Pierre Laroque — Wikipédia

Pierre Laroque
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Président
Section sociale du Conseil d'État (d)
-
Président
Caisse nationale de sécurité sociale (d)
-
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Pierre Gustave Isidore Édouard LaroqueVoir et modifier les données sur Wikidata
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Signature

Pierre Laroque, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un haut fonctionnaire français.

Pierre Laroque a été directeur général des assurances sociales, puis de la Sécurité sociale d' à . De concert avec Alexandre Parodi, ministre du Travail de à , puis avec Ambroise Croizat, ministre du Travail de novembre 1945 à mai 1947, il contribue de manière importante à mettre en œuvre la Sécurité sociale en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Pierre Laroque étudie à l'École libre des sciences politiques[2]. Il y prépare le concours du Conseil d'État, où il est admis en 1929.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Haute fonction publique[modifier | modifier le code]

Pierre Laroque doit à son entrée en 1931 au cabinet d'Adolphe Landry, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, de devenir un spécialiste des assurances sociales.

En , il rédige un rapport intitulé « Les Nord-Africains en France », qui critique notamment le Service de surveillance et de protection des Nord-Africains, dépendant de la préfecture de police de Paris[3]. Il préconise dans le rapport la dissociation des activités de protection sociale et des activités répressives concernant les immigrés d'origine nord-africaine, mais ces réformes ne sont pas mises en œuvre en raison de l'échec du Front populaire[3].

Il entre dans le cabinet du ministre René Belin dans le premier gouvernement du régime de Vichy, et participe à la rédaction de la loi du sur la réorganisation économique et suit le dossier des assurances sociales. Il commente en 1941 la loi créant l’allocation aux vieux travailleurs salariés qui instaure en France le régime de retraite par répartition, principe repris en 1945 par la Sécurité Sociale[4].

Révoqué en pour des origines juives comtadines, il entre dans le secteur privé, participe à Lyon à l'organisation de résistance « Combat » et rejoint Londres en .

Fondation de la Sécurité sociale[modifier | modifier le code]

Rentré en France à Courseulles-sur-Mer en avec le général de Gaulle[5], il est nommé directeur général de la Sécurité sociale française le [6]. S'inspirant du plan Beveridge, et en accord avec Alexandre Parodi, il met en place la sécurité sociale en France par les ordonnances du 4 et [7].

Remplacé par Jacques Doublet, il retourne au Conseil d'État en . Il est nommé président d'une sous-section de la section du contentieux deux ans plus tard, puis président adjoint en 1959, ce qui lui vaut en 1962 d'affronter le général de Gaulle à propos de l'exercice des pouvoirs spéciaux au titre de l'article 16 de la Constitution (arrêt Canal). Président de la Caisse nationale de Sécurité sociale de 1953 à 1967, il constitue et préside la « Commission d'Étude des problèmes de la Vieillesse » qui aboutit en au célèbre « rapport Laroque ». En , il est enfin nommé président de la section sociale du Conseil d'État, fonction qu'il exerce jusqu'à sa retraite en 1980.

Parcours professoral[modifier | modifier le code]

Il a enseigné pendant toute sa carrière à l'Institut d'études politiques de Paris[8]. Il est d'abord maître de conférence chargé de la préparation au concours du Conseil d’État, puis est nommé professeur titulaire en 1937. En 1946, la direction de l'école lui confie le cours « Les Grands problèmes sociaux contemporains » qu'il enseigna jusqu'à sa retraite en 1970. Ce cours semestriel de deuxième et de troisième année, marqua des générations d'étudiants. Il fut ensuite repris par Jacques Fournier et Nicole Questiaux[9], puis par Marie-Thérèse Join-Lambert, tous les trois intellectuellement formés par lui.

Il a publié des mémoires : Au service de l'Homme et du Droit. Souvenirs et réflexions[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Grand-croix de la Légion d'honneur Grand-croix de la Légion d'honneur par décret du [11].

Hommage[modifier | modifier le code]

En 2006, la place Pierre-Laroque dans le 7e arrondissement de Paris est baptisée en son hommage.

Pensée[modifier | modifier le code]

Pour Pierre Laroque, « chaque classe forme un groupe relativement clos ; le passage de l'une à l'autre, sans être impossible, est difficile »[12]. La distinction des classes a une base « très largement économique », découlant des rapports de travail. La structure sociale tend à être dominée par une différenciation entre « une classe capitaliste, propriétaire des moyens de production », et « une classe de salariés ou prolétaires »[13]. Les « conflits de classes » se situent soit dans le cadre « de la structure sociale existante », soit remettent « en cause cette organisation sociale ». Mais « la difficulté rencontrée par une classe à obtenir ce qu'elle recherche dans le cadre de la structure existante peut la conduire progressivement à remettre en cause cette structure. »[14]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

  • Les grands problèmes sociaux, Cours fondamental de Sciences Po Paris, Pierre Laroque, Comité d'histoire et association pour l'étude de l'histoire de la Sécurité sociale, diffusion Documentation française, 2018.
  • La Sécurité sociale de Pierre Laroque, Comité d'histoire et association pour l'étude de l'histoire de la Sécurité sociale, diffusion Documentation française, 2020

Anecdote[modifier | modifier le code]

Michèle Laroque, comédienne et humoriste, est parente au 7e degré de Pierre Laroque.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-4jv4qv990--efzxeuj9ep06 »
  2. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  3. a et b Blanchard, Emmanuel (2004), La dissolution des Brigades nord-africaines de la Préfecture de police : la fin d’une police d’exception pour les Algériens de Paris (1944-1953) ?, in Bulletin de l'IHTP, no 83, juin 2004, dossier « Répression, contrôle et encadrement dans le monde colonial au XXe siècle ».
  4. Michel Dreyfus, Danièle Voldman, Michèle Ruffat et Vincent Viet, Se protéger, être protégé : Une histoire des assurances sociales en France, Presses universitaires de Rennes, , 352 p. (ISBN 978-2-7535-3235-9, lire en ligne)
  5. Christophe Forcari, « La Sécu a 50 ans et Pierre laroque 87. C'est lui qui, jeune conseiller d'Etat, l'a conçue. Il n'en a jamais tiré gloriole. Mais il conserve son petit bureau au ministère. Le père inconnu de la Sécu », sur Libération, (consulté le )
  6. « 1945 : la création de la Sécurité sociale », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Qui a créé la sécurité sociale ? », sur Le Figaro santé (consulté le )
  8. Pierre Rain, L'École Libre Des Sciences Politiques, Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0033-9, lire en ligne)
  9. Marie Scot, « Postface. Pierre Laroque, maître à penser des questions sociales à Sciences Po », Les Grands problèmes sociaux,‎ , p. 517-534 (lire en ligne)
  10. Association pour l'Étude de l'Histoire de la Sécurité sociale, Paris
  11. Décret du 13 juillet 1984 portant élévation à la dignité de grand-croix et de grand officier et promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur
  12. Pierre Laroque, Les Classes sociales, Que sais-je ? no 341, 1977, p. 3.
  13. Pierre Laroque, Les Classes sociales, Que sais-je ? no 341, 1977, p. 21.
  14. Pierre Laroque, Les Classes sociales, Que sais-je ? no 341, 1977, p. 37 et 38.
  15. Archives nationales.

Liens externes[modifier | modifier le code]