P 4e édition, , 531 p. (ISBN 9-780748-620227).
  • (en) David Cornell, « A kingdom cleared of castles : the role of the castle in the campaigns of Robert Bruce », Scottish Historical Review, t. 87, 2008, p. 233-257.
  • (en) Art Cosgrove (sous la direction de), Medieval Ireland 1169-1534, Oxford, Oxford University Press, coll. « A New History of Ireland » (no 2), , 1004 p. (ISBN 978019 9539703), p. 19,275,349,356,282-84,290-92,302,380
  • (en) Gordon Donaldson, Scottish historical documents, Édimbourg & Londres, Scottish Academic Press, 1974 (ISBN 0701116048).
  • (en) Rosalind K. Marshall, Scottish Queens: 1034-1714, East Linton, Tuckwell Press, 2003, p. 35 (ISBN 1-86232-271-6).
  • (en) John. L. Roberts, Lost Kingdoms Celtic scotland and the Middle Ages, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1997 (ISBN 0748609105).

Liens externes[modifier | modifier le code]