Petit Maghreb (quartier) — Wikipédia

Quartier Petit Maghreb de Montréal
Petit Maghreb (quartier)
situé sur la
Rue Jean-Talon.
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Drapeau du Québec Québec
Municipalité Montréal
Statut Quartier
Arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension
Date de fondation 2009
Démographie
Langue(s) parlée(s) Français · Amazigh · Arabe maghrébin
(Arabe algérien · Arabe marocain · Arabe tunisien)
Géographie
Coordonnées 45° 33′ 47″ nord, 73° 35′ 41″ ouest
Liens
Site web ville.montreal.qc.ca

Le Petit Maghreb est un quartier dans l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension à Montréal avant habitée par les asiatiques, latinos et haïtiens ont été déplacés peu à peu par les maghrébins entre les années 2000 et 2010 pour après s’approprier le nom du cartier. Le quartier, centré sur la rue Jean-Talon entre le boulevard Saint Michel à l'ouest et le boulevard Pie-IX à l'est, réunit les marchands du Maghreb[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'histoire du Petit Maghreb en cinq périodes: la périodes des électrons libres, des précurseurs, des pionniers, des développeurs et des stabilisateurs[2].

Période des électrons libres[modifier | modifier le code]

Vers la fin des années 1960 et début des années 1970, les premiers commerçants maghrébins s'étaient dispersés sur l'avenue Van Horne dans le quartier Côte-des-Neiges pour répondre à la demande et aux besoins de la population estudiantine maghrébine, sur l'avenue du Parc dans le quartier de Rosemont et dans le quartier de Saint-Michel. Étant donné que cette classe commerçante était d'une grande mobilité, ces commerçants côte-des-neigiens se déplaceront vers le Mile End, puis vers la rue Jean-Talon dans le quartier de Saint-Michel[3]. Cette partie du quartier Saint-Michel était autrefois une extension de la Petite-Italie[4].

Période des précurseurs[modifier | modifier le code]

Dans les années 1990, les opportunités de faire du commerce et au bonne occasions immobilières augmentèrent avec la migration maghrébine. En effet, les anciens immigrants italiens et portugais débutèrent à mettre fin à leurs activités commerciales. Néanmoins, cet espace urbain garde son caractère italien. En 1997, le premier café tunisien, Cocktail Arabes, est fondé qui sera suivi d'une boucherie et d'un taxiphone[5].

Période des pionniers[modifier | modifier le code]

De 1998 à 2004 sur l'artère Jean-Talon, il y a eu le boum maghrébin commercial, un phénomène de développement rapide des commerces maghrébins. Cette effervescence économique s'est faite en petits groupements et sont les prémisses d'un établissement d'un marché culturel. Cette période sera accompagnée d'une diversification économiques des commerces et supermarchés locaux pour accommoder la clientèle maghrébine[6].

Période des développeurs[modifier | modifier le code]

Lors de la période des développeurs de 2005 à 2010, l'immigration maghrébine est de plus en plus éduquée et variée. Le Petit Maghreb devient très propice à la création de commerces et une référence de sociabilité maghrébine. Ainsi, il existe plusieurs espaces où la diaspora maghrébine peut socialiser et se fréquenter. Par exemple, les cafés tunisiens: café Carthage sur la rue Bélanger et café Sidi Bou Saïd sur la rue Jean-Talon. Par ailleurs, cette époque sera marquée par la fondation d'institutions communautaires et commerciales[6].

En , lors de l'émission radiophonique Taxi Maghreb, à la suite des demandes des commerçants maghrébins, Anie Samson, candidate au conseil municipal, s'engage à faire reconnaître ce quartier pour qu'il devienne une destination commerciale et touristique à l'instar de la Petite Italie ou du quartier chinois[7]. En 2009, le quartier sera reconnu par la Ville de Montréal qui subventionnera l'Association du Petit Maghreb pour développer cet espace urbain[8],[9]. C'est le premier quartier reconnu comme « maghrébin » en Amérique du Nord[10].

En 2010, l'équipe algérienne de soccer s'est qualifiée à la Coupe du monde pour la première fois en 28 ans. De plus, l'équipe marocaine a aussi été qualifiée. Pour ces motifs et grâce à l'attention médiatique, près de 7000 personnes venant de la Couronne Sud, des autres arrondissements montréalais de la Couronne Nord et même de Rimouski affluaient vers le Petit Maghreb pour assister aux matchs de soccer. Dès lors, ce quartier au sein de Saint-Michel est devenue la référence territoriale maghrébine pour tout événement sportif impliquant l'équipe nationale marocaine ou algérienne[11].

Période des stabilisateurs[modifier | modifier le code]

Depuis 2011, les commerces et institutions du quartiers sont consolidés et le développement entrepreneurial est poursuivi par la classe commerçante. Bien qu'il y a une baisse de nouveaux commerces, la qualité des produits et services du marché local augmente. L'installation dans le quartier est désormais durable[12].

En , un groupe d'extrême-droite antimusulman et opposés à l'islam, Pegida Québec avait ciblé le Petit Maghreb en prévoyant une manifestation afin de dénoncer l'existence du secteur et du fait musulman au Québec. Seulement quelques manifestants s'étaient présentées. Surpassés en nombre par les contre-manifestants antifascistes et antiracistes et par la police, la manifestation a fini par s'annuler[13].

Économie[modifier | modifier le code]

Trois types de commerces prédominent le Petit Maghreb: les boucheries de viande halal, les pâtisseries et les cafés.

Les boucheries de viande halal entrent dans ce qu'on appelle le commerce ethnique[14], c'est-à-dire qu'elle est destinée à une clientèle intracommunautaire. Dans le cas présent, ce sont les personnes de confession musulmanes. Ces boucheries sont majoritairement fréquentées par la diaspora, néanmoins il existe une faible clientèle italienne, franco-québécoise et haïtienne[15].

Les pâtisseries relèvent du commerce exotique[14], soit du commerce intercommunautaire destiné à une clientèle dépassant celle de la communauté. Elles sont un attrait touristique majeur qui sont les représentantes de la cuisine et gastronomie maghrébines[16].

Les cafés sont des espaces de sociabilité, d'accueil et de ressourcement pour les usagers du Petit Maghreb. Chaque café possèdent une ambiance et une atmosphère propres à celui-ci. Ce sont généralement les hommes qui fréquentent ces commerces pour faire des retrouvailles avec leurs compatriotes. La présence des femmes quant à elle est plus rare, mais elle n'est pas prohibée[17].

Culture[modifier | modifier le code]

Événements sportifs[modifier | modifier le code]

Le Petit Maghreb est habituellement fréquentée par des immigrants de première génération âgés. Or, lors des événements sportifs et culturels, le quartier se rajeunit. Des jeunes maghrébins et maghrébines de seconde génération ou qui ont grandi au Québec, souvent perçus comme en quête d'identité, affluent dans les commerces et cafés du Petit Maghreb pour assister aux matchs de soccer et dans la rue pour célébrer et fêter, avec des personnes non-maghrébines aussi présentes[18],[19].

Festivités[modifier | modifier le code]

La Saint-Jean Baptiste et le Souk sont des festivités attirant des membres de la diaspora maghrébine du Grand Montréal et des non-maghrébins des alentours grâce au bouche-à-oreille. Ces évènements à eux seuls ont pu attirer entre des foules de 7 000 et 10 000 personnes vers le Petit Maghreb[20].

Perceptions du quartier[modifier | modifier le code]

Depuis la manifestation au Petit Maghreb du groupe d'extrême-droite Pegida-Québec contre l’« islamisation » du Québec, ce quartier est devenu cible contre la radicalité islamique et a acquis l'image d'un « ghetto islamisé » [13].

Sécurité publique[modifier | modifier le code]

Depuis les années 1990, le Petit Maghreb a été sous le radar de la police: peur d'une radicalisation religieuse, prévention du gangstérisme chez les jeunes, sécurisation des lieux de culte, etc. Le secteur avait tout aussi acquit une relation tendue avec les médias. Cela a aussi causée une prépondérance de la jeunesse maghrébine dans les fichiers de la police[21].

La situation s'est améliorée lorsque l'arrondissement et le quartier de Saint-Michel ont décidé d'adopter une politique de prévention au lieu de répression, au contraire du modèle français, et d'engager des travailleurs de rue et des médiateurs urbains issus de la communauté et du groupe d'âge majoritaires du secteur et pour éviter toute intervention policière. Ils avaient le devoir désamorcer tout conflit, d'éloigner des jeunes du gangstérisme et de pacifier les parties de soccer. Le nombre de policiers déployés a aussi été diminué, ce qui a contribué à améliorer le rapport qu'ont les jeunes du secteur avec les forces de polices[22],[4].

Transport[modifier | modifier le code]

Le quartier est desservi par la station de métro Saint-Michel et de nombreuses lignes d'autobus.

Dans le futur, l'extrémité est du quartier sera bientôt desservi grâce à l'agrandissement de la ligne bleue[23] via la future station Pie-IX et d'un bus à haut niveau de service[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bochra Manaï, « Le Petit Maghreb : Mise en scène de l’ethnicité maghrébine à Montréal », Vivre Ensemble, vol. 22, no 75,‎ (lire en ligne).
  2. Bochra Manaï et Lomomba Emongo (dir.), Les Maghrébins de Montréal, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. « Pluralismes », , 156 p. (ISBN 978-2-7606-3874-7, 978-2-7606-3875-4 et 978-2-7606-3876-1, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 4 (« Il était une fois… le Petit Maghreb de Montréal »), p. 85-86.
  3. Manaï et Lomomba 2018, p. 86-87.
  4. a et b Katia Gagnon, « Médiateur urbain: le fragile équilibre du Petit Maghreb », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Manaï et Lomomba 2018, p. 88.
  6. a et b Manaï et Lomomba 2018, p. 89-90.
  7. Manaï et Lomomba 2018, p. 92-93.
  8. « Le Petit Maghreb à Montréal: un tronçon à saveur maghrébine », sur Journal Métro, (consulté le ).
  9. Anne-Marie Provost, « Petit Maghreb: le développement souhaité ne s’est pas réalisé », Le Journal de Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. LE MATIN, « Le Matin - 1er quartier maghrébin en Amérique du Nord », sur Le Matin (consulté le ).
  11. Manaï et Lomomba 2018, p. 110-111.
  12. Manaï et Lomomba 2018, p. 90-91.
  13. a et b Bochra Manaï et Lomomba Emongo (dir.), Les Maghrébins de Montréal, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. « Pluralismes », , 156 p. (ISBN 978-2-7606-3874-7, 978-2-7606-3875-4 et 978-2-7606-3876-1, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 5 (« Maghrébinité et islamité : suspicion et débats »), p. 139.
  14. a et b Bochra Manaï et Lomomba Emongo (dir.), Les Maghrébins de Montréal, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. « Pluralismes », , 156 p. (ISBN 978-2-7606-3874-7, 978-2-7606-3875-4 et 978-2-7606-3876-1, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 3 (« Les marqueurs de l'ethnicité maghrébine »), p. 79.
  15. Manaï et Lomomba 2018, p. 103-105.
  16. Manaï et Lomomba 2018, p. 105-106.
  17. Manaï et Lomomba 2018, p. 106-108.
  18. Fête de qualification de l'équipe nationale Algérienne à la coupe du monde 2014.
  19. Manaï et Lomomba 2018, p. 109-111.
  20. Manaï et Lomomba 2018, p. 111.
  21. Manaï et Lomomba 2018, p. 114.
  22. Manaï et Lomomba 2018, p. 116.
  23. Bruno Bisson, « Le prolongement de la ligne bleue du métro confirmé jeudi », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. « Les travaux du projet de SRB Pie-IX commenceront cet automne », sur TVA Nouvelles (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marion Lejeune, Les nouvelles dynamiques de territorialisation du fait ethnique à Montréal : le cas du Petit Maghreb (Mémoire présenté comme exigence partielle de la Maîtrise en géographie), Montréal, (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
  • Bochra Manaï, « Le Petit Maghreb : Mise en scène de l’ethnicité maghrébine à Montréal », Vivre Ensemble, vol. 22, no 75,‎ (lire en ligne).