Religion en Irlande — Wikipédia

En république d'Irlande, la nation occupant le sud de l'île d'Irlande, d'après le recensement de 2016, 58,3 % des habitants[1] se déclarent catholiques et 29,8 % n'ont pas de religion. Les 11,9 % restants sont protestants, musulmans, etc[2].

Le christianisme irlandais s'inscrit dans un contexte culturel celtique, et dans l'histoire troublée des îles Britanniques, puis au moins dès 1200 dans les relations difficiles entre Angleterre et Irlande.

Repères historiques[modifier | modifier le code]

Irlande préhistorique[modifier | modifier le code]

Au dixième millénaire (à partir de 12 000 avant le présent), après la fin de la glaciation de Würm, arrivent sur le territoire irlandais des populations, de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, par voie maritime, en plusieurs vagues, en provenance d’Écosse (préhistoire de l'Écosse) et/ou de Grande-Bretagne : préhistoire de la Grande-Bretagne, préhistoire de l'île de Man, histoire de l'Irlande primitive.

Des (convictions et) pratiques (sociales et) religieuses de ces communautés, semi-nomades, demeurent cairns, tumulus, cromlechs, menhirs, mégalithes, sépultures, dont l’ensemble archéologique de Brú na Bóinne (résidence de la vallée de la Boyne) : Newgrange (5 200 avant le présent), Dowth, Knowth, Tara. Parmi les autres sites mégalithiques en Irlande (pays) et/ou tombes mégalithiques en Irlande (en) : Cromlech de Drombeg Loughcrew (en), cimetière mégalithique de Carrowkeel (en), cercle de pierres de Beltany (en), Beaghmore (en), dolmen de Poulnabrone, dolmen de Brownshill, allée couverte (liste d’allées couvertes en Irlande (de))… Comme en Écosse et Cumbrie, en Irlande également se rencontrent des boules en pierre gravées.

Le Néolithique irlandais correspond à la période de 4500 av. J.-C. à 2500 av. J.-C. L’Âge du bronze en Irlande correspondrait aux années 2500-700 (4500-2700 avant le présent) (homme de Cashel).

Irlande primitive celtique : de -700 à +400[modifier | modifier le code]

Au VIIe siècle, soit vers 2 750 avant le présent, l’arrivée en Irlande de peuples celtes coïncide avec le début de l’Âge du fer en Irlande (La Tène).

Des Celtes, on retient d’abord ici la religion celtique, la mythologie celtique irlandaise, l'art celte : celtologie sans celtomanie ni cercle celtique.

Les langues celtiques insulaires, se composent de deux branches gaélique (écossais, irlandais et mannois) et brittonique (breton, cambrien, cornique et gallois), des langues celtiques, par opposition au groupe des langues celtiques continentales.

Les Gaëls ont formé l’Irlande gaélique, mosaïque de territoires, au moins jusqu’en 1169, vivant principalement de pêche, de pastoralisme et de ressources minières. La langue et la culture gaéliques sont originaires d'Irlande, mais se sont propagées en Écosse à l'époque du royaume de Dál Riata. La gaélicisation semble avoir d’abord concerné les Pictes. Bien que ne parlant pas l'irlandais ou le gaélique écossais, beaucoup de personnes se considèrent encore aujourd’hui tout de même comme des Gaëls dans un sens plus large, en raison de leur ascendance historique et de leur héritage.

Quelles qu’aient été les relations (économiques, culturelles, politiques) mal connues entre les différents peuples celtes d'Irlande et de Grande-Bretagne, dont la supposée coalition barbare de 368 en Bretagne (Pictes, Scots d’Irlande, Attacotti (d’Irlande-Écosse) et Saxons), la présence de la province romaine de Britannia est une réalité, aux portes de l’Hibernia (Ivernia, Erin) : conquête romaine de la Grande-Bretagne (43-84), Écosse au temps de l'Empire romain (71-213, Calédonie), bataille du Mont Graupius (83), Mur d'Hadrien (120-127 environ), Mur d'Antonin (140-150 environ), liste des noms latins des villes des îles Britanniques.

Contrairement à l’Angleterre, au Pays de Galles et aux Lowlands écossais, la terre des Gaëls n’a donc jamais été colonisée par les Romains. Mais les Gaëls entretiennent des relations avec l’Empire romain, manifestement supérieur aux Celtes en matière de génie civil et de puissance militaire. Les Celtes, et plus particulièrement les Gaëls, sont supérieurs aux Romains dans l’art décoratif des métaux précieux, notamment avec le bronze, l’argent et la feuille d’or, ayant aussi hérité de l’émaillerie laténienne, et emploient également l’ambre de la Baltique et le corail importé de Méditerranée.

Ce savoir-faire et la présence de mines d’or et d’argent en Irlande, ont conduit à une riche production d’artefacts tels que de petites armes, des bijoux, des ustensiles domestiques ou religieux. Ce savoir-faire est réputé dans l’Empire romain en raison des caractéristiques décoratives spécifiques, en particulier, les motifs organiques qu’on pense inspirés de la nature, tels que les entrelacs, mais aussi une certaine tendance à l’abstraction. Issue de l’art hallstattien, cette tendance qui est à l’origine du style employé bien plus tard par les enlumineurs d’Irlande et d’Écosse, dans les livres sacrés du Moyen Âge. Ces formes, riches de sens caché, encore mystérieux aujourd’hui, donnent aux œuvres un statut impressionnant, mais constituent aussi un véhicule identitaire puissant, en contraste avec le réalisme développé par les Grecs à la même époque. Dans la Britannia romaine, au moins chez les Britto-Romains, les échanges avec la culture gaëlique ont donné naissance à de nouvelles influences, à des œuvres qui exigent une technique typiquement romaine, comme l’usage d’émaux multicolores, mais dont les formes et l’agencement sont typiquement celtiques.

En outre, les Gaëls n’ont pas fondé de villes. Ces non-nomades vivent dans des villages rudimentaires, habitués à voyager pour faire du commerce entre eux, mais aussi avec leurs voisins, capables de voyager sur de longues distances, en chars légers, et de traverser la mer pour vendre leurs produits en Britannia et en Gaule. Une preuve en Irlande est la présence de grandes quantités de monnaies romaines et d’autres objets romains[3]. Voir aussi piste de Corlea (en), histoire des routes en Irlande (en).

Les premiers Gaëls n’ont pas laissé de traces écrites. Ils auraient commencé à écrire avec l'arrivée du christianisme, donc au plus tard peu avant 431, entre le Ier et le Ve siècle, quand les Gaëls (une minorité dirigeante) ont mis au point l’ogham, un système d'écriture dont on a retrouvé de nombreuses traces sur des pierres tombales et des monuments, surtout en Irlande, mais aussi en Grande-Bretagne, essentiellement dans les terres ayant subi des invasions gaëlles : l'Écosse, le Pays de Galles et la Cornouailles. Par abus de langage, on utilise souvent le mot ogham pour désigner l'alphabet gaélique, mais ce terme est impropre, car il désigne le type d'écriture.

La musique celtique antique (en), ancêtre de la musique celtique moderne, a(vait) aussi ou d'abord des usages religieux, quoi qu'on entende par cette dénomination.

Irlande chrétienne du Haut Moyen Âge : 400-800[modifier | modifier le code]

En vert, les régions de langues gaéliques des îles Britanniques vers le Ve siècle.
Expansion maximale du monde gaëlique, vers 1000.

Le Livre des conquêtes d’Irlande, ou Lebor Gabála Érenn, est considéré comme une synthèse des récits mythiques de la fondation de l’Irlande, transmis oralement, depuis les Tuatha Dé Danann, gens de la déesse Dana, jusqu’à l’ancêtre mythique des Gaëls, Mile (pour les Milesiens) : cycle mythologique, cycle historique (ou cycle des rois), cycle d'Ulster ou cycle de la branche rouge), cycle fenian (ou cycle de Leinster).

L’Irlande primitive est longtemps une mosaïque de territoires, régie par une hiérarchie de rois ou de chefs, élus par le système de la tanistrie, avec des guerres fréquentes. Parfois, un chef puissant est reconnu comme le Haut-Roi d'Irlande. La société se compose de clans et, comme le reste de l'Europe, est structurée hiérarchiquement en classes, chefferies, principautés : royaumes en Irlande (en), dont royaume de Mide (76–1172), Dál Riata (498-850), royaume de Breifne (750-1256), royaume d’Alba… Angleterre, Pays de Galles, Écosse, connaissent tout autant de royaumes barbares, dont l’heptarchie. Niall Noigiallach (Niall aux neuf orages) serait un des derniers rois irlandais adeptes de la religion celtique (Uí Néill, liste des rois de Tara), au moment de la conquête gaélique de l’Ulster.

La première christianisation (christianisme irlandais gaël, Ve – VIe siècle) se serait effectuée par des druides/bardes/vates/filid, porteurs de la nouvelle religion apportée par les Romains dans les Îles britanniques (conquête romaine de la Grande-Bretagne, christianisme dans le monde romain). Le christianisme celtique désigne les chrétientés celtiques (Ve – XIIe siècle), de langues gaéliques, ou christianisme irlandais, volontiers monachiste et missionnaire. L’existence de monastères ne signifie pas tranquillité, ainsi, la Chronique anglo-saxonne fait état d’un massacre de 200 religieux en 613 à Bangor-on-Dee (Bangor-is-y-Coed, au Pays de Galles).

Dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais (731), Bède le Vénérable, entre hagiographie, martyrologe et histoire nationale, défend la thèse d'un christianisme fédérateur qui permet de dépasser les différences régionales et qui fonde une unité du monde anglais : il semble qu’il en ait été de même en Irlande, avec les Chroniques d'Irlande.

Dès le Ve siècle, on construit des monastères, des églises, des abbayes : Église d'Armagh (445), monastère de Clonmacnoise (544), abbaye de Bangor (558), monastère d'Iona (Écosse) (563), Skellig Michael, Clonfert , Killeaney, Lismore, Glendalough, Nendrum, Na Seacht dTeampaill (îles d’Aran), école monastique d’Ynys Bŷr (Île de Caldey, Pays de Galles)… Voir la catégorie fondations monastiques irlandaises en Europe continentale (en).

L’évangélisation est réputée réalisée par de multiples moines, dont Saint Patrick d'Irlande (vers 380 - vers 460), Palladius (400 ?- 450 ?), Ildut (vers 460-vers 522), Finien de Clonard (vers 470-550), Gildas le Sage (494-565), Saint Cado (497-580), Kevin de Glendalough (498-618 ?), Saint Colomba d'Iona (521-597, à l'origine de l'évangélisation de l'Écosse et du nord de l'Angleterre), Aidan de Ferns (mort vers 630), Aidan de Lindisfarne (590-651).

Les moines irlandais participent à l'évangélisation d'une partie de l'Europe : Canice d'Aghaboe (Pays de Galles), Donan d'Eigg (Pictes d'Écosse), Eugène de Aardstraw (Grande-Bretagne), Gall (saint) (Suisse alémanique), Saint Elouan et Saint Gonnery (Armorique), Saint Briac et Saint Uniac (Bretagne), Ultan de Fosses, Fursy de Péronne et Feuillen de Fosses (Nord de la France, Belgique), Saint Vulgan (Pas-de-Calais), Etton de Dompierre sur Helpe et Adalgis de Thiérache (Thiérache), Wasnon de Condé et Gobain de Voas (Hainaut), Kilian, Colman et Totnan en Franconie (Nord de la Bavière), mais aussi Gibrien, Fridolin de Säckingen, Éloque de Lagny, Allon de Bobbio, Kilian d'Aubigny-en-Artois, Potentin ...

La liste de saints irlandais (en) est longue : Douze apôtres de l'Irlande, Brigitte d'Irlande (451-525), Martyrologe de Tallaght d’Óengus of Tallaght (en) (760 ?-824 ?).

La littérature monastique (VIe – Xe siècle), en latin hispérique (hiberno-latin), est riche : Hisperica famina, Altus prosator, Lorica (prières) (en), Cathach de saint Colomba, psautier de Faddan More, Livre de Mulling, Évangéliaire irlandais de Saint-Gall… Le vieil irlandais est noté en écriture oghamique.

L’art insulaire, dit hiberno-saxon, s’illustre d’abord en

L’histoire de l'Irlande (400-800) (en) est en grande partie religieuse. Le christianisme irlandais d’alors est rural, sans clergé séculier ni épiscopat, avec moines et ermites, et donc composé de communautés paysannes en hameaux. La règle de saint Colomban, rédigée vers 590-610 est assez indicative. La mission grégorienne (597-653), au nom de Grégoire Ier (540-604), vise à la christianisation romaine des Angles et/ou Anglo-Saxons, avec clergé séculier et épiscopat, et à une rechristianisation des populations déjà suspectes de christianisme celtique. La reprise en main du christianisme irlandais s’effectue progressivement à travers missions, synodes et conciles, dont le synode de Whitby (664, en Northumbrie) et le synode de Birr (697). Dès le VIIIe siècle, les moines irlandais, tout en conservant leur prestige de savant et de lettrés, ne dominent plus la société. Le pouvoir est désormais aux mains des évêques, dans les villes, et la règle de saint Benoît devient la règle monastique.

Irlande viking : 800-1200[modifier | modifier le code]

L’histoire de l'Irlande (795-1169) s’internationalise encore avec l’arrivée des Vikings dans les îles Britanniques. Nombre de lieux religieux (monastères, abbayes) sont pillés (de leurs ornements religieux), saccagés, détruits, par ces pirates païens, d’origine danoise ou norvégienne, en plusieurs vagues.

Les Gall Gàidheal (Norse-Gaëls), maîtres de la mer d’Irlande (Seigneur des Îles), finissent par se métisser, se gaéliser, se christianiser, et imposer un certain ordre : royaume de Dublin (853-1170), royaume de Limerick, liste des rois vikings de Waterford.

Les synodes catholiques de Cashell (1101), de Ráth Breasail (1111), de Kells (1152), de Cashell II (1172), tentent de remettre un certain ordre dans le chaos et la corruption (dans le domaine religieux), en imposant l’Ordre cistercien, d'origine continentale (française).

Parmi les religieux intellectuels :

L’art insulaire se maintient : Livre de Munster (vers 900, Psautier de Cashel), Croix de Cong (1123-1140). L’architecture religieuse est bien obligée de se reconstruire et de se réinventer : oratoires, dont oratoire de Gallarus, site des Sept Églises (Na Seacht dTeampaill), dont Teampall Bheanáin (en) (Îles d'Aran), oratoire de Cronan (en) (plateau karstique de Burren), Rocher de Cashel (Carraig Phádraig, Cashel), enclos paroissiaux, calvaires, placîtres.

Surtout, le christianisme irlandais se manifeste par les hautes croix : croix monumentale, croix de chemin, croix de carrefour, croix bannière. Les croix du début du VIIIe siècle portent uniquement des motifs géométriques, puis à partir du IXe siècle et Xe siècle, des scènes bibliques y sont sculptées, jusqu’à la fin d’érection de hautes croix après le XIIe siècle. La plupart des hautes⁸ croix irlandaises possèdent la forme caractéristique annelée de la croix celtique (possédant un anneau au centre) et, en général, elles sont plus grandes, plus massives, et comportent davantage de représentations de personnages que toutes les autres croix. Elles sont également plus souvent parvenues jusqu'à nous, alors que la plupart des croix attestées de Grande-Bretagne ont été détruites ou endommagées par des iconoclastes après la Réforme anglaise (1540-1550, à l’époque d’ Edward Seymour).

Parmi les modèles proches, les pierres pictes, et l’art viking : pierres runiques, dont les pierres historiées de Gotland et les pierres runiques mannoises. Une autre zone de la chrétienté utilise cet art : art arménien, vichaps (antérieurs), khatchkars (postérieurs).

En 1155, par la bulle pontificale Laudabiliter (1155), le pape Adrien IV, unique pape d’origine anglaise (Nicholas Breakspear), accorde au roi angevin Henri II d'Angleterre le droit d'envahir et de gouverner l'Irlande et d'appliquer les réformes grégoriennes à l'Église chrétienne semi-autonome d'Irlande. La Maison Plantagenêt dirige alors l'Angleterre (1154-1485). Le contexte international européen d'alors va s'exacerber : Auld Alliance (1295), alliance France-Écosse-Norvège contre l'Angleterre, puis Guerre de Cent Ans (1337-1453).

Domination anglaise : 1169-1536[modifier | modifier le code]

L’histoire de l'Irlande (1169-1536) (en) est d’abord l’invasion normande de l'Irlande (1169-1175) et la prise de pouvoir par les Cambro-Normands et les Hiberno-Normands : Geste des Engleis en Yrlande et littérature anglo-normande.

Le traité de Wallingford (1153) et le traité de Windsor (1175) institutionnalisent la mainmise de l’Angleterre sur l’Irlande pour près de huit siècles : expansion, résistances, tributs. Le dernier Ard rí Érenn (Haut Roi d’Irlande), Ruaidri Ua Conchobair renonce à son titre au profit d’Henri II (roi d'Angleterre) (1133-1189).

Au concile provincial de Cashel (1172), en liturgie, le rite celtique est remplacé par le rite de Sarum ou rite anglo-normand.

Les cisterciens construisent des édifices religieux, pour remplacer les anciens monastères : liste d'abbayes cisterciennes en Irlande, dont l'abbaye de Corcomroe.

Le Parlement d'Irlande (1264-1800) est prévu pour représenter la population irlandaise et anglo-normande de la Seigneurie d'Irlande (1171-1541), mais la plupart des Irlandais gaéliques refusent de prêter allégeance à la Couronne, de respecter l'autorité du seigneur ou de reconnaître le droit coutumier, ils sont officiellement considérés comme hors-la-loi et n'ont le droit ni de voter, ni de se présenter aux élections. La ségrégation suscite une grande défiance, et deux grandes figures de la résistance sont Édouard Bruce (1280-1318) et Cobhlair Mor - ?-1395).

Les statuts de Kilkenny (1366-1367), rédigés en anglo-normand, comportent en fait une série d’interdictions pour les sujets hiberno-normands et irlandais du roi d’Angleterre : parler gaélique, appliquer les lois des brehons et/ou les traditions gaéliques, entretenir des bardes, pratiquer des mariages mixtes, etc. Cette réaffirmation de la culture anglaise vise également à contrer l’irlandisation ou gaélisation des colons d’origine anglaise.

Les croisades (en Terre Sainte) sont un temps une échappée hors des îles britanniques, pour les seigneurs anglo-normands, avec entre autres le royaume de Chypre (1192-1489).

La campagne d'Édouard Bruce en Irlande (1315-1318) confirme la ségrégation, qu’accompagne bientôt la grande famine de 1315-1317. La Peste noire (1346-1353) affecte aussi l'Irlande, sans doute moins que l'Angleterre (qui aurait alors perdu 70% de sa population).

Puis vient la reconquête de l'Irlande par les Tudor (1529-1603), avec Henri VIII (1491-1547), suivi de l’Acte d'annexion (en) (1542).

Parmi les religieux irlandais notables de la période :

Domination anglaise et anglicane : 1542-1801[modifier | modifier le code]

L’Acte de suprématie est établi en deux périodes (1534, abrogé en 1554, rétabli en 1559), et voté par le Parlement d’Irlande, où la minorité protestante domine : le roi d’Angleterre est Chef suprême de l'Église d'Angleterre, ce qui entraîne des persécutions anticatholiques, lois pénales contre toute personne qui refuserait de prêter le serment d’allégeance au monarque (aménagé en 1829, abandonné en 1867) : liste de martyrs catholiques irlandais de la réforme anglaise (1537-1681) (en).

La Réforme en Irlande (en) est en effet l’imposition de l’anglicanisme, son Livre de la prière commune (1549) et ses trente-neuf articles (1563). La prétendue voie moyenne entre catholicisme et calvinisme, rend l'Église anglicane, dite Église d'Angleterre, indépendante de Rome.

La dissolution des monastères (1538-1541) au Royaume-Uni, en Irlande, Angleterre et Écosse, signifie confiscation des biens (terres, et revenus), destructions iconoclastes, fin de la transmission des savoirs, suppression des œuvres caritatives, fermeture des ouvroirs, destruction des bibliothèques, fermeture des hôpitaux religieux.

Le Royaume d'Irlande (1542-1801) est de fait sous domination anglaise, suscitant un prévisible nationalisme irlandais, mais l'Acte de Suprématie provoque aussi des dissidences non-conformistes et des récusants, hors d'Irlande, et en Irlande auprès des Vieux Anglais. En témoignent la rébellion de Thomas FitzGerald (10e comte de Kildare) (dit « Silken Thomas »), et la décapitation du théologien catholique, humaniste et homme politique anglais Thomas More (1478-1535), (avant d’être béatifié en 1886 et canonisé en 1935).

Le système des plantations en Irlande recouvre les différentes politiques de colonisation de l'île d'Irlande par la royauté anglaise, à partir de 1556. Cette politique de spoliation systématique s'effectue avec des "Nouveaux Anglais" (d'origine anglaise, écossaise ou galloise) : création de grandes communautés d'identité anglaise et protestante, classe dirigeante pro-britannique opposée aux intérêts des habitants d'origine d'identité gaélique et catholique.

La population insulaire globale semble avoir oscillé entre 600 000 et 800 000 entre 1000 et 1500 (en). La population irlandaise semble avoir atteint un million d'habitants entre 1600 et 1700, selon les estimations divergentes.

En réponse à la répression anticatholique, la bulle pontificale Regnans in Excelsis (1570), d'excommunication de la reine Élisabeth et de ceux qui obéiraient à ses ordres, est clarifiée par son successeur (en 1580), par l'appel à une obéissance pour toutes affaires civiles dans l’attente d’une occasion de renversement de la royauté anglaise.

Parmi les autres événements socio-politiques irlandais à fond religieux : rébellions des Geraldines du Desmond (1569-1583), guerre de Neuf Ans en Irlande (1594-1603), fuite des comtes (1607)… À la même époque, l'Écosse connaît la Réforme écossaise (1560), puis les Guerres des évêques (1639-1640).

Dès le XVIIe siècle, l’ascendance protestante s’affirme, de même que la résistance catholique : guerres des Trois Royaumes (1639-1651), rébellion irlandaise de 1641, guerres confédérées irlandaises (1641-1653), Confédération irlandaise catholique (1642-1651). La conquête cromwellienne de l'Irlande (1649-1653) et le Protectorate (1653-1659) signifient restauration de la domination anglaise, et, entre autres, pour les catholiques : confiscation de terres, interdiction d'activités commerciales et de fonctions publiques, répression. L'expression Oies sauvages désigne les émigrés irlandais (politiques, jacobites) s'engageant comme mercenaires dans les armées continentales et dans les colonies françaises : Irlandais de Nantes, Cour jacobite de Saint-Germain en Laye, Brigade irlandaise, Régiment de Walsh. La Glorieuse Révolution (1688-1689) se continue dans la guerre williamite en Irlande (en) (1688-1691).

Le XVIIIe siècle est tout autant traversé par des conflits socio-politiques à motivations partiellement religieuses :

Parmi les écrivains religieux irlandais :

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le XIXe siècle est plus que les précédents marqué par l'émigration massive, principalement catholique, consécutive en grande partie aux disettes, provoquées ou accentuées en grande partie par différentes formes de ségrégation catholiques-protestants / anglais-irlandais. L'expansion de l'Empire britannique (1707-1997), hors des seules îles britanniques, rebat quelque peu les cartes.

Le nationalisme culturel irlandais (forme irlandaise du nationalisme romantique), soucieux de rétablir la culture gaélique des Irlandais, grandement catholique, se réalise dans le Celtic revival, le Renouveau gaélique et la renaissance littéraire irlandaise (Celtic Twilight, dont William Butler Yeats).

Le vitrail est à sa manière la Bible du pauvre (en) : vitrail médiéval, renouveau des vitraux britanniques et irlandais (1811-1918) (en).

XXe siècle[modifier | modifier le code]

La période révolutionnaire irlandaise (1910-1925), sur bases nationales, sociales, culturelles et religieuses, intègre l'histoire de l'Irlande pendant la Première Guerre mondiale, et la formation militaire de nombreux militants indépendantistes.

L'Insurrection de Pâques 1916 mène à la guerre d'indépendance irlandaise (1919-1921), puis à la guerre civile irlandaise (1922-1923), avec création de la République irlandaise (1919), devenue Irlande du Sud (1921-1922), puis État libre d'Irlande (1922-1937), puis simplement Irlande (pays) (depuis 1937), très majoritairement catholique.

La partition de l'Irlande, établie par la loi sur le gouvernement de l'Irlande de 1920, réalisée par la création de l'Irlande du Nord (1921), redéfinit les relations anglo-irlandaises sociales et religieuses : ségrégation en Irlande du Nord, révisionnisme irlandais, conflit nord-irlandais (1968-1998), loi sur l'Irlande du Nord de 1998.

Au manifeste renouveau celtique en Irlande et dans le monde à passé celte (panceltisme) à partir des années 1920, s'opposent, principalement en Irlande du Nord, à partir des années 1970, un révisionnisme irlandais, parfois réputé négationniste pour sa tentative de minimiser l'impact de la domination britannique en Irlande (en) et des souffrances du peuple irlandais, et également un révisionnisme culturel irlandais.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Et l'Irlande du Nord est en 2011 catholique à 40 %, et protestante à 41 % (presbytérienne à 19 %, etc.) : voir Religion en Irlande du Nord.

Repères 2020[modifier | modifier le code]

Christianisme catholique majoritaire[modifier | modifier le code]

En 2016, l'affiliation au catholicisme paraît revendiquée par 77,8 % de la population : l'Église catholique en Irlande regroupe en 2016 3 729 100 catholiques déclarés pour une population globale d'environ 5 000 000.

L'Irlande est le pays occidental possédant la plus forte pratique religieuse (entre 35 et 50 % de pratiquants réguliers), même si ce taux a sensiblement baissé depuis le début du XXIe siècle – près de 90 % de pratiquants jusque dans les années 1980. La religion catholique occupe de fait un rôle prédominant dans la culture et l'identité irlandaise, celle-ci ayant été utilisée pour se démarquer du Royaume-Uni.

Mais cette influence est en perte de vitesse au XXIe siècle. En vue du référendum de 2015 sur le mariage homosexuel en Irlande, l’Église catholique mène une campagne pour le non. Le oui l'emporte finalement avec plus de 62 % des voix. Le un référendum sur le trente sixième amendement de la constitution est organisé quant au droit à l'avortement. Le oui l'emporte avec plus de 66 % des voix.

Autres spiritualités chrétiennes[modifier | modifier le code]

Les diverses dénominations ne fournissent pas toutes des chiffres vérifiables, et ne sont pas toutes recensées.

Autres spiritualités[modifier | modifier le code]

Irlande du Nord[modifier | modifier le code]

Les repères (au recensement de 2011) sont fournis uniquement pour une comparaison superficielle avec la situation en république d'Irlande :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Research and data from Pew Research Center », sur Pew Research Center (consulté le ).
  2. (en)Census 2016 Summary Results - Part 1
  3. (en) « Celts, art and identity (exposition) », sur The British Museum
  4. « Rapport d'activité des Témoins de Jéhovah en 2020 », sur jw.org, (consulté le )