Paul de Chomedey de Maisonneuve — Wikipédia

Paul de Chomedey de Maisonneuve
Image illustrative de l’article Paul de Chomedey de Maisonneuve
Portrait de Paul de Chomedey de Maisonneuve, huile, XXe siècle, par Ozias Leduc,
Montréal, chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.

Naissance
Neuville-sur-Vanne
Décès (à 64 ans)
Paris
Nationalité Drapeau du royaume de France Royaume de France

Pour le compte de France
Hommage Boulevard de Maisonneuve
Monument à Maisonneuve

Paul de Chomedey de Maisonneuve, né le à Neuville-sur-Vanne et mort le à Paris, est un officier français et l'un des fondateurs, avec Jeanne Mance, de la ville de Montréal (Ville-Marie) ainsi que son premier gouverneur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et famille[modifier | modifier le code]

Paul de Chomedey est le descendant d'une famille de la noblesse champenoise[1]. Fils aîné de Louis de Chomedey, seigneur de Chavannes et de Neuville, et de sa deuxième femme Marie de Thomelin, fille de Jean de Thomelin et d'Ambroise Dauquoy, un conseiller du roi et trésorier de France, il est baptisé à l'église Saint-Martin de Neuville-sur-Vanne le [2], à 25 km de Troyes, dans la province de Champagne. Son acte de baptême est rédigé ainsi : « Le 15 février 1612 a été baptisé Paul, fils de Louis de Chomedey, escuyer, sieur de Chavannes, Parrain pour le nom, Paul Janson, lieutenant au bailliage de Villemor et Gabriel de Campan, Marraine Jehanne Chabert[2]. »

Paul de Chomedey devient sieur de Maisonneuve (écrit alors Maisonneufue) lorsque son père le dote du domaine de Maisonneuve par acte du — mais, que l'on sache, il a toujours signé « Paul de Chomedey », sans jamais utiliser le titre « de Maisonneuve »[3]. Dès l'âge de 13 ans, il commence sa carrière militaire en Hollande, où il apprend d'ailleurs à jouer du luth, et combat dans des guerres européennes[4].

Blason de Maisonneuve[modifier | modifier le code]

Blason Blasonnement :
« D'or à trois flammes de gueules ondoyantes en pointe vers le chef disposées deux et un[5],[1]. »

Vers la Nouvelle-France[modifier | modifier le code]

Après la lecture des Relations des jésuites, il souhaite participer à l'évangélisation de la colonie de la Nouvelle-France. Le père Carles Lalement[6], jésuite, présente Monsieur de Maisonneuve à Jérôme Le Royer, cofondateur de la Société Notre-Dame de Montréal, qui le recrute pour prendre possession de leur concession dans le Nouveau Monde (l'Amérique). Choisi pour fonder une colonie sur l'île de Montréal, il part du port de La Rochelle le [7]. M. de Maisonneuve monte dans un vaisseau avec 25 hommes et Jeanne Mance dans un autre avec 12 hommes. Pendant le voyage, le vaisseau de Maisonneuve doit s'arrêter trois fois à cause des tempêtes et il perd trois ou quatre de ses hommes, dont son chirurgien, celui-ci « qui lui était le plus nécessaire »[8],[note 1]. Il arrive à Tadoussac en 1641[8].

Fondation et débuts de Ville-Marie[modifier | modifier le code]

Plan de Ville-Marie vers 1647.

L'année suivante, il travaille à la construction des fortifications et de divers édifices de Ville-Marie, fondée officiellement le sur l'actuelle Pointe-à-Callière. Selon H. J. J.-B. Chouinard, dans son « étude historique et biographique », le fleuve Saint-Laurent sort de son lit en . Les eaux se rendent jusqu'à la porte du fort puis se retirent le . Alors, Ville-Marie « retrouve le calme et la sécurité ». En , en ayant fait la promesse, Maisonneuve serait allé planter une croix au sommet du mont Royal à la suite de cet événement[9].

En 1647, Paul refuse l'offre de devenir gouverneur de la Nouvelle-France qui lui avait été proposée par le roi Louis XIV[10].

Résidence de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, en 1650.

Au printemps de 1651, les attaques des Iroquois pour freiner la colonisation sont si fréquentes que les habitants de Ville-Marie croient leur fin arrivée. Maisonneuve fait se réfugier tous les habitants dans l'enceinte du fort[11]. En automne de la même année, la colonie de Montréal est si réduite qu'à l'instigation de Jeanne Mance, il doit retourner en France pour recruter des volontaires. Il retourne à Montréal deux ans plus tard avec une centaine de personnes dont Marguerite Bourgeoys qui met en place l'enseignement dans la nouvelle ville[11]. On appellera ce groupe La Grande Recrue qui va assurer la survie de Montréal. Si l'effort du sieur de Chomedey avait échoué, Montréal aurait été abandonnée et les survivants auraient été relocalisés à Québec. Lors de l'arrivée des nouveaux colons, la population de Montréal est d'à peine 50 habitants, incluant Jacques Archambault, qui creusera le premier puits d'eau sur l'île en 1658 à la requête de Maisonneuve[12].

Statue de Maisonneuve portant fièrement un drapeau de la main droite et une épée à la main gauche. Il porte un large chapeau au bord relevé, une tunique, des pantalons et de hautes bottes aux bords repliés.
Monument à Maisonneuve, 1895, par Louis-Philippe Hébert, à la place d'Armes de Montréal.

Avec le temps, la colonie se développe et devient assez populeuse pour résister à la menace iroquoise. Le contrôle de la colonie est pris par la société missionnaire et repris par la couronne en 1663. Maisonneuve n'a pas l'appui du nouveau gouverneur Augustin de Saffray de Mézy[13].

Dernières années[modifier | modifier le code]

En , Maisonneuve, alors âgé de 53 ans, reçoit de l'intendant Alexandre de Prouville de Tracy l'ordre de retourner en France pour une période indéfinie[13]. Après vingt-quatre ans à la tête de la colonie, il quitte Montréal définitivement. Il s'installe à Paris où il vit dans l'ombre en compagnie de Louis Fin, son serviteur. Marguerite Bourgeoys lui rend visite en 1671[14].

Paul de Chomedey meurt le . À son chevet se tiennent son ami, Philippe de Turmenys[note 2], et son serviteur, Louis Fin[15]. Le lendemain, les funérailles ont lieu dans l'église des Pères de la Doctrine chrétienne, située non loin de l'abbaye de Saint-Étienne-du-Mont, dans laquelle il est également inhumé[13]. Ne s'étant jamais marié, Maisonneuve n'a eu aucune descendance[note 3],[16].

Commémoration[modifier | modifier le code]

Paul de Chomedey de Maisonneuve est désigné personnage historique national le par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada[17]. Il est également désigné personnage historique par le ministère de la Culture et des Communications, le [18].

Montréal[modifier | modifier le code]

L'arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, l'ancienne ville de Maisonneuve (Montréal), le Boulevard De Maisonneuve et le Parc Maisonneuve sont quelqu'un des nombreux hommages à Maisonneuve.

Québec[modifier | modifier le code]

Les rues Chomedey et De Maisonneuve lui rendent hommage dans la ville de Québec

France[modifier | modifier le code]

La poste française lui a consacré un timbre-poste en 1972.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Voici la citation complète tirée de l'Histoire du Montréal : 1640-1672 :

    « […] il faut parler de l'embarquement qui se fit de la sorte : M. de Maison-Neufve se mit avec environ 25 hommes dans un vaisseau et Mlle Mance monta dans un autre avec 12 hommes seulement, pour le reste de l'équipage et des hommes du Montréal, ils s'étaient embarqués à Dieppe ; dans le premier navire était un prêtre destiné pour les Ursulines, dans l'autre était le père Laplace, Jésuite ; huit jours après le départ le vaisseau de Mlle Mance fut séparé de celui de Maison-Neufve ; le vaisseau où était Mlle Mance n'expérimenta quasi de la bonasse, celui de Maison-Neufve éprouva de si furieuses tempêtes qu'il fut obligé de relacher par trois fois, […] il perdit trois ou quatre de ses hommes, entre autres son chirurgien qui lui était le plus nécessaire. »

  2. Parfois orthographié « Turmenyes ».
  3. Le patronyme Maisonneuve est tout de même présent au Québec, mais n'a pas été perpétué par Paul de Chomedey.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jacques Cousin, « Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, premier gouverneur de Montréal : De noble champenois à fondateur mystique », sur www.ameriquefrancaise.org (consulté le ) : « La famille de Chomedey est issue de la vieille noblesse champenoise. Ses armes sont « d’or à trois flammes de gueule tortillantes en pointe vers le chef disposées deux et un ». ».
  2. a et b « Chomedey de Maisonneuve, Paul », au fichier Origine, avec copie numérisée de l'acte de baptême.
  3. Mariane Engrand, « 15 février 2012 : 400e anniversaire de naissance de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve », site des Bibliothèques de Montréal, le 13 février 2012.
  4. Daveluy 1966, p. 218.
  5. « Comité Chomedey de Maisonneuve », sur comite.maisonneuve.free.fr (consulté le ).
  6. De Casson, Dollier, Histoire du Montréal, Nouv. Éd. Critique par Marcel Trudel et Marie Baboyant, Montréal, Hurtubise HMH, Cahier du Québec 99. Collection Documents d’histoire, 1992, p. 56
  7. Daveluy 1966, p. 220.
  8. a et b Casson 1868-1871, p. 16-17.
  9. Chouinard 1882, p. 44-45.
  10. Jacques Cousin, « Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, premier gouverneur de Montréal : Une vie périlleuse », sur www.ameriquefrancaise.org (consulté le ) : « En 1647, Louis XIV propose à Maisonneuve de devenir gouverneur de la Nouvelle-France et donc de déménager à Québec, mais celui-ci refuse, préférant se consacrer entièrement à sa mission. ».
  11. a et b Daveluy 1966, p. 225.
  12. « Archambault, Jacques », sur le Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le ).
  13. a b et c Daveluy 1966, p. 226.
  14. Robert Derome, « Son logis chez les Pères de la Doctrine chrétienne (1665-1676) », sur le site La pratique du luth en Nouvelle-France par Paul Chomedey de Maisonneuve.
  15. Le Blant 1959, p. 268-271.
  16. « Famille de la semaine : Maisonneuve », sur lequebecunehistoiredefamille.com (consulté le ).
  17. « Personnage historique national de Paul de Chomedey de Maisonneuve », Annuaire des désignations patrimoniales fédérales, sur Parcs Canada (consulté le ).
  18. « Chomedey de Maisonneuve, Paul de », sur le Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles, dossiers[modifier | modifier le code]

Ouvrages, chapitres[modifier | modifier le code]

  • Rachel Lamarre, Chomedey de Maisonneuve, Montréal, Lidec, , 57 p.
  • Lucien Campeau, « Ville-Marie sous Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière », dans Jean-Rémi Brault (dir.), Les origines de Montréal. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, Montréal, Leméac, , p. 63 à 82.
  • Marcel Trudel, « Paul Chomedey de Maisonneuve : pour un renouvellement de la question », dans Jean-Rémi Brault (dir.), Les origines de Montréal. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, Montréal, Leméac, , p. 105 à 112.
  • Léo-Paul Desrosiers, Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, Montréal, Fides, , 322 p.
  • Gustave Lanctot, Montréal sous Maisonneuve, 1642-1665, Montréal, Librarie Beauchemin, , 333 p.
  • (fr + en) Marie-Claire Daveluy, « CHOMEDEY DE MAISONNEUVE, PAUL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Canada, Université de Toronto/Université Laval, , 774 p. (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Benoit, Maisonneuve, Paris, Mame, , 189 p.
  • François Dollier de Casson, Histoire du Montréal : 1640-1672, Eusèbe Sénécal, 1868-1871 (réimpr. 1927), 138 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Rousseau, Histoire de la vie de M. Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve, fondateur et premier gouverneur de Villemarie, 1640-1676, Montréal, Librairie Saint-Joseph, , 290 p.
  • Honoré Julien Jean-Baptiste Chouinard, Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, fondateur de Montréal : étude historique et biographique, 1640-1665, Québec, , 119 p. (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Romans, musique[modifier | modifier le code]

  • Louis-Martin Tard, Chomedey de Maisonneuve, le pionnier de Montréal, Montréal, XYZ, , 205 p.
  • Louis-Bertrand Robitaille, Maisonneuve : le testament du gouverneur, Montréal, Éditions du Boréal, , 302 p.
  • Georges Cerbelaud-Salagnac, Maisonneuve : roman, Montréal, , 94 p.
  • Uldéric S. Allaire, Maisonneuve : marche du 3e centenaire [musique pour fanfare], Victoriaville : chez l'auteur, 1942.
  • Lise Baucher-Morency, Gaëtane Breton (livre-CD), La périlleuse fondation de Ville-Marie, Éditions Planète rebelle ([lire en ligne]), 2017.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]