Passerelle Eiffel — Wikipédia

Passerelle Eiffel
Passerelle Eiffel en 2009.
Passerelle Eiffel en 2009.
Géographie
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Gironde
Commune Bordeaux
Coordonnées géographiques 44° 49′ 55″ N, 0° 33′ 07″ O
Fonction
Franchit Garonne
Caractéristiques techniques
Type Ancien pont métallique ferroviaire
Longueur 509,69 m
Matériau(x) Fer puddlé
Construction
Construction 1858-1860
Inauguration
Mise en service
Fin du service
Concepteur Stanislas de Laroche-Tolay
Ingénieur(s) Paul Régnauld (ingénieur en chef)
Gustave Eiffel (jeune collaborateur)
Historique
Protection Logo monument historique Classé MH (2010)

Carte

La « passerelle Eiffel » ou « passerelle Saint-Jean » est un ancien pont métallique ferroviaire situé sur la Garonne à Bordeaux.

Construite de 1858 à 1860, elle a été conçue par Stanislas de Laroche-Tolay, avec Paul Régnauld, ingénieur principal de la compagnie des chemins de fer du Midi, construite par Gustave Eiffel, chef de services des travaux de la Compagnie générale de matériel de chemin de fer.

Désaffectée depuis la mise en service d'un nouveau pont ferroviaire en 2008, la passerelle serait affectée à un usage pour piétons et cyclistes dans le cadre du projet Euratlantique.

Histoire[modifier | modifier le code]

La passerelle a permis de relier les réseaux de deux compagnies ferroviaires : la Compagnie des Chemins de fer du Midi et la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans. Initialement les voyageurs devaient descendre à la gare d'Orléans située sur la rive droite de la Garonne et devaient rejoindre la gare Saint-Jean, située sur la rive gauche, par le pont de pierre ou en bateau.

La passerelle a été conçue en 1858 par Stanislas de Laroche-Tolay, ingénieur des Ponts et Chaussées[1], avec Paul Régnauld comme ingénieur en chef de la compagnie des Chemins de fer du Midi et Gustave Eiffel, alors jeune ingénieur âgé de 26 ans, qui assura la direction du chantier[2] en sa qualité de chef de service des travaux de la Compagnie générale de matériel de chemin de fer. Gustave s'occupe en particulier des fondations de l'ouvrage en proposant son idée avec la technique de fondation à l'air comprimé lors de l'exécution des piles tubulaires (Procédé Triger). Or Gustave Eiffel est l'auteur d'une étude : Le fonçage par pression hydraulique des piles concernant cette nouvelle technique[3]. Cette réussite vaut à Eiffel une première reconnaissance dans le milieu de la construction métallique. Gustave Eiffel réutilisera cette technique en particulier en 1887 pour la construction de la tour Eiffel. En effet côté Seine, les fondations de celle-ci étaient situées dans un ancien bras de la Seine comblé. Afin que les ouvriers puissent travailler dans de bonnes conditions, quatre caissons métalliques étanches à l'air comprimé furent utilisés.

La passerelle en 1900.
Autre vue de la même époque.

La passerelle métallique est de type pont droit en tôle de fer puddlé assemblées et rivetées avec de longues poutres horizontales raidies par des croix de saint André. La passerelle présente une longueur de 509,69 mètres avec un tablier de 8,60 mètres de large. Elle repose sur 6 piles en maçonnerie et 2 culées pour l'accès de l'ouvrage.

Les travaux furent confiés par Charles Nepveu fils, directeur de l'entreprise en France à Gustave Eiffel, assisté de M. Haussen conducteur des travaux[4]. Il faut noter qu'une source de 1860 (Archives de Bordeaux Métropole XLVI-B 70) précise les rôles un peu différemment, soit :

  • à la Compagnie du Midi : ingénieur principal : Paul Régnauld. Conducteur principal : G. Cathalot. Conducteurs : MM. Juteau et H. Dupont.
  • à la Cie générale de matériel de ch. de fer : Dir. général : M. Pauwels. Dir. en France : Charles Nepveu. Chef de service des travaux : G. Eiffel. Chefs d'atelier : MM. Lelièvre et Hanssens.

Commencés le , les travaux furent achevés courant . La passerelle fut ouverte à l'exploitation le après les épreuves de charge du [5]. Elle avait été inaugurée le . Le Monde illustré du reconnait l'esthétique de la passerelle Saint-Jean, remercie M. Stanislas de Laroche-Tolay et M. Régnault et cite : « Monsieur Gustave Eiffel, chef de service de l'entreprise, dont le talent précoce laisse concevoir de brillantes espérances ».

La passerelle vue depuis la flèche Saint-Michel.

En 1862, une passerelle piétonne est ajoutée du côté aval de l'ouvrage. Celle-ci, devenue dangereuse, a été démontée en 1981. Une légende bordelaise tenace, reprise même dans des ouvrages sérieux, attribue à ce passage en accolement le nom de « passerelle » donné à l'ouvrage. En réalité, c'était déjà fait 14 ans avant la construction de l'ouvrage, ce que démontre un plan consultable aux Archives de Bordeaux Métropole (côte XL-A-264). En effet, à cette époque on désignait ainsi tous les nouveaux ouvrages n'ayant pas recours à la maçonnerie en raison de leur apparente légèreté.

La passerelle Eiffel, comportait seulement deux voies avec une vitesse limitée à 30 km/h pendant ses deux dernières années d'utilisation ferroviaire, ce qui créait un goulet d'étranglement responsable de la saturation du trafic à destination ou en provenance du Nord de la France. Dans le cadre de la suppression du bouchon ferroviaire de Bordeaux, un deuxième pont à 4 voies a été réalisé par Réseau ferré de France. Il a été ouvert à la circulation ferroviaire le après que la dernière circulation sur la passerelle eut lieu le [6]. La mise en service complète des 4 voies a été réalisée en 2010.

Incident[modifier | modifier le code]

Gustave Eiffel, qui travaillait sur la passerelle, sauva la vie d'un ouvrier tombé dans la Garonne en plongeant dans le fleuve pour le sortir de l'eau avant qu'il se noie.

Devenir de la passerelle[modifier | modifier le code]

Après la réalisation du nouveau viaduc adapté au passage des TGV, il a été envisagé de détruire la passerelle Eiffel devenue obsolète[7]. Toutefois l'intervention du directeur, au sein de l'UNESCO, du Centre du patrimoine mondial, Francesco Bandarin, a permis d'interrompre le projet de démolition prévu pendant l'été 2008 et d'engager une réflexion quant aux solutions permettant de conserver l'ouvrage[8]. Ainsi la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel en liaison avec le maire de Bordeaux Alain Juppé a décidé de placer la passerelle sous le régime de l’instance de classement au titre des monuments historiques[9].

Au printemps 2009, le préfet Francis Idrac a présidé la commission régionale du patrimoine et des sites. Cette commission s'est prononcée pour une inscription de la passerelle Eiffel au titre des Monuments historiques. Ainsi la passerelle devrait être conservée et transformée en espace ludique[10].

La passerelle a finalement été classée au titre des monuments historiques par arrêté du [11],[12]. L'architecte Jean de Giacinto a conçu, en collaboration avec le plasticien David Durand, une mise en lumière de l'ouvrage[13].

En , la future affectation de la passerelle n'est pas encore officiellement décidée[14]. Elle pourrait devenir, dans le cadre du projet Euratlantique, un franchissement pour piétons et vélos[15]. SNCF Réseau, actuel propriétaire de l'ouvrage, entreprend en 2019 d'importants travaux de sauvegarde afin de pallier les dégradations causées par la rouille, le repeint en un gris anthracite plus soutenu que celui qui le recouvrait auparavant, avant de le céder à une collectivité chargée de son entretien[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bordeaux : un tour de ville en 101 monuments, Édition Le Festin, , p. 104, [présentation en ligne].
  • Traité de la construction des ponts et viaduc métalliques par M. Regnauld, Paris, Dunod, 1870 ; Étude du grand pont métallique sur la Garonne à Bordeaux p. 181 à 282 ; [lire en ligne].
  • Marie-Noëlle Maynard, Les gares de Bordeaux, thèse de 3e cycle d'histoire de l'art, université de Bordeaux III, 1983, dactyl. (BIB D 1 13 et BIB D 1 14 aux Archives Municipales de Bordeaux).
  • Dominique Dussol et Myriam Larnaudie-Eiffel, Gustave Eiffel et la passerelle de Bordeaux, Bordeaux, Édition Le Festin, , 80 p. (ISBN 9782360622252, présentation en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]