Proto-celtique — Wikipédia

Proto-celtique
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Période du IIIe millénaire av. J.-C. au IIe millénaire av. J.-C.
Langues filles Langues celtiques
Région Europe centrale
Typologie flexionnelle
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-1 cel-pro

Le proto-celtique, ou celtique commun, est la proto-langue reconstituée qui serait à l'origine de toutes les langues celtiques connues. Selon certains linguistes, il fait partie avec les langues italiques du groupe italo-celtique mais ce regroupement n'est pas reconnu par tous. Ces langues font partie des langues indo-européennes.

Présentation[modifier | modifier le code]

La plus ancienne culture archéologique pour laquelle on ait des indices qui permettent de la considérer comme proto-celtique est la Culture des champs d'urnes de l'Âge du bronze tardif de l'Europe centrale, dans le dernier quart du IIe millénaire av. J.-C. La culture de Hallstatt, qui chevauche l'Âge du bronze et l'Âge du fer, d'environ 1300 à , est considérée comme pleinement celtique.

La reconstruction du proto-celtique est en cours. Le témoignage du celtique continental est important pour reconstituer la phonologie et certains éléments de morphologie, mais est encore trop peu abondant pour permettre une reconstruction de la syntaxe. Bien que nous disposions de phrases complètes en gaulois et en celtibère, la plus ancienne langue celtique à disposer d'une littérature substantielle est le vieil irlandais, qui fait partie des langues celtiques insulaires. Le lexique peut être reconstruit par la méthode de la linguistique comparée.

Phonétique historique[modifier | modifier le code]

Phase précoce[modifier | modifier le code]

  • Fusion des séquences de consonnes vélaires suivies de */w/ en labio-vélaires
    • *kw > kʷ
    • *gʰw > gʷʰ
    • *gw > gʷ (on ne sait pas avec certitude si ce changement s'est produit avant ou après le précédent, donc si ce nouveau *gʷ est resté tel quel ou a subi la labialisation comme le *gʷ préexistant)
  • *e devant une consonne sonante suivie de *a (mais pas de *ā) devient *a : ex. *eRa > aRa
  • Épenthèse d'un *a devant les autres consonnes sonantes syllabiques :
    • *m̥ > am
    • *n̥ > an
    • *l̥ > al
    • *r̥ > ar
  • Disparition de toutes les laryngales non syllabiques subsistantes
  • Assimilation de *p suivi de *kʷ plus tard dans le mot en *kʷ : *p...*kʷ > *kʷ...*kʷ (la même règle joue dans les langues italiques)
    • ē > ī
    • ō > ū en syllabe finale
  • Loi d'Osthoff : les voyelles longues s'abrègent devant une sonante suivie d'une occlusive (V:RC > VRC); les diphtongues longues sont également affectées.

Phase tardive[modifier | modifier le code]

  • Une occlusive devient */x/ devant une autre occlusive ou un */s/ (C₁C₂ > xC₂, Cs > xs)
  • Disparition du /p/ hérité de l'indo-européen commun :
    • par sonorisation p > b devant liquide (pL > bL)
    • par vocalisation p > w devant nasale (pN > wN)
    • par fricatisation p > ɸ dans les autres positions (sauf peut-être après *s) ; la fricative /ɸ/ s'est amuïe dans les langues celtiques historiques, mais subsiste peut-être sous la forme d'un /h/ dans quelques noms propres antiques d'origine celtique : Hercunia, Hibernia
  • ō > ā
  • ei > ē
  • ew > ow
  • uwa > owa

Datation[modifier | modifier le code]

La période d'individualisation du proto-celtique est controversée. Par le passé, on a essayé de la déterminer par association avec des cultures archéologiques particulières présumées celtiques, ou par glottochronologie. Pour diverses raisons, aucune de ces méthodes ne donne vraiment satisfaction. Dans les années 2000, plusieurs équipes ont abordé la question par la linguistique informatique, avec des résultats non concordants. Gray et Atkinson ont estimé la date à , alors que Forster et Toth l'ont estimée à , mais ces dates sont beaucoup plus anciennes que ce qui est généralement accepté, et elles sont sujettes à une forte incertitude, peut-être +/-1500 ans. Ces datations précèdent l'arrivée présumée des peuples indo-européens en Europe centrale, ce qui représente une incohérence.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L'évolution de ce nouveau *gʷ dans les langues celtiques ultérieures ne se confond pas avec celle de *b, de sorte que l'on sait que les deux sons devaient rester distincts en proto-celtique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Frederik H. H. Kortlandt, Italo-Celtic Origins and Prehistoric Development of the Irish Language, Leyde, Rodopi, 2007.
  • (en) Ranko Matasović, Etymological Dictionary of Proto-Celtic, Leyde, Brill, 2009.
  • (de) Wolfgang Meid et Peter Anreiter (dir.), Die größeren altkeltischen Sprachdenkmäler : Akten des Kolloquiums Innsbruck, 29. April - 3. Mai 1993, Innsbruck, 1996, 265 p.
  • (de) Stefan Schumacher, Die keltischen Primärverben : Ein vergleichendes, etymologisches und morphologisches Lexikon, Innsbruck, Institut für Sprachen und Literaturen der Universität, 2003.
  • (en) Nicholas Zair, The Reflexes of the Proto-Indo-European Laryngeals in Celtic, Leyde, Brill, 2012.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]