Raymond Leblanc — Wikipédia

Raymond Leblanc, né le à Longlier (province de Luxembourg) et mort le à Bruxelles (région de Bruxelles-Capitale), est un éditeur de presse et de bande dessinée belge, fondateur du journal Tintin, des éditions du Lombard et des studios de dessins animés Belvision.

Biographie[modifier | modifier le code]

Raymond Leblanc naît le à Longlier, près de Neufchâteau, dans l'Ardenne belge. Dans sa jeunesse, il témoigne d'un fort goût pour les lettres et il est « un élève prodige », qui obtient son diplôme de rhétorique (équivalent du baccalauréat) à l'âge de 15 ans[1]. Il passe le concours d'officier des douanes et commence à exercer sa profession, mais en 1940 l'invasion nazie le décide à entrer dans la Résistance belge[1].

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale où il est un résistant actif au sein du Mouvement National Royaliste, il entre aux éditions Yes, situées au « 55 rue du Lombard » à Bruxelles[2] ; cette société édite une collection de romans d'amour ainsi que le magazine Ciné Sélection[1]. C'est lui qui prend contact avec Hergé qui, à l'époque, était interdit de publication par le haut commandement des forces alliées en Belgique car, sous l'occupation, ce dernier avait continué à publier la suite des Aventures de Tintin dans le quotidien Le Soir contrôlé par les nazis[2]. Leblanc souhaite lancer un journal pour enfants, sur le modèle du Petit Vingtième, en version modernisée[2]. Il crée les éditions du Lombard et confie à Hergé la direction artistique de son nouveau projet en direction des jeunes, Le Journal de Tintin[1]. Avec son passé de résistant, l'éditeur parvient à sortir Hergé des ennuis[1]. Le premier exemplaire sort le et connaît un succès immédiat[3] : les 60 000 exemplaires sont épuisés en trois jours[2]. À partir de 1948 paraît la version française, coéditée par l'éditeur parisien Georges Dargaud[1]. Le premier album publié par la maison d'édition est Le Secret de l'Espadon en 1954[1].

Le tandem Leblanc-Hergé permet à la génération des dessinateurs belges et français d'après-guerre (Edgar Pierre Jacobs, Jacques Laudy, Paul Cuvelier, Jacques Martinetc.) de faire leurs premiers pas dans la bande dessinée. Grâce à ce journal, les enfants découvrent notamment les aventures de Blake et Mortimer, Alix, Dan Cooper, Chick Bill, Michel Vaillant… Il favorise l'émergence de talents comme Tibet, Jean Graton, Hermann, Derib, Cosey, Raymond Macherot, Dupa, Grzegorz Rosiński[4].

En 1954, c'est lui qui développe l'idée d'utiliser les personnages de la bande dessinée pour la promotion des produits[1] en créant l'agence de publicité Publiart dévolue à cette activité. Il crée également les timbres Tintin, sur des produits alimentaires, pour la visibilité de sa marque[1]. En 1954, il crée le journal Line, ancêtre de Mademoiselle Âge tendre[1].

En 1958, Raymond Leblanc installe ses bureaux dans un immeuble qui devient le Building Tintin, surmonté de la tête de Tintin et classé depuis 2004 monument historique[2],[5].

Dans son ouvrage Hergé : lignes de vie, Philippe Goddin révèle qu'en 1961, l'éditeur Georges Dargaud a discrètement associé Raymond Leblanc et Hergé à l'édition et à l'exploitation du journal Pilote « et de ses recueils » pour le Benelux[6].

Dans les années 1960 et 1970, Leblanc est aussi un des producteurs[7] de dessins animés les plus en vue en Europe, via sa société Belvision qui sort des longs métrages jusqu'en 1975. Producteur de nombreuses adaptations des Aventures de Tintin en dessin animé et de Tintin et le Lac aux requins (1972) qu'il réalise, il est également coproducteur des aventures de Johan et Pirlouit avec son concurrent de l'époque, Dupuis, et il a aussi produit le film documentaire Moi, Tintin. Il a également réalisé une adaptation des aventures de Gulliver, mélangeant personnage réel et personnages animés (avec Richard Harris dans le rôle de Gulliver).

En 1986, il cède au groupe Média participations les éditions du Lombard[1] dont il reste le président d'honneur jusqu'à sa mort et qui éditait chaque année une cinquantaine de bandes dessinées[2] : en 2006, d'après Les Échos, Le Lombard représente « 8,5 % du marché de la bande dessinée francophone (7,35 % en France) avec seulement 2,5 % de la production totale du secteur »[3]. La société passe sous contrôle de Média-Participations en 1988 et, l'année suivante, les héritiers d'Hergé récupèrent les droits du journal Tintin[3].

En 2003, lors du 30e festival d'Angoulême, il a reçu le premier Alph'Art d'honneur attribué à un éditeur[8].

Il meurt le à Auderghem (Bruxelles)[9] et est inhumé à Longlier-Neufchâteau[1],[10], à l'âge de 92 ans.

Hommage[modifier | modifier le code]

Le , Raymond Leblanc inaugure la fondation qui porte son nom[11], au deuxième étage du building Tintin, occasion d'une vaste exposition[12]. Cette fondation décerne à partir de 2007 des récompenses financières pour accompagner les auteurs débutants de bande dessinée : le prix Raymond Leblanc[13].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k et l Yves-Marie Labé, « Disparitions : Raymond Leblanc », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c d e et f Raymond Leblanc (int.) et Olivier Delcroix, « Le deuxième "père" de Tintin », Le Figaro littéraire,‎ .
  3. a b et c Philippe Guillaume, « Le Lombard, un sexagénaire plein d'allant », Les Échos,‎ .
  4. « Raymond Leblanc : un découvreur de talents », Le Soir,‎ .
  5. rédacteur institutionnel, « La tête de Tintin en cure de jouvence », Le Soir,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  6. Philippe Goddin, Hergé : lignes de vie, Bruxelles, Éditions Moulinsart, , 960 p. (ISBN 978-2874240973, présentation en ligne), p. 702.
  7. « Raymond Leblanc(1915-2008) - Production -Réalisation », sur Internet Movie Database (consulté le ).
  8. Dictionnaire mondial de la bande dessinée 2010, p. 512.
  9. Virginie Jourdain, « Nouvelle Biographie nationale de Begique - Tome 13 – Raymond Leblanc », sur Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique (consulté le ).
  10. Nicolas Anspach et Didier Pasamonik, « Décès de Raymond Leblanc, le créateur des Éditions du Lombard », ActuaBD,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Fondation Raymond Leblanc, site officiel.
  12. Daniel Couvreur, « Du petit au grand reporter », Le Soir,‎ .
  13. Daniel Couvreur, « Bande dessinée. Les lauréats du premier Prix Raymond Leblanc. Une paire de jeunes talents à 10.000 euros », Le Soir,‎ .
  14. « Astérix le Gaulois » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  15. « Tintin et le Temple du Soleil » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  16. « Tintin et le Lac aux requins » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

Périodiques[modifier | modifier le code]

  • Histoire et fiction hors-série no 1, « BD une histoire française et belge ! », Paris, Oracom, s.d. (2019), p. 66.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Jean-Claude Vantroyen, « Raymond Leblanc est mort à 92 ans. Il avait créé le journal Tintin », Le Soir,‎ .

Liens externes[modifier | modifier le code]