Paul de Musset — Wikipédia

Paul de Musset
Portrait photographique par l’atelier Nadar.
Fonctions
Président de la Société des gens de lettres
-
Président de la Société des gens de lettres
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Paul de Musset (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Rédacteur à
Père
Fratrie
Conjoint
Aimée d'Alton (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinction
signature de Paul de Musset
Signature de Paul de Musset.
Tombe de Paul de Musset au Père-Lachaise.

Paul-Edme de Musset, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un homme de lettres français, frère ainé d'Alfred de Musset.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Victor Donatien de Musset-Pathay, haut fonctionnaire converti à la littérature après sa destitution comme libéral, en 1818, et particulièrement à la publication des Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, dont il a donné la première édition complète fiable[1], ainsi qu'une Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, qui fait référence, Paul de Musset a fait ses études au lycée Charlemagne et n’a embrassé la carrière littéraire qu’après les premiers succès de son frère cadet Alfred, à qui il vouait un véritable culte[2].

Plus connu pour son lien avec son frère cadet que pour sa propre œuvre, il a néanmoins conquis une réputation légitime pour ses restitutions historiques et ses récits de voyages en Italie[3], qui a inspiré une partie de ses œuvres[4], ses essais fantaisistes et de jolis romans d'un style élégant et sobre. On cite parmi les meilleurs : la Tête et le Cœur ; Anne de Boleyn, Mme de La Guette ; les Femmes de la Régence.

Écrivain élégant, sobre et châtié, il s’est consacré tout d’abord à des restitutions historiques présentées sous forme de roman. C’est ainsi qu’il a débuté dans les lettres, en , par deux recueils de nouvelles : la Table de nuit et les Équipées parisiennes ; Samuel en et la Tête et le Cœuren . Après être resté ensuite plusieurs années sans produire, il a publié, presque coup sur coup Samuel, Lauzun, Anne de Boleyn, le Bracelet en 1840, Mignard et Rigaud en 1839, Guise et Riom en [5].

En même temps, il écrivait, dans la Revue des Deux Mondes, une série de nouvelles historiques sur le XVIIIe siècle, qu’il a réunies et publiées, en sous le nom de les Femmes de la Régence[2]. Plusieurs nouvelles imprimés dans cette revue n’ont pas été recueillies en volume, comme le Dernier Abbé, Puylaurens, Scènes de la vie sicilienne, etc[4].

Employé dans les bureaux du ministère de la Guerre, où son père, un lettré lui-même, était sous-directeur[6], il vivait avec Alfred dans la plus étroite amitié. On lui doit une biographie du poète, remplie d’intérêt et d’un style simple et attachant[7]. Aussi a-t-il éprouvé une grande douleur lorsqu’a paru, en , dans la Revue des Deux Mondes, sous le titre de Elle et Lui, une violente attaque dirigée par George Sand contre son frère bien aimé, deux ans après sa mort[a]. Ulcéré, Paul de Musset, qui détestait particulièrement George Sand[8], rencontrée en 1833, et avec qui il avait eu une aventure passionnée jusqu’à la rupture définitive, en mars 1835[9] a riposté en publiant, en , dans le Nouveau Magasin, une nouvelle revue en concurrence avec la Revue des Deux Mondes[b], Lui et Elle, parodie du récit autobiographique de Sand évoquant sa relation avec son frère Alfred, paru six mois plus tôt.

En , il a pris la rédaction du feuilleton dramatique du National, journal où il avait donné, deux années avant, une traduction des excentriques Mémoires inutiles de Carlo Gozzi, avec : la Course en voitures, les Originaux du dix-septième siècle, les Nuits italiennes et Jean le Trouveur, qui ont paru de 1845 à 1849[2].

Il a abordé le théâtre en , à l’Odéon, par la Revanche de Lauzun, suivie de Christine, roi de Suède, en [2]. La première de ces deux comédies a eu 60 représentations et elle a été reprise ; la seconde n'a obtenu qu'un succès d’estime[4]. On lui doit également le livret d’un opéra-comique en 3 actes et 4 tableaux de Jacques Offenbach, Fantasio[c], d’après la comédie Fantasio de son frère Alfred, créé le à l’Opéra-Comique[10]. Considéré de nos jours comme un chef-d'œuvre, cet opéra ne sera représenté que 14 fois avant de sombrer dans l’oubli.

Il est l’auteur d’une biographie de la duchesse de Berry, fille du régent. Il publie d'abord ce récit historique dans la Revue de Paris (1840), puis dans Guise et Riom[11], et les Femmes de la Régence[12], pour l'adapter enfin au théâtre dans la Revanche de Lauzun (1856)[13].

En , il a épousé Aimée d’Alton (1811-1881), qui avait eu, vers 1837-1838, une liaison avec Alfred de Musset[d], et l’avait même demandé en mariage, dans son jeune temps. Il a été longtemps président de la Société des gens de lettres[2].

Mort d’une angine de poitrine[14], il a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise[15].

Réception critique[modifier | modifier le code]

« On ne peut refuser à M. Paul de Musset des qualités sérieuses, dit un critique très-fin, une science vraie et de fort honorables scrupules littéraires. Son livre des Femmes de la Régence est mieux qu'une agréable galerie ; c'est un excellent livre d'histoire attrayante. On ne fait pas assez de ces livres-là[16]. »

— Charles Monselet, la Lorgnette littéraire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il existe un troisième livre sur les amours de George Sand et d’Alfred de Musset : Louise Colet en est l'auteure, et il a pour titre Eux. Voir le Petit Parisien, op. cit.
  2. Il précise, dans une lettre adressée à son cousin Adolphe que le Nouveau Magasin est tiré à 5 500 exemplaires en indiquant que « le procédé ingrat et lâche de François Buloz » ne lui permettait pas de s’adresser à lui pour publier ma réponse aux « sottes calomnies » de George Sand.
  3. En collaboration avec with the collaboration of Charles Nuitter, Camille du Locle et Alexandre Dumas (fils).
  4. Leur correspondance a été publiée par Léon Séché. Voir Alfred de Musset et Léon Séché (éd.), Lettres d’amour à Aimée d’Alton : suivies de poésies inédites, 1837-1848, Paris, Mercure de France, , 6e éd., 279 p. (OCLC 1116245537, lire en ligne).

Références[modifier | modifier le code]

  1. « La Critique », sur Société Jean-Jacques Rousseau (consulté le ).
  2. a b c d et e « Tablettes Nécrologiques », Le Mercure d’Orthez et des Basses-Pyrénées, Paris, vol. 44, no 2754,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  3. L. d’Entremont, « Paul de Musset », La Provence artiste, Marseille, no 5,‎ , p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. a b et c Le Panthéon des illustrations françaises au XIXe siècle : comprenant un portrait, une biographie et un autographe de chacun des hommes les plus marquants, t. 11, Paris, Abel Pilon, (lire en ligne), p. 303.
  5. « Paul de Musset », Le Petit Parisien, Paris, no 1313,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  6. Henry Fouquier, « Chronique », Le XIX, Paris, vol. 10, no 3068,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  7. Octave Teissier, Alfred de Musset : documents généalogiques, Draguignan, C & A Latil, , 31 p. (lire en ligne), p. 20.
  8. Ariane Charton, Alfred de Musset, Gallimard collection Folio biographie, 2010
  9. Serge Jodra, « Musset », sur Dictionnaire biographique Imago Mundi, (consulté le ).
  10. Jean-Claude Yon, Jacques Offenbach, Paris, Gallimard, , 796 p. (ISBN 978-2-07013-097-9, lire en ligne), p. 445.
  11. Paul de Musset, Guise et Riom, t. 2, Paris, Dumont, , 354 p. (lire en ligne), p. 110.
  12. Paul de Musset, La Duchesse de Berry : Femmes de la Régence, Meline, Cans, , 218 p. (lire en ligne).
  13. Paul de Musset, La Revanche de Lauzun : comédie en quatre actes, en prose, Paris, M. Lévy frères, , 76 p. (lire en ligne).
  14. Eugène Hubert, « Paul de Musset », Gil Blas, Paris, vol. 2, no 184,‎ , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  15. 51e division. Jules Moiroux, Le Cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne sur Gallica), p. 260.
  16. Charles Monselet, La Lorgnette littéraire : dictionnaire des grands et des petits auteurs de mon temps, Paris, Poulet-Malassis et De Broise, , 2e éd., 240 p. (OCLC 743069939, lire en ligne), p. 141.

Œuvres principales[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Portrait de Paul et Alfred de Musset en 1815 par Fortuné Dufau (Musée Carnavalet). Paul (11 ans) tient Alfred (5 ans) dans ses bras.
  •  La Table de nuit, équipées parisiennes, 1832.
  •  Samuel, roman sérieux, (lire en ligne sur Gallica).
  •  La Tête et le cœur, nouvelles équipées, 1834.
  •  Lauzun, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Anne Boleyn, la folle obsession du roi : roman historique, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Mignard et Rigaud, t. 1, , 2 vol. (lire en ligne sur Gallica), t. 2 sur Gallica.
  •  Le Bracelet, 1840.
  •  Guise et Riom, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Femmes de la Régence : La comtesse de Verrue, la duchesse de Berry, Claudine de Tencin, Mlle Quinault, Mlle de Lespinasse, Mlle Doligny et l'abbé Cordier, t. 1, , 2 vol. (lire en ligne sur Gallica), t. 2 sur Gallica.
  •  Les Amours du chevalier de Plénoches : Mademoiselle de Brie, le Comte de Lavauguyon, la Vierge de Joinville, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Course en voiturin (Italie et Sicile), (lire en ligne sur Gallica).
  •  Les Nuits italiennes, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Mémoires de Charles Gozzi, écrits par lui-même, traduction de l'italien, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Puylaurens, 1848.
  •  Souvenirs de Sicile : la chèvre jaune, Bruxelles, Livourne & Leipzig, Meline, Cans et compagnie, 1848.
  •  Geronimo Troppi, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Jean le Trouveur, 1851.
  •  Le Maître inconnu, t. 1, , 2 vol. (lire en ligne sur Gallica), t. 2 sur Gallica, 1852.
  •  Scènes de la vie italienne, 2 vol.
  •  Livia, , 3 vol., t. 1 sur Gallica, t. 2 sur Gallica, t. 3 sur Gallica.
  •  La Bavolette, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Nouvelles italiennes et siciliennes, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Le Nouvel Aladin, suivi de La Frascatane, du Biscéliais et de La Saint-Joseph, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Extravagants et originaux du XVIIe siècle : Madame de La Guette ; le Chevalier Plénoches ; Mademoiselle de Gournay ; M. de Guise, le dernier ; Benserade ; Boutteville et Deschapelles, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Voyage pittoresque en Italie, partie septentrionale, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Voyage pittoresque en Italie, partie méridionale, et en Sicile, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Lui et Elle, (lire en ligne sur Gallica).
  •  Œuvres complètes de Alfred de Musset, avec lettres inédites, variantes, notes, index, fac-simile, 10 vol., 1866.
  •  Histoire de Pierre Ayrault et de son fils René, pseudo-jésuite, 1871.
  •  Histoires de trois maniaques. Les Dents d'un turco. Histoire d'un diamant. Don Fa-Tutto, 1876.
  •  Œuvres posthumes de Alfred de Musset, avec lettres inédites et une notice biographique, 1876.
  • Biographie de Alfred de Musset : sa vie et ses œuvres, Paris, Éditions G. Charpentier, , 372 p. (Wikisource) — Réédition en 1888.
  •  Une vie du diable, 1878.
  •  Monsieur le Vent et Madame la Pluie, 1879.
  •  La Chèvre jaune, histoire sicilienne, suivie du Cavalier servant et du Procès de Pascal Zioba, 1883.
  •  Le Dernier Abbé, 1891.

Théâtre[modifier | modifier le code]

  •  La Revanche de Lauzun, comédie en 4 actes, en prose, Paris, Théâtre de l'Odéon, .
  •  Christine, roi de Suède, comédie en 3 actes, en prose, Paris, Théâtre de l'Odéon, .

Opéra[modifier | modifier le code]

  • Fantasio, Paris, Opéra-Comique, .

Liens externes[modifier | modifier le code]

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