Raoul Jobin — Wikipédia

Raoul Jobin, de son vrai nom Joseph Roméo Jobin, était un ténor canadien né le à Québec et décédé le (à 67 ans) dans la même ville. Il a été inhumé au cimetière Notre-Dame-de-Belmont, à Sainte-Foy.

Il compte parmi les plus grands ténors francophones du XXe siècle[1]. Il est le père du ténor André Jobin[2].

Claudette Jobin, sa fille. a épousé le notaire Jacques Taschereau fils d'Edouard Taschereau et Juliette Caroll, elle-même fille du lieutenant-gouverneur Henry-George Carroll.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origine et formation[modifier | modifier le code]

Roméo Jobin est né à Québec le [3]. Il commence sa formation de chanteur avec le professeur Émile Larochelle[4]. Il poursuit des études en chant à l'Université Laval de Québec puis à Paris. Il adopte le prénom de son père Raoul, celui de Roméo étant trop associé à l'opéra Roméo et Juliette et à la pièce de théâtre dont il est inspiré. Il se marie à la soprano Thérèse Drouin[3]. Ensemble ils ont trois enfants, Claudette, André et France Jobin épouse du journaliste et haut-fonctionnaire Jacques Pigeon[5]. Comme son père, André Jobin (1933-2023) fera carrière dans les arts. Il sera un comédien, chanteur lyrique (ténor) et metteur en scène[6].

Carrière[modifier | modifier le code]

Chanteur lyrique[modifier | modifier le code]

Dans les années 1930, il fait ses débuts au Grand Opéra de Paris tenant le rôle de Tybalt dans Roméo et Juliette de Charles Gounod[7]. Il incarne plusieurs rôles dans les œuvres notoires telles Louise de Gustave Charpentier, Carmen de Georges Bizet, Wether et Manon de Jules Massenet, Les Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach et Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns[3]. C'est durant cette période qu'il construit une expertise en tant qu'interprète d'opéras français[3]. Peu de temps après son arrivée à Paris, son succès est tel qu'il participe à plus de 111 représentations musicales[5],[3]. De 1934 à 1939, il occupe le titre de premier ténor à l'Opéra et à l'Opéra-Comique de Paris[3]. Durant ses années, il revient quelques fois au pays, par exemple, en 1932, lorsqu'il participe au concert inaugural du Palais Montcalm à Québec[8].

En 1939, la Seconde Guerre mondiale lui impose d'interrompre sa carrière en Europe[4]. De 1939 à 1945, il s'investit alors à développer sa carrière en Amérique du Nord et du Sud[4]. Il se produit entre autres à l'Opéra de San Francisco, à l'opéra de Cincinnati, à Rio de Janeiro, à Buenos Aires au Teatro Colon, où on lui donne le surnom de Caruso du Canada à cause des qualités de sa voix[7],[4]. Le succès qu'il rencontre à Rio de Janeiro l'amène à faire ses débuts au Metropolitan Opera (Met) de New York le [7],[9]. Le premier opéra auquel il participe au Met est Manon, il tient le rôle de DesGrieux et chante en compagnie de Grace Moore[7],[9]. Il devient également un invité régulier des Variétés lyriques de Montréal, où il chante notamment le rôle de Don José dans la production de Carmen en [10]. En 1941, il revient au Québec, à Montréal, pour la production de l'opéra comique His Majesty. Il incarne également le rôle de Pélléas pour la première canadienne de Pélléas et Mélisande de Claude Debussy[7]. Le de la même année, il donne un récital à l'auditorium Le Plateau à Montréal tout juste avant de partir en tournée aux États-Unis avec une troupe du Metropolitan Opera[11]. À la fin de la guerre, il retourne à l'Opéra de Paris, où connaît un franc succès jusqu'en 1956[4],[3]. En 1950, il donne un récital à la salle Gaveau à Paris[12]. Raoul Jobin prend sa retraite de la scène à 50 ans en 1957[3]. Durant sa carrière, il se sera produit sur une multitudes de scènes européennes notamment à Paris, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Lyon, Montpellier, Florence, Barcelone, Liège, Genève et Zurich[5]. Il aura voyagé en France, au Mexique, en Argentine, an Algérie, aux États-Unis, en Belgique, en Suisse, au Maroc et en Tunisie, entre autres[5].

Professeur et directeur[modifier | modifier le code]

En 1957, Raoul Jobin revient au Québec et met sur pied une école de chant à Montréal[3]. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de musique de Montréal puis nommé directeur du Conservatoire de musique de Québec de 1961 à 1970. Il devient alors le second directeur de cette institution[13]. En 1951, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en France puis, en 1952, l'Université Laval lui décerne un doctorat honoris en musique[5]. En 1967, il est nommé compagnon de l'Ordre du Canada[5]. En 1970, il exerce la fonction de conseiller culturel du Québec à Paris[3].

Au moment des rapprochements avec la France il crée avec le Dr Fernand Hould, apparenté à Jean Hould qui fera l'autopsie du corps de Pierre Laporte, l'association Amitiés France-Québec. Son gendre Jacques Pigeon entre lui au service de Jean Marchand à Ottawa.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Le , Raoul Jobin est hospitalisé à l'hôpital Saint-Sacrement de Québec[5]. Il décède d'un cancer généralisé le dimanche à Québec à l'âge de 67 ans[3]. Ses funérailles ont lieu de à l'église Saint-Sauveur, sa paroisse natale[14],[5]. Son épouse Thérèse Drouin décède en 2007.

Grands rôles[modifier | modifier le code]

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Honneurs et distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Posthume[modifier | modifier le code]

Archives[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Renée Maheu, Marc Samson, « Raoul Jobin » dans l'Encyclopédie canadienne.
  2. Marc Samson, « André Jobin » dans l'Encyclopédie canadienne.
  3. a b c d e f g h i j et k Claude Gingras, « Raoul Jobin : 30 ans de carrière », La Presse,‎ , A13 (lire en ligne)
  4. a b c d et e Maheu, Renée, « Les grandes voix du Québec », Cap-aux-Diamants : La revue d'histoire du Québec, no 35,‎ (ISSN 0829-7983 et 1923-0923, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d e f g et h Jacques Thériault, « Raoul Jobin meurt, victime d'un cancer », Le Devoir,‎ , p. 1 et 6 (lire en ligne)
  6. Marie Laurier, « André Jobin, du théâtre à l’opéra le fils de Raoul Jobin met en scène La Veuve Joyeuse à l'Opéra de Montréal », La Presse,‎ , p. C7 (lire en ligne)
  7. a b c d et e « Raoul Jobin dans "Roméo et Juliette" au Théâtre Lyrique », La semaine à Radio-Canada,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  8. a et b Marie Laurier, « Le nom de Raoul Jobin immortalisé à Québec », La Soleil,‎ , p. 9 (lire en ligne)
  9. a et b Denis Rivest, « L'hommage d'un livre à Raoul Jobin un grand ténor lyrique (1906-1974) », L'Incunable,‎ , p. 16-18 (lire en ligne)
  10. Claude Gingras, « D'un concert à l'autre », La Presse,‎ , p. C10 (lire en ligne)
  11. Pierre Vennat, « La fête de la musique : Raoul Jobin au Plateau », La Presse,‎ , B9 (lire en ligne)
  12. Pierre Vennat, « Le théâtre, il y a un siècle », La Presse,‎ , B9 (lire en ligne)
  13. Monique Duval, « Histoire et patrimoine : histoire du conservatoire du Québec », Le Soleil,‎ , p. C7 (lire en ligne)
  14. « Utile Hommage à Jobin », Le Soleil (Édition régionale Québec),‎ , p. 25 (lire en ligne)
  15. (en) Andrew King, « Palais Montcalm: A New Resident At Quebec City's House Of Music », Professional Sound, Ontario, vol. 24, no 6,‎ , p. 30-33
  16. « Un prix Raoul Jobin créé pour les jeunes », Le Soleil,‎ , B8 (lire en ligne)
  17. Claude Gingras, « Un livre sur Raoul Jobin », La Presse,‎ , p. D2 (lire en ligne)
  18. Fonds Raoul Jobin (P357) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Liens externes[modifier | modifier le code]