Principauté de Stavelot-Malmedy — Wikipédia

Principauté de Stavelot-Malmedy
(de) Reichsabtei Stablo-Malmedy
(nl) Abdijvorstendom Stavelot-Malmedy
(en) Principality of Stavelot-Malmedy

 – 
(1143 ans et 28 jours)

Description de cette image, également commentée ci-après
Les territoires de la Principauté (rouge).
Informations générales
Statut Principauté ecclésiastique du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire romain germanique.
Capitale Stavelot
Langue(s) Français
Religion Catholicisme
Démographie
Population 30 000 hab. (est. 1795)
Superficie
Superficie ± 723 km²
Histoire et événements
651 Fondation de la Principauté
1040 Visite de l'empereur Henri III
1794 Rattachement à la France

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La principauté de Stavelot-Malmedy, ou principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, était une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain. La souveraineté était exercée par le prince-abbé bénédictin des double monastères impériaux de Stavelot et de Malmedy fondés en 651, qui était détenteur à la fois des pouvoirs politiques et religieux de la Principauté. Avec le duché de Bouillon et la principauté de Liège, c'était l'un des trois territoires qui n'ont jamais fait partie des Pays-Bas espagnols (et plus tard des Pays-Bas autrichiens)[1]. En tant que prince-abbé, l'abbé de Stavelot-Malmedy avait un siège à la Diète d'Empire sur le banc ecclésiastique du collège des princes régnants, aux côtés des princes-évêques. Avec les autres princes-abbés, il possédait une voix personnelle (voix virile), contrairement aux prélats, qui ne possédaient qu'une voix collective (voix curiale). En 1795, la principauté est abolie et son territoire est intégré au département de l'Ourthe. Le congrès de Vienne de 1815 assigna Stavelot au royaume uni des Pays-Bas et Malmedy devint une partie du district prussien d'Eupen et Malmedy. Tous deux font actuellement partie du royaume de Belgique - depuis la révolution belge de 1830 et le traité de Versailles de 1919, respectivement.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les armes de la Principauté figurant sur l'église Saint Remacle du village de Louveigné : le loup bâté[2], la crosse, le glaive et la mitre.
L'abbaye de Stavelot.

Dès le VIIe siècle, les donations royales avaient doté Stavelot d'un domaine que les immunités mérovingiennes et carolingiennes soustrayaient à l'action directe des fonctionnaires. Ce domaine, d'après le diplôme de Childéric II, de 670, s'étendait de la Baraque Michel à la Warche, à la Salm, à l'Amblève et au Roannay[3].

Les catalogues des abbés de Stavelot citent dans les dernières années du IXe siècle, en 891 et en 895, un comte-abbé Liutfrid ; il avait possédé un bénéfice royal à Bihain[4].

Après lui, Régnier Ier fut doté de l'abbaye jusqu'à sa mort en 915 ; il y eut pour successeur Évrard, dans lequel il faut voir probablement le personnage auquel Henri Ier confia, en 925, la pacification de la Lotharingie[4].

Gislebert reprit ensuite la succession de son père et conserva l'abbaye jusque vers 939. Le duc Conrad le Roux obtint ce même bénéfice, mais on sait qu'il fut disgracié en 953[5].

Les comtes-abbés de cette première période n'étaient pas nécessairement les chefs immédiats du territoire ; mais lorsqu'ils disparurent, c'est-à-dire au milieu du Xe siècle, ce furent en règle générale les comtes qui exercèrent l'avouerie sur les établissements ecclésiastiques de leur circonscription. Les premiers avoués de cette espèce à Stavelot sont des membres de la famille dite de Luxembourg (descendants de Sigefroid de Luxembourg)[6].

Le petit État ne faisait pas partie des Dix-Sept Provinces, pas plus que la principauté de Liège voisine, la transmission du pouvoir étant soumise aux spécificités de leur statut religieux. Il disparut en 1795 en même temps que les autres États de la région, intégré qu'il fut au département de l'Ourthe. Après la chute de l'Empire français, son territoire fut partagé entre la province de Liège du royaume des Pays-Bas (Stavelot et l'ouest du territoire) et la Prusse (Malmedy et l'est). La rivière de l'Eau Rouge séparait les deux États dans la région. La partie orientale revint à la Belgique en 1919 selon les termes du traité de Versailles, et fut également intégrée à la province de Liège (voir : Cantons de l'Est).

Territoire[modifier | modifier le code]

Carte historique.

Établie sur la plus grande partie de la vallée de l'Amblève et dans une moindre mesure sur l'Ourthe, la principauté était limitée au nord par la principauté de Liège, à l'est par d'autres principautés du Saint-Empire, au sud et à l'ouest par les Dix-Sept Provinces et leurs avatars. Comme dans tous les États de la région, les enclaves étaient nombreuses. Sclessin et Ougrée par exemple, dans l'actuelle banlieue de Liège, de même que Chooz (actuellement en France) firent partie de la principauté jusqu'en 1768, date à laquelle ces localités furent échangée contre Anthisnes et Vien, avec la principauté de Liège[7]. Formée d'une quarantaine de localités, la principauté comprenait un bloc étiré d'est en ouest, de Hamoir à Waimes, et les trois enclaves de Ocquier-Bende, Hody et Louveigné-Fraipont. Le territoire était divisé en trois districts d'origine fiscale, les postelleries de Stavelot et de Malmedy et le comté de Logne.

Carte du XVIIIe siècle.

Institutions[modifier | modifier le code]

Le prince-abbé gouvernait en souverain absolu ; il pouvait en certaines matières consulter une sorte d'organe représentant ses sujets : l'assemblée générale, ou États, composée de religieux, de dignitaires héréditaires ou d'officiers du prince, maires et échevins, dont le rôle principal était de voter l'impôt. Des États provinciaux existaient dans chacun des trois districts. Sur le plan judiciaire se retrouvait cette division tripartite du pays. Un Conseil de la principauté tranchait les cas contestés. Enfin, en dernier ressort, et comme à Liège d'ailleurs, il pouvait être fait appel à la Chambre impériale (Reichskammergericht), tribunal suprême de l'Empire créé par Maximilien d'Autriche sur le modèle des parlements de Paris et de Malines et qui eut son siège successivement à Francfort (1495-1527), Spire (1527-1693) et Wetzlar (1693-1806)[1].

Princes-abbés[modifier | modifier le code]

Nom Règne Titres Blason
1. Remacle de Stavelot 637-652 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
2. Papolin Ier 652-660 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
3. Sigolin 660-666 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
4. Godoin 666-675 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
5. Papolin II 675-710 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
6. Rabangar Ier 710-? Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
7. Abolin Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
8. Crodmar Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
9. Amalger Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
10. Aminger ?-727 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
11. Anglin 727–746 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
12. Agilolphe de Stavelot 746–750 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
13. Alberik 750–779 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
14. Sighard 779–791 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
15. Witand 791–815 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
16. Absalom 815–816 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
17. Ando 816–836 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
18. Ratold 836–840 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
19. Harond 840-844 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
20. Ebon Ier de Reims 844-845 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
21. Ebbo II 845-867 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
22. Hartgar 867-880 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
23. Adelhard Ier 880-890 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
24. Linfried 890-898 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
25. Richar 898-905 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
26. Régnier Ier de Hainaut 905–913 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
27. Eberhard 913-? Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
28. Giselbert ?-939 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
29. Konrad Ier 939-952 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
30. Odilo 952-954 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
31. Werinfried 954-986 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
32. Rabangar II 986-1008 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
33. Bertram 1008-1020 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
34. Poppo Ier 1020-1048 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
35. Dietrich 1048-1080 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
36. Rudolf 1080-1097 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
37. Volmar 1097-1105 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
38. Poppo II. de Beaumont 1105-1119 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
39. Cuonon 1119-1128 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
40. Johann I. de Reulant 1128-1130 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
41. Wibald de Stavelot 1130-1158 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
42. Eriebald 1158-1193 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
43. Gerhard I 1193-1209 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
44. Adelhard II 1209-1222 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
45. Friedrich von dem Stein 1222-1244 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
46. Nikolaus 1244-1248 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
47. Heinrich I. von Geldern 1248-1274 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
48. Johann II. de Enghien 1274-1281 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
49. Agidius von Falkenstein (Maison de Chiny) 1281-1307 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Heinrich II. von Bolanden 1307–1334 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Winrich de Pomerio 1334–1343 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Hugues de Auvergne 1343–1373 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Werner de Ockiers 1373–1393 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Walram von Schleiden 1393–1410 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Heinrich III. de Visé 1410–1417 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Johann III. de Guezaine 1417–1438 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy
. Heinrich IV. von Merode 1438–1460 Prince-Abbé de Stavelot-Malmedy

Structure politique[modifier | modifier le code]

Monnaie de l'abbaye de Stavelot de 1567 retrouvée à Buda, en Hongrie.

La principauté était divisée en trois territoires :

En 1768, les villages d'Anthisnes et Vien qui appartenaient à la principauté de Liège, rejoignent la principauté de Stavelot-Malmedy et le comté de Logne en échange de Sclessin et une partie d'Ougrée, dans la banlieue de Liège.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b André Uyttebrouck, « Une Confédération et trois principautés », La Wallonie, le Pays et les Hommes, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1975, p. 215-244, p. 235
  2. La légende du loup de Saint Remacle
  3. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 230
  4. a et b Vanderkindere 1902, p. 230.
  5. Vanderkindere 1902, p. 230-231.
  6. Vanderkindere 1902, p. 231.
  7. « Les bornes dites de stavelot, un petit patrimoine discret, charge d’histoire », sur La Petite Gazette, (consulté le ).
  8. Richard Courtois, Recherches sur la statistique physique, agricole et médicale de la province de Liége, vol. 1, Beaufays, (lire en ligne), p.56.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]