Pongal — Wikipédia

Illustration stéréotypique du Pongal : Marmite de riz mis au feu et en ébullition; Cannes à sucre en décoration; Réalisation de kolam (mandala) colorés; Fond de soleil (évoquant Surya).

Le Pongalபொங்கல் (poṅkal) littéralement bouilli par-dessus en tamoul — aussi appelé Makar Sankranti dans d'autres régions de l'Inde (ಸಂಕ್ರಾಂತಿ (saṅkrānti) en canarais ; సంక్రాంతి (saṅkrānti) ou మకర సంక్రాంతి (makara saṅkrānti) en télougou) est une fête des moissons et d'actions de grâce, mais aussi propitiatoire de l'Inde[1].

D'après certains, le Pongal est historiquement une fête séculière[2] indépendante de l'hindouisme[réf. nécessaire], ce qui pourrait indiquer une origine très ancienne. Pour d'autres, Pongal est une fête d'origine agricole, lié à l'hindouisme par la symbolique, les rituels, les pratiques et les croyances qui s'y manifestent. Principalement célébré en Inde du Sud, particulièrement au Tamil Nadu, en Andhra Pradesh et au Karnataka, il l'est aussi à Singapour, en Malaisie et au Sri Lanka, où il existe des communautés tamoules. Malgré cette prépondérance de l'Inde du Sud, on reconnaît cette fête dans d'autres parties de l'Inde, dans le Nord par exemple où elle porte le nom de Makar Sankranti. Au Maharashtra et dans le Gujarat, elle prend la forme d'un concours de cerf-volant. Au Penjab et en Haryana elle est célébrée sous le nom de Lohri.

Célébration[modifier | modifier le code]

Au Tamil Nadu[modifier | modifier le code]

Le Pongal est aussi connu sous le nom de Tamizhar Thirunal. La fête a lieu généralement le 14 ou le 15 janvier qui est le premier jour du mois de Thai du calendrier tamoul. Un proverbe tamoul dit : Thai Pirandhal Vazhi Pirakkum (தை பிறந்தால் வழி பிறக்கும்), soit La naissance du mois de Thai pave la route à de nouvelles opportunités.

La fête dure quatre jours. Au cours du premier, Bhogi, les vieux tissus et vêtements sont jetés et brûlés, marquant le début d'une nouvelle vie. Le deuxième jour, le jour du Pongal, on met à bouillir du riz avec du lait frais et de la mélasse ou du sucre brun, tôt le matin, en laissant le mélange déborder, ce qui explique le nom de la fête. Les gens préparent des en-cas et des desserts, se rendent visite l'un l'autre et échangent des vœux. Le troisième jour, Mattu Pongal, est destiné à rendre grâce aux vaches et aux buffles, car la légende dit que le bétail accepta d'aider l'homme à labourer les champs, à seule la condition d'être fêté et honoré une fois par an. Une preuve de dévotion est demandée, où l'on demande à des dévots de Shiva de maîtriser sa monture sauvage, à main nue et à leur risques et périls, le véhicule du dieu Shiva étant le taureau, pratique appelée Jallikattu. Le dernier jour, Kanum Pongal — « kanum » signifiant à voir — les jeunes gens se réunissaient sur les rives des rivières pour y chercher un futur conjoint, une pratique qui est tombée aujourd'hui en désuétude. Durant cette période les gens consomment de la canne à sucre et décorent leur maison avec des kolam.

Controverses autour de Pongal et du « Nouvel an tamoul »[modifier | modifier le code]

Une coupelle de cakkarai poṅkal ou sakkarai pongal, un plat de riz préparé le second jour.

Sous l'influence d'idéologies politiques et culturelles telles que le Dravidianisme ou le Nationalisme tamoul, le Pongal a connu depuis le début du XXe siècle une récupération politique encourageant sa célébration en tant que Nouvel an « ethnique »[3]. Une pratique nouvelle qui entre en conflit avec la fête de Puthandu, qui est le nouvel an du calendrier tamoul, influencé par le calendrier hindou et observé au printemps.

Bien que le Puthandu soit à la fois le nouvel an historiquement et coutumièrement suivi par les populations tamoulophones, ses racines védiques et sanskritisantes ont été une source de mécontentement ancien parmi les cercles intellectuels et politiques dravidiens ou tamoulistes[3],[4]. Ces derniers considèrent que le « nouvel an des tamouls » serait à l'origine celui d'un calendrier décorrélé au calendrier hindou, prenant départ au mois de tai (janvier-février) et non au mois de cittirai (avril-mai)[3]. Le parti politique régional du DMK (Dravida Munnetra Kazhagam) et son chef M. Karunanidhi, qui adhèrent ouvertement à cette théorie, officialisent Pongal en tant que Nouvel an tamoul durant leur mandat dans la gouvernance du Tamil Nadu en 2008[4]. Ce changement ne sera pas adopté par la large majorité de la population du Tamil Nadu, hors des milieux sympathisants au DMK et aux idéologies dravidiennes et tamoulistes. En 2011, Jayalalithaa Jayaram, cheffe du parti d'opposition AIADMK (All India Anna Dravida Munnetra Kazhagam), réaccède au poste de ministre en chef de l'État du Tamil Nadu et fait annuler cette résolution prise par son prédécesseur[3],[4].

La nouvelle accession au pouvoir du DMK en 2022 (gouvernement en exercice actuellement) a relancé cette controverse[4].

Au Karnataka[modifier | modifier le code]

Au Karnataka, la fête est l'occasion de visiter ses voisins, ses amis et ses parents pour échanger des vœux. On prépare alors un plat appelé Ellu fait de graines de sésame, de noix de coco, de sucre, etc.

Signification astrologique[modifier | modifier le code]

Un acteur avec un arceau de feu durant une représentation de théâtre populaire ou terukkūttu, dans le cadre des animations du Pongal à Namakkal (Tamil Nadu, Inde).

La fête a une signification astrologique, elle marque le début de la période de l'Uttarayana, celle où le soleil parcourt dans le ciel ses six mois de course les plus septentrionales. Dans l'hindouisme, Uttarayana est considéré comme auspicieux, opposé à Dakshinaayana, le mouvement méridional du soleil. C'est dans cette période que l'on planifie les évènements importants. Makara Sankranthi fait référence à l'entrée du soleil dans le signe zodiacal du Makara, c'est-à-dire du Capricorne.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, page 330, (ISBN 0816073368)
  2. (en) Kulwant Rai Gupta et Amita Gupta, Concise encyclopaedia of India, New Delhi, Atlantic Publishers & Distributors, (ISBN 9788126906390, OCLC 297208709), « Festivals of India », p. 986-987
  3. a b c et d (en) Ramanathan S, « Is Tamil New Year really ‘Tamil’? Politics of Thai vs Chitirai, Karunanidhi’s speech » Accès libre, sur The News Minute, (consulté le )
  4. a b c et d (en) E. T. B. Sivapriyan, « Will Pongal couple up as Tamil New Year’s Day from 2022? » Accès libre, sur Deccan Herald, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]