Programme spatial israélien — Wikipédia

Le satellite de reconnaissance Ofek-7 lancé par une fusée Shavit-2 (2007)

Le programme spatial israélien regroupe l'ensemble des activités spatiales civiles ou militaires d'Israël. Il est le résultat de travaux de recherche et de développement de haut niveau dans le domaine militaire et industriel dans les années 1980 qui ont permis avec un budget modeste de devenir en 1988 la huitième nation à placer en orbite un satellite à l'aide d'un lanceur national.

Historique[modifier | modifier le code]

Création de l'agence spatiale israélienne[modifier | modifier le code]

À la suite du Traité de paix israélo-égyptien de 1979, les avions israéliens n'ont plus la possibilité de survoler le Sinaï pour surveiller l'activité militaire égyptienne. Par ailleurs les autorités israéliennes depuis la guerre de Yom Kippour se méfient de leur allié, les États-Unis, qui ne leur a pas fourni les renseignements satellitaires qu'ils étaient en droit d'espérer avant le déclenchement du conflit. Aussi le premier ministre Menahem Begin décide en 1983 de créer l'Agence spatiale israélienne ISA (acronyme de l'anglais Israeli Space Agency) qui est placé sous la direction de Yuval Ne'eman. L'agence spatiale coordonne les développements auxquels participent l'Université de Tel Aviv, l'Académie israélienne des Sciences et des Humanités et l'entreprise aérospatiale Israel Aerospace Industries (IAI). À l'époque Israël dispose du missile Jericho de moyenne portée qui constitue une bonne base pour le développement d'un lanceur léger.

Mise au point d'un lanceur national et mise en orbite du premier satellite israélien[modifier | modifier le code]

Cinq ans après la création de l'agence, le premier satellite israélien Ofek-1 est placé en orbite le par un lanceur Shavit développé avec les ressources locales à partir de la deuxième version du missile Jéricho II. Du fait de l’exiguïté de son territoire et des relations tendues avec les pays arabes voisins, les tirs des lanceurs nationaux se font depuis la côte vers l'ouest et placent donc les satellites sur une orbite rétrograde qui réduit les capacités du lanceur (la vitesse de rotation de la Terre vient se soustraire à la vitesse communiqué par le lanceur). Le deuxième tir qui a lieu le place en orbite un satellite technologique Ofek-2. Il faut attendre le troisième tir effectué le avec un lanceur Shavit-1 un peu plus puissant pour que le premier satellite de reconnaissance opérationnel, Ofek-3 soit placé en orbite. Ce dernier d'une masse de 200 kg est capable de fournir des images avec une résolution de 1,5 m.

Coopération avec l'Afrique du Sud[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1980, Israël engage une politique de coopération dans le domaine spatial avec l'Afrique du Sud pour que ce pays dispose de son propre programme spatial. Le lanceur sud-africain RSA-3 développé dans le cadre de ce programme présente des points communs avec le Shavit israélien. Mais en , le gouvernement sud-africain qui a abandonné le régime de l'apartheid (en 1991) et réorienté ses priorités budgétaires dans le domaine social, décide de mettre fin au développement d'un lanceur national.

Tentatives de développement d'un lanceur commercial[modifier | modifier le code]

En 1993-1994 l'IAI tente de commercialiser le lanceur Next, une version à trois étages du Shavit capable de placer 400 kg sur une orbite polaire. Le projet ne débouche pas mais il est à l'origine des versions Shavit-1 et Shavit-2 du lanceur national. Ces tentatives de commercialisation sont renouvelées par la suite avec l'appui de la société américaine US Coleman Research : une famille de lanceurs baptisée LK est proposée en utilisant comme premier étage le propulseur à propergol solide Castor 120. Mais cette deuxième tentative n'a pas plus de succès notamment parce que le gouvernement américain s'oppose à l'exportation de matériels considérés comme sensibles sur le plan de la sécurité.

L'échec du lancement d'Ofek 4[modifier | modifier le code]

Le le satellite Ofeq-4 est lancé mais le tir est un échec à la suite d'une défaillance du deuxième étage de la fusée. La perte est évaluée à 50 millions US$ (le budget spatial annuel moyen d'Israël est d'environ 80 millions US$). Cet échec donne un coup d'arrêt au programme spatial israélien et le pays se retrouve sans satellite de reconnaissance opérationnel durant plusieurs années. Ce n'est que le que le troisième lanceur Shavit-1 place le satellite Ofeq-5 sur une orbite rétrograde de 370 x 600 km. Le nouveau satellite d'une masse de 300 kg peut produire des images en couleurs avec une résolution inférieure à 1 mètre.

La politique spatiale d’Israël[modifier | modifier le code]

Le budget spatial[modifier | modifier le code]

Les installations de recherche et techniques[modifier | modifier le code]

Les lanceurs israéliens[modifier | modifier le code]

Israël dispose de son propre lanceur de satellites baptisé Shavit (comète en hébreu) développé à partir du missile balistique Jéricho II. Shavit a placé en orbite le premier satellite artificiel israëlien le . Cette fusée comporte trois étages utilisant tous une propulsion à propergol solide. Plusieurs versions de puissance croissante ont été développées : la dernière version Shavit 2 il est capable de placer environ 350 kg sur une orbite polaire. Le premier lancement, qui a eu lieu en 1988, a permis de placer en orbite Ofeq 1, le premier satellite artificiel israélien. Le Shavit est utilisé pour lancer les satellites de reconnaissance israéliens : début 2019 le lanceur totalisait 10 lancements dont 3 échecs. Le Shavit est tiré depuis la base aérienne de Palmachim située sur la côte israélienne. Pour ne pas survoler le territoire des pays voisins, le lanceur est tiré vers l'ouest et place ses satellites sur une orbite rétrograde [1],[2].

Le programme scientifique[modifier | modifier le code]

L'activité spatial scientifique est réalisée principalement en coopération avec d'autres puissances spatiales : l'agence spatiale indienne ISRO (observation de la Terre et télescope spatial) et l'agence spatiale française, le CNES, pour l'étude de l'atmosphère et la surveillance de la végétation.

La sonde lunaire Beresheet[modifier | modifier le code]

Beresheet est une sonde spatiale développée par la société israélienne SpaceIL dans le cadre du Google Lunar X Prize et lancée le . Ce petit atterrisseur conçu pour remplir l'objectif de ce concours finalement annulé, avait une masse de 585 kg et emportait une charge utile comprenant une caméra et un magnétomètre. L'alunissage, le , est un échec. Beresheet est le premier engin spatial lancé au delà de l'orbite terrestre développé dans le cadre d'une initiative privée[3].

Les expériences suborbitales[modifier | modifier le code]

Les satellites d'application[modifier | modifier le code]

Les satellites d'observation de la Terre[modifier | modifier le code]

  • L'industriel IAI a développé 2 satellites EROS, lancés en 2000 et 2006. Un troisième satellite est en développement.
  • En coopération avec le CNES, l'agence spatiale israélienne a développé le satellite Vénμs, lancé en 2017, dont l'objectif premier est de modéliser la biosphère.
  • En coopération avec l'Agence spatiale italienne, l'agence israélienne développe le programme SHALOM, système à vocation commerciale d'images hyperspectrales par satellite dont la mise en service opérationnel est prévue pour 2021.

Les satellites de télécommunications[modifier | modifier le code]

IAI a développé une famille de satellites de communication, appelée Amos (en).

Les satellites de renseignement[modifier | modifier le code]

IAI développe une famille de satellites de reconnaissance de petite taille, baptisée Ofek. Cette famille est composée de satellites œuvrant dans le domaine optique et de 2 satellites à radar à synthèse d'ouverture TecSAR. Début 2019, 11 satellites ont été placés en orbite en utilisant à l'exception d'Ofeq 8 le lanceur national Shavit[4],[5],[6],[7],[8].

Programme spatial habité[modifier | modifier le code]

L'industrie spatiale israélienne[modifier | modifier le code]

Les principaux acteurs dans le domaine spatial israélien sont :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Norber Brügge, « Shavit » (consulté le )
  2. (de) Bernd Leitenberger, « Shavit » (consulté le )
  3. (en) Jason Davis, « What to expect when Beresheet launches to (and lands on) the Moon », The Planetary Society,
  4. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 1, 2 (Oz 1, 2) », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  5. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 3, 4 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  6. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 5, 6, 7, 9 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  7. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 11 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
  8. (en) Gunter Krebs, « Ofeq 8, 10 (TECSAR 1, 2 / TechSAR 1, 2) », sur Gunter's Space Page (consulté le )

Sources[modifier | modifier le code]

  • (en) Brian Harvey, Henk H F Smid et Theo Pirard, Emerging space powers : The new space programs of Asia, the Middle East ans South America, Springer Praxis, (ISBN 978-1-4419-0873-5)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]