Prison de Plötzensee — Wikipédia


Justizvollzugsanstalt Plötzensee

Prison de Plötzensee
(de) Justizvollzugsanstalt Plötzensee
Image de l'établissement
La poterne de la prison
Localisation
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Drapeau de Berlin Berlin
Département Berlin
Quartier Charlottenbourg-Nord
Coordonnées 52° 32′ 28″ nord, 13° 19′ 19″ est
Géolocalisation sur la carte : Berlin
(Voir situation sur carte : Berlin)
Prison de Plötzensee
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Prison de Plötzensee
Architecture et patrimoine
Construction 1869-1879
Installations
Type Prison pour hommes (d), lieu d'exécution (d) et prison musée (d)
Fonctionnement
Date d'ouverture
Opérateur(s) Drapeau de l'Allemagne Sénat de Berlin

La prison de Plötzensee (en allemand : Justizvollzugsanstalt Plötzensee) est un établissement pénitentiaire allemand, situé dans le quartier de Charlottenbourg-Nord à Berlin. Elle regroupe plusieurs régimes de détention pour hommes ; actuellement, le nombre de places de détention s'élève à 369 dans les établissements fermés et à 90 en milieu ouvert.

La prison, qui doit son nom au lac Plötzen voisin, fut construite de 1869 à 1879 sur décision du gouvernement prussien et est rattachée au Grand Berlin en 1920. Elle comprenait cinq bâtiments de détention de trois étages, d'une capacité de 1 400 détenus environ[1]. C'est durant la période nazie de 1933 à 1945 qu'elle devient célèbre pour sa fonction de lieu central des exécutions, notamment des résistants condamnés à mort par le Volksgerichtshof. Le mémorial de Plötzensee, ouvert en 1952 au bord de la prison, rappelle le sort des victimes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Sous le régime nazi, la peine capitale n'est exécutée que dans un certain nombre d’établissements pénitentiaires répartis sur tout le territoire du Reich allemand. Le Code pénal (Strafgesetzbuch, StGB) dispose que le verdict doit être exécuté par décapitation. La prison de Plötzensee est, avec la prison de Brandebourg, le site central des exécutions du district judiciaire de la Kammergericht et, plus tard, du Volksgerichtshof à Berlin.

De l’ouverture de la prison aux années 1930, les sentences sont exécutées à la hache ; puis Hitler, sur proposition du ministre de la Justice Franz Gürtner, décide, le , que les exécutions se feront par la guillotine (Fallbeil). Afin d’augmenter la cadence des exécutions, qui se font plus nombreuses, une guillotine est transférée le de la prison de Bruchsal et montée dans un ancien hangar situé à l’arrière de la prison. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le nombre des exécutions augmente encore fortement.

Au début des années 1940, le bourreau en chef est Johann Reichhart, descendant d'une famille bourgeoise de bourreaux remontant jusqu'au milieu du XVIIIe siècle et réputé être le bourreau ayant exécuté le plus de personnes, avec 3 165 exécutions à son actif. Le , Wilhelm Röttger lui succède à Plötzensee et à Brandebourg. Il y effectue la majorité des exécutions de sa carrière, parmi lesquelles celle de Helmuth Hübener, âgé de 17 ans, le .

La salle d'exécutions.

Le , sur instructions de Hitler, une barre métallique portant cinq crochets de boucher est placée dans la chambre d'exécution, qui servent aux pendaisons. Puis, ce sont huit crocs qui permettent d’augmenter les cadences. Les premiers pendus sont les membres de l'« Orchestre rouge » le , dont Harro Schulze-Boysen et Arvid Harnack. Une partie des conspirateurs du furent pendus avec des cordes de piano.

Le , le théologien Harald Poelchau (1903–1972) devient l’aumônier protestant des prisons de Berlin, le premier nommé par le régime nazi. Fonctionnaire du ministère de la Justice, il est d'un grand secours aux victimes de la violence et apporte un réconfort spirituel à des centaines de condamnés à mort, avant leur exécution. À partir de 1941, il fait partie du cercle de Kreisau créé par Helmuth James von Moltke. Après l'échec du complot du , il transmet de nombreux derniers messages et lettres d'adieu aux parents des condamnés du procès de l’attentat.

Le massacre du 7 au [modifier | modifier le code]

En été 1943, à la suite du bombardement partiel de la prison par l'aviation alliée, au cours duquel la guillotine est endommagée, le ministère de la Justice ordonne l'exécution immédiate de toutes les condamnations à mort pour gagner de la place et éviter des évasions. Selon les mémoires de Harald Poelchau, la tuerie commence au crépuscule, le soir du . Jusqu'au , plus de 250 prisonniers, dont six par erreur, sont pendus par groupes de huit alors même que les raids aériens continuent. Comme il n'y a plus d'électricité, les exécutions ont lieu à la lueur des bougies. Les bourreaux, épuisés, ne s'arrêtent qu'au matin, à huit heures, pour reprendre leur activité le soir[2].

Au total, 2 891 personnes sont exécutées à Plötzensee de 1933 à 1945 – parmi lesquelles les membres de l'« Orchestre rouge » et du cercle de Kreisau, ainsi que la plupart des conjurés du 20 juillet 1944 après leur jugement devant le Volksgerichtshof.

Mémorial[modifier | modifier le code]

Le mémorial de Plötzensee.

En souvenir des condamnés, un site commémoratif est inauguré avec le soutien du mémorial de la Résistance allemande le au lieu des exécutions. Il s'agit d'une petite bâtisse en briques rouges, qui est le seul édifice existant à ce jour.

Sur le mémorial est écrit : « Aux victimes de la dictature d'Hitler des années 1933-1945 ». Un document a été inséré dans la première pierre du mémorial: « Ici, de 1933 à 1945, sous la dictature hitlérienne, des centaines d'hommes ont péri par meurtre légal, payant de leur vie leur lutte pour les droits de l'homme et la liberté politique. Ils étaient issus de toutes les couches de la société, et de presque toutes les nations. Par ce mémorial, Berlin honore les millions de victimes du Troisième Reich, diffamées, maltraitées, privées de leur liberté ou assassinées à cause de leur conviction politique, de leur confession religieuse ou de leur appartenance raciale. »

Sur les 2 891 exécutés entre 1933 et 1945, on trouve 1 437 Allemands, 677 Tchèques, 253 Polonais, 245 Français, 89 Autrichiens, 65 Belges, 115 personnes d'autres nationalités.

Les prisonniers polonais[modifier | modifier le code]

Kotwica, l'un des symboles de l'Armia Krajowa

Certains condamnés polonais appartiennent à l'Armée nationale secrète (Armia Krajowa) ou lui apportent leur soutien et ont été poursuivis pour détention illégale d'armes et d'explosifs, sabotage et atteinte à la sûreté de l'État. d'autres sont des prisonniers de guerre évadés ou des réquisitionnés du travail arrêtés par la Gestapo en Allemagne et qui, au début du moins, sont traduits devant les cours spéciales. À Plötzensee sont également exécutés des Polonais ayant essayé d'aider des compatriotes persécutés[3].

Les prisonniers tchèques[modifier | modifier le code]

Julius Fučík

Beaucoup appartiennent à un mouvement de résistance militaire portant le nom de "Défense nationale" (Obrana národa), composé d'officiers de l'ex armée tchécoslovaque. Quelque quatre cents périssent à Plötzensee entre et . Dans la même période, plus de deux cent vingt autres Tchèques sont exécutés, dont quatre-vingts environ appartiennent à la résistance communiste et à peu près cent quarante à d'autres réseaux civils. Utilisant divers moyens, ils luttent pour une Tchécoslovaquie indépendante, ce que les tribunaux allemands jugent particulièrement répréhensible depuis l'annexion des Sudètes et l'instauration du Protectorat de Bohème-Moravie en . Parmi les condamnés exécutés dans la nuit du 7 au se trouvait le communiste tchèque Julius Fučík[3].

Le groupe Rütli[modifier | modifier le code]

Petit réseau de résistance composé d'anciens élèves de l'école Rütli, créé par Hanno Günther et Elisabeth Pungs. Arrêtés en juillet et , tous les membres sont internés dans la prison de Plötzensee. La plupart seront exécutés[4].

Le groupe Baum[modifier | modifier le code]

Herbert Baum.

En 1942, la Gestapo détient dans ses geôles les membres d'un groupe de juifs communistes dirigé par le couple Herbert et Marianne Baum. Depuis le milieu des années trente, Herbert Baum rassemblait autour de lui des personnes d'origine juive partageant ses convictions. Considérés par les réseaux communistes clandestins comme particulièrement menacés, ils étaient tenus à l'écart des liaisons avec le Parti, ce qui ne les empêchait pas de rédiger des tracts antinazis. Le , ils commettent un attentat contre l'exposition de propagande anticommuniste « Le paradis soviétique » (Das Sowjet-Paradies)[5], sur la place du Lustgarten à Berlin. Peu après, Herbert et Marianne Baum, Werner Steinbrink, Hildegard Jadamowitz et beaucoup d'autres membres du groupe sont arrêtés. Herbert Baum meurt sans qu'on sache s'il s'est suicidé ou s'il est mort des suites des tortures subies. Deux autres se suicident en détention à la suite des sévices subis. Vingt complices sont condamnés à mort au cours de six grands procès. D'autres, dont le destin n'a jamais été élucidé, ont sans doute péri en camps de concentration. Les condamnés du groupe Baum sont exécutés à Plötzensee les , , , et  : Marianne Baum (1912-1942), Suzanne Wesse (1914-1942), Heinz Rotholz (1922-1943), Heinz Birnbaum (1920-1943), Herbert Budzislawski, Hella Hirsch (1921-1943), Hanni Meyer (1921-1943), Marianne Joachim (1922-1943), Lothar Salinger (1920-1943), Helmut Neumann (1922-1943), Hildegard Löwy et Siegbert Rotholz (1922-1943), Werner Steinbrink (1916-1942) et sa fiancée Hildegard Jadamowitz (1917-1942)[6].

Le réseau Orchestre rouge[modifier | modifier le code]

Le réseau Harnack/Schulze-Boysen est plus connu sous le nom d'« Orchestre rouge ».

Le complot du 20 juillet 1944[modifier | modifier le code]

Quelques personnalités exécutées dans cette prison[modifier | modifier le code]

Statistiques[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Grade équivalent en France à général de corps d'armée, ici spécialisé dans l’arme des transmissions.
  2. Grade équivalent en France à général de division.
  3. Grade équivalent en France à général d'armée.
  4. Grade équivalent en France à général de division, mais pour Nebe il s'agit d'un grade dans la police.
  5. Grade équivalent en France à général de corps d'armée, ici spécialisé dans l’infanterie.
  6. Grade sans équivalent en France, supérieur à celui de général d'armée, pouvant être comparé à celui d’un maréchal de France qui disposerait d’un commandement opérationnel militaire.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le mémorial de Plötzensee. Publication du mémorial de la Résistance allemande, Brigitte Oleschinski, p. 6.
  2. Le mémorial de Plötzensee, p. 19. Témoignage de deux aumôniers de la prison, le pasteur Harald Poelchau et son homologue catholique, Peter Buchholz.
  3. a et b Le Mémorial de Plötzensee page 29
  4. Le mémorial de Plötzensee
  5. (de) « Was konnten Sie tun - Themen », sur was-konnten-sie-tun.de (consulté le ).
  6. Le Mémorial de Plötzensee. Page 24
  7. « BRIANT Marius, Étienne, Antoine », sur fusilles-40-44.maitron.fr.

Liens externes[modifier | modifier le code]