Pierre-Henri Teitgen — Wikipédia

Pierre-Henri Teitgen
Illustration.
Pierre-Henri Teitgen vers 1945.
Fonctions
Député français

(13 ans et 29 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Ille-et-Vilaine
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique MRP
Vice-président du Conseil

(5 mois et 18 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Paul Ramadier (1)

(1 mois et 10 jours)
Gouvernement André Marie

(11 mois et 15 jours)
Gouvernement Joseph Laniel (1)
Ministre d'État

(9 mois)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Ramadier (1)

(7 mois et 27 jours)
Gouvernement Bidault (2 et 3)
Président du MRP

(4 ans)
Prédécesseur Georges Bidault
Successeur Pierre Pflimlin
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Rennes (France)
Date de décès (à 88 ans)
Lieu de décès Paris 11e (France)
Nationalité Française
Parti politique Mouvement républicain populaire
Père Henri Teitgen
Fratrie Paul Teitgen
Enfants Francis Teitgen
Résidence Ille-et-Vilaine

Signature de Pierre-Henri Teitgen

Pierre-Henri Teitgen, né le à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le à Paris[1], est un juriste, professeur, un résistant et un homme politique français.

Il est considéré comme l'une des plus importantes figures de la démocratie-chrétienne française de l'après-guerre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pierre-Henri Teitgen est le fils d'Henri Teitgen, ancien rédacteur en chef du quotidien régional L'Ouest-Éclair. En 1934, Il soutient sa thèse de doctorat à Nancy sur la police municipale  sous la direction du Doyen Louis Trotabas, « thèse pionnière » dans le droit administratif[2]. La même année, il est nommé Professeur après sa réussite au concours d’agrégation de droit public dont il est reçu premier par le jury présidé par Achille Mestre. A 26 ans, il est alors le plus jeune agrégé de France[2].

Pierre-Henri Teitgen en 1946.

Fait prisonnier de guerre en 1940, il s'évade et se replie en zone libre, à Montpellier. Avec son père et deux personnalités historiques de la démocratie chrétienne, Georges Bidault et François de Menthon, il crée en 1942 le réseau Liberté, qui deviendra Combat[2]. Il joue un rôle important dans la Résistance en devenant la même année le secrétaire général du Comité général des études, groupe d’experts chargé au nom du général de Gaulle de préparer les mesures immédiates à prendre dès la libération du territoire[2].

En 1943, il est révoqué de son poste de professeur à la Faculté de droit de Nancy par le gouvernement de Vichy[2].

À partir de 1944, il exerce les fonctions d'adjoint d'Alexandre Parodi, le délégué général du Comité français de libération nationale. Au début du mois de juin, il est arrêté par la Gestapo, torturé et envoyé en Allemagne par convoi ferroviaire dont il parvient à s'évader[2].

Élu député MRP d'Ille-et-Vilaine de 1945 à 1958, il est nommé le ministre de la Justice et chargé de l'épuration administrative[2]. Le , il nomme ainsi le malouin Edmond Miniac avocat général à la chambre sociale de la Cour de cassation.

Il a présidé le Mouvement républicain populaire (parti de tendance démocrate-chrétienne) de 1952 à 1956. Il siège également à l'Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier dès 1952.

Il est de nombreuses fois ministre dans les gouvernements de la IVe République. Bien que membre du Comité consultatif constitutionnel en 1958[3], il devient critique à l'égard de la politique de Charles de Gaulle. Il soutient la tentative de candidature de Gaston Defferre en 1964-1965.

Il est nommé professeur de droit à la faculté de Rennes, puis à Paris[3].

En mai 1976, il participe a un débat télévisé faisant suite à la diffusion d'un documentaire sur Pétain dans Les Dossiers de l'écran, sur Antenne 2, où défenseurs de Pétain et résistants sont opposés[4]. D'après l'historien Laurent Joly, cette émission constitue un point de bascule dans l'évolution de la mémoire collective française sur la période de la Collaboration[4]. Il pointe en particulier la prise de parole de Teitgen « ému aux larmes » qui insiste sur la responsabilité de Vichy dans le sort des Juifs de France pendant la Guerre et notamment la déportation des enfants juifs, face à l'avocat de Pétain, Jacques Isorni, qui « perd de sa superbe »[4],[5].

En septembre 1976, il est nommé juge à la Cour européenne des droits de l'homme[3].

Parmi ses activités éditoriales, il est, avec François de Menthon, à l'origine de la création de la Revue Droit social éditée à partir de 1938[2]. En 1944, ministre de l'Information, il est chargé par le général de Gaulle de trouver un directeur pour la reprise du journal Le Temps qui, victime de l'ordonnance du 30 septembre 1944 sur les titres ayant paru sous l'Occupation, a vu ses locaux réquisitionnés et son matériel saisi. Il sollicite Hubert Beuve-Méry, résistant et ancien journaliste du Temps et lui propose de s'installer dans les locaux du journal, 5 boulevard des Italiens, et de lancer un grand quotidien national d'information, le journal Le Monde[6].

Il est cité comme membre de la Fondation culturelle bretonne en 1957[7].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est le frère de Paul Teitgen, résistant et secrétaire général de la police française à Alger pendant la guerre d'Algérie, et aussi le père de Francis Teitgen et de Pierre Yves qui fut directeur juridique du Figaro. Son épouse, née Jeanne Fonlupt le , est décédée à Saint-Palais (dans les Pyrénées-Atlantiques) le à 90 ans.

Fonctions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • L'application du Droit communautaire par les juridictions françaises, Bruxelles, 1965
  • Cours de droit administratif européen, Paris, 1970
  • Cours de droit institutionnel communautaire. Structure et fonctionnement des communautés, Paris, 1976
  • Origines, objectifs et nature des communautés européennes, Paris, 1978
  • Faites entrer le témoin suivant, 1940-1958, de la Résistance à la Ve République, Ouest-France, 1988, 583.p. (ISBN 2737301491)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Pierre-Henri Teitgen », sur MatchID
  2. a b c d e f g et h Renaudie 2015, p. 233-241.
  3. a b et c Nicole GAUTHIER, « Mort de l'ancien ministre Pierre-Henri Teitgen. Unefigure démocrate-chrétienne de la IVe République. », sur Libération (consulté le )
  4. a b et c Béatrice Bouniol, « « En 1976, Pétain est devenu indéfendable » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  5. Émission des Dossiers de l'écran du 25 mai 1976
  6. « Un nouveau journal paraît, Le Monde, sous la direction d'Hubert Beuve-Méry », sur Gouvernement.fr (consulté le )
  7. « 1991.6.4. Journée de la langue bretonne - 30 mai 1957 Musée départemental breton », sur musee-breton.finistere.fr (consulté le )
  8. « Pierre-Henri TEITGEN », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  9. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Renaudie, « Pierre-Henri Teitgen, un grand Professeur de la Faculté de droit de Nancy », Civitas Europa, IRENEE (Institut de recherches sur l'évolution de la nation et de l'État), no 35,‎ , p. 233-241 (ISSN 1290-9653, e-ISSN 2496-4514, lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]