Planification économique — Wikipédia

La planification économique est un mécanisme d'allocation des ressources qui est en contraste avec les mécanismes du marché. En tant que mécanisme de coordination pour l'économie socialiste, la planification économique se substitue aux facteurs du marché et est définie comme une attribution directe des ressources, en contraste avec le mécanisme de répartition indirecte du marché. Il existe différents types de procédures de planification[1].

Le niveau de centralisation de la prise de décision dans la planification dépend du type spécifique de mécanisme de planification employé. En tant que tel, on peut distinguer entre la planification centralisée et la planification décentralisée[2]. Une économie essentiellement basée sur la planification centrale est appelée économie planifiée. Dans une économie centralement planifiée l'allocation des ressources est déterminée par un plan global de production qui spécifie les exigences de sortie[3]. La planification peut aussi prendre la forme directive ou indicative.

La plupart des économies modernes sont des économies mixtes intégrant, à degrés divers, des éléments de marché et de la planification.

Une distinction peut être faite entre l'aménagement du territoire et la planification financière (telle qu'elle est pratiquée par les gouvernements et les entreprises privées dans le capitalisme). L'aménagement du territoire implique la planification économique et la coordination menée en termes des unités physiques, alors que la planification financière implique des plans formulés en termes de parts financières[4].

Planification économique socialiste[modifier | modifier le code]

Les différentes formes de la planification économique ont été présentés dans divers modèles de socialisme. Elles vont de systèmes décentralisés de planification, qui sont basés sur la prise de décision collective et des informations ventilées, aux systèmes centralisés de planification menées par des experts techniques qui utilisent des données agrégées. Dans une économie pleinement développée de type socialiste, ingénieurs et spécialistes techniques, supervisés ou désignés de manière démocratique, seraient chargés de coordonner l'économie en termes d'unités physiques sans qu'un calcul financier soit nécessaire . L'économie de l'Union soviétique n'a jamais atteint ce stade de développement, de sorte que des termes financiers ont été utilisés pendant toute son existence[5]. Néanmoins, un certain nombre de mesures alternatives ont été développées pour évaluer la performance des économies non financières en termes de production physique (ex: produit matériel par rapport au produit intérieur brut).

En général, les différents modèles de planification économique socialiste existent comme des constructions théoriques qui n'ont pas été pleinement mises en œuvre, en partie parce qu'ils dépendent de vastes changements à l'échelle mondiale (voir: mode de production ). Dans le contexte de l'économie dominante, la « planification socialiste » se réfère généralement au modèle soviétique, qui peut être qualifié de socialisme ou de capitalisme d'État.

Dans certains modèles de socialisme, la planification économique remplace complètement le mécanisme de marché, censés rendre les relations monétaires et le système de prix obsolètes. Dans d'autres modèles, la planification est utilisée en tant que complément au marché.

Plan quinquennal[modifier | modifier le code]

Le plan quinquennal est un document de planification économique gouvernemental fixant des objectifs de production sur une période de cinq ans. Initialement utilisé en URSS depuis le Ier Plan (1928-1932) jusqu'au XIIIe Plan (1991), le plan quinquennal est ensuite apparu dans d'autres pays communistes comme la République populaire de Chine (où il existe toujours).

L'usage de plans quinquennaux, sous différentes formes, s’est aussi répandu dans les démocraties populaires et occidentales, dont la France, qui, via le Commissariat général du Plan, l'a utilisé jusqu’en 2005, ainsi que des pays comme le Canada ou le Maroc. Néanmoins, le système de planification du Commissariat Général du Plan était un système de planification économique indicative, et non coercitive comme c'était le cas en URSS. L'idée d'une planification "écologique et sociale" est relancée en 2020 par France Stratégie, dans la perspective du plan de relance post Covid-19[6]. Ce renouveau fait suite à une mise en jachère de la réflexion pendant près de 30 ans puisque les dernières thèses en France sur la planification économique se soutiennent à la fin des années soixante-dix, avec en particulier celle de Pierre Picard intitulée « Procédures et modèles de planification décentralisée » soutenue le 9 juin 1978 à l'université Panthéon-Sorbonne. Ce renouveau de la thématique, s’inscrit dans le prolongement de la thèse de doctorat[7] de Grégory Chigolet qu’il soutient le 23 janvier 2008. Ce travail est le point de départ d'un renouveau de la planification à travers l'organisation de colloque[8], la parution d'une revue[9] et de plusieurs articles dans des revues à comité de lecture.

On peut donc remarquer que les plans quinquennaux s'inscrivent dans une démarche qui est de l'ordre du contrôle, mais qui n'est pour autant pas forcément imposée.

Critique[modifier | modifier le code]

Friedrich Hayek, prix nobel d'économie, a exposé dans son livre "La Route de la servitude", publié en 1944[10], comment la planification économique conduit insidieusement à la servitude des peuples[11].

Dans l'ouvrage Pour une vraie concurrence des monnaies, publié en 1976, Il a également appelé au libre arbitre monétaire, prônant l'abolition du monopole de la banque centrale. Pour Hayek, les banques centrales opèrent la planification économique, en fixant arbitrairement la structure des prix par la manipulation des taux d’intérêts[12].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Planification économique.
  • Site archivé du Commissariat général du Plan
  • La planification soviétique à la recherche de la rationalité. Note sur l'évolution récente des techniques soviétiques de planification Guy Claire, Revue économique, 1963, vol. 14, n° 3, pp. 384-440. lire en ligne sur persee.fr
  • Maurice Duverger, Les orangers du Lac Balaton compte rendu de Georges Mond, Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1980, vol. 11, n° 4, pp. 138-142. lire en ligne sur persee.fr
  • L'économie soviétique: origine, développement, fonctionnement Jacques Sapir, Historiens et Géographes, n°351, , pp.175-188.[1]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Ernest Mandel, « In defense of socialist planning », New Left Review, New Left Review, vol. I, no 159,‎ september–october 1986, p. 5–37 (lire en ligne) :

    « Planning is not equivalent to ‘perfect’ allocation of resources, nor ‘scientific’ allocation, nor even ‘more humane’ allocation. It simply means ‘direct’ allocation, ex ante. As such, it is the opposite of market allocation, which is ex post. »

  2. (en) Paul R. Gregory et Robert C. Stuart, Comparing Economic Systems in the Twenty-First Century, Boston, Cengage Learning, Inc, (ISBN 0-618-26181-8, ASIN B01JXOQ2DW), p. 23–24

    « Centralization is commonly identified with plan and decentralization with market, but there is no simple relationship between the level of decision making and the use of market or plan as a coordinating mechanism. In some economies, it is possible to combine a considerable concentration of decision-making authority and information in a few large corporations with substantial state involvement and yet to have no system of planning as such… To identify an economy as planned does not necessarily reveal the prevalent coordinating mechanism, or for that matter, the degree of centralization in decision making. Both depend on the type of planning mechanism. »

  3. Alec Nove (1987), "planned economy", The New Palgrave: A Dictionary of Economics, v. 3, pp. 879-80.
  4. (en) Michael Ellman, Socialist Planning, Cambridge University Press, , 382 p. (ISBN 0-521-35866-3, lire en ligne), p. 25

    « Planning in the traditional model is primarily an activity that takes place in physical terms. That is, it is concerned with allocating tonnes of this, cubic metres of that, etc. rather than being concerned with allocating financial flows. »

  5. (en) Johanna Bockman, Markets in the Name of Socialism : The Left-Wing Origins of Neoliberalism, Stanford University Press, , 332 p. (ISBN 978-0-8047-7566-3, lire en ligne), p. 35
  6. « La planification : idée d’hier ou piste pour demain ? », sur strategie.gouv.fr (consulté le )
  7. Chigolet (Grégory). Recherche sur la notion d’équilibre et ses applications aux théories de la planification économique. Économies et finances. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2008.
  8. Colloque « La Planification. Réhabilitation et renouveau », Ministère de la Défense, Palais des Invalides, Paris, 30 janvier 2016
  9. Les Cahiers de la prospective et de l'économie planifiée BnF
  10. (en) kanopiadmin, « The Road to Serfdom », Mises Institute,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Hayek, La sélection par en bas (1944) - Institut Coppet », Institut Coppet,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Pour une vraie concurrence des monnaies », sur www.puf.com (consulté le )