Pierre Étaix — Wikipédia

Pierre Étaix
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Pierre Étaix, en 2010.
Naissance
Roanne (Loire)
Nationalité Drapeau de la FranceFrançaise
Décès (à 87 ans)
14e arrondissement de Paris
Profession Réalisateur
Acteur
Clown
Dessinateur
Affichiste
Magicien
Dramaturge
Films notables Le Soupirant
Yoyo
Le Grand Amour

Pierre Etaix, né le à Roanne (Loire) et mort le [1],[2] à Paris[3], est un cinéaste, acteur, clown, dessinateur, affichiste, magicien et dramaturge français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pierre Etaix est le fils d'Edmond Etaix (1904-1964), négociant en cuirs et de Berthe Tacher (1907-1987)[4],[5].

Auteur, cinéaste, clown, dessinateur, affichiste, dramaturge, magicien, musicien et gagman, Pierre Etaix construit sa carrière essentiellement autour du comique, de la magie et des arts du cirque. Sa maîtrise de l'image, du son et du comique dans chacun de ses films, où les gags évoluent sans cesse, font de Pierre Etaix un des rares représentants du slapstick en France, comme Jerry Lewis, un des derniers représentants aux États-Unis.

Dessinateur et graphiste de formation, initié à l’art du vitrail par le maître Théo Hanssen, il s’établit à Paris où il vit d'illustrations, tout en se produisant dans les cabarets et music-halls, tels Le Cheval d'Or, Les Trois Baudets, l'ABC, l'Alhambra, Bobino et l'Olympia, ainsi qu'au cirque avec le clown Nino.

Il rencontre Jacques Tati en 1954 pour lequel il travaille comme dessinateur et gagman à la préparation de son film Mon oncle, puis comme assistant réalisateur sur le tournage du film en 1958. Il réalise l'affiche du film, ainsi que celle de la ressortie des Vacances de Monsieur Hulot. Il se produit avec son numéro de music-hall, en 1960, dans le spectacle de Jacques Tati : Jour de fête à l'Olympia. Pierre Etaix s'inscrit dans le prolongement des grands maîtres du slapstick (cinéma comique du temps du muet) tels Buster Keaton, Harold Lloyd, Harry Langdon, Max Linder, Charlie Chaplin et Laurel et Hardy qu'il admire sans limite et auxquels il a rendu graphiquement de nombreux hommages.

Son apprentissage avec Jacques Tati de la construction comique proprement cinématographique le conduit assez naturellement à la réalisation de son premier court métrage Rupture, qu’il cosigne avec Jean-Claude Carrière. Au lendemain du tournage du film, Pierre Etaix présente à son producteur l'idée de son deuxième court métrage Heureux anniversaire, également cosigné avec Jean-Claude Carrière. Le film obtient, entre autres, l'Oscar du meilleur court métrage en prises de vues réelles à Hollywood (Oscars 1963).

Il réalise son premier long métrage Le Soupirant en 1963, puis Yoyo en 1964, où il rend un vibrant hommage au monde du cirque qui le fascine depuis toujours. Il réalise ensuite deux autres longs métrages Tant qu'on a la santé (1965), Le Grand Amour (1968), tous co-écrits avec son ami, complice et partenaire le scénariste Jean-Claude Carrière[6],[7].

Durant l’été 1969, il réalise Pays de cocagne en 16 mm, film pour lequel il est honni par une grande part de la critique qui ne lui pardonne pas son triste constat de l'épanouissement de la société de consommation, au lendemain de mai 68. Le cinéaste fait à la fois preuve d'une ironie mordante[8] et de tendresse à l'égard des personnes qu'il filme à l'occasion de la tournée du Podium d'Europe N°1 lors du Tour de France (cyclisme). Dès lors, il subit une longue traversée du désert cinématographique[9].

Devant la raréfaction des artistes de cirque français, Pierre Etaix prend la décision de fonder l’École Nationale de Cirque en 1973, avec Annie Fratellini (qu'il a épousée en 1969) et se produit durant les tournées de leur propre cirque. Il prend alors le rôle du clown blanc avec elle, après avoir longtemps joué l'Auguste (Yoyo).

Les sujets de films qui lui tiennent à cœur — quatre scénarios qu'il a écrits entre 1974 et 1986 : B.A.B.E.L, Aimez-vous les uns les autres ?, Nom de Dieu et Fôst — ne verront jamais le jour. Le projet du film B.A.B.E.L est refusé par un grand nombre de producteurs sollicités. Le coût du film et la désaffection du public pour Jerry Lewis — son ami et frère de cœur[10] — qui devait jouer dans le film, sont les arguments invoqués par les producteurs et distributeurs qui ne pensent tirer aucun bénéfice d'une telle association. Malgré l’impossibilité de faire aboutir ses projets, il ne cesse de travailler.

En 1985, il signe sa première pièce de théâtre L'âge de monsieur est avancé, hommage à Sacha Guitry et à l'art du théâtre. On lui refuse cependant la mise en scène, que l’on confie à Jean Poiret. Devant le succès de la pièce, on lui demande l’adaptation télévisuelle en 1987. Il réalise le film et interprète le rôle principal avec pour partenaires Nicole Calfan et Jean Carmet. L'année suivante il répond à une commande de La Sept pour une soirée thématique sur Georges Méliès et réalise le court métrage en images de synthèse Méliès 88 : rêve d'artiste interprété par Christophe Malavoy, ainsi que le feuilleton Rapt de la série télévisée Souris noire qui obtient le FIPA d'argent.

En 1986, il propose à Coluche le rôle principal de son projet cinématographique Aimez-vous les uns les autres ? qui accepte aussitôt. Mais avec la disparition brutale de Coluche qui l'affecte douloureusement, il décide de tirer un trait définitif sur ce film alors en préparation.

En 1989, il se voit confier la réalisation du premier film de fiction en format Omnimax, J'écris dans l'espace pour La Géode ; commande qui lui est faite pour les célébrations du bicentenaire de la Révolution, autour d’un sujet imposé sur l'invention du télégraphe, dont il écrit le scénario avec Jean-Claude Carrière. Son intérêt pour le procédé - réservé jusque-là aux documentaires animaliers ou paysagers et à l'incontournable circuit des montagnes russes foraines - est motivé par cette nouvelle forme d'expression différant nettement du processus classique du cinéma, par le rapport qui est instauré entre le spectateur et l'image projetée. C’est avec ce dernier film que s'arrête la carrière cinématographique de Pierre Étaix.

Durant les années qui suivent, il réalise des affiches et des séries de dessins de commande pour diverses éditions.

En , c'est la consécration : le Festival Lumière à Lyon, qui s'est donné pour objectif principal la restauration de films ainsi que leur projection le temps du festival dans tout le Grand Lyon, crée une rétrospective Vive Pierre Etaix !.

« Yoyo », Pierre Étaix, en 2012.

En , il remonte sur les planches, avec son nouveau spectacle de music-hall Miousik Papillon, où, alliant musique et slapstick, il réapparaît sous les traits de Yoyo, à Bordeaux d'abord, puis à Lausanne et en tournée en France[11].

En , la revue GRUPPEN consacre une trentaine de pages à la publication d'une entrevue au cours de laquelle Pierre Etaix revient sur son parcours de clown et de cinéaste, et révèle l'envie intacte qui est la sienne de poursuivre son œuvre.

Le , l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui rend hommage à Los Angeles, lors de la soirée Pierre Etaix : The Laughter Returns.

Pierre Étaix, en 2010.

Le , il reçoit, à l'issue du Slapstick Festival, le prix Aardman / Slapstick à Bristol, prix décerné chaque année pour « excellence exceptionnelle dans le domaine de la comédie visuelle ».

En , il reçoit le prix Jean-Mitry au Festival de Pordenone (Italie) et présente en novembre à New York la ressortie de l'intégrale de ses films au Film Forum qui reçoit un véritable succès auprès de la presse et du public. Ses films ressortent en salles aux États-Unis et au Canada et sont diffusés sur la chaîne Movie Classic. C'est la société américaine The Criterion Collection qui prend en charge la distribution de ses films en coffret DVD et Blu-ray pour les États-Unis ; elle prévoit de sortir un coffret de huit films (cinq longs métrages et trois courts métrages) en .

Depuis la fin , il revient en piste sous le chapiteau du cirque Joseph Bouglione à Chatou, sous les traits de son personnage légendaire de Yoyo, pour faire-valoir Pieric, son ancien élève de l'école.

En , Pierre Etaix est promu au grade de commandeur de l'ordre des Arts et Lettres, qu'il n'ira pas chercher[12],[13] et en juin, il reçoit le Grand Prix de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) qui le récompense pour l'ensemble de sa carrière.

Fin , il remonte sur les planches pour un spectacle unique au théâtre Berthelot de Montreuil, aux côtés de Michel Fau, Nicole Calfan, le magicien Pierre Switon, les clowns Housch-Ma-Housch et Pieric.

Il reçoit en un trophée d'honneur pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie du 10e anniversaire des Prix Henri-Langlois et Rencontres internationales du cinéma de patrimoine.

Son parcours est retracé sous forme d'abécédaire dans le recueil C'est ça, Pierre Etaix (Arte éditions / éditions Séguier)[14], réalisé par son épouse Odile Etaix et son fils, Marc Etaix.

Il meurt des suites d'une infection intestinale le dans le 14e arrondissement de Paris[2] à l'âge de 87 ans[15],[16],[17].

Les obsèques de Pierre Étaix ont eu lieu le en l'église Saint-Roch de Paris en présence notamment de Bernard Bilis, de Nicole Calfan, Jean-Claude Carrière, Costa-Gavras, Claude Lelouch, Gérard Majax, Christophe Malavoy, Mathilda May, Jean-Paul Rappeneau, Zinedine Soualem, Serge Toubiana, Pierre Triboulet, Hervé Vilard[18]. Il est inhumé dans la plus stricte intimité au cimetière de Germigny-l'Evêque, dans la Seine-et-Marne[19].

Cession de droits[modifier | modifier le code]

L'ensemble des films de Pierre Étaix a fait l'objet d'un litige concernant leur exploitation. Toutefois, la Fondation Gan pour le cinéma restaure en 2007 Yoyo et le présente au Festival de Cannes dans la sélection Cannes Classiques.

Certains grands noms du septième art, tels que Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Jeunet, Woody Allen et David Lynch se mobilisent en manifestant leur mécontentement. Un mouvement de soutien via une pétition en ligne circule alors sur l'internet.

En , le tribunal de grande instance de Paris donne raison à Pierre Etaix et lui rend ses droits sur ces films, mettant un terme à un contentieux de cinq ans[20],[21]. Gavroche Productions (la société qui estime détenir les droits des films de Pierre Etaix) décide de faire appel de la décision de justice, mais la cour d'appel confirme en 2010 le jugement de première instance. L'intégrale restaurée de l’œuvre de Pierre Etaix est à nouveau visible à partir de cette date.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Réalisateur[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Acteur[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Jean-Claude Carrière et Pierre Etaix (illustrations), Les Vacances de Monsieur Hulot, éditions Robert Laffont, 1958.
  • Graham Greene, Hugh Greene et Pierre Etaix (illustrations de couverture), Manuel du parfait petit Espion, éditions Robert Laffont, 1958.
  • Jean-Claude Carrière et Pierre Etaix (illustrations), Mon oncle, éditions Robert Laffont, 1959.
  • Jean-Claude Carrière et Pierre Etaix (illustrations), Le Petit Napoléon illustré, éditions Robert Laffont, 1963.
  • Pierre Etaix, Le Carton à chapeaux, éditions G. Salachas, 1981.
  • Pierre Etaix, Dactylographismes, éditions G. Salachas, 1983.
  • Pierre Etaix, Croquis de Jerry Lewis, éditions G. Salachas, 1983.
  • Pierre Etaix, Vive la pub, éditions G. Salachas, 1984.
  • Pierre Etaix, Stars Système, éditions G. Salachas, 1986.
  • Jean-Claude Carrière et Pierre Étaix (illustrations), Les Mots et la chose, éditions Balland, 1991.
  • Pierre Etaix et André François (illustrations), Je hais les pigeons, éditions Némo / Seuil Jeunesse, 1996.
  • Guy Franquet et Pierre Etaix (illustrations), Le Cochon rose, éditions Mille et une nuits, 1997.
  • Pierre Etaix, Les Hommes de..., Les Belles Lettres, 2001.
  • Pierre Etaix, Karabistouilles, éditions du Seuil, 2001.
  • Pierre Etaix, Critiquons la caméra, éditions Séguier, 2001.
  • Pierre Etaix, Il faut appeler un clown, un clown, éditions Séguier, 2001.
  • Claude de Calan et Pierre Etaix (illustrations), Le Clown et le savant, éditions Odile Jacob, 2004.
  • Neil Sinyard (préface), Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière (textes), Clowns au cinéma, éditions In Libris, 2004.
  • Pierre Etaix, Etaix Pierre qui roule ménage sa monture, Le Cherche midi, 2005.
  • Francis Ramirez et Christian Rolot, Etaix dessine Tati, éditions ARC, 2008.
  • Pierre Etaix, Textes et texte Etaix, Le Cherche midi, 2009.
  • Pierre Etaix, Textes et texte Etaix, édition augmentée, Le Cherche midi, 2012.
  • Odile et Marc Etaix, C'est ça Pierre Etaix, Arte éditions / éditions Séguier, 2015.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Propos recueillis par Philippe Hamon, « Libre cours. Pierre Etaix : le cinéma est d'abord un divertissement », Téléciné no 146, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 2-4, (ISSN 0049-3287)
  • Jean-Philippe Tessé, L'été d'Etaix - entretien avec Pierre Etaix, Cahiers du Cinéma, no 657, .
  • Yannick Lemarié, Dictionnaire des objets au cinéma, éditions Dumane, 2017 : entretien avec Pierre Étaix, p. 189 sq.

Radio (France Culture): "Les mardis du cinéma: Pierre Etaix" par Jean-Pierre Pagliano (29 décembre 1987). Avec la participation de Pierre Etaix, Jean Carmet, Nicole Calfan et Robert Benayoun.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Décès de l'acteur, clown, cinéaste et dessinateur Pierre Étaix », sur Le Point, 14 octobre 2016.
  2. a et b Insee, « Extrait de l'acte de décès de Pierre Léon Étaix », sur MatchID
  3. « Ainsi était Pierre Etaix, funambule du rire », sur Libération, 14 octobre 2016.
  4. « Généalogie de Pierre ETAIX », sur Geneanet (consulté le )
  5. « Pierre ETAIX - Arbre généalogique Marvin VENDEVILLE - Geneanet », sur gw.geneanet.org (consulté le )
  6. « Jean-Claude Carrière : « Je suis orphelin depuis la mort de Pierre Etaix ». », sur Le Figaro, 15 octobre 2016.
  7. « Carrière : "Étaix était le dernier à faire du cinéma comique visuel" », sur Le Point, 15 octobre 2016.
  8. « Pays de cocagne », DVDClassik.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Émission Regarde les hommes changer, interview de Frédéric Taddeï sur Europe 1, 27 juin 2010.
  10. « Mort d'un grand serviteur du rire », sur Le Figaro, 14 octobre 2016.
  11. « Avec Pierre Etaix, il faut appeler un clown un clown », sur Le Monde, 1er novembre 2010.
  12. Johanna Luyssen, « Pierre Etaix, l'obsession comique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Émission La vie est un je, interview de Daphné Roulier sur France Inter, 16 janvier 2016.
  14. Entretien avec Pierre Étaix, sur dvdclassik.com, 20 novembre 2015.
  15. « Pierre était (mort de Pierre Etaix) », sur Les Inrocks, 14 octobre 2016.
  16. « Mort de Pierre Etaix, poète et artiste polyvalent », sur Le Monde, 14 octobre 2016.
  17. « Pierre Etaix, clown dans l’âme », sur Le Monde, 14 octobre 2016.
  18. « Mort de Pierre Étaix : L'ultime adieu de sa femme Odile, son fils Marc... », Purepeople,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Philippe Landru, « Etaix Pierre (1928-2016) », sur Cimetières de France et d'ailleurs, (consulté le ).
  20. « Victoire judiciaire pour Pierre Étaix, qui recouvre les droits de ses films », sur France info (consulté le )
  21. « La justice redonne à Pierre Etaix les droits sur cinq de ses films », sur Le Monde, 28 juin 2009.
  22. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres janvier 2013 - Ministère de la Culture et de la Communication », sur www.culturecommunication.gouv.fr (consulté le )
  23. Arrêté du 17 janvier 2013 portant nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Marx, Le Métier de Pierre Étaix, éditions Henri Berger, 1994.
  • Christian Rolot (dir.), Pierre Etaix, Histoire d’un itinéraire, éditions Cinergon, 2011.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]