Robert Antelme — Wikipédia

Robert Antelme
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Marguerite Duras (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Robert Antelme est un poète, écrivain et résistant français, né le à Sartène et mort le à Paris 7e.

Survivant des camps de Buchenwald et de Dachau, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont un livre de référence sur les camps de concentration nazis : L'Espèce humaine, paru en 1947.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1929, Robert Antelme suit des études secondaires à Bayonne, puis, à Paris à partir de 1936, des études à la faculté de droit où il rencontre Marguerite Duras, qu'il épouse en 1939 après avoir effectué son service militaire à Rouen.

Formulaire d'enregistrement de Robert Antelme en tant que prisonnier au camp de concentration nazi de Buchenwald

Pendant l'Occupation, Marguerite Duras et lui collaborent à des organismes pétainistes[1] et Robert Antelme est le secrétaire particulier de Pierre Pucheu[2].
Mais, aidant la Résistance, Robert Antelme est arrêté le et envoyé à Buchenwald par le convoi no 79[3], dernier en partance du camp de Royallieu (Frontstalag 122) à Compiègne le . Puis il est conduit à Bad Gandersheim, un petit kommando dépendant de Buchenwald, où il est logé dans une ancienne église désaffectée, à proximité d'une usine.

À la fin de la guerre, en , François Mitterrand, alors Secrétaire général des Réfugiés, des Prisonniers et des Déportés, localise Robert Antelme dans le camp de Dachau, épuisé et miné par des mois de détention dans des conditions très dures (il souffre du typhus), et le fait évader du camp, alors en quarantaine, avec l'aide de Dionys Mascolo pour son retour à Paris[4]. Marguerite Duras a tiré de cette époque un récit intitulé La Douleur.

Robert Antelme a publié sur les camps un livre de grande portée, L'Espèce humaine, en 1947. Le livre est dédié à Marie Louise, sa sœur morte en déportation. Robert Antelme y montre des déportés qui conservent leur conscience face aux « pires cruautés humaines ». Les hommes qu'il décrit, réduits à l'état de "mangeurs d'épluchures", vivent dans le besoin obsédant mais aussi dans la conscience de vivre.

Robert Antelme fonde, en 1945, avec Marguerite Duras, les éditions de la Cité Universelle. Le couple divorce en 1947, mais ils travaillent encore ensemble, comme en 1959 quand, à la demande de Raymond Rouleau, il adapte, avec Marguerite Duras, Les papiers d'Aspern, pièce de Michael Redgrave, d'après une nouvelle de Henry James. Après la guerre, il continue donc un travail discret dans les milieux littéraires, collabore aux Temps modernes et milite au Parti communiste français, dont il est exclu en 1956, après la répression par les troupes du pacte de Varsovie de l'insurrection de Budapest, en même temps que Duras, Mascolo et Edgar Morin. Pendant la guerre d'Algérie, Robert Antelme est signataire du Manifeste des 121. Marguerite Duras a subi elle la chasse aux intellectuels dissidents dès le début 1950, tandis que sa mère doit rentrer en France en raison de la guerre d'Indochine. Le Comité central du PCF est informé par Jorge Semprún[5] qu'elle aurait, lors d'une soirée en compagnie d'autres écrivains, formulé de nombreuses critiques à l'égard de Louis Aragon, avec des « inconvenances envers certains membres du Parti et une ironie trop appuyée »[6]. Le , elle reçoit une lettre qui lui signifie son exclusion pour fréquentation de trotskistes et de boîtes de nuit[7].

Immobilisé à partir de 1983 par un accident cérébral-vasculaire, Robert Antelme meurt le dans le 7e arrondissement de Paris[8]. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse (4e division).

En 1996, Gallimard publie une soixantaine de pages, inédites ou presque, dont Pauvre - Prolétaire - Déporté, Vengeance ?, On m'a volé mon pain, et plus de deux cents pages d'essais et de témoignages d'une trentaine d'écrivains.

Citations[modifier | modifier le code]

  • L'homme n'est rien d'autre qu'une résistance absolue, inentamable, à l'anéantissement.
  • Il n'y a pas de différence de nature entre le régime "normal" d'exploitation de l'homme et celui des camps. Le camp est simplement l'image nette de l'enfer plus ou moins voilé dans lequel vivent encore tant de peuples.
  • Il n'y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine.[9]

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • L'Espèce humaine, La cité universelle, 1947; réédition Gallimard, Collection blanche en 1957, puis Tel, 1999.
  • Textes inédits sur L'espèce humaine. Essais et témoignages, Gallimard, Blanche, 1996.
  • Vengeance ?, Farrago, 2005.
  • Vengeance ?, nouvelle édition avec une postface de Jean-Luc Nancy, collection « Le Bel Aujourd'hui », Éditions Hermann, 2010.

Hommages[modifier | modifier le code]

Il existe depuis le une place Robert-Antelme, dans le 13e arrondissement de Paris.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. https://www.ouest-france.fr/culture/livres/lire-magazine/collaboration-resistance-communisme-les-engagements-politiques-varies-de-marguerite-duras-d4e0c2c2-a162-11ec-afda-e7e2101b1d7a
  2. Jean Vallier, C'était Marguerite Duras 1914-1996
  3. « Transport parti de Compiègne le 17 août 1944 (I.265.) », sur bddm.org (consulté le ).
  4. « Biographie de Robert Antelme », sur www.bacfrancais.com (consulté le )
  5. Edgar Morin, Les souvenirs viennent à ma rencontre, Paris, Arthème Fayard / Pluriel, (1re éd. 2019), 731 p. (ISBN 978-2-818-50639-4), p. 186
  6. Laure Adler, Marguerite Duras, Paris, Gallimard, 1998, p. 268-276.
  7. "Un siècle d'histoire culturelle en France: de 1914 à nos jours " par Françoise Taliano-des Garets, Editions Armand Colin, 2019
  8. « Fichier INSEE des décès », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  9. Robert Antelme, L'Espèce humaine, Gallimard,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marguerite Duras, La Douleur, POL, Paris, 1985.
  • Dionys Mascolo, Autour d'un effort de mémoire. Sur une lettre de Robert Antelme, Maurice Nadeau, Paris, 1987.
  • Martin Crowley, Robert Antelme, l'humanité irréductible, Éditions Léo Scheer, 2004
  • Georges Perec, "Robert Antelme ou la vérité de la littérature", dans L.G., une aventure des années soixante, Seuil, 1992
  • Maurice Blanchot, L'Entretien infini, Gallimard, 1969
  • Michel Onfray, "Politique du rebelle" dans chapitre I De la Genèse , Livre de poche, 1999
  • Lucie Bertrand, Vers une poétique de L'espèce humaine de Robert Antelme, Éditions de l'Harmattan, 2005
  • Revue Lignes n° 21, Présence de L'Espèce humaine, janvier 1994.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]